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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Droit dans les yeux sur Cuba, et sur Guadeloupe 1 ère ( avec Louis Dessout et Michel Bangou )

Droit dans les yeux sur Cuba, et sur Guadeloupe 1 ère ( avec Louis Dessout et Michel Bangou )

Ce soir, peu après 20 heures, sur Guadeloupe 1 ère, se rencontraient Louis Dessout et Michel Bangou, pour débattre des incidences sur la Guadeloupe, du rapprochement entre les USA et Cuba, amorcé depuis longtemps et précisé ces jours dernier par une rencontre « inopinée » entre Barrack Obama, et Raoul Castro, le petit frère de Fidel.

J'ai connu Michel Bangou plus guerrier, aux temps de ses espérances bolcheviques, et d'Angela Davis. Il est vrai que Louis Dessout est une personnalité pacifiante, qui mérite le titre de diplomate que lui a attribué le journaliste animateur, M. Pédurand.

Et aussi que, comme dit le grand Victor :

 

« Toutes les passions s'éloignent avec l'âge,
L'une emportant son masque et l'autre son couteau,
Comme un essaim chantant d'histrions en voyage
Dont le groupe décroît derrière le coteau ».

 

L'échange, donc, fut à fleurets mouchetés. Dessout a fait le téléspectateur bénéficier de sa connaissance, acquise aux meilleures sources, de maints secrets sur les coulisses de la politique locale, et nationale, qui expliquent les relations entre la France et Cuba, la façon somme toute pacifique dont s'est sortie la Guadeloupe de sa proximité avec « ce géant de la Caraïbe » (dixit Michel Bangou ) dans sa période la plus effervescente des années 1960 et 1970, même si, à maintes reprises, le leader maximo nous lança quelques brandon de sa fureur dévastatrice. Dessout réussit même à glisser cette affirmation ( vraie peau de banane sous les chaussures de son interlocuteur ) selon laquelle le parti communiste guadeloupéen communiait très bien avec la politique sociale du gaullisme. Michel Bangou, étrangement calme, pour qui a de la mémoire botte en touche. Il ne se souvient pas, car à cette époque il faisait ses études en Europe. L'animateur, généralement impavide a du mal à réprimer un sourire.

Sur le plan commercial, les deux hommes sont d'accord pour estimer, que le retour de Cuba dans le cadre d'une économie moins idéologique ( communiste ) aura des conséquences pour les autres territoires de l'arc antillais, et davantage pour Porto Rico ou la République Dominicaine.

Michel Bangou souscrit, du bout des lèvres, mais malgré tout, au propos. Comme le temps passe.

Le dessinateur humoriste de Gpe 1 ère, souligne malicieusement cette fuite ( fugit inreparabile tempus ), d'un crayon cruel . Michel pense-t-il alors à l'ex idole la grande Angela Davis? ( voir photos ).

Seul, il pourrait nous le dire.

Tout le monde oublie de dire que le régime castriste ( tout comme celui de l'ex union soviétique ) va plutôt bien s'en sortir du point de vue idéologique. Le régime totalitaire des Frères Castro qui a cruellement éprouvé le peuple cubain durant plus de 60 ans, va s'en sortir plutôt bien. Ce n'est pas le Pape qui pardonnera, au nom du Christ. Ce n'est pas non plus Barrack Obama, notre président, c'est le président des Etats-Unis d'Amérique, c'est-à-dire du capitalisme mondialisé.

Comme on sait l'argent n'a pas d'odeur. Et il y a de la thune à tirer d'un Cuba nouveau, avec les mêmes, ou leurs filles, et fils.

Michel Bangou le pense, Il le sait, il le tait.

Fugit inreparabile tempus.

 

Le Scrutateur.

( 24h05 ).

Pour les plus jeunes,pour ceux qui à l'école ne rencontreront pas les professeurs d'histoire qui, honnêtement, scrupuleusement, leur raconteront le drame cubain de la seconde partie du XX ème siècle; je réédite cet article paru, ici même il y a quelques années.

( Fidel Castro ne se représente pas à l’élection pour le pouvoir suprême à Cuba. Pour le peuple cubain ce n’est pas encore le jour, mais c’est déjà l’aurore.

Ce n’est pas le jour, car le pouvoir restera occupé par le parti communiste, représenté par Raoul Castro, le frère de Fidel. Le système totalitaire, la machine à broyer les hommes restera en place.

Mais le leader maximo vaincu par l’âge ne pourra plus jouer de son charisme, à la façon, hier, d’un Staline ou d’un Mao Tsé Toung, un facteur qui n’est pas négligeable.

Bonne nouvelle donc pour les Cubains, et les amoureux de la liberté. Tristesse en revanche pour les nostalgiques du temps où la chape de plomb du communisme semblait devoir se répandre sur le monde, si bien symbolisés par la femme de l’autre, Danielle Mitterrand, à laquelle j’adresse mes condoléances.

Le Scrutateur).

 

 

 

 Pour les nostalgiques, cet article du 20 février 2008 :

 

                   (1)Conviction et responsabilité.

 

.

         Comme aimait à dire le général de Gaulle "les choses étant ce qu'elles sont, et le monde ce que nous savons", il faut pour faire de la politique n'avoir pas l'âme trop sensible aux odeurs de sang et de pourriture, s'armer d'une bonne dose de cynisme, enfiler les gants les plus imperméables aux poisons les plus pénétrants.

         L'expérience la plus ancienne imposant l'évidence que la vie internationale fait l'objet d'une attention particulièrement vigilante et active du Prince de ce monde, je ne me formalise pas qu'un de Gaulle serre la main de criminels d'Etat comme Staline ou Mao Tsé Toung, et que le pape se rende à Cuba (ou jadis, que le Vatican ait entretenu une ambassade, tant que cela fut possible dans le Berlin national-socialiste des années 30).

         Il y a en effet, selon une célèbre et utile distinction, entre l’éthique de conviction et l’ éthique de responsabilité. Les personnes privées (ou les chefs d'Etat dans leur for intérieur, ou quand ils ont cessé de représenter leur Etat) peuvent plus facilement (ce peut être parfois un devoir, où le salut de l' âme est engagé) exercer l'éthique de conviction. Je peux être, par exemple, en tant que professeur, en tant que journaliste indépendant, m'élever avec force contre toutes relations commerciale avec la Chine tant que les produits manufacturés qu'elle exporte sont, comme il est avéré, le produit du travail forcé de prisonniers politiques, véritables esclaves des temps modernes, exploités dans les camps de concentrations chinois : les "laogaï". Mais il n'est pas dit que l'attitude du chef de l'Etat (français par exemple)soit aussi simple et facile, quand toute mesure de rétorsion française, pourrait se payer, en retour, d'une fermeture du marché chinois aux exportations françaises dans un monde de concurrence économique impitoyable, "dans le monde tel qu'il est".

         Machiavel avait formulé cela de façon définitive : "Un homme qui veut être parfaitement honnête au milieu de gens malhonnêtes, ne peut manquer de périr tôt ou tard". Le drame (parfois) de l'homme d'Etat, c'est qu'il n'a pas le droit d'oublier qu'il n'engage pas que lui, tout en étant aussi (éventuellement),un homme de conviction.

         Il convient donc, en matière politique, pour les personnes privées d'éviter les indignations moralisatrices trop faciles, les conduites de biches effarouchées.

         Mais il importe que, dans l'orchestre, chacun connaisse, respecte et joue le rôle qui est le sien dans la partition.

         Le meilleur service que l'intellectuel engagé, que le journaliste indépendant puisse rendre aux responsables de son pays, est de jouer son rôle, tout son rôle, d'homme de conviction.

         Si les intellectuels français ou britanniques avaient dans les années 30 joué leur rôle, d'informateurs honnêtes de l'opinion publique, au lieu de donner dans le pacifisme le plus abject (" une France en guerre, n'est-ce pas pire qu'une France nazifiée" écrivait en 1938 une Simone de Beauvoir), nous eussions évité Munich, la seconde guerre mondiale, et son cortège d'horreurs.

         Si l'on veut le respect des droits de l'homme il faut d'abord se mettre dans les dispositions intérieures qui nous les feront respecter, nous, et ensuite créer dans la société civile, les groupes de pression qui permettront d'agir sur les Etats chaque fois que ces droits auront été violés, quels que soient les fauteurs.

         Force est de constater, à l'écoute (ou à la lecture) des grands médias, que tout est loin d'être à cet égard pour le mieux dans le meilleur des mondes.

                  

 

                   (2)Castro par ci! Castro par là!

 

                                      En ces jours de la fin août, les médias bruissent du nom de Fidel CASTRO. Le CONDUCATOR, en effet, participe au sommet des chefs d'Etat de la zone caraïbe.

         De la même façon que Curzio Malaparte a gardé le souvenir fascinant d'un Staline père du peuple, souriant d'un air bonhomme dans le temps même ou il organisait le massacre des Koulaks, nous garderons longtemps le souvenir d'un Castro, humble, suivant précautionneusement, en fils attentionné, le pape Jean-Paul 2 lors de sa récente visite dans la grande île sinistrée par quarante années de communisme.

         Je ne le rappellerai pas, parce qu'ils le savent, à ces idéologues pervertis, un Jack Lang, une Danielle Mitterrand, mais à certains de mes jeunes confrères guadeloupéens des radios, que je crois sincères (et naïfs) et qui appellent Castro par son prénom, en camarades affectueux, "Fidel, par çi! Fidel par là! :  cet homme est un comédien, et c'est un criminel d'Etat !

         Gaulliste pour l'essentiel, en politique étrangère, je suis peu suspect d'Américanisme inconditionnel. Mais que les Etats-Unis d'Amérique soient une grande puissance impériale,-qu'il faut se préoccuper de contenir en son exubérant vouloir vivre,-ne justifie pas qu'en cela l'on confonde Lucky Luke et Joe Dalton, Zorro et Fidel Castro; de la même façon que l'on eut tort jadis (paix aux cendres de Roosevelt!) de croire que l'on pouvait jouer de Staline pour abattre Hitler et édifier la "démocratie".

         J'ai assisté en août 1960,aux journées de la jeunesse "anticolonialiste" qui se tinrent au Palais de la Mutualité à Pointe-à-Pitre. C'était l'aube du castrisme. L'AGEG et L'AGEM1 ne juraient que par le Conducator. Mais des esprits libres manifestaient déjà leur scepticisme envers ce nouveau foyer de subversion marxiste léniniste.

         Car, à condition de le vouloir, de n'être point trop subjugué par l'emprise de la secte, on pouvait parfaitement savoir que la réalité ne concordait pas avec le discours de la propagande.

         Je consulte mon exemplaire jauni du livre de René DUMONT (un homme de gauche pourtant) Cuba est-il socialiste? 'éditions du Seuil, paru en 1970.Dumont,parti pour Cuba, enthousiaste, comme conseiller de Fidel Castro, clame sa désillusion :

« L'Etat cubain est-il vraiment entre les mains du peuple, des travailleurs, des opprimés?. Il paraîtrait excessif de l'affirmer. Un groupe dirigeant s'est peu à peu dégagé, par éliminations successives de certaines fractions, d'autres dirigeants. Depuis 1959 il a à sa tête le même chef, aussi incontesté ; et c'est justement là que le bât peut le blesser le plus? Car un pays, à mon avis, ne peut s'affirmer socialiste, dès que la contestation populaire n'y est plus guère possible (illusion du vieil idéaliste gauchiste R.DUMONT).Ce qui est, du reste une caractéristique commune, à des degrés divers, de tous les pays qui aujourd'hui se prétendent socialistes. »

         Je feuillette le dossier qu'au fil des années j'ai constitué sur Cuba. J'y trouve des documents hallucinants sur le totalitarisme du régime de Castro, sur la torture ordinaire dans les prisons, sur les dizaines de milliers de prisonniers politiques, sur les non moins nombreux fuyards qui sur des embarcations de fortune tentent d'atteindre la Floride et les Etats-Unis. Je redécouvre cette lettre adressée à l'ancien prisonnier politique Armando Valladarès par un prisonnier des prisons castristes qui y croupit encore : ."..maintenant les gardiens ont un autre amusement. Devine lequel? eh bien ! ils amènent des chiens, "bergers allemands "pour les entraîner dans les corridors; ils ferment les issues, et alors commence la fête, quand sortent les détenus, transformant les allées en colisée romain et les chiens en véritables bêtes fauves. Pour autant qu'on puisse le raconter; cela m'est impossible, il n'y a pas de mots pour décrire la scène. Il faut avoir vu ces malheureux, avec des blessures sur tout le corps et certaines infectées avec des vers....."2

         Pourtant à cette époque déjà, les "grandes consciences" se pressent autour de Castro le flattent : Sartre et de Beauvoir, Régis Debray (qui depuis a fait acte de repentance),plus tard François Mitterrand, son épouse Danièle, Jack Lang, et tant d'autres. Et la presse française, de gauche qui fait l'opinion depuis la libération conforte le dictateur. Lorsque Lucien Lacroix publie son livre "Cuba no", en 1976, témoignage iconoclaste sur le goulag tropical, Dominique Dhombre dans Le Monde 3 le traite de "Tartarin du reportage" et conclut en disant :"Le castrisme, la bureaucratie cubaine, ne sont donc pas seulement le prétexte, pour ce Suisse jovial, de déblatérer contre tous les empêcheurs de tourner en rond. La critique est politique, comme l'est cette description de l'immeuble où demeure Fidel Castro place de la république à la Havane ; « une tour construite par un dictateur de droite(Battista, NDLR),mais c'est un dictateur de gauche qui l'occupe actuellement»."

         Nous aurons à revenir plus loin sur le sens de cette complicité active du journal Le Monde avec les totalitarismes communistes.4 Mais sur la vraie nature du régime castriste à Cuba, il vient de paraître une excellente synthèse, à savoir le chapitre consacré à l'île sinistrée, par Pascal Fontaine dans le magistral ouvrage collectif élaboré sous la direction de Stéphane Courtois.5

 

                   (3)Goulag tropical.

 

         Fontaine insiste sur le fait que ceux qui, contre le dictateur classique Battista, avaient cru en Castro déchantent très vite. C'est en janvier 1959 que "Fidel" et ses "barbudos "entrent à la Havane. Aussitôt commencent, dans les prisons, des exécutions massives, et gratuites.

Des élections libres avaient été promises dans les dix huit mois. Au pouvoir Castro les refuse "Des élections! Pour quoi faire? "s'exclame t-il.

         Les membres non communistes du gouvernement (il s'agissait au départ de renverser le dictateur corrompu Battista, non d'installer le communisme. Castro trompa ainsi longtemps beaucoup de monde, l'Eglise, et même les USA) démissionnent les uns après les autres. Ils s'exilent ou sont condamnés à la mort, ou à la prison. Très vite commencent des vagues de départ de gens des classes moyennes, tandis que la presse libre, non gouvernementale est interdite. Ne subsistent que Granma, et Hoy, expressions du pouvoir politique communiste.

         Mais la répression touche bientôt les classes populaires. En 1962 par exemple, le droit de grève est supprimé. Puis l'Eglise catholique qui avait au début été plutôt favorable aux opposants de Battista, subit des persécutions qui se poursuivront jusqu'à une date très récente. "Le régime œuvra à la marginalisation des institutions religieuses L'un des procédés consistait à laisser chaque cubain libre d'afficher sa foi, quitte à subir les mesures de rétorsion, comme l'interdiction d'accès à l'université et aux carrières administratives". 6 Puis c'est le monde des artistes qui est touché. Tout le secteur "culturel" est mis au pas. Ceux qui se rebellent sont tués ou jetés en prison, tels l'écrivain Ernesto Padilla, ou A.Valladarès.Castro est à l'époque soutenu par une autre coqueluche de l'intelligentzia occidentale Guevara dit "Le Che", dont les médias nous ont récemment ressassé, avec quelle admiration dépourvue de tout esprit critique, et de toute objectivité, les sinistres exploits.

         C'est lui qui, occupant alors la charge de procureur, crée les camps de concentration à Cuba, dans la péninsule de Guanaha. C'est lui qui dans son testament loue "la haine efficace qui fait de l'homme une efficace, violente, sélective et froide machine à tuer"; .C'est ce sectaire qui déclare :"je ne peux pas être ami avec quelqu'un qui ne partage pas mes idées"; C'est lui qui en 1963, rencontre au Congo son ami et disciple, déjà expert en massacres de populations civiles, un certain Désiré Kabila.

         Contre la dictature communiste de "Fidel" une résistance s'instaure dans les maquis même où s'était développée l'opposition à Battista. En quelques années, elle sera impitoyablement massacrée.

         Avec les années, la mainmise se perfectionne sur la grande île du nord caraïbe. Castro crée un service de renseignements analogue au KGB de l'URSS, la "Sécurité" que les Cubains surnomment la "gestapo rouge". Ce service contribue au quadrillage de toute la société cubaine. L'espionnite est généralisée. Chaque cubain est en puissance l'espion de son voisin. Personne n'ose plus faire confiance à personne; surtout dans un pays où comme l'a dit un ancien fonctionnaire du régime, Carlos Franqui : « l'opposant est un malade, et le policier son médecin. Le prisonnier sera libre quand il inspirera confiance au policier. S'il n'accepte pas la cure, le temps ne compte pas".7

         Par dizaines de mille et chaque année les Cubains qui le peuvent fuient le paradis castriste pour Miami et les Etats-Unis.

         Et les prisons sont pleines, et la torture y est pratiquée à grande échelle. Certaines prisons ont remis en usage les cages de fer (cavetas)."Il s'agit d'une cellule de 1 mètre de large sur 1,8 de hauteur, et longue d'une dizaine de mètres. Dans cet univers clos où la proximité est difficilement supportable, sans eau ni hygiène, les prisonniers, politiques et droit commun mêlés, restaient des semaines, parfois des mois".

         A la prison de Nuevo Amenacer, à la Havane, la doctoresse Martha Frayde qui y fut détenu rapporte ce qu'elle a vécu. Par exemple "Ma cellule avait six mètres sur cinq. Nous étions 22 dormant sur des châlits superposés par deux ou trois(....)Dans notre cellule, il nous arriva d'être 42 (....). Les conditions d'hygiène devenaient tout à fait insupportables. Les bacs où nous devions nous laver étaient remplis d'immondices. Il était devenu tout- fait impossible de faire sa toilette(....). L'eau vint à manquer .L'évacuation des toilettes devint impossible. Elles se remplirent puis débordèrent. Une nappe d'excréments se forma, envahissant nos cellules. Puis, comme un flot irrépressible, elle gagna le couloir, puis l'escalier pour descendre jusqu'au jardin...".

         Des émeutes toutes récentes, encore, en 1994,furent durement réprimées, et plus de 25000 cubains s'exilèrent à nouveau.

 

                   (4)Le pourquoi du silence.

 

         Il est permis de s'étonner qu'Amnesty International, la Ligue des Droits de l'homme, et toutes les "grandes consciences" ne fassent pas entendre leurs voix avec éclats comme pour Haïti au temps de Cedras. Il est surprenant que commentant les allées et venues de M.Fidel Castro, Le Monde, Jean-Marie Cavada, Dominique Verdeillan ou monseigneur Gaillot, si prompts à dénicher tels obscurs nonagénaires qui occupèrent il a 50 ans des fonctions subalternes dans la machine à tuer hitlérienne pour le désigner à la vindicte publique, non seulement se taisent sur le vrai visage d'un Castro(et d'une manière générale de tous les dirigeants communistes ou anciennement communistes et récemment reconvertis),mais, pire, le présentent comme un justicier, l'héroïque défenseur du "peuple cubain" face à l'Amérique.

         Pourquoi une si stupéfiante et abjecte attitude? Un article de la revue Commentaires (celle que fonda Raymond Aron) donne une réponse vraisemblable. Il est signé Zbigniew Brzezinski qui tente d'expliquer le traitement inégal entre les deux totalitarismes du 20 ème siècle par les occidentaux. Je livre ce texte à la méditation; il le mérite : "le nazisme était ouvertement anti-intellectuel et anti rationnel. Ses postulats n'étaient que des mythes absurdes, exprimés dans un langage tout à fait primitif. le communisme, lui, même quand il prêchait la haine, prétendait à une rationalité scientifique.

         Deuxièmement, l'athéisme déclaré du communisme exerçait une séduction particulière sur certains esprits. Son attaque frontale contre le christianisme enthousiasmait ceux qui l'avaient répudié ou qui s'en croyaient victimes. Le communisme semblait offrir une conception du monde alternative mais tout aussi totalisante, et il rejetait l'héritage chrétien de l'Europe qui, depuis la Révolution française, semblait de plus en plus en conflit avec la laïcité moderne et avec son matérialisme.

         Troisièmement ,le nazisme était ouvertement et violemment antisémite. Un nazi se devait d'être antisémite alors qu'un communiste pouvait pratiquer l'antisémitisme tout en le dénonçant officiellement (souligné par l’auteur). La doctrine nazie conduisait tout droit à Auschwitz, mais comme le communisme, lui, était plus œcuménique dans le choix de ses victimes, chaque communiste pris individuellement semblait moins directement responsable de la mort de ses victimes, pourtant désignées par une doctrine celle de la lutte des classes. De plus, les régimes communistes condamnaient officiellement l'antisémitisme, ce qui créait une distinction illusoire, mais lumineuse pour certains, entre communisme et nazisme.

         Quatrièmement, l'incapacité occidentale à juger nazisme et communisme selon les mêmes critères s'explique par une hypocrisie éhontée? C'est vrai, je me suis trompé, mais je croyais en une noble cause : cette justification est aussitôt acceptée chez un ancien stalinien, jamais d'un ancien nazi. Au bout du compte, c'est ce distinguo-là qui est le plus épouvantable, car il implique que le communisme, dans ses profondeurs partagerait l'héritage spirituel judéo-chrétien. Exonérer le communisme de ses crimes revient à s'infliger à soi-même une stérilisation philosophique."


1 Association des étudiants Guadeloupéens, ou Martiniquais.

 

2 In France catholique mai 1984.

3 In Le Monde du  24/12/76.

4 "Aucun journal socialiste ne pourrait rendre à la cause de la gauche la dixième partie des services que notre illustre confrère lui rend chaque jour dans l'entreprise de destruction de la société libérale". Raymond Aron, in Le Figaro du 23 juin 1975.

5 Le livre noir du communisme (crime, terreur et répression)éditions Robert Laffont.

6 Le livre noir du communisme,p.711.

7 Ibid:p.720.

 

Pour Approfondir.

 

 

·        Stéphane Courtois (et autres) : Le livre noir du communisme (Robert Lafont).

·        René Dumont : Cuba est-il socialiste ? (Seuil).

 

Droit dans les yeux sur Cuba, et sur Guadeloupe 1 ère ( avec Louis Dessout et Michel Bangou )
Droit dans les yeux sur Cuba, et sur Guadeloupe 1 ère ( avec Louis Dessout et Michel Bangou )
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