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"(In) dépendance créole" de François-Xavier Guillerm, par Edouard Boulogne.
13 Avril 2007
Rédigé par Edouard boulogne et publié depuis
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« (In) dépendance créole », de François-Xavier Guillerm.
[ François-Xavier Guillerm est bien connu en Guadeloupe où il a travaillé, en qualité de journaliste, pendant une dizaine d’années, récemment, pour RFO, La Une
Guadeloupe, RCI, et France-Antilles. Il est le correspondant permanent de France-Antilles à Paris depuis septembre 2005. Il publie aux éditions Jasor un livre « (In) dépendance créole» qui
retrace, de façon vivante et honnête, la période des années 1980, où la Guadeloupe fut troublée par une vague d’attentats et une vive contestation de son statut politique par une minorité
politique activiste et séparatiste. L’auteur a eu recours pour préfacer son ouvrage à deux individualités, Luc Reinette, le leader le plus engagé des séparatistes, et moi-même. C’est mon propre texte qu’on lira ci-dessous, en guise d’incitation à la lecture. E.Boulogne)
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« Les Antilles sont de la substance française, et la plus vieille », écrit St-John PERSE. La Guadeloupe et la Martinique sont françaises depuis 1635. Leur
histoire se confond avec l’histoire de France depuis cette époque. Et leur histoire antérieure relève de l’archéologie. Il y a une personnalité antillaise, avec seulement des nuances entre la Guadeloupe et la Martinique. Une personnalité originale, puisque nous nous sommes
développés, sous les tropiques, à 6500 kilomètres de la métropole, à une époque où cet éloignement, avant le développement des télécommunications, et le rétrécissement relatif de notre planète dû
aux progrès étonnants des moyens de communication, avait de l'importance. De plus, nos îles ont vu d’abord cohabiter, puis fusionner sur leurs sols, des groupes ethniques, et des communautés
culturelles différents, d’origines européenne, africaine, et asiatique. Les uns et les autres se sont influencés, affrontés, aimés aussi depuis trois siècles et demi. Ceux de ma famille, d’origine européenne, sont devenus des
Guadeloupéens, des Antillais. Nous avons désormais en nous depuis longtemps de l’africain, de l’indien, du syro-libanais, de l’italien. Dans une certaine mesure, je pourrais dire, si ce genre de
formules n’était pas tellement simplificateur, et bêtement politisé : « nos ancêtres les Africains ». De la même façon pourraient parler nos compatriotes d’ascendance africaine, asiatique : « nos
ancêtres européens ». Et puis nous sommes Français parce que c’est la France qui a fourni la forme spirituelle, l’âme de la genèse de cette Guadeloupe que nous aimons, qui est, si
j’ose dire notre « prise de terre », la matrice de notre humanisation. La France n’est pas seulement aimée des Antillais, elle n’est pas « l’autre aimé ». Elle est la mère, la mère patrie ! Nulle
sensiblerie, nulle naïveté dans cette affirmation, mais l’expression d’une réalité vécue, sentie, expérimentée par l’immense majorité de nos compatriotes. Les avatars de l’histoire du 20è siècle ont fait cependant surgir, chez certains d’entre nous une contestation de cette réalité que je viens de rappeler. Les deux
guerres mondiales qui ont affaibli l’Europe, et durement affecté le socle spirituel de notre civilisation, le développement de cette espèce d’ « Islam politique », pour employer l’expression de
notre compatriote Jules Monnerot, que fut le communisme, avec Moscou comme équivalent de la Mecque, ont créé le désordre dans certains esprits fragiles, accessibles aux propagandes
sommaires. Ainsi s’est créé un courant politique séparatiste antillais, se réclamant de l’histoire, mais à rebours de toute notre histoire. Bénéficiant du soutien de ceux
qui en Europe travaillaient pour la Révolution, non pour le bonheur des hommes, ce courant qui connut son apogée dans les années 1970-1980, a perturbé la vie de nos îles, brouillé les rapports
humains, suscité des antagonismes qui n’avaient pas lieu d’être. En nette régression, il perdure encore aujourd’hui, sous certaines formes, notamment un pseudo syndicalisme de
combat. François-Xavier Guillerm s’est attaché à décrire l’action de ces enfants perdus de la Guadeloupe. Pour avoir participé activement aux luttes politiques de ces années là, je veux ici rendre hommage à son travail. Français de l’hexagone, comme on dit chez nous,
et d’esprit libre, il l’a fait en observateur, et en historien. D’un camp ou de l’autre on trouvera ses analyses insuffisamment sévères pour ceux que l’on a combattus. Ici et là j’ai eu ce
sentiment, avant de m’être raisonné. C’est un gage, sûrement, du sérieux de ce travail mené par ailleurs dans un style journalistique, alerte, vivant. Décrivant l’idéologie séparatiste, il a montré qu’elle reposait, notamment, sur une conception d’une idée de l’identité antillaise, jugée incompatible avec
l’appartenance à la Nation française. Intégrisme identitaire, à mes yeux, qui débouche sur l’exclusion de tout ce qui n’est pas « natif-natal », sur le racisme et la xénophobie. Il évoque, à la
fin de son livre, la campagne raciste, notamment par voie d’affiches qui fut menée en 1999-2000, par un des groupuscules séparatistes : « Woy blan ka débaké », « Fransé dèwo !» etc.
C’est la même dérive criminelle qui se développe en Corse, chez des gens de même structure mentale, rabougrie et complexée, et qui aboutit à ces inscriptions
murales en langues régionales corse « Arabi fora » (les arabes dehors), ou à la tentative d’assassinat de l’Iman de Sartène. Nous avons connu cela en Guadeloupe. Dieu veuille que tout cela relève
définitivement du passé !