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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Une jeune bachelière ( cru 2013 ) écrit à François Hollande, ou : «  quand le diable porte pierre ».

Au baccalauréat, les copies de philosophie paraissent plus sévèrement notées que dans les autres disciplines. La moyenne générale est assez largement inférieure à celle des autres matières. ( Je me permet de renvoyer, par ce lien à la façon dont sont corrigées et évaluées les copies de philosophie au bac : http://www.lescrutateur.com/article-bref-retour-sur-l-epreuve-de-philo-du-bac-2013-en-guadeloupe-par-edouard-boulogne-118534867.html).

Ce n'est pas que les correcteurs soient particulièrement sévères. Mais cette discipline est plus particulièrement difficile, à cause de la complexité de son objet. La note de 20 est bien plus « facile » à atteindre, pour les matheux, en mathématiques, que la même en philosophie.

Je n'ai pas le souvenir d'avoir donné cette note de é20 », en quarante ans de carrière.

D'une manière générale un « 15 » en philosophie est une TRES bonne note. Au-dessus, nous sommes devant des travaux exceptionnels. J'en ai rencontré. Pas en foule.

La jeune fille de seize ans qui écrit au président de la République a eu ce « 2O » d'exception.

Son oeuvre était-elle parfaite? Très probablement pas. Et le même travail pour la même question, devant un jury d'agrégation eut obtenu une note probablement bien inférieure. Tant de paramètres entrent en jeu dans l'appréciation, notamment celle du niveau d'étude, l'âge du candidat, etc.

Le correcteur qui a attribué cette note de quasi « perfection », a sûrement lu la copie à ses collègues du groupe de correcteurs dont il faisait partie. Ces personnes ne partageaient sûrement pas les mêmes références philosophiques, politiques, religieuses, etc. Si elles ont opiné au choix de leur collègue, c'est que la copie, abstraction faite de certains présupposés discutables ( à leurs yeux ) leur a semblé présenter, dans la morose conjoncture présente, des qualités peu ordinaires.

Je n'ai pas lu cette copie. En revanche j'ai dévoré la lettre que Vinciane vient d'adresser au président Hollande.

Point seulement parce qu'elle exprime des pensées qui sont largement les miennes, mais parce que la lettre donne une idée de la maîtrise déjà bien remarquable de son auteur.

Un auteur de seize ans. Triple hourra! S'il vous plait, lecteurs amis.

 

INTERIM.

 

PS : J'ai bien écrit UN auteur, pas UNE. Pourquoi pas une auteuse, sinon?!

( Introduction à la lettre, expédiée de l'aéroport de Bora Bora, par le Scrutateur qui était en train de quitter cet ancien paradis pour une autre destination non spécifiée de l'outre mer français! ).






Lettre-vinciane-FH-e1374320100583.jpg

 

Lettre d’une jeune bachelière à FH

http://www.lejdv.fr/lettre-bacheliere-fh/

 

Monsieur le Président de la République,

Si je prends la plume pour vous écrire aujourd’hui, c’est avant tout pour vous faire part de mes sincères remerciements – je m’explique. Vous connaissez les actions de contestation au mariage gay qui rythment la vie politique française depuis près de neuf mois. Je serai brève, alors que vous essayez de faire taire les opposants par diverses méthodes (diminution des chiffres, ridiculisation, accélération du processus législatif, répression policière) un mouvement va émerger, naître de votre mépris. Ce mouvement est celui des Veilleurs. Vous n’avez pu manquer de le remarquer – leurs bougies, signe d’espérance, veulent vous illuminer jour et nuit.

Créés il y a bientôt trois mois, ils sont présents dans plus de deux cents villes en France et à travers le monde. La presse s’en est peu à peu fait le relais ; le Conseil de l’Europe les a accueilli le 26 juin dernier avant de prononcer une condamnation contre la répression et les violences policières commises dans notre belle patrie sous votre régime. Ces veilleurs se sont assis et ont pensé. Ils ont choisi, outre la non-violence, de réveiller les consciences endormies d’un peuple en lui rappelant sa culture. Partout en France, des personnes se rassemblent et veillent sur le sens de l’Homme, sa dignité et sa liberté, ils veulent redonner goût à la formation intellectuelle et raviver le sens de l’engagement dans la vie de la Cité, au sens grec de polis. Par votre proposition de loi injuste qui confond les désirs et les droits, vous avez concouru à l’éveil d’un peuple, celui que vous gouvernez. Et c’est le premier motif pour lequel je vous gratifie.

J’arrive à mon but : j’ai passé une quinzaine de soirées aux Veilleurs et, comme beaucoup d’autres, me suis par là-même éveillée. J’ai découvert l’architecture magnifique des places parisiennes, j’ai marché à travers les anciennes ruelles, j’ai écouté des chants, des chorales, des concerti. Merci d’avoir contribué à mon émerveillement et ma culture. Mais, les Veilleurs sont aussi un rassemblement de personnes qui veulent lutter contre la démission de la pensée, épidémie qui frappe notre société, et qui relisent les grands auteurs (Saint-Exupéry, Ionesco), les grands penseurs (Tocqueville, Camus, Dostoïevski). Ils souhaitent par-là réapprendre à penser, redécouvrir l’amour de la sagesse. Chaque soir, nous explorons différents concepts comme celui de droit naturel, d’objection de conscience ; des philosophes prennent la parole et lient des thèmes comme le langage, la justice, l’histoire et la mémoire, la non-violence. En deux mois, j’ai, grâce à vous et au mouvement dont vous avez involontairement participé à la fondation, révisé l’intégralité du programme de philosophie avec un approfondissement spécial en philosophie politique.

Le jour du bac, j’ai choisi le sujet très inspirant qu’est : « Que devons-nous à l’Etat ? ». J’ai parlé d’une réciprocité entre les devoirs du citoyen et ceux de l’Etat, de la notion de devoir effacée au profit de celle de droit ; j’ai évoqué la conscience de l’Homme au-dessus de la loi, fut-elle « loi de la République » et votée démocratiquement. J’ai parlé de la participation indispensable de chaque citoyen à la vie de la Cité car « un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile » comme le dit Thucydide. M’inspirant des Veilleurs, j’ai conclu sur les trois stades du bien commun que l’Etat doit assurer pour maintenir la cohésion de la Nation.

J’ai eu 20. Grâce à votre entêtement pour faire passer une loi léonine, grâce à votre lâche soumission à la pression d’une minorité, j’ai eu 20. Et je vous remercie mille fois et de tout cœur. Vous pouvez bien sûr transmettre ces remerciements à Madame Taubira, Monsieur Ayrault, Madame Vallaud-Belkacem, Madame Bertinotti et Monsieur Valls. J’hésite à  ajouter Monsieur Peillon qui a, comme les autres et malgré lui, mis sa pierre à l’édifice des Veilleurs, mais qui fait preuve par ailleurs d’une incompétence et d’un acharnement tels dans la mise en œuvre de « ce-dont-le-nom-n’existe-pas », sous-entendu théorie du genre, que je ne peux le remercier en conscience. Vous aviez eu 13, la normalité avant l’heure, ceci explique cela. Monsieur Peillon avait eu 12, se justifiant par ces 16 ans, certes, mais il me faut rappeler qu’ « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Preuve que Monsieur Peillon n’a rien de commun avec le Cid.

Je crois vous avoir assez remercié pour la philosophie. Pour le reste, je ne me sens pas le besoin de vous en attribuer le mérite. Ce n’est certainement pas vous qui auriez pu m’aider à décrocher le bac d’histoire-géographie, vous qui confondez japonais et chinois, Egypte et Tunisie. Encore moins celui d’économie alors que vous n’arrivez pas à arrêter la croissance de la courbe du chômage. Quant à celui de mathématiques, ce n’est pas en confondant les 3% de déficit public accordés par la règle d’or avec les 4,8% de 2012 que j’aurais obtenu une bonne note.

Je me sens bien plus redevable aux Veilleurs et aux nombreux intervenants (philosophe, avocat, historien, artiste) d’abord pour les nombreuses explications philosophiques sur la société et l’Etat, puis pour l’amour de l’histoire et de notre pays qu’ils propagent et enfin pour m’avoir donné l’envie de me former afin de disposer des moyens d’agir. Pour ce, je conseille vivement à tous ceux qui passent les rattrapages d’aller aux Veilleurs dans la ville la plus proche de chez eux et vite ! Et j’étends ce conseil à ceux qui passeront le bac l’année prochaine, allez-y dès maintenant et tout au long de l’année. Bien sûr ceux qui comptent poursuivre leurs études dans la philosophie, les lettres ou l’Histoire ou veulent simplement acquérir le désir de se former sont les bienvenus.

Veuillez agréer en l’expression de mes sentiments,

Vinciane

Une jeune bachelière de seize ans.

*

Lettre du 08 juillet 2013, envoyée par Vinciane à François Hollande.

 

 

 

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P
<br /> Alors pourquoi la première question de M.Alice a été de demander à cet élève de quel lycée il était et que le refus a été réitéré dans un couloir,sans même être reçu dans le bureau du Proviseur<br /> après demande écrite,toujours dans les délais,comme il avait été réclamé à la première rencontre<br /> ???                                         <br /> <br /> <br /> Des témoignages similaires à différentes périodes et sous d'autres directions, en tant qu'élève, que professeur, et d'anciens élèves peuvent être rapportés. Peut-être certains ont-ils des gages à<br /> donner?<br /> <br /> <br />                                                                  <br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
P
<br /> Je crierai BRAVOOOOO !!! Avec de grands gestes comme kermite pour soulever les applaudissements de tous. Elle au moins a eu la chance de ne pas avoir à faire à un proviseur trop borné de<br /> l'Education Nationale...<br /> <br /> <br /> Retour d’information à M. le Proviseur du Lycée de Baimbridge<br /> <br /> <br /> M. le Proviseur, apprenant il y a peu que vous partiez en retraite à la fin de cette année scolaire, j’ai souhaité vous<br /> rappeler un récent souvenir. Après les résultats écrits du Bac 2012, un jeune homme de 18 ans, élève de terminale S au lycée de Massabielle, est venu vous demander  personnellement et DANS LES<br /> DELAIS LEGAUX, l’autorisation de voir sa copie de mathématiques dont la note ne lui semblait pas correspondre au travail qu’il avait fourni durant l’épreuve. Devant votre mépris et suite<br /> à votre refus,bien que les copies (et les professeurs) se trouvaient encore dans votre établissement, une démarche a été effectuée auprès du<br /> Rectorat. Beaucoup plus tard, son père a, enfin, pu voir cette copie sur laquelle 4 points coeff. 7 donc 28 points, avaient effectivement<br /> été oubliés (16 au lieu de 12). Il parvenait ainsi à une moyenne de 15,85 qui, avec l’avis TRES FAVORABLE de ses professeurs sur son dossier<br /> scolaire, aurait pu lui permettre d’obtenir du jury une mention Très Bien, valorisante pour la suite de ses études.<br /> <br /> <br /> J’ai donc le plaisir de vous informer que la rectification de note a été faite, malgré vous, au niveau national et que ce jeune homme, contrairement à vos prédictions malveillantes d’alors, a réussi sa « sup PCSI » et<br /> est admis en « spé PC » dans un lycée de la région parisienne.<br /> <br /> <br /> Comme quoi un Lycée Catholique de Guadeloupe est à même de donner la<br /> meilleure formation possible à ses élèves.<br /> <br /> <br /> Par ailleurs, la mère de ce jeune homme, autrefois élève puis professeur en terminales dans ce lycée, n’a jamais opposé de refus, même quand elle était appelée « au pied levé » (au téléphone et<br /> sans convocation) par les Lycées de Baimbridge ou de Jardin d’essai pour la correction de trop nombreuses copies en trop peu de jours, ni<br /> pour faire passer des oraux dans sa discipline. Ce fils était alors gardé par son père, pour que sa mère « rende service » à l’Education<br /> Nationale. Par contre, elle souhaite rendre hommage à tous ses collègues de l’Enseignement Public ainsi que l’IPR de l’époque dans cette discipline, qui l’ont aidée à acquérir le métier et<br /> la pédagogie, sans jamais faire de différences avec le Privé.<br /> <br /> <br /> Bonne retraite donc, mais permettez-moi de souhaiter que le prochain proviseur ait un peu plus que vous le sens du contact et du<br /> respect dans les relations humaines, surtout vis-à-vis de jeunes qui préparent leur avenir et que l’on devrait encourager<br /> <br /> <br />                                                                           <br /> PAVINNDIMOIN<br /> <br /> <br /> PS : Si vous êtes dans les "petits papiers" du Rectorat, auriez-vous l’amabilité d’informer le service de l’enseignement Privé que certains professeurs attendent depuis 3 ans voire plus, leur rapport d’inspection et la note pédagogique attribuée<br /> ? ….<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
E
<br /> <br /> Je suis un peu surpris par l'attitude de M. Alice, dans l'incident que révèle notre lectrice, que je connais, et dont je ne doute pas de l'objectivité en l'occurence. <br /> <br /> <br /> Pour être juste, l'ancien proviseur du Lycée de Baimbridge, que j'ai bien connu, a plutôt une bonne réputation. Mais Baimbridge est un grand lycée, qui demande une tension de tous les<br /> instants à son responsable, et Jean Alice, ce jour là, face à une revendication parfaitement justifiée, a pu se comporter avec légèreté et injustice. <br /> <br /> <br /> Je ne crois pas qu'il ait eu un préjugé particulièrement défavorable au lycée privé catholique de Massabielle, où il a effectué une partie de sa scolarité, et été mon élève, en classe de<br /> philosophie, il y a hélas! ( pour nous deux ) quelques décennies. <br /> <br /> <br /> Ce qui s'est passé , et que rapporte notre lectrice, montre la difficulté d'être à 100% impeccable dans l'exercice d'un métier difficile. <br /> <br /> <br /> E.Boulogne. <br /> <br /> <br /> <br />