4 Octobre 2018
Ils ont sauvagement abattu François Fillon en 2017, sous des prétextes dérisoires ? Fillon, expérimenté, compétent, à la stature d'un homme d'Etat. Ils ont fait élire Emmanuel Macron, presqu'un inconnu, trop jeune immature, au vocabulaire emprunté, présenté comme le PROPHETE d'un nouveau monde.
Un an après comme l'écrit Ivan Rioufol dans ce remarquable article, le masque tombe.
La coalition porteuse de ce mirage accouche d'une immense incertitude sur la politique à mener. En coulisse le clown François Hollande s'agite.
Tout cela ne serait pas grave s'il ne s'agissait pas de la France, de son sol, de ses fils.
Le Scrutateur.
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CHRONIQUE - Obstacle à la nomination du nouveau procureur de Paris, gestion désastreuse de l'affaire Benalla, photo polémique aux Antilles... Le président vaut-il vraiment mieux que Trump et Orban ?
Récapitulons: Donald Trump est la vulgarité incarnée. Viktor Orban menace la démocratie. Le premier entache les États-Unis de ses comportements grossiers. Le second viole, en Hongrie, l'indépendance de la justice et la liberté de la presse. Ce tableau est brossé, en France, par la Macronie et ses médias. Pourtant, c'est le chef de l'État qui a longtemps fait obstacle à la nomination du nouveau procureur de Paris: trois candidats à la succession de François Molins, proposés par la Chancellerie, ont d'abord été retoqués par l'Élysée en dépit des usages. Le Parquet national financier, qui a sonné l'hallali contre François Fillon en 2017, a toujours ses liens avec l'exécutif. Quant à la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, elle a assigné à l'audiovisuel public la mission de «changer les mentalités sur le terrain» et de «devenir le miroir de nos différences». France Culture vient d'ailleurs de remercier l'impertinent Michel Onfray. Le gouvernement rêve aussi de mettre l'Internet, refuge des dissidents, sous surveillance…
Macron a été salué pour avoir su se glisser, avec talent et élégance, dans les habits de président. Or, depuis, un Dorian Gray s'ébauche derrière le personnage fiévreux et transgressif
Bref, Emmanuel Macron reproche à Orban ce qu'il pratique. La pensée dominante en rajoute dans l'obligation de bêler en chœur, lorsqu'elle dénonce les récalcitrants comme des ennemis du Bien. Quant à ceux qui accablent Trump, ils ne voient rien de la métamorphose de Macron. Il a été salué pour avoir su se glisser, avec talent et élégance, dans les habits de président. Or, depuis, un Dorian Gray s'ébauche derrière le personnage fiévreux et transgressif. «Alexandre Benalla n'est pas mon amant», croit utile de préciser, en juillet, le chef de l'État pour démentir un ragot sur son garde du corps. Imaginer le général de Gaulle se prêter à une telle confidence donne la mesure de l'effondrement de la politique. Pour avoir abandonné sa posture «jupitérienne», voilà le président prêt à tout pour faire peuple. À côté, Nicolas Sarkozy et François Hollande incarneraient presque la sophistication. Et c'est Trump qui, par contraste, se montre respectable.
Le pouvoir ressemble au Titanic, dont le ministre de l'Intérieur vient de s'échapper mardi. Le naufrage sera difficile à éviter. Les premiers effets du revirement dans la communication élyséenne viennent d'ailleurs de produire une image désastreuse, samedi, à Saint-Martin, aux Antilles. Une photo, prise dans la moiteur d'une HLM, montre le président en bras de chemise entouré, amusé, de deux jeunes Antillais. Celui qui est à sa droite, contre qui le président colle son épaule, est torse nu. Son pantalon largement baissé laisse voir son caleçon. Le petit voyou fait un doigt d'honneur. Celui qui est à sa gauche, casquette à l'envers, vêtu d'un débardeur blanc, s'est présenté comme braqueur tout juste sorti de prison. Tout est vulgaire: la désinvolture des deux cousins, la complicité ambiguë du président. L'image en rappelle une autre, prise à l'Élysée, en juin, lors de la Fête de la musique: le couple Macron pose, entouré du groupe techno Kiddy Smile. Les artistes se revendiquent «fils d'immigrés, noirs et pédés». Ils portent des shorts et des maillots en résille.
La Macronie perd pied, en voulant voir du racisme dans les critiques portées contre ces attitudes présidentielles
La Macronie perd pied, en voulant voir du racisme dans les critiques portées contre ces attitudes présidentielles. Lundi, la secrétaire d'État, Marlène Schiappa, a qualifié Marine Le Pen de «leader d'un grand parti raciste, d'extrême droite» au prétexte que la présidente du RN avait jugé la photo antillaise «impardonnable». Le député LaREM, Aurélien Taché, estime que «tous ceux qui polémiquent ne supportent tout simplement pas que la France, à tous les niveaux, change de visage». En fait, le racolage ethnique auquel se prête le chef de l'État ressemble à une ode au grand remplacement racialiste. Il est loisible de voir un deux poids deux mesures dans la réaction de Macron quand, le 18 juin dernier à Paris, il rabroue un Gavroche qui venait de l'appeler «Manu»: «Tu te comportes comme il faut. Il faut que tu m'appelles Monsieur le président de la République, ou Monsieur, d'accord?» Faut-il comprendre que le Noir serait dispensé des codes exigés du Blanc? Le sommet de l'État ne tourne plus rond.
L'insistance que Gérard Collomb a dû mettre pour imposer sa démission, refusée lundi par le président, n'est pas la moindre des rébellions contre la Macronie. Sa fuite est celle d'un vieux grognard qui a partagé l'intimité du clan. C'est le ministre de l'Intérieur qui avait déjà mis en garde contre le manque d'humilité du président et son repli sur lui-même. Le départ de Collomb fait comprendre qu'il ne croit plus en son protégé. L'alerte s'ajoute à celle lancée par Nicolas Hulot, exaspéré par la lourdeur technocratique. Toutefois, c'est le général Pierre de Villiers qui, le premier, avait pressenti les dérives du macronisme en démissionnant de ses fonctions de chef d'état-major des armées en juillet 2017. Peu avant, le militaire s'était fait rabrouer par le jeune élu: «Je suis votre chef.» Cet autoritarisme allait avec la panoplie de président vertical. Toutefois,ce déguisement est devenu incongru au vu des dérapages d'un chef d'État s'abandonnant à une proximité irréfléchie.
Mercredi, lors de la passation de pouvoir avec Édouard Philippe, Collomb a évoqué la situation «très dégradée» des quartiers difficiles
Du prophète exalté qui disait incarner le nouveau monde, il ne reste qu'un masque tombé à terre. Le contraste est saisissant entre la machine de guerre savamment élaborée par Macron et les siens pour accéder au pouvoir, et l'état d'impréparation que révèle la démission de Collomb. Le vide est tel, au cœur du pouvoir, que l'intérim a dû être confié au premier ministre. Il est vrai que les dossiers de l'Intérieur - immigration, islam, violence, terrorisme - ont été de ceux que le macronisme a abandonnés aux populistes, pour leur plus grand profit. Mercredi, lors de la passation de pouvoir avec Édouard Philippe, Collomb a évoqué la situation «très dégradée» des quartiers difficiles: «On vit côte à côte, je crains que demain on ne vive face à face.» Mais cela fait longtemps que l'affrontement s'enracine entre deux France, deux peuples, deux civilisations que tout sépare. Le braqueur Redoine Faïd, interpellé mercredi à Creil (Oise), passait inaperçu sous une burqa, en dépit de la loi interdisant ce voile intégral ; il est devenu banal dans les cités. Macron perpétue la démission de l'État.
Shahnourh Varinag Aznavourian s'était fait appeler Charles Aznavour, en hommage à la France qui avait accueilli ses parents arméniens. «J'ai abandonné une grande partie de mon arménité pour être français. Il faut le faire, ou il faut partir», avait-il expliqué en 2013. La mort du chanteur, lundi, devrait être un hommage à l'assimilation. Mais c'est l'homme «qui incarnait talentueusement plusieurs cultures» (Richard Ferrand) que le pouvoir aimerait honorer…