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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Tribune de lecteur : « Le syndrome d'Edgar » ou l'art de l'opportunisme politique, par Sully DE CHAZEAU.

La Voix des lecteurs. jpg

 

( Voici une rubrique du Scrutateur, qui doit vous intéresser. Elle ne fait pas double emploi avec les commentaires d'articles. Ceux-ci, en augmentation lente, mais constante, est faite de vos réactions aux articles.

« La voix des lecteurs »vous donne la parole, la possibilité d'enrichir notre blog de vos idées, réflexions, poèmes, réactions propres à l'actualité en général.

Bien entendu je ne publierai que ce qui ne s'en prend pas, éventuellement, aux personnes, au-dessous de la ceinture comme on dit.

Les articles signés seront plus particulièrement bien venus. Mais il y a, je le sais d'excellentes raisons, qui ne relèvent pas de la couardise, mais plutôt de ce qu'on appelle le devoir de réserve, à l'anonymat, ou au pseudonyme. Ces articles seront pris en compte. Mais il faudra, que je puisse identifier les expéditeurs de façon précise. Ma discrétion à leur égard étant assurée.

Maintenant, chers lecteurs, à vous de jouer.

 

Edouard Boulogne) .

 

PS : Les propos de lecteurs, n'expriment pas toujours le point de vue du Scrutateur. Ils s'expriment librement. Le Scrutateur n'intervient que pour écarter les attaques qui viseraient des hommes et des femmes, de façon insultante, «  au-dessous de la ceinture » comme on dit.

 

 

 

 

« Le  « syndrome d’Egar »  ou  l’art  mortifère  de  l’opportunisme  politique »

De  Sully  DE  CHAZEAU.

 

Pour masquer la  vilenie de l’opportunisme politique, l’inoubliable Edgar FAURE (1)  livra à l’opinion publique de son temps, cette irrésistible formule : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent qui change ». Quelle sentence ! Admirable et rutilante. Faite pour aveugler. Et tel un sou neuf, nous aveuglant vigoureusement.

 

UN  TOUR  DE  FORCE  INTELLECTUEL

Cette lumineuse trouvaille du sieur Edgar fit brillamment florès. Le microcosme parisien comme le macrocosme provincial tombèrent alors, sans coup férir, dans une truculente extase « symphilique ». Même les esprits les plus exigeants de l’époque, en furent à jamais fortement impressionnés et définitivement imprégnés. Et pour cause, la flamboyance du sieur Edgar constituait un tour de force intellectuel jusqu’alors inégalé. Donner à la figure du traitre en politique, le beau visage de l’intelligence pragmatique. Celle qui précisément confine au mythe fondateur : l’image ô combien hardie de la girouette – un frêle volatile, se jouant intelligemment des furieuses bourrasques d’EOLE – le Dieu des vents (2).

 

UNE   VISEE   LIBERATRICE

Cette esthétisation de la traîtrise en politique, revenait en réalité à poser le masque du beau sur ce qui a priori participait d’une certaine laideur morale. La visée ultime étant de munir l’opportunisme politique d’un solide bouclier contre toute forme éventuelle d’indignation ou d’objection éthique. Force est de constater que le magicien Edgar réussit parfaitement sa mystification. La hardiesse de la girouette en imposa en effet à plus d’un. Dès lors, l’opportunisme politique se trouva dédouané, libéré de toute entrave moralisatrice. Son déploiement dans le corps social et politique pouvait désormais se faire sans embûches.

 

UN ART  COMPLET

Par la magie du verbe « edgarien », l’opportunisme politique se revendiqua donc non comme une science, mais comme un art. L’art de s’aliéner pour conquérir et/ou exercer le pouvoir, au détriment de ses idées, valeurs ou convictions. Et quel art ! Rien ne lui semble manquer ! Il a ses figures mythiques. Le célèbre HENRI IV et son fameux « Paris vaut bien une messe » (3). Il incarne une des plus effrayantes valeurs : la trahison. Il promeut un sage crédo : « être toujours du côté du manche, à défaut de pouvoir le tenir ». Et par la brillance de la verve « edgarienne », il s’orna d’un emblème – la girouette, et s’arma d’une raison pratique – l’intelligence pragmatique. Bref, l’opportunisme politique a tout d’un art complet.

 

UNE  FIGURE  FASCINANTE

Avec un tel dispositif de moyens, pas étonnant qu’il s’affirme comme l’une des figures les plus fascinantes de nos démocraties modernes. Qu’il participe du culte dominant de notre temps. L’efficacité et la culture de résultat. Les deux impératifs catégoriques de notre époque. De ce double point de vue, en politique plus qu’ailleurs, ce qui compte, c’est d’accéder au pouvoir pour l’exercer et, le cas échéant,  le conserver autant que faire ce peut.

 

UNE   FIGURE  DE  LA  METAMORPHOSE

Le paradoxe veut que cette figure fascinante soit également une figure marginale. Et, surtout en politique, une figure effroyable. Donc, repoussante pour le plus grand nombre. L’histoire politique en recèle une pléthore. Parmi lesquelles, celle exemplaire et contemporaine d’Eric BESSON (4). Car une fois son forfait consommé – la trahison, la figure politique de l’opportuniste se métamorphose inéluctablement en masque du pestiféré. Pour ses anciens compagnons, il restera l’ignoble apostat (5). Pour ses nouveaux frères d’arme, sa conversion demeura à jamais douteuse. In fine, la girouette politique se mue toujours en épouvantail à électeurs.

 

UN  ART  EPHEMÈRE  ET  MORTIFÈRE

L’efficacité de l’opportunisme politique est donc à court terme. C’est un art éphémère et mortifère. A quelques exceptions près, plus vite que de coutume, l’opportuniste politique rejoint le piteux cimetière des réprouvés de la vie démocratique.  Lieu par excellence de l’oubli absolu. Là où se dissipe progressivement, dans les mémoires collectives, le vil souvenir des girouettes démâtées. Qui se souvient encore aujourd’hui de l’ineffable Olivier STIRN (6). Voilà en somme le triste sort qui attend quiconque se veut le porteur zélé du « syndrome d’Egar ». La morale de l’histoire s’impose donc d’elle même : pour se bâtir un destin politique digne de ce nom, pour se construire une véritable stature d’homme d’Etat, il faut se prémunir des attraits étincelants et fascinants de l’opportunisme politique.

 

 Sully De Chazeau.

 

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(1) Edgar FAURE (1908-1988). Homme politique français, radical-socialiste. Sous la IVèmeRépublique il fut Président du conseil (Ier ministre) en 1952, puis de 1955 à 1956.

(2) Dans la mythologie grecque et romaine, le Dieu qui déchaîne les tempêtes.

(3) Elevé dans la foi protestante et protestant lui-même, Henri IV abjura son protestantisme en 1593 pour devenir en 1594 un Roi catholique du très catholique royaume de France.

(4) Député socialiste (1997-2007), responsable du programme économique du Parti socialiste pour la présidentielle de 2007, il quitta avec fracas, en février 2007, la campagne de Ségolène ROYAL pour ensuite se rallier à Nicolas SARKOZY et devenir membre des différents gouvernements FILLON et du Parti majoritaire l’UMP.

(5) « […] KOUCHNER ? […] C’est vraiment la honte. C’est pitoyable… » tel fut le jugement de Martine AUBRY, premier secrétaire national du Parti socialiste, sur Bernard KOUCHNER, homme légendaire de la gauche française ayant rallié  Nicolas SARKOZY après la victoire de celui-ci à l’élection présidentielle de 2007 (voir dans le Canard enchaîné du 27/10/2010.2, l’article « Et Kouchner la honte »).

(6) Homme politique du centre droit, il fut ministre d’un gouvernement de droite sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, puis ministre du gouvernement socialiste de Michel ROCARD sous la présidence de François MITTERRAND.

 

 

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