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11 Mars 2009
Pour comprendre la réaction du gouvernement français aux événements de Pointe à Pitre en 1967 , il convient de
se replacer dans le contexte de politique internationale de l’époque ; en effet on ne peut apprécier une situation en fonction du contexte d’aujourd’hui , mais bien en fonction des conditions de
l’époque .
1967 , c’est le point culminant de la guerre froide qui voit s’affronter en une lutte sans merci les deux blocs de l’Ouest et
de l’Est . Et même si la politique du général De Gaulle consiste à se démarquer des Etats Unis d’Amérique , il sait bien qui sont ses alliés véritables . Or les USA sont engagés dans la guerre du
Vietnam qui ne tourne pas à leur avantage . Si la crise des missiles à Cuba(1962) s’est terminée à l’avantage des USA ,l’île castriste demeure un chancre au flanc du géant américain . D’autant
plus que CASTRO soutient les guérillas marxistes en Amérique latine ( Guevara est tué en 67 )et en Afrique . La revue du ministère soviétique des Affaires étrangères, « Affaires internationales
», écrit : « Stratégiquement, les Caraïbes forment une sorte d'Interland qui conditionne la stabilité des États-Unis et leur liberté d'action dans d'autres parties du monde. » A l’intérieur , les
USA sont confrontés à la contestation de jeunes américains refusant la guerre au Vietnam et aux émeutes raciales .
Au Moyen-Orient , la tension est extrême et la Guerre des 6 jours se déclenchera le 5 juin . L’URSS soutient Nasser et double
sa flotte de guerre en Méditerranée .
En Asie , la Guerre du Vietnam déborde sur le Cambodge et le Laos ; le « naxalisme » , mouvement dirigé par les maoïstes , se
répand dans plusieurs régions de l’Inde ; la Chine est bouleversée par la révolution culturelle alors que la 1ere bombe H chinoise est acquise .
L’Afrique des indépendances est secouée de troubles : révolutions et coups d’états se succèdent , installant des régimes à
parti unique , au Togo , au Sierra Leone , au Congo (Zaïre) , au Congo Kinshasa , au Mali ,au Dahomey (Benin)
L’Europe n’échappe pas à l’agitation : coup d’état en Grèce , tensions en Italie où le mai 68 italien débutera en octobre 67.A
l’est du rideau de fer , agitation en Tchécoslovaquie où le Premier Secrétaire du Parti communiste slovaque, Alexander Dubcek, et l’économiste Ota Šik défient le pouvoir ; un mouvement, venu de
l'intérieur du Parti communiste tchécoslovaque (PCT), conteste la direction, particulièrement son Premier Secrétaire, Antonín Novotný.Le printemps de Prague est en germe
.
En France , les législatives de mars 67 n’ont donné qu’une très courte majorité à la droite , face à une gauche qui s’achemine
vers le programme commun avec un parti communiste puissant et toujours stalinien qui maintiendra jusqu’en 1969 le dogme de la dictature du prolétariat . Le 26 avril le conseil des ministres
demande l'autorisation à l'Assemblée de gouverner par ordonnance ; le 17 mai , grève générale et manifestations contre les pouvoirs spéciaux.
En résumé , c’est dans un contexte éminemment tendu et complexe qu’éclate l’affaire de Pointe à Pitre : celui d'une
guerre , fût elle froide , entre le camp des démocraties et celui du totalitarisme ; le gouvernement français connaît la philosophie marxiste et le tropisme cubain des indépendantistes
guadeloupéens ; ceux ci croient venu le "GRAND SOIR" ; aux premiers coups de feu tirés sur les forces de l’ordre , celles ci auront l’autorisation de répliquer .
La Guadeloupe s’est trouvée au mauvais endroit , au mauvais moment .
Certains en sont morts : paix à leur âme !
Mais que dire des irresponsables qui jouaient avec des allumettes sur un baril de poudre ?