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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Guadeloupe-Martinique : Un dimanche des rameaux...sans rameaux!

Un dimanche des rameaux sans rameaux!

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(Un lecteur martiniquais, s'appuyant sur les travaux d'un savant guadeloupéen nous explique pourquoi les catholiques ont vécu un dimanche des rameaux sans rameaux, et ...comment y remédier....peut-être).



Cette année la raréfaction des rameaux à cette fête traditionnelle de la bénédiction des rameaux – dimanche dernier, ce « Dimanche des Rameaux » – ne sera pas passé inaperçue, et RFO Télé Martinique a même fait un reportage sur le sujet : Mais où sont passés nos rameaux se demandait-on ? Certains accusaient la sécheresse, un agriculteur a parlé de maladie, mais tout le monde sait en Martinique et en Guadeloupe que les « Rameaux » meurent ; et bien sur un petit rameau était dorénavant proposé à 4 € la pièce sur le marché vu qu’il n’y en a presque plus.

Naturellement des branchages de remplacement furent utilisés dimanche dernier, et naturellement la portée spirituelle de cette Grande Fête Catholique n’a pas été entamée. Alors pourquoi diable (!) les rameaux ont-ils quasiment disparus de notre univers, de nos traditions, de la Tradition ? Et bien les Rameaux meurent tous dans les Antilles Françaises pour un raison bien précise, ils meurent car ils sont assassinés sauvagement par un « ravageur » « exotique » qui vient de Thaïlande, une cochenille du nom de Aulacaspis yasumatsui Takagi.

C’est M.  Jean Etienne - cet entomologiste et chercheur guadeloupéen bien connu - qui donnait en 2007 toutes les explications nécessaires et l’alerte dans la revue spécialisée « L’Entomologiste », je le cite : « La Cochenille des Cycas, originaire de la région orientale, a été décrite en 1977 à partir de spécimens collectés à Bangkok (Thaïlande). Actuellement elle est connue de Chine, Singapour, Hong-Kong, Hawaii. Dans la région caraïbe, elle est signalée de Porto-Rico, des îles Caïman (?), des îles Vieques, des îles Vierges (US) et en Floride [BEN-DOV et al., 2003]. Elle est actuellement présente aux Antilles françaises (Guadeloupe, Martinique) ».

Les « Rameaux » ce sont des Cycas, je cite toujours l’article de 2007: « Les Cycas ont été introduits il y a fort longtemps en Guadeloupe et font donc partie intégrante de la flore de notre île. Ce sont des plantes primitives fort anciennes dont le développement est très lent et certains spécimens de Guadeloupe sont âgés de plus de 50 ans, voire de plus d’un siècle ! Appelées localement « Rameaux », ces plantes appartiennent à la famille des Cycadaceae et sont représentées en Guadeloupe par deux espèces : le Cycas revoluta, originaire du Japon, communément appelé « Petit Rameau » ou « Petit Cycas » et le Cycas circinalis, originaire du Sud-Est de l’Inde, appelé « Grand Rameau » ou « Grand Cycas ».

Les Rameaux meurent parce que l’ «ennemi naturel » de cette cochenille est resté tranquillement en Thaïlande, tandis que ce « ravageur », ce tueur des Cycas, arrivait clandestinement dans les Antilles sans doute sur du matériel végétal.

La lutte chimique n’ayant rien donné, cette cochenille semblant indestructible, la seule solution est naturellement l’introduction d’« auxiliaires » de lutte biologique, qui eux contrôleront la cochenille tueuse et sauveront les Cycas, c’est ce qui fut fait en Floride et à Hawaii et c’est ce qui n’est pas encore fait chez nous.

« Proposition d’introductions d’auxiliaires pour la protection des Cycas en Guadeloupe : Il apparaît clairement que la Cochenille des Cycas est un ravageur particulièrement difficile à combattre. En Guadeloupe, les particuliers qui ont essayé d’effectuer des traitements se sont heurtés aux difficultés d’utilisation des produits et aux inexorables infestations successives qui suivent ces interventions. Compte tenu de la mortalité très importante des Cycas en Guadeloupe, il apparaît que leur maintien dans l’île ne pourra se faire qu’en introduisant les ennemis naturels de la Cochenille. Les travaux et les résultats mentionnés précédemment nous incitent à préconiser les auxiliaires qui ont déjà donné des résultats encourageants en Floride ».

La proposition d’introduction comprenait deux insectes « ennemis naturels » de la cochenille thaïlandaise, un hyménoptère parasitoïde et un prédateur. Ces « auxiliaires » de la lutte biologique auraient pu aussi agir sur d’autres cochenilles diaspines de nos cultures commerciales courantes.

Et M. Etienne concluait ainsi : « L’introduction des ennemis naturels cités précédemment est à réaliser de toute urgence si l’on veut conserver chez nous ces arbres qui font partie de notre environnement et de nos pratiques culturelles. Elle est par ailleurs sans danger car les auxiliaires recommandés ont déjà fait leur preuve en Floride ou à Hawaii et ne pourraient se développer éventuellement que sur d’autres espèces de Cochenilles à bouclier (Diaspididae) qui sont toutes nuisibles à certains végétaux de Guadeloupe »

La demande d’introduction de ces « ennemis naturels » de la cochenille ravageuse thaïlandaise Aulacaspis yasumatsui  fut déposée par le SPV en 2006, à ce jour il n’y a apparemment pas de réponses positives de la part des autorités compétentes; il semblerait donc que nos Rameaux y passeront tous inexorablement : Un jour proche il n’aura plus un seul rameau disponible pour le « Dimanche des Rameaux ».

AgrBio.


 






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A
<br /> <br /> Vous avez parfaitement raison, ainsi la mangouste est devenue un ravageur de poulailler et d'autres espèces aussi. On signale d'autre part un ratage récent en lutte bio, une coccinelle utilisée<br /> dans les serres en europe et qui est devenue un fléau pour les espèces endemiques de coccinelles.<br /> <br /> <br /> Mais, attention, à coté de ces ratages, il y a des succès fantastiques, ne l'oublions pas.<br /> <br /> <br /> En ce qui concerne nos rameaux, cette cochenille thailandaise est maintenant un fléau mondial, elle ravage dorenavant tous les Cycas de la zone tropicale et subtropicale, les scientifiques<br /> du monde entier se penchent sur le probleme, les solutions biologiques son expérimentées, appliquées, au niveau mondial, le cas est très bien connu et les reseaux<br /> d'informations scientifiques bien constitués et actifs. <br /> <br /> <br /> N'oublions pas de plus que cette plante est utilisée comme plante ornementale par les serristes, dans les jardins, les parcs de l'industrie hotelière touristique, etc, donc le rameau a<br /> aussi une importance economique.<br /> <br /> <br /> De toute facon on ne peut pas la laisser mourir partout sur la planète sans reagir, et nous, nous avons besoin de nos rameaux traditionnels, donc...<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> En 1887 à la chambre d'agriculture,le rapporteur de la proposition d'introduction de la mangouste indienne en Guadeloupe,pour lutter contre l'invasion des rats dans les cultures et les réserves<br /> alimentaires, voulait prévenir:  "Il serait peut-être sage de ne faire venir tout d'abord que des mangoustes non susceptibles de reproduction,afin de n'avoir pas à craindre la propagation de<br /> l'espèce"... Propagation qu'on tenta d'enrayer plus tard,en payant les chasseurs, à la tête de mangouste abattue. Certes,les rats diminuèrent en<br /> nombre... Mais ne furent jamais éradiqués.<br /> <br /> <br /> Par contre,des espèces ENDEMIQUES (propres à notre île) disparurent définitivement.Telle la chouette des terriers (rare rapace local)qui,malheureusement nichait au sol: Famille Mangouste,plutôt<br /> nombreuse,se régalait des oeufs, des petits, des parents...Bien que non "rentable" économiquement,cette chouette constituait un maillon d'un réseau,contribuant à la biodiversité et à l'équilibre<br /> d'un écosystème (formé du milieu-non vivant et des êtres vivants qui s'y développent). Sans oublier la beauté qu'offrait ce petit oiseau aux yeux ronds, un peu héberlué. Combien furent les<br /> habitants des cieux et des cîmes qui ravirent les sens de nos ancêtres et qui n'enchanteront plus les nôtres?<br /> <br /> <br />     En prenant garde de ne pas tomber dans un "écologisme bien-pensant",il est juste de rappeler qu'aucune introduction artificielle d'espèce,même à fin de lutte<br /> biologique,n'est envisageable sans une étude préalable et une ANTICIPATION des conséquences à long terme sur un milieu limité dans l'espace (une<br /> île!),assez isolé donc protégé mais aussi,très fragile.  Avons-nous la certitude que la nouvelle espèce ne parasitera pas des plantes<br /> sauvages,non cultivées mais faisant partie intégrante de notre patrimoine biologique? Leur disparition doit-elle être considérée comme totalement négligeable, du simple fait<br /> qu'elles n'ont pas d'intérêt économique pour l'Homme? Ne pourrait-elle avoir dans un avenir proche des conséquences insoupçonnées, peut-être néfastes pour l'espèce humaine<br /> dont le cadre de vie contribue  fortement à l'épanouissement? La déforestation excessive, ni compensée ne favorise-t-elle pas,aujourd'hui, l'accumulation du CO2 et l'effet de<br /> serre?<br /> <br /> <br /> Sans doute la maxime de Rabelais demeure-t-elle toujours d'actualité: "science sans Conscience n'est que ruine de l'âme."<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />                  <br /> <br /> <br />                                                                                            <br /> <br /> <br />                                                                               <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />                                                                                                 <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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