27 Mai 2021
Cet article que je vous propose de lire a paru dans France-Antilles. Ce que nous dit le psychologue Errol Nuissier, est intéressant et mérite considération. 'LS).
Ces dernières semaines, la Guadeloupe a connu sa seconde période de confinement depuis le début de l’épidémie de Covid-19 en 2020. Un confinement certes allégé, mais qui pose question quant à la recrudescence des violences et de la consommation d’alcool au sein de l’archipel.
Les agressions se sont succédé ces derniers jours en Guadeloupe. Une violence perpétrée aussi bien dans la sphère intrafamiliale que dans des sphères plus éloignées. Y aurait-il une augmentation réelle des violences du fait des restrictions sanitaires ? Selon Errol Nuissier, psychologue et auteur du livre Les violences dans les sociétés créoles, « l’augmentation de la violence est conjoncturelle ». Toutefois, Errol Nuissier considère que « pour estimer la violence, il faut le faire sur une durée de 10 à 15 ans ». Considérant que les événements de 2009 ont créé un climat où « les Guadeloupéens se montaient les uns contre les autres », les violences ont, d’après ses observations, « augmenté de manière systématique ». Au-delà de cela, impossible de nier que le second confinement engendre une manifestation de la colère chez certains Guadeloupéens. « Les gens sont ou déprimés ou agacés ou aigris et la moindre des choses devient insupportable », dit Errol Nuissier. Ces phases de confinement et déconfinement, les changements successifs des mesures restrictives dont il est impossible de prévoir la fin, créent une incertitude à l’origine « d’une anxiété majeure qui peut entraîner soit de la dépression soit de la violence », affirme le psychologue. Toutefois, Errol Nuissier insiste : « Il faut bien faire la différence entre la violence intrafamiliale, qui est directement liée à l’esprit de 2009 maintenu constamment en Guadeloupe avec des comportements de vocifération en permanence, et la violence liée au confinement qui est plutôt due au sentiment d’exaspération et d’incertitude à l’origine de violences verbales et physiques ».
Plus de personnes dépressives ou anxieuses
Autre risque engendré par les mesures sanitaires, l’augmentation des cas de dépression et d’anxiété. Télétravail, manque de loisirs, déplacements restreints, les liens sociaux se voient bouleversés malgré un confinement réaménagé. Alors déjà fragilisées, les personnes enclines à tomber dans un état dépressif ou d’anxiété sont impactées par ces mesures. « Les personnes en situation de basculement ont basculé », dit Errol Nuissier. Et d’ajouter : « C’est là qu’on parle de résilience. Ceux qui n’ont pas de troubles habituels ont été résilients ». Ce qui signifie que les personnes les plus résilientes ont une plus grande capacité à s’adapter au contexte sans trop subir ses effets les plus néfastes. Mais pour Errol Nuissier, six mois après la fin déclarée de l’épidémie, il sera important de rester vigilant vis-à-vis des personnes qui pourraient manifester tardivement l’impact de l’épidémie sur leur santé mentale.