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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Le "noirisme" : idéologie des nouveaux esclavagistes, par Edouard Boulogne.

 



( Il y quelques jours, l'un de nos lecteurs, M. JC Dupont, sur ce même Scrutateur, incitait à réfléchir sur l'utilisation subversive aux antilles des thèmes de l'esclavage, et du racisme. Il me conduit à rééditer le texte ci-dessous, qui constitue l'un des chapitres du livre que j'ai publié en 1989, sous le titre « France, garde-nous » aux éditions Albatros, et dont il reste quelques exemplaires disponibles à la Boutique de la presse, -celle qu'ils n'ont pas incendiée! Il va sans dire que ces lignes s'adressent à tous les Guadeloupéens, qu'ils soient noirs, blancs métropolitains, indiens, métis, blancs créoles. Il va sans dire, mais cela va encore mieux en le disant. Vous comprenez bien pourquoi, lecteurs, mes amis, mes frères!

De tels textes demandent pour être lus, de l'attention et du temps. Je crois qu'il faut le prendre. Je le dis notamment à mes jeunes lecteurs, souvent un peu pressés, (c'est de leur âge), et paresseux. La paresse c'est très mal (ah! ces anciens profs!!!). Mais si les évènements que nous vivons doivent, lorsqu'ils auront été maîtrisés, comporter quelque chose de positif, ce sera d'avoir fait comprendre à ceux qui s'endormaient peut-être un peu trop dans le bien être dangereux de la société de consommation, que toute société est fragile, qu'elle ne tient que par des élites, vigilantes et lucides, au service des autres, et pas au service des seules satisfactions immédiates. Il n'y a pas que les tremblements de terre qui menacent la Guadeloupe, ou la Martinique, et il n'y a pas que les édifices de béton qui doivent être construits selon « les normes ». E.Boulogne).



Le “Noirisme” : idéologie des nouveaux esclavagistes.



II y a quelques mois, le soulèvement d'une partie de la population d'Haïti, la chute du duvaliérisme, la fuite de Jean-Claude Duvalier, et son installation en France, faisaient la Une des journaux. Pour comprendre ces événements, il importe de regarder au-delà des reportages superficiels de la station RFO ou des articles d'une certaine presse tiers-mondiste bien pensante.

J'ai été personnellement conduit à relire une bien intéressante brochure publiée il y a une dizaine d'années sous la signature de Jacqueline Lamartinière et intitulée : Le noirisme, essai sur la négritude et son utilisation dans le contexte haïtien '. (Publié par le Mouvement haïtien de libération).


  1. Haïti : une technique de l'esclavage.

    C'est du point de vue marxiste que Mme Larmartinière se livre à une impitoyable dénonciation de l'exploitation de l'homme par l'homme en Haïti, à partir d'une idéologie qu'elle appelle le « noirisme », dont elle dégage, non sans lucidité souvent, les principaux thèmes et la finalité. Le noirismc, c'est d'abord l'idée d'une radicale altérité de l'homme noir, d'une essence nègre. Il y a deux ans, un jeune Noir guadeloupéen indépendantiste manifestait lors d'une réunion du Cercle Saint-Exupéry -(Cercle de réflexion que je patronnais, dans les années 1970 et 80, destiné à des étudiants et grands lycéens),son refus inconditionnel de toute musique occidentale et son abandon total au gros ka (assimilé par lui à la musique africaine). « Ceci, me disait-il dans la pure ligne de feu l'idéologie nazie, parce que cette musique est nègre et inscrite dans mes gènes. »


Ce bon jeune homme participait de l'idéologie noiriste et au propos de J.-C. Dorsainville cité par Mmc Lamartinière, et évoquant le moi nègre : « C'est en effet le moi des déterminations obscures de la race, ce moi auquel il ne faut pas un grand nombre de coups de grattoir pour réveiller chez l'Haïtien le plus infatué de sa culture occidentale, l'Africain endormi. »

A partir de ce type du nègre fondamental (comme jadis les nazis partaient des types fantasmatiques de l'Arien pur ou du juif éternel) se développent un certain nombre de thèmes, choisis par Duvalier père et les idéologues qui l'ont porté au pouvoir. Jacqueline Lamartinière les énumère. Ce sont (p. 36) le débat autour du créole, la promotion d'une renaissance culturelle nationale, la recherche de l'identité de l'homme noir haïtien.

Le culte vaudou est également exalté comme facteur de cohésion sociale, de résistance de l'essence fondamentale du peuple nègre haïtien aux influences culturelles extérieures. Autre thème du noirisme, montré par Jacqueline Lamartinière, la présentation de la société haïtienne comme d'une société scindée en deux groupes fondamentaux, les blancs exploiteurs et les gens de couleur exploités, ou comme l'écrivait encore Jean-Claude Dorsainville : « La classe des esclaves, et celle des affranchis, était composée de Noirs et de mulâtres. La classe des Blancs composée de grands Blancs et de petits Blancs. »

Lamartinière n'a pas grande difficulté à démasquer la supercherie qui se dissimule sous le noirisme. Par exemple remarque-t-elle, si l'exploiteur est blanc par nature et le Noir exploité, alors l'ouvrier petit blanc est un exploiteur capitaliste du fait de la couleur de sa peau, mais « on ne doit pas s'étonner que le grand propriétaire noir Dumarsais Estime, se soit converti en un "petit paysan des Verrettes". De même, le vaudou comme instrument de libération n'est qu'une supercherie : "Les 19 ans de pouvoir duvaliériste ont démontré comment le vaudou est utilisé par la classe dominante (noire) pour maintenir, non seulement les masses, mais aussi des couches d'intellectuels dans son giron. La preuve en est l'exaltation des chansons et cérémonies vaudouesques, la mise en vogue des danses populaires, des récitals de poésie de la négritude et la portée à l'écran de l'œuvre de Jacques Roumain : Gouverneur de la rosée." ».

Le noirisme aurait pour finalité dans l'esprit d'une élite haïtienne de couleur, et ceci bien avant l'arrivée au pouvoir de Duvalier, de « remplacer le fouet blanc, par le fouet noir ». C'est en terme de lutte de classes et non de races qu'il convient de poser les problèmes, en Haïti comme ailleurs, poursuit J. Lamartinière, en bonne marxiste qu'elle est. L'exaltation raciste du négrisme n'est qu'une supercherie d'une classe dominante noire ou d'un groupe se préparant à la prise du pouvoir dans un pays à majorité noire, pour mieux tenir et manipuler les masses dominées. « Toutes ces fadaises noiristes n'ont qu'un seul but : démontrer aux masses, leur faire admettre que le Blanc est l'ennemi, que le Noir est l'ami, qu'elles doivent se laisser diriger de préférence par les Noirs portant ainsi un coup fatal aux revendications populaires et à la lutte des classes. »

Je dirai plus loin en quoi je me sépare de Mme Lamartinière mais son analyse ne manque pas de pertinence sur de nombreux points, et vérification expérimentale peut en être faite en Haïti et ailleurs. Dans la période d'intense déstabilisation que traverse actuellement le monde, chacun, homme de race noire ou non doit être attentif à l'usage pervers qui est fait du « noirisme ».

Il n'est pas jusqu'à la théologie qui ne serve de véhicule à cette idéologie pernicieuse avec l'essai de constitution d'une « théologie noire ». L'un de ses théoriciens, James Cône écrit : « Si le Christ est blanc et non pas noir il est oppresseur et nous devons le tuer (...). Dieu lui-même ne doit être connu qu'en tant qu'il se révèle dans sa négritude », et plus loin : « Ce n'est pas aimer que d'accepter l'être blanc (...). Aimer c'est prendre parti contre les Blancs. »

Etrange théologie, vraiment, surtout pour des gens qui n'ont pas de mots assez durs (justifiés cependant sur ce point) pour condamner le racisme blanc quand il existe. (Sur ce point, cf. la revue Confrontation, n" 12, article de Rémi Perrin : « l'Idéologie noire », cf. aussi La Pensée catholique, n" 216, article du professeur Hoffmann : "la Négritude" implique-t-elle une théologie particulière ? »).



  1. En Guadeloupe : les néo-esclavagistes sont à l'œuvre





L'observateur de l'actualité en Guadeloupe durant ces dernières années, n'aura pas manqué d'être frappé par la concordance fréquente des thèmes du noirisme haïtien et de ceux des mouvements indépendantistes guadeloupéens (et en général dans les DOM-TOM) : le Parti communiste guadeloupéen mais aussi les « nationaux populistes » de l'UPLG, du MPGI, de Combat ouvrier, etc. Une chose frappe dès l'abord, c'est l'effort de racialisation constant des rapports sociaux en Guadeloupe.

L'extraordinaire montage raciste de l'affaire Faisans (avec la complicité du gouvernement socialiste), est suffisamment frais dans toutes les mémoires pour que je n'y revienne pas. Par ailleurs, les exemples abondent. Un conflit du travail éclate-t-il entre un employé noir et un patron noir ? Ce dernier est traité de nègre à blancs et de valet du colonialisme. Le patron est-il blanc ? Combat ouvrier lance un « appel à la population noire ».

Un journal séparatiste de Guadeloupe traite les blancs créoles de « poux accrochés au flanc de la Guadeloupe ». Le même journal compare les militaires métropolitains en Guadeloupe à des « champignons sur le fumier », sans que, bien entendu, la LICRA ou la Ligue des Droits de l'Homme, n'entament aucune pousuite contrece périodique basse-terrien, au titre des lois antiracistes. Les radios indépendantistes s'en donnent à cœur joie et les slogans les plus écœurants tapissent les murs de nos villes, tracés par les mêmes mains, de la même écriture. Comme en Haïti, la langue créole est employée comme arme de combat dans la guerre subversive. Elle n'est pas considérée par les séparatistes, pour ce qu'elle est, une des langues romanes, objet d'étude et de promotion de notre patrimoine régional, mais contre toute évidence, comme une langue « nationale guadeloupéenne », jugulée, opprimée par le « colonialisme français ». Dans des dizaines d'articles, mais aussi sur les antennes des radios séparatistes et même celles de la radio d'Etat RFO des « journalistes » plus agents provocateurs que journalistes, l'utilisent systématiquement sur un ton agressif et blasphématoire.(Guadeloupe 2000 a consacré un de ses numéros spéciaux au créole. Ce numéro spécial contient le seul sondage d'opinion scientifique qui ait été fait en Guadeloupe sur notre langue régionale (cf. Guadeloupe 2000 — magazine n° 88 — juin 1983). Ce sondage a été repris avec notre autorisation par la revue Eludes créoles publiée par l'université de Montréal dans son numéro spécial sur Créole et Education, volume 7 — n° 1 et 2 en 1984).


Faute d'existence significative, chez nous, du culte vaudou, ce sont les pratiques superstitieuses et les croyances magiques les plus rétrogrades qui, comme en Haïti sont exploitées contre toute émancipation spirituelle véritable des populations antillaises, par ces esclavagistes d'un nouveau genre que sont les séparatistes. C'est ainsi que l'on peut lire à la date du 26 octobre 1985 dans Lendépendans, journal de l'UPLG qu'il faut « que des gens de notre peuple commencent à penser qu'il faut que les Guadeloupéens utilisent toutes leurs pratiques dites magiques (dont il n'est pas prouvé qu'elles soient toutes inexplicables et inefficaces) contre l'occupant colonialiste. (Cela est) indiscutablement l'expression d'un état d'esprit favorable à la libération nationale ».

A noter qu'en Guadeloupe, le PCG, marxiste comme Jacqueline Lamartinière, participe; pourtant, allègrement à la lutte de races dénoncée comme réactionnaire par l'auteur du « noirisme ». Celle-ci, il est vrai, avait dans son étude parlé des « pseudo-marxistes » qui se révèlent très dangereux pour la vraie révolution, « car en conférant à l'idéologie dominante une vocation révolutionnaire, en substituant la lutte des races à la lutte des classes, en s'adonnant au "marronage idéologique", ils pervertissent objectivement le marxisme, c'est-à-dire l'idéologie prolétarienne » .( Cf.Le Noirisme, p. 13).


  1. La chance de la Guadeloupe et des DOM


C'est ici toutefois qu'il faut montrer ce qui nous sépare de Mme Lamartinière malgré la pertinence de certaines de ses analyses. Notre auteur, en effet, reste prisonnière de l'idéologie marxiste de la lutte des classes aussi funeste pour la liberté et l'émancipation réelle des peuples que l'idéologie raciste. « Une souveraineté politique et économique (...) n'est possible que dans le cadre du socialisme » (de type communiste) écrit-elle.

Evoquant la lutte armée dans les ex-colonies portugaises d'Afrique, et la résistance des chefs tribaux traditionnels à la mainmise sur leurs territoires des mouvements de soi-disant « libération » communiste, elle cite et approuve Edouardo Mondlave du FRELIMO quand il décla­re :« Tout chef qui est encore contre la lutte de libération est sorti de la région avant que ne se produise l'action militaire. Mais quand elle commence, ou bien ils doivent s'enfuir chez l'ennemi ou bien ils sont éliminés. »

Cela signifie par exemple qu'en Nouvelle-Calédonie, les chefs traditionnels partisans du maintien de l'île dans la France (et dans une France non communiste) n'auraient d'autre choix qu'entre la valise ou le cercueil, de même qu'en Guadeloupe les leaders « départementalistes ».

Récusant à juste titre un racisme méprisable (qu'elle ne condamne d'ailleurs pas pour des raisons morales, mais seulement à cause de l'inefficacité qu'elle lui attribue), Lamartinière opte pour un mal au moins aussi pernicieux que celui qu'elle dénonce : l'effroyable machine à broyer, terroriser, décerveler de ce communisme que l'Eglise catholique une fois de plus par la voix du pape Jean-Paul II vient de condamner sans appel. La chance de la Guadeloupe et des DOM en général, c'est d'appartenir à une grande nation libre et civilisée, d'être peuplés de citoyens tout de même plus instruits et éclairés que les pauvres Haïtiens par exemple qui, pour leur malheur, ont cessé d'être français voici deux siècles. Ces citoyens sont aussi dans leur majorité des chrétiens et même des catholiques, membres de cette Eglise, qui bien que traversée elle-même de courants troubles et dangereux, reste à notre époque l'une des forces les plus efficaces de résistance au totalitarisme, et de promotion de toute vraie libération.

Encore faut-il que ceux qui ont la charge de veiller et d'informer le fassent. Dans cette veille et ce combat contre les nouveaux esclavagistes des temps modernes, nous tiendrons notre place. Et je croîs bien que personne n'en doute.


Edouard Boulogne.




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L
Très bon travai. Apres ma lecture active et analytique de votre texte vous saurez mon point de vue, et mes critiques.
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N
Je n 'ai lu que la première partie. Je cherchais une définition de &quot;noirisme&quot;. Elle est très satisfaisante. <br /> <br /> Nadine Magloire 23/8/2014
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N
Pour le moment je n'ai lu que la première partie. Je cherchais une définition du &quot;noirisme&quot;. Je la trouve<br /> très satisfaisante@ Nadine Magloire
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J
Bonjour M. Boulogne. Je tiens à vous féliciter et vous encourager à continuer votre démarche d'information et d'incitation à la reflexion de tous. Meilleures salutations.
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O
Ci-dessous message à l'attention de Monsieur Duquesne, suite à son émission "complément d'enquête" diffusée hier, 9 mars 2009, sur l'A2. Ce message est également accessible dans le forum de "complément d'enquête". Le ton est volontairement modéré, le lecteur étant invité à "lire entre les lignes"... Mais il y, sur ce forum, d'autres commentaires beaucoup plus virulents et dont la franchise est également digne d'intérêt...<br /> Monsieur DUQUESNE,<br /> Votre "complément d'enquête" du lundi 9 mars 2009 était, globalement, assez objectif dans la présentation de la crise guadeloupéenne et de ses conséquences, ce qui n'a pas été souvent le cas, ces derniers temps, sur les médias, notamment à la télévision. Permettez moi néanmoins de formuler quelques remarques:<br /> - Eu égard à la tension qui persiste en Guadeloupe, notamment dans la confrontation raciale qui, hélas, est redevenue aigüe, il ne m'a pas semblé bon de développer si longuement le sujet des évènements de 1967. Ils ont été certes dramatiques mais ce n'était pas le moment d'en parler ainsi, sans expliquer suffisamment, de mon point de vue, les causes "opérationnelles" de ces douloureux évènements.<br /> - Vous avez valorisé de façon exagérée Monsieur Domota. C'est vrai que vous l'avez interrogé sur les exactions de ses sbires (contraintes et menaces sur les entreprises qui ne voulaient pas fermer pendant le mouvement, entre autres comportements peu démocratiques) et sur ses tirades à caractère racial (qu'il a nié comme le reste) mais je trouve que vous avez été plutôt complaisant avec lui. En particulier, en laissant entendre qu'il a "maîtrisé" le mouvement, vous avez omis les barricades qui ont conduit à un mort, du fait, il faut le préciser, d'un excité qui croyait tirer sur un policier, dans un contexte de violence... engendré par le LKP. Il ne faut pas non plus oublier un deuxième mort du fait de ces barrages en la personne de ce motard qui en a percuté un...<br /> - Vous avez interviewé Monsieur Elie Domota, leader du LKP. Vous auriez dû également interviewer Monsieur Willy Angele, responsable du Medef en Guadeloupe. C'eut été beaucoup plus équitable si les deux parties avaient pu s'exprimer. Et l'interview de Monsieur Damoiseau, sur sa vision des blancs créoles dans la crise, par ailleurs indispensable, est à placer sur un autre registre que celui de la relation collectif/patronat. <br /> - Après ces trois critiques, une satisfaction que je souligne volontiers: l'interview très intéressante de Monsieur Dahomay.<br />  
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C
M Boulogne, merci pour vos angles de lecture que je trouve admirablement cultivées, tout en évitant le piège de la stigmatisation.Cette crise aura éveillée la conscience civique de pas mal de gens aux Antilles je pense, qu'ils soient pro ou contre les comités LKP et C5F, et pour ma part j'apprends beaucoup entre autre en lisant votre site.Merci beaucoup.
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