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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Québec : que signifie la contestation étudiante?

L'un des correspondants du Scrutateur au Québec, une Guadeloupéenne nous adresse cet article très clair, au ton posé. Je l'en remercie. Bonne lecture. LS .

montreal-centre.jpg ( Le centre de Montréal ).



Pour tenter de comprendre ce que vit actuellement le Québec, il faut tenir compte d’abord de l’historique des événements qui campent quelque peu le décor :

Ø  Mars 2011 : hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement libéral de Jean Charest de l’ordre de 1,625$ sur 5 ans portant le coût annuel actuel de 2 168$ à 3 793$ en 2017.  Malgré tout, les frais de scolarité au Québec demeureront parmi les plus bas au Canada.  Il faut noter que depuis 1990, les gouvernements successifs ont tous tenté (ou réussi) d’augmenter ces frais.  Madame Marois, notre actuelle chef de l’opposition, qui s’insurge violemment contre la hausse annoncée, avait proposé, à l’époque où elle était Ministre de l’Éducation (en 1996), une augmentation de 30%.  Elle avait fait marche arrière face à l’opposition rencontrée et même gelé les frais jusqu’en 2007.

Ø  Août 2011 : Lancement officiel de la campagne contre la hausse des droits de scolarité

Ø  10 novembre 2011 : importante manifestation pacifique à Montréal.

Ø  13 février 2012 vote des associations étudiantes en faveur de la grève générale illimitée

La hausse a ses partisans et ses détracteurs, mais le mouvement auquel on assiste est bien plus complexe que ce simple débat.

Quoique la contestation étudiante ait commencé dans une atmosphère pacifique, la situation s’est rapidement détériorée à cause de certains acteurs dont la triste influence mérite d’être soulignée :

1.       Les groupuscules anarchistes et extrémistes dont la tendance était affichée lors des manifestations par des drapeaux, des sigles, des images (ex. Che Guevara).

2.       Les casseurs opportunistes souvent masqués.

3.       La CLASSE (l’une des associations étudiantes) par ses excès de langage et ses positions radicales.  Cette association, dont les autres associations tentent timidement de se distinguer, a refusé, donc implicitement encouragé, de condamner les casses et les troubles provoqués par les casseurs et les extrémistes gauchistes toutes tendances confondues.

4.       Les syndicats qui ont abusé de leur pouvoir et se sont impliqués au-delà du raisonnable (soutien financier et logistique), et pour n’en citer qu’un : la location d’autobus pour les manifestations à travers le Québec.

5.       Les partis d’opposition qui veulent renverser le gouvernement, obtenir sa démission au lieu d’attendre les prochaines élections comme le veut la démocratie.

6.       L’innocence de certaines associations qui n’ont pas réalisé assez rapidement qu’ils se faisaient manipuler et que leur cause en pâtissait au final.

7.       Certains journalistes en quête de sensationnalisme ce qui a faussé leur analyse de la situation.

8.       Le gouvernement dont on peut blâmer l’attitude rigide, un peu paternaliste à la limite du mépris.  Le gouvernement d’ailleurs a trainé des pieds comme il l’a souvent fait par le passé avant de chercher des moyens pour régler la situation.

Comme d’habitude, la majorité qui devrait être défendue par notre démocratie s’est retrouvée prise en otage comme lors des grèves de travailleurs.  Les étudiants en grève ont bloqué l’accès aux universités aux autres, majoritaires, qui désiraient assister à leurs cours.  La loi 78, si décriée a été votée à cause des excès engendrés par une petite minorité d’extrémistes et de casseurs et à cause de tous ceux qui ne s’étant pas dissociés mais les ayant encouragée implicitement ou ouvertement s’en sont fait complices.

Cependant la situation évolue de jour en jour et quelques décrets, lois et injonctions plus tard, nous constatons les faits suivants et tout cela nous amène à nous poser des questions fort intéressantes tant collectivement qu’individuellement :

Les constats :

Il est rassurant de voir qu’à l’heure où la méfiance et la grogne sont généralisées étant donné le peu de crédibilité qu’ont les élus à travers le monde, les citoyens restent capables de se mobiliser, de s’interroger, de discuter en évitant les affrontements armés, et ce, malgré les mouvances anarchistes et extrémistes.

Il est rassurant également que l’on continue à débattre des grands enjeux de société et que tous âges et tendances politiques confondus les échanges continuent de se faire.  La place d’internet est loin d’être négligeable car si toutes sortes d’idées se manifestent de façon plus ou moins cohérentes, il en ressort malgré tout un frottement de pensée indispensable à toute démocratie digne de ce nom.

Certains journalistes ont fait preuve d’honnêteté et de courage en dénonçant les excès de langage et les dérives de pensée.  Richard Martineau du Journal de Montréal [1]fait d’excellents articles sur le sujet.

Il est évident que la confiance des québécois envers le gouvernement libéral en place est affaiblie à cause des divers scandales de corruption entre autres dans le bâtiment (impliquant d’ailleurs des syndicats) et divers autres trafics d’influence mettant en cause des élus).  Le gouvernement a failli à ses responsabilités en faisant preuve de lenteur (laxisme) à réagir et à tenter de proposer des pistes de solution pour contrer ces problèmes.  Il a fallu maintes interventions des partis d’opposition avant qu’il ne résolve à mettre sur place une Commission d’enquête.  Malgré cela, les sondages indiquent que la majorité des québécois restent prudents face au conflit actuel et ne se laissent pas berner par la manipulation des informations, les efforts soutenus des partis d’opposition dont le but principal est d’obtenir la démission du gouvernement ou des élections anticipées.   Cela donne de l’espoir quant au jugement du citoyen québécois.

Le sens de l’humour des québécois a fait sa marque.  Même au plus fort des altercations, les panneaux des contestataires en faisaient foi. 

Le désir de négocier demeure malgré tout un impératif chez nous.  Les citoyens ont ainsi poussé les deux partis (gouvernement et étudiants) à reprendre place à la table de négociation.

Plusieurs ont compris que la vraie démocratie s’exerce lors d’élections et non dans la rue.  C’est une grande preuve de maturité. 

Le travail de la police a majoritairement été loué – contrairement à ce que soulignent les journalistes français.  La police a fait preuve de retenue et d’intelligence dans son action.

Quoiqu’en disent les détracteurs, peu de pays auraient vu défiler 200 000 personnes au cours d’une seule manifestation, et ce, sans que le sang ne soit répandu. 

Les lois votées, tant sur le plan municipal que provincial, de même que le désir affiché des québécois de régler le conflit par la négociation, ont permis de neutraliser les débordements des extrémistes.  Actuellement, la plupart des manifestations se font en chantant.  La formule de tintamarre récemment adoptée est un clin d’œil à l’Histoire.

Les questions :

Les organisateurs d’une manifestation ont-ils le droit de mettre en péril la sécurité des biens et des personnes? 

Le port de masques, de bâtons, de pierres etc. sont de toute évidence foi du désir de nuire à autrui et d’échapper à toute responsabilité.  Est-ce une image acceptable en démocratie?

Il demeure inquiétant que des enfants aient été entraînés dans ce type de manifestation si pacifiques soient-elles.  Les parents auraient-il oublié qu’ils sont censés les protéger et non pas mettre potentiellement leur sécurité en péril?

De plus, comment certains parents et grands-parents trouvent-ils légitimes de descendre dans la rue masqués?

Il est évident que la gratuité universelle des soins de santé et d’éducation est un idéal louable, mais est-ce réaliste alors que nos gouvernements sont de plus en plus endettés?  Pouvons-nous à la fois exiger l’amélioration continue des infrastructures de nos universités, l’augmentation des salaires la réduction de la dette et la gratuité en éducation et en santé pour une population sans cesse croissante et même vieillissante?

Jusqu’à quand notre démocratie acceptera-t-elle  de se faire bafouer et que des minorités imposent leur loi à la majorité?

Même si la situation est loin d’être réglée, je demeure confiante que le Québec sortira gagnant de la situation actuelle.

 


 

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C
<br /> POUR EMPÊCHER CHAREST DE NOUS MENTIR  ! JE SUGGÈRE AUX ÉTUDIANTS DU QUÉBEC DE NOMMER UN OBSERVATEUR EXTÉRIEUR LORS DES NÉGOCIATIONS .<br />
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C
<br /> Le gêne anarcho-contestataire serait-il transmissible ?<br /> <br /> <br /> Sauf erreur, seuls les québécois manifestent.Les étudiants de l'Alberta, de la Colombie Britanique et des autres provinces ont accepté l'augmentation des droits universitaires.<br /> <br /> <br /> Les canadiens francophones ont-ils attrapé le virus transmis par leurs ancêtres de la Nouvelle<br /> <br /> <br /> France?<br /> <br /> <br /> Devant la raréfaction des fonds publics,il faudra bien que les peuples occidentaux prennent conscience du prix de chaque service et que ces fonds soient d'abord destinés aux seuls<br /> nécessiteux.Pour cela il faudra préférer le principe d'équité à celui d'égalité.<br /> <br /> <br /> Dans la France de l'état providence, nous en sommes encore loin !<br />
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A
<br /> On en reveint tpujours à la même chose : le poids de la propagandastaffël dans le sans-gêne, et le mépris total des droits d'autrui quand il s'agit de "faire valoir ses droits". Pour se faire un<br /> p'tit barbecue, rien ne vaut un bon incendie, à défaut d'autre chose.<br />
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