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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Ah bon! Y avait des maîtres nègres, et méchants de surcroît ? C'est vrai çà?

Ah bon! Y avait des maîtres nègres, et méchants de surcroît ? C'est vrai çà?

 

Ah bon! Y avaient des maîtres nègres, et méchants de surcroit? C'est vrai çà?

 

Je n'aurais sans doute pas pensé à publier cet article sur une période historique ancienne ( et douloureuse pour une conscience fine et sensible ) si chaque année, au mois de mai, en Guadeloupe ( et … ailleurs, en occident ) des exploiteurs de l'histoire, avec la complicité de lobbies médiatiques connus, ne tendaient à des fins ressortissant au commerce politicien, ne les exploitaient de façon éhontées.

Ma publication est donc d'ordre moral et en quelque sorte prophylactique.

L'étude sérieuse de l'histoire doit être complète, équilibrée, orientée vers la vérité.

Une précision s'impose : Les propriétaires de Bologne, actuellement n'ont rien à voir avec monsieur Amé Noël.

Et Bologne n'a rien à voir avec … BoUlogne. OK ? Hein? Bon ! ( PSC ).

 

 

Le Scrutateur.

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QUAND DES MAÎTRES NÈGRES TUAIENT LEURS ESCLAVES EN GUADELOUPE

 

http://97land.com/quand-des-maitres-negres-tuaient-leurs-esclaves-en-guadeloupe/

 

La vérité nous paraît toujours odieuse quand elle ne nous est pas favorable (Jean-Baptiste Massillon : 1744). Que ce nègre soit propriétaire de plusieurs centaines d’esclaves en 1839 nous interpelle. Mais qu’il soit porté en triomphe par les propriétaires blancs après avoir torturé à l’envi, un de ses esclaves nous sidère. Qu’il soit l’un des « créateurs » du célèbre rhum guadeloupéen, BOLOGNE, nous stupéfie.

 

Quelles sont ses caractéristiques physiques ? AME NOËL  est grand sec et maigre, les lèvres épaisses, les yeux vifs : il porte des boucles d’oreille. C’est un homme de couleur à la peau foncée. Delphine, sa compagne, ( elle deviendra sa deuxième épouse), est une mulâtresse de couleur sombre, fille de quimboiseurs.

Leurs défenseurs insisteront sur le fait qu’«Amé Noël passe pour gâter ses nègres par sa trop grande bonté, (sic), et que Delphine danse avec les esclaves, et elle est si bonne qu’elle en est bête ».

On pourrait plutôt dire que pour les esclaves, c’était « Danse avec les loups » ?

L’acte d’accusation dressé à Basse-Terre, le 7 août 1839, par le procureur près de la cour royale de Guadeloupe, rappela que, par arrêt de cette cour, en date du 22 juillet 1839, rendu par la chambre des mises en accusation, il a été déclaré qu’il y avait lieu d’accuser :

1° Amé Noël, âgé de soixante douze ans, habitant propriétaire ;

2° Delphine, âgée de quarante huit ans, propriétaire et Bellony Bertin, âgé de 46 ans, économe de l’habitation caféière du sieur Amé Noël, d’avoir le premier comme auteur, les deux autres comme complices, donné, avec préméditations, la mort à Jean-Pierre, esclave, en commettant sur sa personne des actes de barbarie.

Ils sont renvoyés devant la cour d’assises de la Basse-Terre

Ces faits sont rigoureusement authentiques. Si nos commémorations occultent volontiers ces bizarreries de l’époque esclavagiste, les recherches minutieuses et incroyablement documentées de notre auteur, Fred GENE, et d’autres publications comme le Bulletin de la société d’histoire de la Guadeloupe, ne laissent aucune place au doute.  AME NOËL, sa concubine Delphine, et le commandeur de son habitation Caféière La Duché, Bertin BELLONY, furent jugés par la Cour d’Assises de Basse-Terre du 21 au 25 août 1839, pour avoir été à l’origine de la mort de l’esclave, décédé dans des conditions atroces, et finalement acquittés.

Francine CORNELY a présenté pour l’ASCODELA le vendredi 19 mai 2017 le dernier roman de Fred GENE , Bologne (Editions Siahou mars 2016 ), fresque romanesque bâtie sur cette stupéfiante  affaire judiciaire. L’auteur qui nous avait fait l’amitié d’assister à cette présentation, a répondu avec simplicité et talent aux multiples interrogations du public.

L’auteur

Fred Gene est né à Pointe-à-Pitre en 1952. Après des études de sociologie, et d’histoire, il devient enseignant. Il écrit des romans depuis 2000.

L’histoire

Le propriétaire de Bologne, l’une des plus importantes habitations sucrières de la Guadeloupe, se sent offensé qu’un esclave, nègre marron, ait accusé sa femme d’être une soucougnan, Cette créature diabolique est un être humain (homme ou une femme) qui s’est uni au diable par un pacte secret. Il a la faculté de se dépouiller de son enveloppe matérielle et de voyager dans l’espace. AME NOËL décide d’enfermer le nègre marron dans la pièce à supplices. Ce propriétaire est prêt à abuser de sa toute puissance en dépit de son étroite proximité ethnique avec l’esclave.

 

Des maîtres féroces : une réalité incontestable

 On croirait tirée de l’imagination par trop fertile de notre écrivain, à l’image de ces personnages « empoisonnés par le mal », cette histoire de maître nègre, version alternative et maléfique du nègre enchaîné et supplicié.

Mais nous avions abordé cette part sombre de notre histoire dans LIBRES ET SANS FERS, Paroles d’esclaves français (collection Fayard Histoire-année d’édition 2015) le 2 juin 2016 dans notre rubrique culture de 97Land.


 

Nous avions indiqué que ces maîtres faisaient  régner sur leurs habitations une discipline mortifère. Le va-et-vient incessant des esclaves entre les cachots mouroirs et la plantation nous laissait incrédules. Quel intérêt avaient les maîtres à causer autant de souffrances à leurs travailleurs serviles ?

Aucune explication rationnelle ne peut être apportée. L’aliénation mentale des maîtres, une psychose collective ont été le terreau des instincts primitifs les plus barbares.

Si les maîtres en général étaient blancs, des libres de couleur comme Jean-Antoine Amé-Noël, accusé  du meurtre d’un esclave marron Jean-Pierre, peuvent donc être mis en cause dans les affaires judiciaires. Dans cette affaire hors-norme, ce ne sont plus des maîtres blancs qui sont terrorisés par l’usage éventuel de pouvoirs occultes de la part de leurs esclaves à leur encontre, mais des maîtres nègres dont la hantise est au contraire qu’on puisse éventuellement suggérer qu’ils seraient familiers de tels rites. Rappelons que la famille de Delphine se singularisait par sa connaissance des quimbois ( pratiques magico-religieuses à l’aide de plantes ou autres).

Quelle était aussi la part d’irrationnel dans ce déferlement de haine à l’encontre d’un des leurs, mais en même temps double contraire, nègre insoumis, vivant dans les bois, et susceptible de porter atteinte à leur réussite économique ?

Le système esclavagiste, créait donc ses bourreaux autant que ses victimes.

Le contexte historique et économique et judiciaire

Il était également rappelé que la période principale  couverte par les recherches des historiens co-auteurs de Libres et sans fers, c’est-à-dire la Monarchie de Juillet, se caractérise par une accélération des procédures judiciaires qu’il convient toutefois de nuancer.

La monarchie tente à l’instar du code noir, de légiférer pour imposer des normes communes. Le code d’instruction des affaires criminelles qui prévaut en France est d’ailleurs appliqué, tant à la Réunion qu’aux Antilles, dans les années 1827-1828.

Les procédures judiciaires enclenchées sont donc symptomatiques d’une appropriation par les esclaves de ces règles nouvelles.

Nous nous plaçons dans un système esclavagiste «  édulcoré », qui pourtant nous laisse pétrifiés  face au délitement des esprits que révèle l’instruction des affaires.

L’ambiguïté des procédures criminelles de cette « période de transition » se révèle également par l’acquittement quasi-systématique des maîtres, ce qui provoque une onde d’indignation.

Il serait si facile d’adopter le bon vieux schéma marxiste de forces économiques et de production que tout oppose, et de ne retenir que les deux classes antagonistes, les Blancs et les esclaves, aisément identifiables. N’est-ce pas la trame sous-jacente de toutes nos expressions culturelles, revendicatrices, et mémorielles ?

Or, sont oubliés ou considérés comme marginaux ou périphériques les libres de couleur.

Pourtant ils ont obtenu l’égalité complète avec les blancs par l’arrêté du 12 novembre 1830.

Ils restent pour la plupart toujours cependant à l’écart des fonctions électives et politiques. Le Bulletin de la société d’histoire de la Guadeloupe nous indique qu’Amé Noël s’est hissé au sommet de la hiérarchie sociale. Avec l’acquisition de l’habitation Bologne, située dans le chef-lieu de la colonie, il est un des acteurs incontournables de l’économie sucrière. Son tombeau qui se trouve sur l’habitation, dans lequel il repose en compagnie de sa première épouse, Jeannette Marie, actrice également de leur fortune commune, témoigne de l’importance que le couple avait acquise. L’habitation fut transformée par la suite en distillerie, et reste dans la mémoire collective de tout guadeloupéen, une page d’histoire et économique exceptionnelle.

Suite à l’interdiction de la traite en 1817, (Congrès de Vienne et  différents traités de 1815), le prix des esclaves s’élève fortement avec leur rareté.

Dans un monde sans pitié pour le faible, il a sûrement fallu à Amé NOËL, simple pêcheur, faire preuve d’une âpreté au gain qui ne souffrait aucune faiblesse dans la question des affaires, y compris dans la gestion des esclaves.

Nous savons qu’il a vendu des esclaves de moins de 14 ans, en infraction avec la loi. Mais selon ses défenseurs, en accusant Amé Noël de toutes les atrocités, le gouvernement voudrait déstabiliser l’assemblée des propriétaires. «  Nous devons veiller – vu que c’est un homme de couleur- martèlent ses avocats, à ce que le gouvernement n’alourdisse pas exagérément sa peine ».

Il aurait été en quelque sorte victime de sa couleur.

Un propriétaire nègre parmi d’autres ?

– « Vous voyez tous ces arbres, dit Amé Noël, ils m’appartiennent et, pourtant, je n’en jouis même pas. Ce sont mes esclaves qui en bénéficient. Ce sont eux qui dévorent tous ces fruits à pain et j’en suis fier. Vous savez si la plupart de mes esclaves m’appellent Papa, c’est bien pour une raison. Et partout, vous entendez, partout, on vous dira que je suis et que j’ai toujours été bon, doux et bienveillant avec mes esclaves. Vous le savez probablement, je ne suis pas le seul libre de couleur à posséder des esclaves.

-C’est exact, mais vous êtes, néanmoins, le seul, à ma connaissance, à en posséder autant : près de cinq cents si on ajoute à vos deux habitations de Bologne et du Duché, celle que possède votre femme.

Je possède exactement quatre cent dix esclaves, mais comme je vous l’ai déjà dit, je ne suis pas le seul, je suis en fait, un parmi des centaines, voire des milliers de libres de couleur à posséder des esclaves. Vous avez sûrement dû en rencontrer beaucoup qui possédaient entre un à dix esclaves ».

 

A-t-il pactisé avec le diable ?

 

La compagne de l’esclave torturé s’interroge. «  Elle ne comprenait pas la sauvagerie de cette société. Elle ne comprenait pas la méchanceté des hommes. Elle ne comprenait pas qu’un homme comme Amé Noël pût agir avec autant de cruauté sur un autre nègre. Pour elle, cet homme, c’était le diable parce qu’elle n’arrivait pas à expliquer pourquoi et comment ce nègre -malgré les préjugés de couleur les plus ignobles- pactisait avec les blancs. Et sa conclusion était simple : si ce nègre d’Amé Noël a réussi à composer aussi facilement avec les blancs, c’est essentiellement parce qu’il était possédé par sa soucougnan de Delphine ».

Bologne est aussi l’occasion de découvrir de multiples personnages habilement insérés dans le récit, et de s’enrichir de multiples faits historiques et anecdotes sur  la vie  des colonies. Des conséquences du 4 février 1843,( une catastrophe d’une ampleur exceptionnelle frappa la Guadeloupe . : un cyclone suivi d’un tremblement de terre), de la vie sur les plantations, à l’affreuse parodie de la Marseillaise.

Beaucoup de maîtres contraignaient leurs esclaves à l’apprendre par cœur pour ensuite la faire réciter à n’importe quel moment de la journée.

«  « Allons enfants de la Guinée,

Le jour de travail est arrivé,

Ah ! Telle est votre destinée,

Au jardin avant soleil levé ! ( bis)

C’est ainsi que la loi l’ordonne »

Beau coup de citations parcourent l’ oeuvre de notre lettré, «  la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés » ( Descartes), Krapo vanta anpil, mè bonda ay toutou ni » ( le crapaud se vante, et pourtant il a le derrière tout nu », ( à propos de Delphine).

«  La conformation du nègre se rapproche même un peu de celle de l’orang-outan. Tout le monde connaît cette espèce de museau qu’ont les Nègres, ces cheveux laineux, ces grosses lèvres si gonflées… L’homme noir est né imitateur comme le singe » ( Histoire naturelle du genre humain, la cinquième race : des Nègres et des Noirs, Docteur Virey , médecin et naturaliste) .

Paradoxalement c’est aussi la peinture d’un monde qui va disparaître. « Etienne rentre de l’île Bourbon avec l’intime conviction que des changements irréversibles se produiraient dans le mode de fabrication du sucre. Là-bas, il avait vu les améliorations quantitatives apportées par une machine capable en un tour de main d’optimiser le rendement en sucre. C’est un monde, celui des planteurs, qui disparaîtra bientôt et qui laissera la place à un autre : celui des entrepreneurs. Ainsi, après avoir eu la chance de rencontrer d’éminents spécialistes sur la question, comme M. Paul Daubrée*, il n’y eut -dans son esprit- plus aucun doute sur la séparation qui se produirait entre la culture de la canne et sa fabrication ».

 

*Paul DAUBREE est l’auteur de «  Question coloniale au point de vue industriel » 2ème édition augmentée de l’exposé des devis et des plans d’une sucrerie coloniale à la vapeur » Rennes 1843 114 pages

 

Daniel C.

 

 

 

 

 

Des corrections s'imposent aux éditions Nathan.

Des corrections s'imposent aux éditions Nathan.

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A
Article fort intéressant.<br /> Cela ce passe à la fin de la période esclavagiste, apparemment ca en avait rendu rendu certain complétement dingue.
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