2 Mars 2013
( Mère Thérésa, la nouvelle cible des "bobos" de la déliquescence française ).
L'article publié hier sur les mesquines attaques dirigées contre la bienheureuse mère Thérésa de Calcutta, m'a valu quelques remarques d'un correspondant, auquel j'ai répondu. Dialogue courtois, et vigoureux, que je publie dans le Scrutateur, en le prolongeant par quelques remarques, peut-être utiles pour mieux comprendre l'ambiance actuelle en occident, et la nature philosophique de la crise que nous vivons.
Voici d'abord le dialogue :
« Le Correspondant : Apparemment ce n'est que mensonge et fantasme d'un journaliste, mais, si ce qu'il raconte avait été vrai , aurait-il eu le droit d'en parler? C'est en fait cela, je pense, la véritable question... Il y a -t -il des sujets sur lesquels nous pouvons revenir sans être taxé de négationniste ou de révisionniste? Si ce que ce journaliste disait était vrai, aurait-il eu le droit de le dire, le devoir?
Le Scrutateur : J'aime votre politesse, ami. Je vous l'ai déjà dit. Mais votre candeur me laisse sur le cul!
Le Correspondant : Candeur... Je ne comprends pas le sens de vos propos... Sans remettre en cause tout ce que mère thérésa a fait pour l' AUTRE durant sa vie, ne se peut-il pas aussi qu'elle ai des zones d'ombres, des facettes plus sombres? Quoi de plus normal après tout, quoi de plus humain??? Faire preuve de candeur sur ce sujet voudrait que je sacralise un être humain en raisonnant avec naïveté, innocence, pureté à outrance... Les questions que je pose sont, il me semble, l'inverse de cela...
Le Scrutateur : Sans doute, cher ami. Nous sommes d'accord. En ce qui me concerne, en philosophe que j'essaye d'être, je suis d'autant plus d'accord, que le doute ( critique, cartésien, et si fortement inspiré à Descartes par un certain Augustin [ je ne dis pas St-Augustin, car le fait qu'il ait appartenu à l'Eglise catholique, « cette entreprise de domination des crédules, et des ... candides! » - je cite ici, un certain esprit averti, que je ne nommerai pas - lol - suffirait à le disqualifier ] est le point de départ de toute recherche digne de ce nom. D'autre part, ma quête personnelle me fait éprouver une dilection particulière pour des "moralistes" à qui on ne la fait pas : Blaise Pascal, La Rochefoucauld, Nietzsche, Chamfort, etc, qui ne sont pas tous chrétiens, il s'en faut. Chamfort par exemple qui écrivait " au spectacle que donne le monde, il faut que le coeur se se brise ou se bronze". Or je refuse le "bronzage ( coeur de bronze ) et au moins autant la fracture. C'est pourquoi , d'ailleurs je suis chrétien. Et les Evangiles ne sont pas tellement complaisants envers les premiers disciples du Christ. Ne parlons même pas de Judas; pensons seulement à St-Mathieu le premier pape, qui sut heureusement se reprendre par la suite, mais qui d'abord, après avoir fanfaronné, commença par détaler devant les gardes envoyés par le Sanhédrin pour procéder à l'arrestation de Jésus, au Mont des Oliviers.
Partout où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie a-t-on dit. Et personne n'y échappe. Peut-être est-ce pour cela que l'Eglise avant d'élever au rang de "bienheureux ( Thérésa ), ou de saint, procède à une longue enquête préliminaire à charge ( équipe présidée par un "avocat du diable" selon l'usage ) et à décharge. Beaucoup se sont effondrés sous les coups de boutoir de l'avocat du diable. Mais c'est l'Eglise, n'est-ce pas ( voir plus haut ), alors...!. Au contraire il FAUT faire confiance aux adversaires de l'Eglise, laïques, et donc neutres ( rions trois fois). Qu'ils aient droit à la parole nous sommes d'accord. mais que, présentement, nombre d'entre eux soient des gens ( dans le climat actuel du « débat intellectuel" en Europe qui pensent surtout à pisser dans la soupe pour la rendre immangeable, voilà qui ne saurait être oublié trop légèrement. Comme me disait récemment un ami, à propos des affaires de pédophilie dans l'Eglise " il est curieux que ce soit toujours des prêtres qui soient mis en question, et jamais des imans, ou des rabbins, sans parler des éducateurs laïques. A croire que l'Eglise catholique ne serait peuplée que de pervers. Je regardais hier à la TV les cardinaux qui vont bientôt entrer en conclave. Et je ne pouvais m'empêcher de scruter ces visages, me demandant lesquels pourraient être membres de ce fameux "lobby gay" ( gay, terme exécrable, à distinguer absolument de celui d'homosexuel ). C'est exactement l'effet recherché par les critiques "naïfs" qui sont à l'origine de la chasse à courre : créer un climat de défiance dans la société, à l'égard de gens spécialement choisis. Que la famille s'effondre, que les "repères" s'estompent pour une jeunesse déboussolée, rien d'étonnant. Les totalitaires , ( et ce mot désigne aussi, par delà les totalitarismes durs : Hitler, Staline Lénine, Mao, ce totalitarisme soft, mais encore plus dangereux du Meilleur des mondes d'Huxley ) se sont toujours particulièrement intéressés aux jeunes à cause de leur plus grande malléabilité, et de leur...candeur ( au demeurant souvent inconsciente d'elle-même ).
Fin ( provisoire ) du dialogue.
Commentaire supplémentaire :
Dans le texte de l'article récent sur Mère Thérésa qui suscita ce dialogue courtois, il n'est pas question des affirmations odieuses du « chercheur » en « sciences humaines » ( sic ) sur le fait que la religieuse aurait laissé souffrir, volontairement des pensionnaires de ses asiles ( le « chercheur, très aimablement écrit « mouroirs » ), « parce que la souffrance rapproche de Dieu!" .
Ceci, comme souvent, pour présenter le christianisme comme une idéologie doloriste, ayant le culte de la souffrance, ce qui est contraire à tout le témoignage chrétien historique ( sauf à prendre des dérives, et des caricatures pour le modèle original ).
C'est Charles Baudelaire qui a écrit « Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance, comme un divin remède à nos impuretés ».
Or, Baudelaire, que je sache, est un des très grands poètes en langue française, mais il n'est pas un père de l'Eglise, ni un théologien.
Non la souffrance est un mal, et l'image du Christ en croix n'est pas une sanctification de la souffrance, mais l'affirmation que la souffrance ne peut être affrontée, et tenue en respect, vaincue parfois, que par l'attitude du juste, toute d'offrande de soi, dans l'amour et le pardon, jusque dans le sacrifice suprême ( toutes choses qui n'excluent aucune action concrète contre le mal, il suffit de lire les écritures. Mais...cela demande du temps, et ...un effort !).
C'est cela que ne veulent pas admettre les tenants d'une idéologie toute d'orgueil, qui déifie l'homme ( bon et innocent par nature, disent ces « penseurs » ) et lui proposent une idéologie de substitution à laquelle eux-mêmes ne croient, pour la plupart, pas. Mais on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, et pour l'instant c'est le culte de la docilité et du moindre effort, le choix irréfléchi d'un idéal humain tout d'hédonisme qui prévaut, avec les conséquences catastrophiques que l'on voit tous les jours.
Ce n'est cependant pas le christianisme, mais un grand penseur laïque ( non laïciste ) du début du XX ème siècle, Jules Lagneau, qui écrivait sur le sujet qui nous occupe, ces lignes magnifiques:
« L'action vraie c'est l'action contre la nature, contre l'égoïsme. Elle consiste à agir contre la tendance naturelle au plaisir. Celui qui recherche le plaisir n'agit pas. Toute action tendant au plaisir est une inaction. (… ). La recherche du plaisir en soi est une négation de l'action. L'égoïsme est aussi la fuite de l'effort ». ( …) Agir c'est donc accepter la loi de la nature, qui est de développer l'être par l'acceptation de l'effort, de la souffrance, par le renoncement à la jouissance actuelle de l'être. Toute vie est une action par laquelle l'être s'arrache à ce qu'il est, pour être quelque chose qu'il n'est pas encore, ce qu'il tend à être ». ( Jules Lagneau. Célèbres leçons et fragments, p. 186. P-U-F ).
Ce texte, beau et profond, qui peut poser problème au lecteur non familier de l'analyse philosophique, n'en est pas moins clair dans l'ensemble, et à l'opposée de toute la mentalité actuelle. Aujourd'hui, en occident, on parle beaucoup de la justice, des droits de l'homme, etc. Mais on compte beaucoup sur l'autre pour agir vraiment, et sur l'Etat ( ce plus froid, pourtant, par sa nature même, de tous les monstres froids, notait lucidement Nietzsche ). On parle, on défile, on manifeste, mais ce faisant, on se rengorge surtout, on s'admire ( oh comme nous sommes généreux. Ce n'est comme ceux qui... etc.)
On s'agite, mais on n'agit pas. Car, agir, disait Lagneau, et il démontre son dire, « c'est le refus de la tendance naturelle au plaisir », et nous dirions aussi, aujourd'hui du narcissicisme.
Nous « aimons » les souffrants, mais surtout quand ils sont loin, et que d'autres s'en occupent, par exemple...mère Thérésa. Mais l'admettre nous importune car dérangeant notre tranquille jouissance spontanée ( le plaisir, le douillet onanisme psychique des bourgeois qui font, dans des salles spécialisées, des stages de Bouddhisme, par exemple, revisité ( et trahi ) par des Instituts spécialisés, et bien payés, tout à fait « cool » ).
Nous réglons le compte de Thérésa, ( elle est pourtant de ces gens d'action qui auraient pu réussir dans les affaires vous savez, comme ces fondateurs d'ordre, les François d'Assise, les St-Bernard, etc, formidables personnalités, formidables organisateurs ), en crachant dans la soupe. Elle aurait aimé la souffrance, disons-nous, avec les marchands d'orviétan.
( les fréquentations quotidiennes de Mère Thérésa, nouvelle cible des Bobos parisiens, antichrétiens ).
Merde! Merde à vous monsieur le chercheur en « sciences sociales ».
Dira-t-on que je suis « emporté », « mal élevé », grossier? Moi, j'estime que vous dire votre fait, est infiniment plus respectable que vos insinuations sur une héroïne du XX ème siècle, qui a vécu dans la pestilence des taudis et des mouroirs, comme vous dîtes, à panser chaque jours, des lépreux pustuleux et dégoûtants ( je parle de leur aspect physique ) pendant que vos pareils font leurs entrechats d'intellos bien nourris dans les bureaux confortables des institutions parisiennes de « recherche ».
Et Thérésa est morte en assurant sa succession. D'autres religieuses, le plus souvent indiennes, converties au christianisme, ont pris la
relève.
J'ai dit « converties au christianisme ». Ce n'est pas par hasard. Car, en Inde, ( où elle opéra ) de tradition hindoue, la lèpre, et
autres misères, si elles suscitent ( parfois ) la compassion, ne provoque pas plus d'action que vous n'en entreprenez vous même, mais moins par « hédonisme » d'occidental décadent, (
déculturé, et déchristianisé ), que par conviction religieuse. Il faut bien que la souffrance des malades, suite à un karma lourd de fautes et d'erreurs, soit purifié par le malheur.
Mère Thérésa, elle, comme Edith Piaf dans une chanson célèbre, n'aimait pas le malheur.
Comme Piaf, encore, elle aurait pu chanter « mais le malheur me le rend bien ».
Et son malheur c'est vous, chercheur de rien.
Voyez-vous, au nom de la charité ( parfois ), des convenances souvent, on n'ose pas dire leur fait à certaines gens , aux gâteurs de sauces.
Moi, je vous dis, ( et que mère Thérésa me pardonne ) pour vous faire honte, si vous êtes capable de tels sentiments: « Honte à vous, monsieur! Merde ! Merde à vous, monsieur ».
Edouard Boulogne.
Cri du Coeur, par Edith Piaf : http://www.youtube.com/watch?v=gcMtFa7so0c