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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Pour en savoir davantage sur le CANNIBALISME.

Cette pratique qui peut être engendrée par la pénurie alimentaire, ou par des croyances religieuses, par une cruauté barbare, par certaines idéologie, ou par des troubles mentaux ( entre autres ). les scrutatoriens noteront, et je ne le dis pas sans réticences, vu l'usage que ne manqueront pas d'en faire....des lectrices exaltées ( psc, petit sourire en coin ), que les femmes cannibales sont beaucoup plus rares ( ompil, ompil menm ) que les hommes. Bon! Passons vite, et lisons cette instructive compilation, qui nous en dit long sur les avatars de l'espèce humaine ( bonne par nature, selon certains idéologues ). LS.


Canibalisme.jpg

 

Cannibalisme, anthropophagie 
et hémophagie

SOMMAIRE

Définitions
Petite histoire du cannibalisme
Le cannibalisme de pénurie ou de survie.
L’hémophagie
Citations


DEFINITIONS

L’
anthropophagie (du grec anthropos : homme et phagein : manger) est le fait, pour un homme, de manger de la chair humaine. C'est la manducation de l'homme par l'homme.

Le 
cannibalisme est le fait, pour un homme ou une espèce animale, de dévorer des individus de sa propre espèce. 
Le cannibalisme, phénomène social, observé dans certaines sociétés traditionnelles, consiste à ingérer rituellement de la chair humaine. 
Le terme "cannibal" provient du mot espagnol 
caníbal, altération du mot arawak cariba signifiant « hardi, courageux » et désignant les Indiens Caribes qui avaient la réputation de manger des êtres humains et vivaient dans les Antilles à l'arrivée de Christophe Colomb (1492). 
Intimement associé à la guerre, à la mort et à la régénération, le cannibalisme ne consiste pas à nourrir des hommes mais s'apparente à des concepts d'identité sociale, de royauté et au transfert de l'âme d'une personne à une autre. 
Là où le travail n'était pas imposé par la nécessité, l'esclavage n'existait pas : on tuait les prisonniers de guerre et souvent même on les mangeait. 

L'
exocannibalisme est le fait de manger réellement la chair d'un ennemi ; il exprime la férocité, la revanche et l’appropriation des qualités guerrières ’adversaire : la bravoure et la force notamment. 

L'
endocannibalisme, pratique funéraire nécrophage, est le fait d’ingérer les restes d’un parent décédé. Certains réduisent en poudre les ossements du défunt auxquels ils ajoutent de la bière de manioc, et font boire cette mixture aux proches parents. Les ossements sont censés contenir les éléments vitaux de l'esprit de la personne morte qui sont ainsi transmis aux consommateurs. D’autres ingèrent seulement le cerveau et/ou le cœur, sièges supposés de l’âme du disparu.
Il est avéré que certaines Chinoises mangent leur embryon ou leur foetus après une fausse couche. Il n’est pas exclu que cette pratique soit plus répandue dans le monde qu’on n’ose le croire.
Quant au placenta, il est, selon les traditions, enterré respectueusement ou rejeté comme maléfique ou mangé par la famille.

L'
hémophagie est le cannibalisme du sang.


PETITE HISTOIRE DU CANNIBALISME

La pratique du cannibalisme, attestée dans de nombreuses parties du monde, remonte à la nuit des temps. 

Des ossements de six Néandertaliens, datant de 100 000 à 120 000 ans et portant des traces de dépeçage et de broyage, ont été trouvés dans la grotte de la Baume de Moula-Guercy à Soyons en Ardèche. 

Une étude effectuée par une équipe internationale menée par Fernando Ramirez Rozzi, du laboratoire « 
Dynamique de l'évolution humaine : individus, populations, espèces » du CNRS, à Paris, a suggéré que les relations entre l'homme de Neandertal et l'homme moderne (Homo sapiens) n'étaient pas au beau fixe… puisqu'elle fait état d'agressions du premier par le second ! 14. « Surprenants, nos résultats suggèrent que les néandertaliens ont été en contact avec les premiers représentant des hommes modernes ; et ces derniers semblent avoir rapporté des corps de néandertaliens dans leur caverne pour les manger… » a précisé Fernando Ramirez Rozzi. Pour parvenir à cette conclusion, le paléoanthropologue, spécialiste du développement dentaire, et son équipe ont analysé des fossiles trouvés sur le site préhistorique des « Rois », à Moutiers en Charente... 15

Une recherche franco-allemande s'est intéressée aux pratiques de cannibalisme au Néolithique ancien, il y a 7 000 ans, sur le site d'Herxheim situé au sud du Land allemand de Rhénanie-Palatinat, découvert par prospection de surface dans les années 1980
 17. Inhumés à part, plus de 500 squelettes d'individus étrangers à la population locale ont révélé que ces captifs avaient été cuits et consommés.

D'après le livre d'Hénoch, cité par st Jude, les géants, issus du commerce des anges et des filles des hommes, furent les premiers anthropophages.

Les Hittites (apparus vers 1900 av. J.-C.) empalaient, avec toute leur famille, les chefs des villes rebelles ; ils les découpaient en morceaux qu'ils mettaient à cuire et qu’ils distribuaient au peuple pour terroriser les opposants.

Vers 1450 avant notre ère, après l'explosion volcanique de Théra (Santorin), les Minoens rescapés pratiquaient des sacrifices sanglants ; une découverte récente, sur le site de Cnossos en Crète, d’un amoncellement d’os de jeunes gens taillés en pièces, ne laisse désormais plus aucun doute sur les pratiques anthropophagiques du peuple de Minos. Les Mycéniens, envahisseurs venus du Péloponnèse, furent choqués par le cannibalisme pratiqué par les Minoens survivants, d'où son association avec le dieu-taureau des Minoens, en la personne du fameux Minotaure.

L'historien grec Hérodote (484-425 av. J.-C.) ainsi que d'autres auteurs de l'Antiquité décrivirent des peuples qu'ils qualifièrent d’anthropophages : Massagètes, Padéens, Issédons, Scythes et Thraces. Certains étaient nécrophages, d'autres sacrifiaient les vieillards et les malades avant de les faire cuire et de les consommer. 
Strabon (+ 21/25) a constaté des actes d’anthropophagie chez les Massagètes ; Pline (+ 79) chez les Scythes et les Sarmates. 

Galien rapporta qu'au temps de l'empereur Commode (180-192), des Romains allaient jusqu'à goûter de la chair humaine.

L'évêque Epiphane de Salamine ou de Chypre (+ 403) écrivit dans son 
Panarion (Adversus Haereses - Contre les hérésies) que la secte ophite des phibionites pratiquait l’avortement et que le fœtus, démembré, enrobé de miel et d’épices, était dévoré par le groupe comme une sorte d’eucharistie

Jérôme de Stridon (+ 420) raconta qu'il avait vu une horde bretonne, qui s'était jetée sur la Gaule, "manger les cuisses des bergers et les mamelles des femmes".

En 789, le 
capitulaire de Charlemagne est l'un des premiers textes juridiques à se préoccuper des actes de cannibalisme : « Si quelqu’un, trompé par le diable, croit qu’une femme est une sorcière qui mange des hommes, et que pour cela il la brûle et donne sa chair à manger ou la mange lui-même, il sera puni de la peine capitale » 12.

Le chroniqueur franc Raoul de Caen (+ 1120) rapporta un épisode des croisades : « A Maara, les nôtres faisaient bouillir des païens adultes dans des marmites ; ils fixaient les enfants sur des broches et les dévoraient grillés ». 

Le voyageur Marco Polo (+ 1324), raconta que des tribus, du Tibet jusqu'à Sumatra, pratiquaient le cannibalisme. 

Le cannibalisme était pratiqué par les Amérindiens. 
Lors du deuxième voyage de Colomb en Amérique (1493-96), le médecin de l’expédition, Diego Alvarez Chanca, rédigea ce qui est le premier récit ethnographique consacré aux peuples du Nouveau Monde. Chez les Indiens Caraïbes, les Espagnols trouvèrent quantité d’ossements humains. Chanca écrivit : “Ils (les Indiens, ndlr) prétendent que la chair de l’homme est si bonne à manger que rien au monde ne peut lui être comparé.” 
5
Isabelle la Catholique, en 1503, puis Ferdinand d’Aragon, en 1512, ne permirent de réduire en esclavage que les Amérindiens cannibales. 
Les Anasazi furent contraints au cannibalisme par la famine causée, selon les climatologues, par une longue sécheresse de 23 ans commencée en 1276 
19.
Le cannibalisme (probablement rituel) au Texas, au moins dans la tribu des Karankawas, est connu et relaté (à mots couverts) par Cabeza de Vaca. Les Karankawas conservaient leurs prisonniers en vie jusqu'à ce que, pour des raisons non connues, ils décidassent de les sacrifier 
21
Au Mexique, des milliers de victimes humaines étaient sacrifiées tous les ans par les Aztèques. Après la cérémonie, les prêtres et la population mangeaient les corps des victimes, pour se rapprocher des divinités. 
Les Hurons, les Algonkins, les Crees, les Iroquois et leurs voisins pratiquaient la capture de prisonniers, mais ils ne mangeaient (étant strictement exocannibales) que les étrangers tombés à la guerre ; la plupart des captifs étaient intégrés dans le groupe et dans le système matrimonial iroquois.
Le cannibalisme faisait partie des croyances des Amérindiens et nombre de ses formes sont attestées par des documents historiques dans toute l'Amérique du Sud. 
Les prêtres des 
Mochicas pratiquaient des sacrifices humains : ils égorgeaient les victimes, collectaient leur sang dans des bols et le buvaient.
Les Indiens Tupinamba du Brésil constituaient, comme nombre de sociétés amérindiennes, un groupe fortement guerrier, pour lequel le fait de capturer des prisonniers et de les consommer représentait un rituel complexe. Mort sur le champ de bataille, l’ennemi était mangé sur place ou découpé et emmené au village, tandis que les prisonniers, propriété de celui qui les avait capturés, étaient incorporés temporairement dans la communauté tupinamba, avant d’y être exécutés et consommés en un rituel collectif de plusieurs jours, assez rapidement s’ils étaient âgés, vingt ans plus tard parfois s’ils étaient jeunes (ils avaient alors reçu une épouse). En 1578, Jean de Léry décrivit ces pratiques des Tupinamba ; il en profita pour fustiger ses contemporains en pleines guerres de Religion en dénonçant les cas de victimes, protestantes ou catholiques, dont la chair était vendue et consommée afin de détruire l’hérétique. D’autres sociétés du groupeTupi-Guarani pratiquaient le cannibalisme : Guarani, Tupinikim, Chiriguano, Guarayu, Shipaia. 
Les Guayaki du Paraguay, endocannibales et nécrophages, mangeaient les morts de leur groupe à l’exclusion de ceux que les règles de la prohibition de l’inceste leur interdisaient (père, mère, fils, fille, frère, sœurs).
Au Brésil, chez les Capanaguas du Rio Ucayale et les Tapuias de l'Etat de Bahia, l'anthropophagie remplaçait l'enterrement : chaque famille faisait rôtir ses morts et les consommait. 
Les Yanomami (Brésil, Venezuela) ingéraient les os pilés de leurs morts, mélangés à des aliments : " Un an après l’enterrement, on déterre les corps et dans un cadre cérémoniel, on leur rend hommage. La meilleure façon de le faire, c’est de manger les os pilés mélangés à des aliments dans une préparation culinaire (généralement de la purée de bananes) et de leur offrir le corps des vivants comme sépulture." (Mondher Kilani, professeur d’anthropologie)
En 1558-1559, le capitaine Luis Lanchero dirigea une expédition contre les Muzos de Colombie, lesquels, guidés par leur chef Quirimaca, égorgeaient les Espagnols qui tombaient entre leurs mains et dévoraient les malheureux Muiscas.
En 1844, alors qu'il fuyait Mexico, le président Antonio López de Santa Anna fut capturé par des indigènes cannibales de la région de Xico dans l'État de Veracruz qui s'apprêtaient à le manger ; il ne dut son salut qu'à l'intervention 
20.

Au XVIe siècle, les Roms furent accusés d’irréligiosité, de commerce avec le diable, d’espionnage au profit des Sarrasins, puis de vols d’enfants et de cannibalisme.

En 1573, le Français Gilles Garnier admit avoir assassiné plusieurs enfants, dont les corps avaient été découverts mutilés et à moitié dévorés. Il affirma être un loup-garou ; c'était un démon qui lui avait appris à se changer en loup en se frottant le corps d’un onguent. Il admit qu’il aimait manger de la chair humaine... et qu’il avait les mêmes inclinaisons anormales qu'il fût dans son état d’être humain ou dans celui de loup 
1

En Inde centrale, les adorateurs de Kali mangeaient le corps des personnes âgées ou infirmes et des malades pour plaire à la déesse ; membres de la famille et amis étaient invités à partager le festin.

"Chez les Dayak de Malaisie, le cadavre des chefs et des notables était gardé à l'intérieur de leur maison jusqu'aux obsèques définitives. Le cercueil était scellé et les matières putrides qui s'écoulaient par un tuyau de bambou fixé au fond du cercueil, étaient soigneusement recueillies dans un vase de terre. Le quarante-neuvième jour après le décès, on examinait le contenu du vase, et s'il renfermait trop de matières une pénalité était infligée aux parents du mort "parce qu'ils n'avaient pas fait leur devoir"… En quoi ce devoir consistait, c'est ce que la coutume d'un autre groupe dayak nous apprend : on recueille les liquides provenant de la décomposition du cadavre et on les mêle au riz consommé par les parents du mort." 


Chez les Battas (ou Bataks) de Sumatra, l'anthropophagie faisait partie du système judiciaire pénal. Etaient condamnés à être mangés vivants : ceux qui se rendaient coupables d'adultère ; ceux qui commettaient un vol au milieu de la nuit ; les prisonniers faits dans les guerres importantes ; ceux qui étant de la même tribu se mariaient ensemble ; ceux qui attaquaient traîtreusement un village, une maison ou une personne. C'est sur le lieu même du supplice que le condamné devait être consommé, seulement par les hommes, car la chair humaine était interdite aux femmes. 

Certaines tribus papoues mangeaient les voleurs et les prisonniers de guerre qu’elles avaient engraissés. 
Les Papous de Nouvelle-Guinée avaient aussi pris l’habitude de consommer les cerveaux de leurs morts afin de leur rendre hommage ; ils se transmettaient ainsi le kuru, une affection à prion du système nerveux central. En 1957, les autorités australiennes interdirent la nécrophagie si bien que le kuru est aujourd’hui quasi éradiqué. 

"L'anthropologue Jack Petrie a effectué des recherches sur le terrain parmi les chasseurs de tête de l'Irian Jaya (Nouvelle-Guinée indonésienne, ndlr). Une fois, il a, sans le savoir, mangé de la chair humaine rôtie ; il a cru que c'était du singe." 


L’anthropophagie des Falateka de Mélanésie était étroitement liée à des rituels funéraires et constituait le fondement de leur pensée religieuse et de leur organisation cultuelle. Acte sacrificiel, la consommation d’une victime humaine était le moment principal et la clôture du cycle funéraire en l’honneur de sacrificateurs défunts dont la fonction était de renouer le dialogue avec les ancêtres. Les victimes ne pouvaient être prises que dans un clan différent de celui qui effectuait le rituel et parmi les hommes, les femmes étant considérées comme impures. 

Le cannibalisme, qui se pratiquait dans la Polynésie des temps anciens, était perçu comme un transfert de pouvoir et de la force du guerrier tué vers son vainqueur. 


Les habitants de la Nouvelle-Zélande pensaient, en mangeant l'oeil et le coeur de l'ennemi, s'assimiler sa vie, s'approprier ses qualités, sa force, son courage…

Lorsque les Français arrivèrent en Nouvelle Calédonie, au milieu du XIXe siècle, les Canaques dominaient des tribus-esclaves qu'ils nommaient "tribus garde-manger". En 1931, à l'occasion de l'Exposition coloniale de Paris, un groupe de Kanaks furent exposés comme "anthropophages" dans un enclos de cases, au jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne.

Les Azandé du Congo, surnommés Niam-Niam (ou Nyam-Nyam), ne mangeaient que les guerriers tués sur le champ de bataille et les criminels. Ce surnom, probablement d'origine dinka (peuple du Sud du Soudan), signifie "grands mangeurs" dans cette langue (c’est peut-être une onomatopée) et serait une allusion à la propension au cannibalisme des Azandé. 
13

Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent (+ 1846), officier, naturaliste et géographe, a écrit : "On assure que chez la race africaine des Jagas (guerriers africains de l'est et du sud du royaume de Kongo, ndlr) des quartiers d'hommes et de femmes, des membres proprement dépecés, se voient fréquemment exposés en vente, comme de la viande de boucherie, sur les places qui servent de marchés dans leurs campements."

Georges Clemenceau (1841-1929), journaliste et homme politique (le futur « Tigre »), rapporta qu'à la fin du XIXe siècle, on trouvait sur les marchés d'Afrique équatoriale des individus sur lesquels chacun marquait le morceau qu'il désirait acheter pour manger. Lorsque tout était vendu, la personne était abattue, découpée, et les morceaux distribués aux acheteurs. 

Le 16 août 1870, jour de la foire annuelle à Hautefaye (Dordogne), tandis que les armées impériales de Napoléon III subissaient défaite sur défaite, un hobereau, Camille de Maillard, s'amusa à provoquer les paysans bonapartistes en criant "Vive la République" et parvint à s'enfuir. Deux cents villageois furieux s'en prirent alors à son cousin, Alain de Moneys, autre gentilhomme, qu'ils martyrisèrent pendant des heures, après lui avoir fait crier "Vive l'Empereur ! A bas la Prusse !". Puis, ils firent brûler le malheureux. Certains enragés consommèrent de la graisse encore bouillante du "cochon qui grille" étalée sur des tranches de pain ; on n'oublia pas de servir les enfants. En décembre 1870, le tribunal de Périgueux prononça 21 condamnations dont 4 à mort. Le lundi 6 février 1871, à 8h31, les 4 condamnés à mort furentguillotinés sur la petite place du bourg surnommé le "village des cannibales".

En 1907, des soldats japonais prisonniers furent dévorés par la tribu Takou Kan de Formose. 

Entre 1918 et 1924, l’allemand Fritz Haarmann assassina une cinquantaine de garçons pauvres et sans logis. Il les attirait chez lui en leur promettant à manger ou à boire, puis les violait et les assassinait. Il les découpait ensuite en morceaux qu’il vendait au marché noir comme étant "du porc" ou "du cheval" ; il déclara ne pas en avoir consommé.

Après la Première Guerre mondiale, William Buehler Seabrook, journaliste au New York Times, voyagea en Afrique où il s’interrogea sur le cannibalisme. Il finit par rencontrer une tribu d’anthropophages qui mangeaient leurs ennemis tués au combat. Un des guerriers lui expliqua quelles parties étaient le plus appréciées : pour la viande, tout le dos (ce qui correspond, chez le bœuf, à l’entrecôte, au filet et au rumsteck), pour les abats, le foie, le cœur et le cerveau étaient considérés comme les morceaux de choix. Un guerrier lui avoua que, pour lui, "la paume des mains était le plus tendre et délicieux morceau de tous". Revenu en France, il réussit à se procurer un morceau de chair auprès d’un interne de la Sorbonne et, dans la villa du baron Gabriel des Hons, à Neuilly, se livra enfin à son expérience, devant témoins. Il cuisina la viande et la goûta : "Cela ressemblait à de la bonne viande de veau bien développé, pas trop jeune mais pas encore un bœuf. C’était indubitablement comme cela, et cela ne ressemblait à aucune autre viande que j’aie déjà goûtée. C’était si proche d’une bonne viande de veau bien développé que je pense que personne qui soit doté d’une sensibilité normale n’aurait pu le distinguer du veau." 


Dans les années 1920, l’américain Albert Hamilton Fish, malgré son âge avancé, viola, assassina et dévora plusieurs enfants. Ce cannibale sexuel affirma avoir éprouvé un énorme plaisir sexuel lorsqu’il mangeait un enfant, mais aussi quand il s’imaginait en train de le faire ; il disait qu'il voulait manger de la chair humaine les jours de pleine lune. Il s'introduisait des carottes et des saucisses dans l'anus avant de les manger. Coprophage, il consommait non seulement la chair de ses victimes, mais également leur urine, leur sang et leurs excréments. Le 16 janvier 1936, Fish, surnommé le « Vampire de Brooklyn », l'« Ogre de Wysteria », le « Gray Man » ou encore le « croque-mitaine », fut exécuté, sur la chaise électrique à Sing Sing dans l'État de New York. 
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Georges Grossmann, un Allemand, fut arrêté en 1921. Il aurait abattu des jeunes femmes pour sa consommation personnelle et revendu certains morceaux au marché noir. 
13

Entre 1921 et 1924, Karl Denke assassina des vagabonds - hommes et femmes - qui passaient par Munsterberg, en Silésie (à présent Ziebice, en Pologne), et qu’il "invitait gentiment" dans sa pension. Il découpait leurs corps en morceaux qu’il salait, puis mangeait peu à peu... Il en proposait parfois à ses locataires 
1. Arrêté le 21 décembre 1924, Denke se pendit le lendemain dans sa cellule. 

Durant la Seconde Guerre mondiale les soldats japonais commirent des actes de cannibalisme à l'encontre des prisonniers et des populations civiles dans les territoires occupés. Ces actes ont pu être motivés par la famine dans certains cas ; mais selon l'historien Yuki Tanaka, « le cannibalisme était souvent une activité systématique menées par des escouades entières et sous le commandement d'officiers ». Les plus hauts gradés connus ayant pratiqué le cannibalisme sont le lieutenant-général Yoshio Tachibana (qui, avec 11 membres de son personnel, a été jugé pour avoir fait manger un aviateur américain en août 1944 à Chichi Jima) et le vice-amiral Mori (pour avoir mangé un prisonnier lors d'une réception en février 1945). Selon le témoignage de plusieurs prisonniers, tel que celui du soldat indien Hatam Ali, les victimes étaient parfois dépecées vivantes. 

On a rapporté que, durant la guerre du Vietnam (1959-1975), des soldats vietcongs ingéraient le foie de leurs ennemis pour s’approprier leur force. 
La presse a publié des photos d’enfants-soldats laotiens exhibant les foies humains qu’ils allaient consommer.

Dans 
Stèles rouges, l'écrivain Zheng Yi raconte comment, au cours d'une enquête dans la province de Guangxi, il découvrit de nombreux cas de cannibalisme qui eurent lieu durant la révolution culturelle : "Aussi parle-t-on rarement de ce qui arriva en Chine en 1968, en pleine révolution culturelle. Des étudiants du Guangxi ont mangé leur professeur, et le cannibalisme politique est devenu une expression admissible de la cruauté révolutionnaire. Des hommes étaient découpés vivants, on organisait des festins de chair humaine rituels auxquels chaque camarade se devait de prendre part.” 7.

Le 8 novembre 1978, Edmund Emil Kemper, un tueur en série américain surnommé "l'ogre de Santa Cruz", accusé de dix meurtres dont celui de sa propre mère, fut condamné à la perpétuité. Il aurait fait cuire des lambeaux de chair d'une adolescente coréenne et les aurait consommés avec des macaronis au fromage. 

1981 : 
- Issei Sagawa, le "Japonais cannibale", fut arrêté à Paris pour avoir dévoré une jeune Hollandaise par « amour ». 
- Anna Zimmerman, une jeune allemande de 26 ans, mère de deux enfants, assassina son petit ami par colère et désir de vengeance. Elle le démembra ensuite puis congela les morceaux qu'elle consomma, au fur et à mesure, avec ses enfants. C'est l’un des rares cas connus de femme cannibale.

En 1981 et 1982, les quatre "éventreurs de Chicago" dévorèrent les seins des femmes qu’ils avaient violées et assassinées. Robin Gecht, le leader du groupe avait créé un culte sataniste prônant le meurtre et l’humiliation des jeunes femmes. 

Au Burundi, selon l'article 165 du Code pénal (Décret-loi n°1/6 du 4 avril 1981 portant réforme du code pénal) : « Quiconque aura provoqué ou préparé des actes d’anthropophagie, y aura participé, ou aura été trouvé en possession de chair humaine destinée à des actes d’anthropophagie, sera puni de la peine de mort ».

Au Gabon, selon l’article 211 du Code pénal, « tout acte d'anthropophagie, toute cession de chair humaine à titre onéreux ou gratuit faite dans le même but, sera puni de la réclusion criminelle à temps ». 

Le 11 avril 1989, au Texas, 12 cadavres furent découverts dans le champ d'un ranch, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de la ville frontière mexicaine de Matamoros, probablement victimes de trafiquants de drogue, adeptes d'un culte satanique, qui se livraient également à des actes de cannibalisme. 
33

Le 22 février 1991, Daniel Rakowitz, un meurtrier et cannibale américain, fut jugé non coupable en raison de sa folie et placé dans un hôpital d'état pour criminels aliénés. Il avait tué sa compagne de chambre, avait fait bouillir sa tête et réalisé un potage avec son cerveau.

La Commission vérité et réconciliation en Sierra Leone, dans son rapport final à l’ONU qui couvrait les années 1991 à 1999, mentionna des actes de « cannibalisme forcé ».

1994 : 
- Le 14 février, Andreï Romanovitch Tchikatilo fut exécuté d'une balle dans la nuque ; ce tueur en série ukrainien, surnommé « Le monstre de Rostov », aurait mangé des parties des corps de ses victimes et bu leur sang. 
- Selon un rapport des Nations Unies d’août, des militaires cambodgiens ont dévoré « certains organes frits ou grillés » de civils exécutés pour leur supposée sympathie avec les Khmers rouges.
- Le 28 novembre, Jeffrey Lionel Dahmer, un tueur en série américain surnommé "le cannibale de Milwaukee", fut assassiné par un codétenu noir américain dans la prison de Portage (Wisconsin). Il avait avoué avoir assassiné dix-sept jeunes hommes entre 1978 et 1991 et avait reconnu "s'être essayé au cannibalisme" en mangeant le biceps d'une de ses victimes. 
13

En 1997, 3 sorciers de Côte d’Ivoire furent condamnés à 3 ans de prison ferme pour avoir mangé 35 personnes. La chair n'est pas chère ! 

1999 : 
- à Helsinki (Finlande), deux jeunes hommes et une adolescente furent arrêtés pour avoir, en 1998, dévoré certaines parties du corps d'un autre jeune âgé de 23 ans : ils affirmèrent être des satanistes ayant accompli un meurtre rituel sous influence. L’instigateur a été condamné à la prison à perpétuité.
- en Angleterre, David Harker, 25 ans, était arrêté pour avoir dévoré Julie Patersen, avec des pâtes et du parmesan
 30.

2001 : 
- des cas d’anthropophagie furent signalés dans des régions reculées de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. 
- en mars, l’Allemand Armin Meiwes, de Rotenbourg publia une annonce sur internet, indiquant qu’il cherchait un bel homme entre 18 et 30 ans, "désirant être mangé" ; à sa propre surprise, un ingénieur de 42 ans originaire de Berlin, Bernd Juergen Brandes, répondit à son offre et se rendit à Rotenbourg pour le rencontrer. Après avoir discuté, ils décidèrent de couper le pénis de Brandes, qu’ils mirent à frire dans une poêle et mangèrent ensemble. Meiwes tua ensuite l’ingénieur, coupa des morceaux de son corps qu’il congela, et enterra le reste dans son jardin. Condamné à la prison à vie, il expliqua comment il avait préparé un "steak d’ingénieur", qu’il l’avait trouvé un peu dur et que la viande "avait un goût de porc, en un peu plus amer, plus fort". 

En 2002, la police ukrainienne arrêta 3 hommes et une femme qui avaient assassiné et mangé 6 personnes : au domicile d’un des tueurs, âgé de 53 ans, elle découvrit des livres de magie noire

Les atrocités, dont le cannibalisme, perpétrées à l'encontre de la population de l'Ituri, au Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC), ont été recensées dans deux rapports des Nations unies adressés au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, le 25 juin 2003.

Le 2 janvier 2007, Nicolas Cocaign, détenu à la maison d'arrêt de Rouen, tua son compagnon de cellule et mangea un morceau de ses poumons. Il expliqua au juge d'instruction : "Je voulais prendre son âme". Il confia au psychiatre : "Ce qui est terrible, c’est que c’est bon. Ça a le goût de cerf. C’est tendre". Le 24 juin 2010, la Cour d'assises de la Seine-Maritime l'a reconnu coupable d'homicide volontaire et d'actes de torture et de barbarie et l'a condamné à trente ans de réclusion criminelle, assortis d'une peine de sûreté de vingt ans.

2008 : 
- Le 17 juin, débuta au tribunal de Brno en République tchèque le jugement d'une mère de famille et de cinq autres adultes accusés d'avoir séquestré et sauvagement torturé deux petits garçons, apparemment au nom d'une secte issue du "Mouvement de Graal". Klara Mauerova, la mère de famille, était accusée d'avoir cloîtré ses deux fils de 8 et 10 ans, de les avoir torturés, d'avoir abusé d'eux sexuellement et de les avoir forcés à se mutiler pour ensuite donner des morceaux de leur peau à manger aux autres membres de sa secte (cinq membres du Mouvement du Graal dont sa soeur).
- Le 10 septembre, furent découverts, dans une ville située à 300 kilomètres au nord de Moscou (Iaroslavl), les corps de quatre adolescents, mutilés dans des conditions épouvantables par 666 coups de couteau et objets d'actes de cannibalisme, le tout accompagné de revendications explicitement satanistes.

Le 27 juillet 2009, devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), l'ancien président libérien Charles Taylor, poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité et interrogé à propos de la déposition d'un témoin de l'accusation racontant qu'il avait mangé de la chair humaine avec Charles Taylor lors d'une cérémonie de la société secrète Poro dont l'accusé est aujourd'hui encore le chef, déclara qu'il ne s'était jamais livré au cannibalisme au Liberia, et qu'il n'avait "jamais ordonné à aucun combattant de manger qui que ce soit", en précisant qu'il "ne contestait pas qu'il y ait des cannibales dans certaines parties du Liberia". 

2012 : 
- Mi-avril, trois cannibales étaient appréhendés au Brésil et accusés du meurtre de plusieurs femmes. D'après Jorge da Silveira, 51 ans, la tête pensante du trio, ils n'ont pas commis de meurtres mais s'adonnaient à des séances de "purification" : "Je n'ai tué personne. J'ai fait trois missions avec la permission de Dieu et les victimes sont toutes avec lui, purifiées". Il précisa notamment avoir reçu ces ordres de "deux anges". Le trio infernal mangeait la chair des victimes ; avec les restes, il confectionnait des "beignets salés" qu'il vendait dans la rue.
 28
- Fin avril, en Chine, Zhang Yongming, 56 ans, un repris de justice de la province du Yunnan (sud-ouest), suspecté d'avoir tué près d'une vingtaine de jeunes gens, puis de les avoir dépecés, d'avoir vendu une partie de leur chair comme de la "viande d'autruche" sur le marché de son village et donné le reste à ses chiens, était arrêté
 24
- Le 13 mai, à Tokyo au Japon, un artiste, Mao Sugiyama, fit préparer, par un cuisinier professionnel, son pénis et ses testicules qui furent dégustés par des convives (au courant évidemment de la nature du plat), lesquels payèrent chacun 20.000 yens (200 euros). 
26
- Le 2 juin, 
CNN informa que Alexander Kinyua, un étudiant kényan, avait été arrêté et accusé de meurtre pour des faits remontant au 25 mai. Jesse Bane, le shérif du comté de Harford, précisa à la presse que le jeune homme avait avoué avoir tué son camarade ghanéen puis l’avoir découpé en morceaux avant de manger son coeur et une partie de son cerveau. 27
- Le 26 mai, à Miami en Floride, un policier dut abattre un homme nu qui était en train de dévorer le visage d'un autre homme, lui aussi en tenue d'Adam. Selon des sources policières, l'agresseur cannibale aurait souffert d'une psychose liée à la prise de LSD ou d'une autre drogue de synthèse de type "ecstasy" surnommée "sels de bain" ou "septième ciel" : un délire qui s'accompagne d'une hausse brutale de la température corporelle, ce qui expliquerait la nudité de l'assaillant. En avril, un cas relativement similaire était survenu à Miami : un jeune homme nu, sous l'emprise du LSD, avait tenté de mordre le cou de sa victime, avant d'être arrêté. 
25
- Le 29 mai, Alexander Kinyua, un étudiant de 21 ans de la Morgan State University aux États-Unis fut arrêté dans le Maryland et inculpé d'assassinat. Après avoir tué son colocataire, âgé de 37 ans, Kujoe Bonsafo Agyei-Kodie, il l'avait découpé avant de manger son coeur et des parties de son cerveau. 
31
- Eric Newman, alias Luka Rocco Magnotta, « le dépeceur de Montréal », ex-acteur porno gay, accusé de meurtre prémédité, d'outrage à cadavre, de publication de matériel obscène, d'envoi par la poste de matériel obscène et harcèlement criminel à l'encontre du premier ministre canadien Stephen Harper et d'autres personnes, était arrêté à Berlin par la police allemande le 4 juin 2012 et extradé au Canada le 18
 32. Le 25 mai 2012, une vidéo mise en ligne montrait l'étudiant chinois, Lin Jun, égorgé, et auquel Magnotta coupait une fesse avec un couteau et une fourchette. Dans cette insoutenable vidéo intitulée «1 Lunatic 1 Icepick», on découvrait le jeune homme en train de s’acharner sur sa victime, attachée à un lit, à l’aide d'un pic à glace avant de découper le corps en morceaux, et d’en manger certaines parties 34. Dans un blogue, il faisait l'apologie de la nécrophilie et du cannibalisme. Le procès est prévu pour 2014.

On peut penser qu’un cannibalisme résiduel subsiste en Afrique centrale et occidentale, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Mélanésie, à Sumatra, en Papouasie/Nouvelle-Guinée, en Polynésie et dans des régions éloignées d'Amérique du Sud.


LE CANNIBALISME DE PENURIE OU DE SURVIE

Des cas d’anthropophagie sont à attribuer à l’instinct de survie : c’est le cannibalisme de pénurie ou de survie.

Dans l'Empire franc, éprouvé par la famine de 792 à 794, se produisirent des cas de cannibalisme et d’hallucination collective notés par les annalistes 
8

La longue période de famine, allant de 1021 à 1040, qui ravagea une partie de l'Europe (plus particulièrement la France et surtout la Bourgogne), conduisit des miséreux à l’anthropophagie. 

En 1590, le siège de Paris par Henri de Navarre d’avril à septembre, causa une famine qui engendra l’anthropophagie. 

Durant l'hiver 1609/1610, 80% des colons de Jamestown, la première colonie anglaise établie en Amérique, située en Virginie, moururent de faim ; le 1er mai 2013, des anthropologues du Musée national d'histoire naturelle à Washington ont expliqué que l'analyse d'ossements d'une jeune fille de 14 ans a révélé que les survivants avaient recouru au cannibalisme.
 35 

Fin 1812, lors de la retraite de Russie, après que les soldats eurent mangé les chevaux, ils firent griller de la chair humaine prélevée sur leurs compagnons morts
 29.

En 1816, suite au naufrage de la frégate « La Méduse », 139 marins et soldats s'entassèrent sur un radeau pendant 13 jours et pratiquèrent l'anthropophagie pour survivre : il y eut 15 rescapés. 

L'Expédition Donner, un groupe de colons américains en route pour la Californie pendant la « fièvre de l'ouest » dans les années 1840, se trouva bloqué par la neige dans la Sierra Nevada au cours de l'hiver 1846-1847 : quelques-uns commencèrent à manger les morts avant d'être secourus
 18
Les membres de l'Expédition Franklin, disparus dans l'Arctique en 1847, auraient également pratiqué le cannibalisme de survie. 

En mars 1883, Alferd Packer, accusé d'avoir consommé la chair de ses cinq camarades dans les montagnes rocheuses du Colorado où leur expédition s'était perdue, fut condamné à la peine de mort pour cannibalisme. Sa sentence fut commuée en 40 ans de prison par la Cour suprême des États-Unis d'Amérique en 1886. Packer devint, paraît-il, végétarien et s'éteignit en prison le 24 avril 1907. 
13

Début 1922, en Russie, la famille poussa les paysans de la Province de Samara à déterrer les morts pour les manger. Dans les districts de Pougatchev et de Bouzoulouk, de nombreux cas de cannibalisme furent notés. Selon les témoignages des membres du comité exécutif de la volost [canton], le cannibalisme dans le bourg de Lioudbimovka prit des proportions dramatiques ; on dut isoler les cannibales 
9

En 1933, Staline, ayant décidé de « nettoyer » les villes de Moscou et Leningrad, de tous leurs « éléments socialement nuisibles », 6 000 d'entre eux furent envoyés sur Nazino, île perdue au milieu d'un fleuve sibérien, où, débarqués sans provision, ils subirent la torture de la faim au point de devenir anthropophages. Le scandale de « L'Ile aux cannibales » finit par remonter à Staline qui prit des sanctions contre les responsables locaux du parti ; les déportés survivants furent envoyés dans des camps de travail. 

La population de l'Union soviétique, durement touchée par la grande famine des années 1932-1933 et par le long siège de Leningrad durant la seconde guerre mondiale (872 jours, du 8 septembre 1941 au 27 janvier 1944), alla jusqu'à se nourrir de cadavres pour survivre. 

Début 1943, l’extrême famine poussa les soldats allemands de la 6ème Armée et les civils russes, enfermés dans la poche de Stalingrad, à manger leurs morts. Les internés des camps nazis firent souvent de même.
On soupçonne que l'anthropophagie, avérée dans les goulags soviétiques, était pratiquée dans les camps chinois. 

En 1944, sur l’île de Leyte aux Philippines, des soldats japonais, pris en tenaille entre les troupes américaines et les résistants philippins, survécurent grâce au cannibalisme. 

Le 13 septembre 1945, les troupes japonaises de l'île de Nauru en Micronésie dans le Pacifique Sud se rendirent. Coupées de leurs lignes d'approvisionnement, elles avaient manqué de ravitaillement : 300 Japonais étaient morts suite aux privations et on rapporta des cas de cannibalisme. 

En Chine, la "famine du Grand Bond" qui sévit entre 1958 et 1962 provoqua la réapparition du cannibalisme sur une grande échelle : les familles échangèrent les enfants pour les manger (
yizi er shi : "échanger les enfants pour se nourrir", expression chinoise ancienne), certains découpaient de nuit des cadavres pour manger. 16

Les seize rescapés d'un accident d'avion dans la cordillère des Andes en 1972 purent ainsi survivre pendant 72 jours. Ils reçurent l'absolution du pape Paul VI.
 36

Selon des témoignages, la population nord-coréenne, lors de la famine de 1995-1999 qui fit de 2 à 3 millions de morts, a dû pratiquer l’anthropophagie (de la viande humaine étant même mise à l’étal).

Deux pêcheurs partis, en août 2012, pêcher avec deux autres compagnons en Iakoutie, dans le nord-est de la Sibérie, ont été retrouvés fin novembre 2012 près d'une rivière située à environ 250 kilomètres de la ville la plus proche, mais leurs deux compagnons manquaient. Alexandre Abdoullaïev, a avoué avoir mangé, avec l'autre survivant, Alexeï Goroulenko, le corps de leur compagnon Andreï Kourotchkine. Le quatrième pêcheur disparu, Viktor Komarov, n'a pas été retrouvé.
 37


L’HEMOPHAGIE

Le cannibalisme du sang (hémophagie) fut de tous les temps et de tous les lieux. 

Les prêtres des Mochicas du Pérou (200 av. J.-C. à 700 apr. J.-C. environ) pratiquaient des sacrifices humains : ils égorgeaient les victimes, collectaient leur sang dans des bols et le buvaient.

Dans la Rome impériale, il arrivait que des spectateurs se précipitassent dans l'arène pour boire le sang des gladiateurs morts ; ce sang était censé guérir les épileptiques et porter bonheur si l’on y trempait les cheveux. 

Sous la Révolution française le sang des aristocrates guillotinés fut parfois offert aux pauvres comme boisson reconstituante et il est attesté que des enragés dévorèrent le foie de leurs victimes lors des massacres de septembre 1792. 

Carl Lehmann, relatant l'exécution de l'assassin Karl Henri Friedrich qui eut lieu à Zwickau (Allemagne) le 15 décembre 1823, écrivait : « Et nous avons vu de nos propres yeux des personnes vider tout un pot de sang de l'exécuté et comment on donnait des coups de fouet à ces personnes, pour la plupart des enfants, afin de les faire détaler à travers champs » 
10. 

En 1901, dans une thèse soutenue à la faculté de médecine de Lyon, le futur Dr Alexis Epaulard utilisa pour la première fois le terme de "vampire", non pas pour désigner un buveur de sang mais un nécrophile : Victor Ardisson, le "vampire" de Muy. 
On a longtemps employé le terme de « vampire » pour des malades se livrant à des actes de nécrophilie, de nécrosadisme voir de nécrophagie, bien que, pour des raisons évidentes, il n’y eut pas, dans ces cas, de succion de sang. À l’inverse, certains individus, tels que les vampires de Hanovre, de Düsseldorf, de Londres et de Nuremberg, ont une fascination réelle pour le sang et non la mort. 
11

Le syndrome de Renfield (ainsi nommé par le psychologue américain Richard Noll en 1992), est la déviance mentale qui pousse un individu à boire du sang humain. 
D'après Noll, la grande majorité des patients sont des hommes et la maladie peut être évolutive : auto-vampirisme, zoophagie, vampirisme clinique : 
- Le premier stade survient généralement durant l'enfance. À la suite d'une blessure, l'enfant découvre qu'il peut être excitant de boire son sang. Cela peut le mener à l'auto-vampirisme : le plaisir maniaque de boire son propre sang. 
- Le stade suivant est celui de la zoophagie : la consommation de sang animal. 
- Le stade le plus avancé est le vampirisme clinique : la consommation de sang humain. Il arrive que certaines personnes, « en manque », s’infiltrent dans les hôpitaux pour voler le précieux liquide entreposé dans les banques de sang.
A son paroxysme, le syndrome de Renfield conduit les malades aux meurtres en série. 


CITATIONS

Les habitants de la Terre de Feu ont été soupçonnés avec raison de cannibalisme ; ils sont dans l'usage de tuer leurs plus vieilles femmes, pour les dévorer, lorsqu'ils craignent de manquer de vivres. (François de Lacroix 1582-1644) 

Il n'existe plus que quelques peuplades anthropophages dans le monde connu. Quelques races caraïbes et quelques insulaires de la Polynésie le sont encore. Tous les peuples de l'Amérique septentrionale étaient anthropophages. (Voltaire 1694-1778, cité par le 
Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle. Pierre Larousse. 1863-1890. Article : Anthropophage)

Les anthropophages de Sumatra et des Iles de la Sonde mangent les condamnés à mort. (Marlès Lacroix + 1850) 

On dit qu'il y a eu des anthropophages ; je ne sais, mais cela n'a pas dû être long : ils ont dû mourir empoisonnés. (Lamennais 1782-1854) 

L'anthropophagie se rencontre au berceau de presque tous les peuples. La famine a conduit plus d’une fois à l’anthropophagie. (Mathieu Barbaste, 
De L'Homicide et de L'Anthropophagie, 1856)

Il est évident que l'anthropophagie est née d'une excessive fringale combinée avec l'habitude du régime de la viande. Il arriva que deux hordes de chasseurs se rencontrèrent à la poursuite du même animal, un jour que la proie était rare, et que la faim mugissait dans leurs entrailles, et il y eut guerre entre elles. On se battit, on se tua, et les cadavres des vaincus remplacèrent naturellement au foyer des vainqueurs les cadavres du gibier absent. Puis la fureur de la vengeance sanguinaire s'en mêla, l'ivresse de la victoire aussi ; le fait consacré par la tradition s'incrusta dans les moeurs, et l'on sait ce qu'il en coûte pour déraciner les mauvaises habitudes. J'excuse tous les coupables qui ont faim, parce que la première loi pour tous les êtres est de vivre. (Alphonse Toussenel 1803-1885)

Ceylan n'avait vraisemblablement plus d'habitants cannibales à l'époque où elle était visitée par les Arabes. (Alfred Maury 1817-1892) 

Entre les insulaires anthropophages et les animaux féroces, il y a cette différence, que ceux-ci obéissent à leur nature et ne se la sont pas donnée, tandis que les anthropophages se sont fait la leur. Si nous voulons contester qu'ils se la soient faite, il faudra nier la morale ou professer que l'homme est venu sur la terre non dans cet état neutre encore indéterminé, qu'on appelle l'innocence, mais avec une conscience préalablement corrompue, et des doctrines à la fois naturelles et perverses. (Charles Bernard Renouvier 1815-1903)

En ingérant les parties du corps d’une personne, dans l’acte de dévoration, on s’approprie aussi les propriétés qui ont appartenu à cette personne [...] Un jour les frères se rassemblèrent, tuèrent et dévorèrent le père, mettant ainsi fin à la horde primitive [...] Dans l’acte de dévoration, ils accomplirent l’identification avec lui, chacun s’appropriant une partie de sa force. (Freud, 
Totem et Tabou, 1912)

Un cannibale est un homme qui aime son prochain avec de la sauce. (Jean Rigaux 1909-1991)

Quand les circonstances deviennent pressantes, il n'est pas rare que les gens se livrent à des actes de cannibalisme pour survivre. Cela arrive périodiquement et n'a rien à voir avec le cannibalisme culturel ou pathologique [.] Chez les Inuits, c'est moralement accepté. Il n'est pas rare qu'une personne agonisante donne son autorisation aux autres de la dévorer une fois qu'elle sera décédée, et ce, pour leur permettre de survivre plus longtemps [.] Mais cette pratique n'est pas obligatoire. Certains peuples en proie à la pire des famines ne recourent pas au cannibalisme [.] Il faut des prédispositions pour passer à l'acte, l'environnement jouant un rôle clé. (L'anthropologue français, Georges Guille-Escuret, cité par 
Le Figaro, 2 mai 2013 36).


Cannibalisme au Brésil en 1557. Gravure de Théodore de Bry, 1562

 


Notes
tueursenserie.org/article.php?id_article=38 
anthropologieenligne.com/pages/pbancestralM.html
Quelle est la saveur de la chair humaine ? Aspects culturels et historiques des aliments, Allen Gary, 1999, Oregon State University.
polynesie.rfo.fr/imprimer.php3?id_article=58 ;
blog.slate.fr/ globule-et-telescope2010/09/15/quelle-saveur-a-la-chair-humaine/ 
Ce qui, ce qu'il. Il n'est pas de règle formelle pour distinguer ces deux expressions qu'on emploie indifféremment sauf avec falloir (ce qu'il faut et non ce qui faut) et avec plaire où il convient d'employer ce qu'il quand on veut sous-entendre, après plaire, l'infinitif du verbe employé précédemment (Hanse) : je ferai ce qu'il me plaira (de faire). Je fais ce qui me plaît est plus absolu. J'épouserai la femme qu'il me plaira (d'épouser). J'épouserai la femme qui me plaira n'a pas le même sens : "qui sera à mon goût". (Dictionnaire des difficultés de la langue française. Larousse. 1971)
Zheng Yi : Scarlett Memorial, Tales of cannibalism in modern China, 1996 ; trad. Stèles rouges, du totalitarisme au cannibalisme, éd. Bleu de Chine, 1999, cit. in Thérèse Delpech, L’ensauvagement, Grasset 2005 et Mao Tsé-Toung, Fayard, 2005
Pierre Bonnassie, Consommation d'aliments immondes et cannibalisme de survie dans l'Occident du haut Moyen Âge [archive] Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1989 Volume 44 Numéro 5
Rapport d'information d'État n°60, du 20 janvier 1922, traduit et présenté par Nicolas WERTH dans le n°78 du Bulletin de l'Institut d'histoire du temps présent, n°78, second semestre 2001, p. 108
10 heresie.com/sang.htm
11 Grimoire des Vampires, Cecilia Jamart. www.vampiredarknews.com/museum/vampire/4.html
12 Jean-Paul Doucet, Dictionnaire de droit criminel
13 wikipedia
14 Journal of Anthropological Sciences, vol. 87, 2009, pp. 153-185
15 Kheira Bettayeb, Le Journal du CNRS, septembre 009, N°236
16 http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Bond_en_avant
17 CNRS, Institut des sciences humaines et sociales, 13 septembre 2010
18 http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9dition_Donner
19 http://www.america-dreamz.com/colorado/paysages/mesa_verde_national_park.php
L'anthropophagie est avérée chez les Anasazis par la découverte d'adn humain dans des fèces humaines fossilisées, qui avaient été déposées dans les cendres d'un foyer. C'est la seule preuve irréfutable qu'il ait existé, mais on connaît également des ossements brisés aux arêtes arrondies, comme s'ils étaient restés suffisamment longtemps à bouillir et s'entrechoquer pour s'user. C'est un sujet un peu tabou, car des descendants des  Anasazis, les Hopis de l'Arizona, qui se prétendent depuis toujours un peuple pacifique, nient que leurs ancêtres aient pu être cannibales. La politique étant ce qu'elle est, les archéologues sont très réservés lorsqu'on aborde ce sujet. Ces fèces semblent liées à Chaco Canyon 
22 plus qu'à Mesa Verde. Il est possible qu'après quelques décennies de domination par une caste qui contrôlait les réserves de nourriture, une révolution ait eu lieu dans la civilisation de Chaco Canyon et que le cannibalisme en soit une conséquence. Des hypothèses plus physiologiques sont que les Anasazis, dont l'alimentation était principalement composée de maïs, le gibier étant devenu très rare, se soient rabattus sur la chair humaine (ils élevaient des dindons pour leurs plumes, mais il semble qu'ils en aient peu mangés). Encore une fois, la seule preuve formelle réside dans ces fèces. Quoi qu'il en soit, la sécheresse de la fin du 13e siècle n'est pas forcément la cause du cannibalisme, l'abandon des villes de Chaco Canyon étant antérieure. Les nombreuses migrations des tribus du Sud-Ouest américain avant l'arrivée des premiers Européens, en 1540, ne sont pas documentées, et le sont très peu pendant les 150 ans suivants, puisque les Espagnols n'installèrent leur première colonie au Nouveau-Mexique qu'en 1680 : les théories sont plus nombreuses que les certitudes. 23
20 Henry B. Parkes, Histoire du, Payot - ISBN|2-228-12790-6
21 http://www.america-dreamz.com/texas/paysages/cavelier_salle.php. Jacques Séassau : redaction@america-dreamz.com
22 http://www.america-dreamz.com/nouveau_mexique/paysages/chaco_culture.php
23 Jacques Séassau redaction@america-dreamz.com.
24 site d'information Guangxi News et The Standard, un quotidien de Hong Kong
25 Miami Herald - lefigaro.fr 28/05/2012
26 next.liberation.fr 25-5-2012
27 lematin.ch 2/6/2012
28 tempsreel.nouvelobs.com 31/05/2012
29 http://lestafette.unblog.fr/2012/04/27/anthropophagie-et-autophagie-durant-la-campagne-de-russie/#
30 http://apocalypse1966.skyrock.com/46.html
31 http://www.metrofrance.com/info/nouveau-cas-de-cannibalisme-aux-etats-unis/mlfa!w34Ahcyx0Jow/
32 http://fr.wikipedia.org/wiki/Luka_Rocco_Magnotta
33 http://archives.lesoir.be/magie-noire-et-cannibalisme-a-la-frontiere_t-19890413-Z01JQT.html
34 http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Magnotta.-Le-depeceur-canadien-juge-pour-assassinat-477336/
35 http://actu.orange.fr/sciences/etats-unis-les-premiers-colons-ont-recouru-au-cannibalisme-pour-survivre-afp_1838588.html
36 http://www.lefigaro.fr/sciences/2013/05/02/01008-20130502ARTFIG00551-le-cannibalisme-de-survie-existe-toujours.php
37 http://www.lepoint.fr/monde/deux-russes-perdus-dans-la-taiga-ont-mange-leur-camarade-pour-survivre-17-12-2012-1602840_24.php


Sources


 

Auteur : Jean-Paul Coudeyrette 
Référence publication : Compilhistoire ; reproduction interdite sans autorisation.

Date de mise à jour : 16/07/2013

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C
<br /> Au terme de cette "constante évolutive" du cannibalisme,j'ai envie d'ajouter une bande annonce de couverture d'un magazine, montrée récemment dans une revue de presse à la<br /> télévision;les Biotechnologies : IMMORTALITE. Et de compléter en précisant que la mise en place de la circulation sanguine est<br /> réalisée au 26-27e jour du développement d'un être humain,qui ne mesure guère plus que 1,5mm.(Sa mère ne sait peut-être même pas encore avec certitude qu'elle<br /> l'attend..).                        Par contre l'enterrement des morts ( et<br /> rapidement avec de la nourriture) est antérieur aux représentations pariétales et propre à l'espèce humaine.Aucun mammifères,ni les bonobos ni les chimpanzés sensés être nos plus<br /> proches cousins ne le font.  Pourquoi, en l'Homme seul, ce désir<br /> d'éternité?                            C.E.<br /> <br /> <br />  <br />
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