Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
25 Juin 2009
Guadeloupe : Après le « Congrès » : Ennuis! Doute! Inquiétude!
Hier, 24 juin, 10h30 du matin, j'ai des choses intéressantes à faire. Donc, pas de télévision. Un ami, du Moule, me téléphone cependant pour me demander si j'ai écouté le discours de Jacques Gillot (président du Conseil Général de la Guadeloupe).
Pour sa part il en déplore les ambiguités, la phraséologie gonflée d'idéologie.
Nous plaisantons. Il faut relativiser tout cela.
Je retourne à mes occupations.
(I) Midi tapant!
A midi, et jusqu'à 14 heures, je m'impose, tout en déjeunant, de regarder ce cirque.
Un cirque, mais très peu amusant.
Premier constat : la salle des délibérations est à moitié vide. Les visages suintent d'ennuis.
Je compatis pleinement à la détresse de mon vieux camarade Benito-Espinal, que son sens du devoir a conduit là, et qui lutte désespérément contre l'ensommeillement, sous la surveillance vigilante d'une insistante et indiscrète caméra.
Les orateurs se succèdent, de 10 minutes en dix minutes, sous le contrôle minutieux du président Gillot, qui a le pouvoir d'interrompre, de tailler, hâcher dans les interventions, et qui en jouit manifestement, en attendant d'autres jouissances, bien plus gratifiantes, qu'il espère (peut-être à tort!).
Ces messieurs se succèdent. L'orateur de l'UPLG, et celui du parti communiste, croient déjà au « grand soir ». Ils oublient les petits matins blêmes.
Les représentants des partis centristes (modem, et nouveau centre) bien qu'opposés, tranchent sur l'ensemble, par leurs efforts (pas toujours réussis, mais au royaume des aveugles....!) pour ne pas trop donner dans la langue de bois ambiante.
Le jeune président du Medef, qui comme Benito, avait jusqu'alors tant bien que mal, avec un stoicisme exemplaire, résisté à l'assoupissement, prend alors la parole.
Un souffle léger d'esprit bruisse tout soudain, et rafraîchit la salle.
Willy Angèle qui ces derniers mois a souvent adopté le langage du technicien compétent pour exposer les composantes du mal guadeloupéen, a choisi aujourd'hui le registre poétique, et la trâme de son exposé réside dans le récit d'une ancienne et vespérale conversation sur la Guadeloupe avec l'écrivain André Schartz-Barth.
Alain Peyrefitte, parlant lui pour l'ensemble de notre pays (la France! Of course!) avait lui aussi déploré l'enquistement dans l'esprit de défiance. Il n'y a de salut que dans le développement de la confiance.
Dix minutes d'éveil. L'oeil d'Edouard (Benito-Espinal) pétille, comme au bon vieux temps; le président Lurel s'ébroue! Gillot... a oublié d'interrompre! Et j'ai même cru voir applaudir, quoique furtivement (mais c'est peut-être une erreur) le représentant (âgé) de l'UPLG.
Hélas! Le soufflé retombe vite.
Christian Viviès, apprend qu'il lui faudra revenir l'après midi, pour son intervention. Sa politesse exquise empêche de discerner s'il se réjouit ou non de cette nouvelle.
Mais je ne l'entendrai pas. Et malgré (ou à cause?) l'annonce de l'intervention d' « intellectuels » j'ai prévu un autre programme.... qui m'agrée davantage. D'ailleurs, la Guadeloupe a autre chose à faire (sauf celle qui en est empêchée par la force), elle travaille.
Dix-neuf heures.
A 19 heures, je m'installe devant mon téléviseur. Pas de nouvelles internationales ou nationales. Le monde entier, comme dirait Alex Robin, nous regarde.
Le chat s'endort.
C'est toujours le Congrès. Et toujours le président Gillot, tranchant, coupant, jurant, infatigable.
Je m'installe, un petit verre de Black and White ( of course) à proximité. Et, il est vrai que tous les produits de première nécessité n'ont pas baissé (quant à leur prix!).
Moyennant quoi je résiste et résisterai, jusqu'à la fin du débat (celui de ce jour! Car hélas.....!), après 21 heures.
Ces deux heures seront consacrées presqu'exclusivement à discuter de l'article quatre d'un projet.
Et l'on découvre que M.Gillot, s'il aime couper, trancher, hâcher, n'est pas mal non plus pour discutailler, ergoter, pinailler. Il paraît même que c'est ce qu'il fait le mieux.
Et il rivalise avec ses « collègues » tous virtuoses du pinaillage.
On s'amuse peut-êtrecinq minutes, à ce jeu.
Mais deux heures!!!
Il faudra deux heures pour que soit adopté ledit article quatre. Il s'agissait de prévenir toute tentative de l'Etat d'engager une modification institutionnelle qui ne concorderait pas avec la volonté du « peuple guadeloupéen » (ou population? ).
En un sens une telle attitude de défiance envers l'Etat était-elle inspirée de la peur que l'hexagone exaspéré par les exactions du LKP et de ses complices n'entament une démarche de largage à l'égard de la Guadeloupe? Ou bien serait-il soupçonné (toujours la défiance, âme de ces politiciens), de ne pas aller assez loin dans ce sens?
On ne le saura pas.
Car les péroraisons de ces messieurs nagent dans le flou (le moins) artistique.
L'on parle au nom du PEUPLE! On en a la bouche pleine. Mais on reconnaît qu'il faudra le convaincre, et que « ce sera difficile » (Gillot dixit).
L'on demande au moins dix huit mois pour cela.
Mes amis, quel courage nous allons devoir montrer. Dix huit mois de parlottes, de grèves, de prise en otage. De mise en condition.
Et ce peuple, qui en a vu d'autres, et qui risque de ne pas répondre aux ambitions de nos fauves de l'arène « politique ».
A moins que Paris, ne se lasse, et n'impose ….CE que nos petits messieurs..... ne refuseront pas. La dignité est à géométrie variable pour certains.
Vous me connaissez, lecteurs. Je me félicite d'avoir été traité récemment d'extra Guadeloupéen.
Car à mes yeux nos compatriotes sont des gens extras.
Yo ka léssé palé cé méssiés. Mé jou là kan yo ké voté, yo ké montwé ça yo vlé reyelman!
En un autre langage : Wait and see!
Ou encore : Patience! Et haut les coeurs!
Edouard Boulogne