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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Page d'écriture ( 23 oct 2014 ) : Célébration du Pouvoir.

J'aimerais que le texte qui suit, soit lu, par un jeune homme, une jeune fille, de ceux, qui, en Guadeloupe, répondent assez souvent ( avant de déchanter trop souvent ) : « moi, après le baccalauréat j'aimerais « faire Sciences-Po » pour préparer...l'ENA !

Mais pour un jeune d'aujourd'hui, qu'est-ce que « sciences po »sinon l'acquisition des « savoir-faire » propres à l'exercice du pouvoir, lequel ouvre trop souvent la porte aux prestiges d'un acte de domination, et des moyens de s'enrichir.

Et comment leur en vouloir? Car le goût du lucre et de la domination des autres est profondément enraciné au coeur de l'homme, et ne peut être, sinon éradiqué, du moins jugulé, qu'au prix d'une solide éducation. Et le spectacle de l'exercice du pouvoir par nos hommes politiques n'offre de la part de nos édiles ( sauf exceptions rares ) que le partage des dépouilles de nos vieilles nations, partage opéré au profit de leurs grouillements de larves peu ragoûtantes, de celles que Nietzsche désignaient sous l'appellation méprisantes de « derniers hommes » ( au bas de l'échelle des valeurs, sauf peut-être de celle du CAC 40 ).

 

Il manque, sans doute à Science-Po, mais surtout dans la société, de cet enseignement qui porterait le titre : « qu'est-ce qu'un homme d'Etat ? ». Et il manque de ces « Familles » qui par delà les techniques de pouvoir, témoigneraient par l'exemple, de la hauteur de vue, du sens du sacrifice personnel, quoiqu'il en coûte, et de la VISION, sans rupture avec l'héritage ( car alors, la politique n'est plus qu'ambition du conditionnement de sujets considérés comme malléables à merçi, en vue de l'édification des pires utopies ), vision sans laquelle la politique se confond avec l'administration des choses, et des hommes considérés comme des bêtes. ( Voir le Brave New World d'Aldous Huxley ).

Dans un de ses livres les moins connus, et peut-être pourtant le plus remarquable, Citadelle, Saint-Exupéry, offre une telle vision de l'homme d'Etat, du vrai Prince. C'est de ce livre, lu vers mes 17 ans, que j'extrais ce passage.

Comme j'aimerais qu'il soit lu et compris, ainsi que tout le livre, par quelques-un de ces jeunes que j'évoquais tout à l'heure.

 

Le Scrutateur.

 

«  Car le pouvoir, s'il est amour de domination, je le juge ambition stupide. Mais s'il est acte de créateur et exercice de la création, s'il va contre la pente naturelle qui est que se mélangent les matériaux, que se fondent les glaciers en mares, que s'effritent les temples contre le temps..., que se confondent et s'abatardissent les langues, que s'égalisent les puissances..., alors le pouvoir, je le célèbre.

Car il est comme un cèdre, qui aspire la rocaille du désert....il commande de bâtir l'injustice de l'arbre qui transcende rocs et rocailles, développe au soleil un temple, chante dans le vent comme une harpe, et rétablit le mouvement dans l'immobile ».

 

Antoine de Saint-Exupéry.

 

BONUS ( ou peut-être Malus,...pour certains ).

 

Dans la présentation du texte de St-Exupéry, ( ci-dessus ) j'évoquais, parmi les qualités requises d'un chef d'Etat, une certaine hauteur de vue.

Sue cette hauteur, j'ajoute cette page d'un mien journal, page que j'ai incorporée à mon livre Libres Paroles.

La Voici :

 

HAUTEUR .

( Voir aussi Aristocratie, noblesse, honnête homme).

 

« Jadis il y avait une hauteur ».

Paul Celan.

 

Je prends ici « hauteur » en son sens figuré, moral. On pourrait parler aussi de « vertu » au sens grec du terme, de « magnificence ».

 A son fils, qu’il affecte de mépriser, le roi Ferrante dans la pièce de Montherlant La reine morte déclare « vous ne respirez pas à la hauteur où je respire ». C’est assez prétentieux, et peut-être la vraie « hauteur » n’a t-elle pas besoin d’être proclamée et de se persuader, à tout instant, de son authenticité. Mais on voit ce qu'entend Ferrante par "hauteur".

         La hauteur est plutôt une vertu aristocratique. Elle ne doit pas être confondue avec la morgue, l’attitude snob.

Chez l’honnête homme, elle est une conquête sur la pente naturelle de l’homme, c’est-à-dire la médiocrité, le laisser-aller, et peut, dans le meilleur des cas, devenir comme une seconde nature.

Je suis en train de lire, ce jour, Le suicide de la France, livre d’entretiens entre l’avocat Jacques Vergès et le professeur Bernard Debré (éditions Olbia), et un passage très simple évoque pour moi la fameuse « hauteur ».

Les deux hommes parlent du tour que prend la vie politique en cette période post gaullienne de la cinquième République où nous vivons, inaugurée en 1981 par l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand. C’est Jacques Vergès qui répond au propos de son interlocuteur : « Vous parlez de la droite post gaullienne. Voici une anecdote qui résume tout et montre le fossé qui nous sépare des années de Gaulle. Michel Jobert m’a raconté sa prise de fonction comme secrétaire général de l’Elysée sous Georges Pompidou. Le nouveau président, qui était gourmand, se renseigne sur la manière dont s’organisent les dîners. Les officiels et ceux qui ne le sont pas. Jobert va aux nouvelles et lui rapporte ceci : pour les dîners officiels, le général ne réclamait aucun menu particulier. Il faisait confiance à son cuisinier qui disposait d’une enveloppe mensuelle. Quand les frais de réception dépassaient l’enveloppe on payait sur facture. Quand ils étaient inférieurs la différence était reportée sur le mois suivant. Quant aux dîners privés, c’était la simplicité même : Mme de Gaulle en établissait le menu…Et à la fin du mois, les frais étaient imputés sur le traitement du Général ! C’était cela aussi sa « certaine idée de la France ». Aujourd’hui, l’enjeu est simplissime : ou la classe politique en retrouve le chemin, et le peuple retrouvera celui des urnes, et du respect pour ses dirigeants. Ou bien la jurisprudence Mitterrand s’installe définitivement, et avec elle cette démocratie du simulacre" »

Quelle jurisprudence Mitterrand ? Vergès la résume en quelques mots. Elle consistait à faire d’un officier de gendarmerie qui le servait fidèlement…. un préfet, et d’un médecin qui jouait bien au golf, c’est-à-dire le laissait gagner, un ambassadeur ! Pour ceux, trop jeunes, que leur mémoire ne renseignerait pas assez précisément sur ladite « jurisprudence », ils pourront se reporter aux livres de Jean Montaldo, : Mitterrand et les quarante voleurs, etc.  

La « hauteur » ce n’est pas seulement l’acte héroïque et spectaculaire, c’est aussi la vertu simple et honnête.

L’homme aristocratique a le respect de soi. Il n’oublie pas de servir plutôt que de se servir.

(Journal, 25/07/02)°.

 

Photographies : Parmi les photographies, la dernière à avoir été retenue est pour l'illustration du thème de Nietzsche sur "le dernier homme"!

 

Page d'écriture ( 23 oct 2014 ) : Célébration du Pouvoir.
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