14 Mai 2016
En ces jours lamentables, où tant sur le plan international, que national ou régional, les pseudo élites ( du grec « pseudos »: menteur ) trafiquent, truquent, trichent, et mentent à qui mieux-mieux, il faut rester ferme, se reporter aux fondamentaux de la sagesse divine, ou humaine ( plus sujette, celle-là, à caution ). C'est pourquoi il ne faut pas se contenter des SMS douteux, auxquels se résument 95 %des messages de facebook et des « réseaux sociaux ».
Comme le disait François Mauriac, qui il y a quelques décennies pointait déjà du doigt ces mensonges qui, depuis toujours d'ailleurs « travaillent » l'opinion publique ( « rien de nouveau sous le soleil », disait déjà l'Ecclésiaste ) : « Ils ne cherchent même plus à dissimuler; ils reçoivent des ordres et ils les exécutent ».
Mais prenons garde, si nous cherchons QUI donnent ces ordres, nous nous trouvons exposés aux criailleries de marmousets à peine sortis des entrailles maternelles, qui vous tancent : « cessez de vous ravitailler auprès des théories du complot ». A quoi l'on ne peut que répondre par le grand rire Hénaurme et rabelaisien que l'on sait.
Je réponds aux découragés qu'il leur faut réagir, ne pas céder à la tentation de la facilité qui invite à rallier la cohorte des moutons de Panurge. Car à défaut de pouvoir changer l'ordre du monde, il est toujours possible de conserver la royauté de soi-même.
A tous, je propose donc, en ce début de week-end, de méditer cet écrit d'un philosophe que j'apprécie beaucoup, M. Georges Gusdorf, homme savant, érudit, métaphysicien, historien incomparable de la pensée, et « moraliste » aussi.
A côté de ses grands livres, il en a publié aussi des petits ( par le volume, par le volume seulement ). Ainsi La vertu de force, édité aux P-U-F, où l'on peut lire sur l'homme de parole, ces lignes remarquables ( LS ) :
« L'homme de parole s'affirme au coeur de la réalité humaine ambiguë comme un repère et un jalon, comme un élément de calme certitude. Et sans doute court-il le risque de solitude et le risque d'échec. On ne peut pas être vrai tout seul, et jouer seul le jeu si tous les autres trichent. Telle est du moins l'excuse facile de ceux qui s'efforcent de justifier leur manque de parole par la veulerie générale. Bien sûr si tout le monde disait vrai, il serait facile à chacun de se conformer à l'usage commun. Mais la tâche morale consiste à prendre l'initiative dans le sens de l'obéissance à la valeur et non à la coutume. Il faut être vrai sans attendre que les autres le soient, et justement pour que les autres le soient. La personnalité forte engendre autour d'elle une ambiance de vérité. L'exigence qu'elle manifeste s'avère communicative, elle entraîne les autres dans son mouvement. L'homme de vérité rayonne une lumière qui renvoie chaque témoin à lui-même et le force à se juger. Un Socrate, un Jésus, un Gandhi imposent à leurs interlocuteurs cette autorité dont ils se font eux-mêmes les premiers serviteurs. Leur parole exerce une efficacité intrinsèque qui force le consentement d'autrui ».
Georges Gusdorf (In « La vertu de force », P-U-F).