La pensée du jour ( 28/09/2009 ).
Foule.
Un flot de volontés individuelles sans lien, émues et oscillantes sous des impulsions individuelles désunies, ou sous des impulsions collectives irraisonnées, n'a rien d'humain. Une foule n'est pas un homme, ce n'est pas non plus une société d'hommes, c'est une bête, dit le docteur Gustave Le Bon qui a profondément étudié le sujet.
Il ne dit pas assez. La foule n'est même pas l'animal complet. Elle est ordinairement régie par des lois mécaniques qui la font ressembler, plus qu'à toute autre chose aux boules du billard, au ludion du bocal. Pour humaniser, pour élever à la conscience, à la mémoire, à la volonté, une association d'hommes en tant que groupe social, une mise en ordre ( et en ordre vivant, c'est-à-dire une organisation ) est indispensable : des corps d'Etat y doivent représenter la conscience; leur permanence, leur stabilité, leur tradition doit correspondre à la mémoire; leur pouvoir personnel d'entreprendre et de progresser, à la volonté. Si le pouvoir est émiété, il ne se connait pas, il ne connaît ni son devoir, ni son pouvoir, il n'a pas plus conscience du bien et du mal que n'en a conscience une foule : comment serait-il moral »?
Charles Maurras.