Taisez-vous Frèche!
Je ne sais pas encore pour qui je voterai en Guadeloupe, aux régionales, même si je sais assurément pour qui je ne voterai pas.
Si je vivais dans le midi de l'hexagone, à Montepellier par exemple, je crois bien que je voterais pour Georges Frèche, même si je ne suis pas comme lui, socialiste. Une chose est certaine,
socialiste, je ne voterais pas pour Martine Aubry, Stalinette comme dit plaisamment M. Frèche.
La France, tout entière, après bientôt trois ans de Sarkozisme, est en train de voir se composer un nouveau paysage politique, où la droite n'est plus la droite, où la gauche n'est plus la
gauche, où une chatte ne retrouverait pas ses petits.
C'est une situation ambigüe, désagréable, mais qui, à terme, peut présenter des avantages.
En Guadeloupe, certains qui ne font pas beaucoup fonctionner leur petites cellules grises, chères à Hercule Poirot, continuent à voir en L M-Ch une femme de droite. Or la droite dans l'histoire
récente de la Guadeloupe s'était opposée au programme commun de la Gauche, du début des années 1970, qui rangeait les DOM parmi les pays étrangers. La gauche passait ( en simplifiant un peu) pour
autonomiste, voire indépendantiste) et la droite pour profrançaise.
L M-Ch intelligente, rusée, fûtée, joua le rôle de la passionaria anti indépendantiste, avec la fougue et le talent que "haï chien di den a i blan", on veut bien lui reconnaître malgré ses
turpitudes (politiques). En 1999, pour des raisons qui ont peu à voir avec les raisons que la raison connait, signa la déclaration de Basse Terre avec Marie-Jeanne, et le Karam de Guyanne. Virage
à 180°. Mais nombre de gens continuent à la considérer comme "de droite". Et cette princesse de l'ambiguité joue toujours de ce conformisme, de cette paresse intellectuelle, pour semer la
confusion à des fins que ses nouveaux amis devraient scruter de plus près, de beaucoup plus près, tant la dame est ambigüe et dangereuse, pour ne être floués comme
d'autres en leur temps.
"Droite"? Gauche? Ces concepts ont besoin d'être redéfinis. Il n'est pas certain que que ceux qui sont fidèles ( à tort ou à raison ) à leurs idées, à leur idéal n'aient pas pour rester en accord
avec eux-mêmes, n'aient pas à voter en mars prochain pour des hommes ou des femmes qui se présenteront sur une étiquette qui, jadis, eut été justement infamantes, mais qui aujourd'hui
représentent la continuité de leur engagement.
Ainsi vont les choses de monde!
Il est possible que des gens du midi doivent désobéir au PS de la rue de Solférino (Martinie Aubry, Stalinette) pour rester fidèle à leur conception de la France juste. Et en Guadeloupe, il en
est de même.
C'est pourquoi je donne la parole à ce lecteur, ( encore un ) André Derviche, dont j'ignore s'il est socialiste, mais qui dit, librement, le bien qu'il pense de M. Frèche. Je ne partage pas
nécessairement toutes les idées, ni ne souscris à toutes les déclarations du leader montpelliérain. Mais j'admire son esprit, sa causticité, son courage, contre les oukases de la nomenklatura
socialiste parisienne.
Edouard Boulogne.
Taisez-vous Frêche ! Les moteurs du convoi qui vous conduira en
camp de rééducation tournent déjà...
Il y en a un en France (il
n'est sans doute pas le seul, mais l'actualité en fait grand cas) qui n'a plus le droit d'ouvrir la bouche, et il s'appelle Georges Frêche. Son cas est assez symptomatique, car il
reflète parfaitement la traduction française du célèbre "Si tu veux être un homme" de Kipling, notamment quand celui-ci dit :
Si tu peux supporter d'entendre tes
paroles
Travesties par des gueux pour exciter des
sots
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches
folles
Sans mentir toi-même d'un mot (...).
Dans le cas qui nous intéresse, les rabatteurs sont aux aguets, prêts à
rapporter - interprétation comprise - le moindre propos du truculent Président du Languedoc-Roussillon. Les rabatteurs sont même si zélés qu'ils se mettent en route avant même d'avoir
lu, entendu ou tout simplement compris ce qu'a voulu dire Georges Frêche désormais puni avant d'avoir péché, avant même d'en avoir eu l'intention sans doute...
Cette situation, nous la connaissons : c'est... la peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom). Une peste qui avait provoqué la désignation, puis l'isolement, puis l'exécution d'un coupable de
pacotille par la communauté tout entière - ressoudée par sa participation au sacrifice rituel -, tandis que...
On n’osa trop
approfondir
Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
Aujourd'hui, c'est pour avoir dit tout haut ce que la France entière pense - socialistes compris - de Martinique Aubry que Georges Frêche aurait de nouveau... dérapé (sans avoir quitté une seule
seconde le droit chemin, c'est ce qu'il y a de plus drôle).
Émet-il une opinion sur Stalinette ? C'est un "nouveau dérapage".
Là-dessus se greffe et s'amplifie l'archétype du politiquement français : la fausse piste.
Il se trouve que j'ai entendu ce matin (sur France-Inter, au journal de 12 heures) l'intégralité de ce qu'a dit Frêche sur Martine Aubry. Pas un mot de choquant. Pire, il a même fait l'éloge de
l'improbable Jacques Delors pour bien montrer - par comparaison - le peu de considération que lui inspirait la madone des procès en sorcellerie qui lui sont faits tous les jours. Ces propos
soi-disant injurieux envers Martine Aubry (que j'ai donc entendu in extenso) n'avaient évidemment rien d'injurieux. Ils étaient même plutôt retenus, même s'ils n'avaient rien de
laudatifs.
S'agissant de Georges Frêche, il y a longtemps que les frontières du
harcèlement médiatique ont été franchies, ce qui prouve bien que ceux qui font l'opinion ont quelque chose d'aussi abruti qu'abrutissant. Ceux qui font l'opinion ? Ceux qui voudraient la faire,
devrait-on dire : l'avance de Georges Frêche sur les grands stratèges de la rue de Solférino se confirme tous les jours et montre bien qu'il ne suffit pas d'abuser de la situation pour parvenir à
ses fins, même à travers ces procès de Moscou qu'instruit cette "presse" qui s'honore de beaucoup de chose à commencer par sa capacité de nuisance (elle ne saurait en tout cas, dans ces
circonstances-là, se prévaloir de sa jugeote, de son indépendance, ou de sa liberté de ton). Comment peut-on proférer de pareils commentaires autrement qu'en service commandé ? L'explication la
plus bienveillante ne saurait mettre en scène qu'un conglomérat d'idiots utiles, c'est-à-dire une chaîne d'individus dépourvus de discernement dans l'action. Le fait est qu'il n'y a pas
trente-six explications possibles : ou bien les tireurs embusqués commentent avant d'avoir écouté quoi que soit, ou bien ils ne comprennent ni ce qu'on leur dit, ni ce qu'ils disent (ce qui est
aussi une hypothèse somme toute assez crédible). À l'arrivée, la parenté entre ce qui se passe et la relation qu'ils en font est si éloignée qu'on doit la considérer comme inexistante.
Le seul qui ose ouvrir la bouche en France autrement que dans le concert des perroquets de Pavlov s'appelle Georges Frêche, c'est pourquoi les escadrons de la mort (la mort de toute opposition au
politiquement calibré) ne lui pardonnent pas le moindre décibel.
La raclée que prendront les psycho-rigides solférinistes n'en sera que plus éclatante, évidemment. Stalinette et ses réseaux persistent pourtant dans leur attitude agressive et absurde, donnant
ainsi à l'excès le tour dérisoire que Talleyrand, jadis, dénonçait déjà lorsqu'ils se référait aux moeurs "politiquement policés" de son époque. En tout cas, il y a peu de chance pour que les
rieurs soient du côté de la ligne officielle du parti.
André
Derviche