10 Mars 2021
Un certain syndicalisme, qui se veut révolutionnaire, se caractérise par la violence et multiplie les irrégularités par rapport à la loi. Une interview de M. Jean-Louis Pravaz, paru dans France -Antilles, expose clairement le problème.J'ai cru bon de la publier ce jour, à l'intenion des Guadeloupéens qui n'aurait paslu le quotidien, vu l'importance du problème et les menaces que font peser sur la Guadeloupe, de fiéffés irresposables. (Le Scrutateur).
Depuis le 13 novembre dernier, l’activité économique de l'entreprise « Sablières de Guadeloupe » est à l’arrêt. Et pour cause : une douzaine de salariés affiliés à l’UGTG bloquent l’entrée de la carrière. Aujourd’hui, face à l’enlisement du conflit et aux velléités d’expropriation de son outil de travail, Jean-Louis Pravaz, sort du silence et s’explique.
Jean-Yves Ramssamy a récemment demandé le soutien des collectivités majeures et des services de l’Etat pour « récupérer » les deux carrières de Guadeloupe, dont la vôtre. Est-ce la crainte qu’il obtienne gain de cause qui vous a poussé à sortir du silence ? Aviez-vous peur ?
Pas du tout, on est encore dans un état de droit, j’espère… C’est quelque chose d’impossible, on ne peut pas récupérer une carrière comme ça. Imaginez que vous entrez dans une boutique, les salariés vous disent qu’ils n’ont pas été payés depuis 3 mois, vous sortez votre chéquier, vous les payez et puis la boutique vous appartient ? C’est ce que ça voulait dire leur proposition. Ce n’est pas sérieux. À aucun moment les services de l’État n’ont imaginé que c’était possible non plus, et à aucun moment les institutions politiques n’ont imaginé apporter un soutien quelconque, et d’ailleurs il y a eu des démentis dans son entourage. Sablières de Guadeloupe, c’est une société guadeloupéenne, détenue par des capitaux guadeloupéens et nous sommes à jour de nos cotisations fiscales et sociales, de nos obligations réglementaires, on ne peut rien nous reprocher, tout ce qui a été dit, c’est du pur mensonge. Je dois dire que c’est assez surprenant que des chefs d’entreprises qui manifestent pour la sauvegarde de leurs entreprises, pour le respect de leurs droits, puissent employer des propos qui sont complètement hors la loi dans lesquels on fait une tentative d’expropriation, moi j’appelle ça une dérive totalitaire. Ça me fait sourire, mais je trouve ça quand même assez grave que des chefs d’entreprises puissent imaginer prendre le bien d’autrui alors que eux-mêmes ont leur propre bien à défendre.
Il n’a pas parlé de rachat mais de payer les jours de grève, et en contre partie de demander l’exploitation de la carrière.. De toutes façon, nous sommes propriétaires du foncier et d’autre part, l’autorisation d’exploiter est nommément attribuée à l’exploitant que nous sommes par conséquent, s’il y a un changement d’exploitant, ce dossier doit repasser par l’administration qui refera une enquête pour savoir si le nouvel exploitant présente les conditions requises. Mais ça ne peut se faire que si l’ancien exploitant est disposé à se retirer, ce qui n’est pas le cas. Les autorisations sont valables 30 ans, et nous en avons une jusqu’en 2043 donc on donne rendez-vous à M. Ramassamy en 2043, mais nous serons toujours propriétaires du foncier, et nous avons l’intention de demander un renouvellement.
Jean-Yves Ramassamy vous a accusé d’avoir du mépris envers la « représentation de la population guadeloupéenne ». Que répondez-vous à cela ?
Je suis affectée quand j’entends ces propos-là parce que j’ai tendance à dire que nous vivons une crise sanitaire et économique, il faut qu’on soit solidaire, je dis : « Nous sommes tous Guadeloupéens ». Il faut avancer dans ce sens. Il faut retenir du passé ce qu’on doit retenir, il ne faut pas oublier le passé mais il faut que nous construisions notre avenir, et l’avenir se construit ensemble. Je suis née ici, d’une famille qui est née ici, j’ai été à l’école ici, il n’y avait ni noir, ni blanc, ça n‘existait pas, il y avait des Guadeloupéens qui jouaient au football ensemble. Aujourd’hui on est copains, on se revoit. Il y en a qui, malheureusement, confondent la lutte des classes et la lutte des races, je ne rentre pas dans ce registre.
Selon vous, jusqu’à l’arrivée de l’UGTG, il n’y avait jamais eu de contestation sociale dans votre société. Que s’est-il donc passé ?
Cela fait 52 ans que nous existons, nous n’avons jamais eu de délégué du personnel, nous organisions les élections à chaque fois que c’était nécessaire, tous les 4 ans et il y avait un délai de carences puisqu’il n’y avait pas de candidat. En 2020, la loi Macron a rendu obligatoire le CSE (Comité social et économique), c’est à cette occasion que l’UGTG a présenté une liste qui a été élue en septembre. Alors qu’on allait faire une deuxième réunion pour entamer les sujets pour lesquels le CSE existe, la grève a été déclenchée. Donc à aucun moment, on a eu l’occasion d’entendre le CSE et de lui répondre. D’ailleurs sur les 9 points qui figuraient sur la liste des revendications, 8 ont été réglés en deux heures et ne méritaient pas une grève, ça aurait pu se régler autour d’une table de réunion du CSE. Le délégué syndical UGTG, extérieur à l’entreprise, a voulu assister à cette deuxième réunion du CSE, je lui ai fait remarquer que la loi ne l’y autorise pas, il n’a pas accepté ça et il a déclenché la grève. Voilà l’origine réelle de la grève, une question d’égo de la part d’un syndicaliste UGTG qui a entraîné le personnel dans une dérive qui n’existait pas.
Où en sont les négociations ? On parle de tentatives ratées malgré l’intervention des services de l’État.
J’aimerais faire une mise au point car il y a deux carrières, celle de Gourbeyre qui négocie de son côté et celle de Deshaies qui négocie de l’autre. Il faut bien faire la différence entre les deux carrières, car ce ne sont pas les mêmes propriétaires. La famille Pravaz est propriétaire des Sablières de Guadeloupe et nous n’avons aucun lien avec la carrière de Deshaies. Nous n’avons pas été conviés à la première réunion qui s’est déroulée juste après la mobilisation du collectif des socio-professionnels présidé par Jean-Yves Ramassamy, j’insiste nous n’y étions pas. Donc tout ce qui a été discuté avec la carrière de Deshaies où ils auraient demandé une aide 600 000 euros et une exonération, je ne suis pas au courant, ça ne nous concerne pas. Nous n’avons pas demandé ces aides. Nous avons ensuite été conviés à une réunion avec les politiques (Région, Département, préfet et DIECCTE) où nous avons avancé sur un point, celui des 3 intérimaires que nous ne souhaitons pas embaucher parce qu’ils ont agressé physiquement le directeur technique, ce qui est une faute lourde au sens du code du travail. Ils feront une formation longue et qualifiante de sorte qu’ils puissent retrouver du travail dans le BTP. Il y a du boulot dans le BTP pour les gens qui sont qualifiés. Nous nous sommes engagés à embaucher deux personnes, un électrotechnicien et un manœuvre.
En ce qui concerne les jours de grève, il va falloir faire quelque chose, parce que les grévistes nous empêchent de faire du chiffre d’affaire en bloquant l’entreprise et nous demande de payer les jours de grève..
On n’a pas d’entrée d’argent, on ne peut pas payer des jours de grèves pour des jours non travaillés.
Le syndicat UGTG ne semble pas prêt à céder sur ce dernier point. Comment pensez-vous sortir de cette impasse ?
Il y a des échanges qui ont été faits indirectement, et ces échanges devraient déboucher sur une réunion, aujourd’hui. Nous allons remettre un projet de protocole de façon à faire avancer les choses.