7 Juin 2016
Gérard Leclerc est un observateur très éclairé de l'actualité, dans le journal qu'il dirige, La France Catholique, mais aussi sur KTO, sur internet, et diverses autres tribunes. Je suggère de lire attentivement cet article pesé et mesuré, mais aussi les commentaires de lecteurs ( Messages de Forum ) d'où Le Scrutateur n'est pas exclu.
Le Scrutateur.
par Gérard Leclerc
mardi 7 juin 2016
Dans son récent entretien à La Croix, le pape François prenait l’exemple de son propre pays, l’Argentine, pour montrer la possibilité d’intégrer les musulmans dans un pays d’accueil. On lui a répondu à juste titre que le cas argentin ne pouvait être comparé à l’immigration actuelle en Europe. Il s’agit, en effet, d’un petit nombre de musulmans. La correspondante du Figaro à Buenos Aires cite le chiffre d’un million de personnes sur une population de 41 millions d’habitants. Et encore, ce chiffre est-il contesté par un spécialiste qui avance le chiffre de 100 000 musulmans. Ce chiffre semble corroboré par la très faible implantation locale des boucheries halal et des mosquées. De plus, cette petite communauté est intégrée depuis un siècle dans le pays et il n’y a aucun problème d’extrémisme fondamentaliste.
Sans doute, le Pape entendait-il insister sur la possibilité d’une telle intégration, en donnant un exemple probant. Exemple qui, d’évidence, a ses limites, vu les proportions et vu la distance temporelle. Cependant, on comprend mieux l’intention de François et son insistance sur le concept d’intégration, même s’il y aurait lieu de le préciser. Le Pape ne plaide pas pour une société multiculturelle avec des communautés marquant leur territoire. En recourant à l’histoire de la fin de l’Empire romain, François rappelle aussi le rôle de l’Église dans l’accueil de ceux qu’on appelait les barbares. Comment oublier que les dits barbares adhérèrent au christianisme, tels Clovis et ses Francs ? Ce n’est pas pour autant que le Pape s’engage dans une vaste entreprise prosélyte, dont il dénonce lui-même les relents colonialistes. Mais tout de même, il y a un problème d’adaptation et d’acceptation : adaptation aux mœurs d’un pays qui n’est pas une terre vierge et acceptation d’une culture, qui n’est pas la sienne et qu’il s’agit d’assimiler, quoi qu’il en coûte.
Et il peut en coûter beaucoup. Qu’on le veuille ou pas, nous vivons une période de grands défis, où il est extrêmement difficile de négocier ruptures et adaptations. Le bienheureux Frédéric Ozanam avait employé une expression provocante pour signifier sa résolution de répondre aux défis de son temps : Je passe aux barbares ! Oui, mais passer aux barbares, dans son esprit, ce n’était pas abdiquer ses convictions et son héritage. C’était se disposer à un long et difficile combat.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 7 juin 2016.
7 juin 15:19, par E.Boulogne
Cher Gérard Leclerc,
J’apprécie vivement votre article. Je me permet de vous communiquer un article que j’ai publié sur mon blog Le Scrutateur, sur le même sujet, mais un peu antérieur à l’interview du pape accordée au journal La Croix.
S’il ne vous convenait pas, vous n’avez qu’à le jeter aux orties.
Bien cordialement à Vous,
Edouard Boulogne.
Je passe aux barbares 7 juin 17:34, par Gemayel
Pas plus l’article de G. Leclerc que celui publié par "Le scrutateur" n’ont vocation à être "jetés aux orties". Bien au contraire, ils sembleraient se rejoindre malgré un style différent et un développement plus complet dans le deuxième. Ce dernier nous offre une analyse judicieuse de la situation, des responsabilités des différentes politiques et autres actions qui seraient à l’origine de telles tragédies, des prétextes, soyons clairs, qui s’acharnent à les justifier etc... Sans aller plus avant, j’affirme souscrire volontiers à la vue d’ensemble de la situation telle que reflétée. Ainsi que le l’écrivais ici même il y a peu, de tous temps des migrations vers l’Occident ont eu lieu, mais jamais, je souligne : jamais à ce rythme ni de cette ampleur. Pour illustrer ce que j’avance je reprendrais les mots de Mgr Jean-Clément Jeanbart, d’Alep, qui a dit et répété que ces migrations ressemblaient à des déportations...
Sur un autre plan, me serait-il permis de penser qu’il est urgent et indispensable de prendre les mesures adéquates et honnêtes afin d’aider ces gens à rester sur la terre de leurs ancêtres, à reconstruire leurs pays respectifs saccagés, morcelés, pulvérisés à des fins... Mais bon, sans entrer dans les détails, et s’agissant particulièrement des orientaux chrétiens, il me semble que leur place est chez eux, d’abord ils étaient là avant tous les autres et aussi parce que leur présence là-bas peut être considérée comme un encouragement à juguler des invasions programmées dans le désordre le plus absolu qui risqueraient de submerger l’Europe et, qui sait, bien au-delà...J’espère me faire comprendre... Après tout, les apôtres et les premiers chrétiens sont partis de cette région, et la disparition de nos frères chrétiens contemporains, le saccage de leurs églises, des livres sacrés, documents et autres ne constitueraient-ils pas la disparition d’un patrimoine commun à toute la chrétienté ?
Concernant le pape François, il est vrai que ses mots et geste peuvent parfois poser question, voire problème. En m’abstenant d’y porter tout jugement, il se pourrait toutefois que ce soit son "style" personnel pour faire "choc" et ainsi, peut-être le pense-t-il, d’amener les uns et les autres à réfléchir plus avant sur une question donnée. Il y a quelques années, une photo avait circulé sur les réseaux sociaux et autres, montrant JPII poser un baiser le Coran. Vrai ? Faux ? Vu que les photos, n’est-ce pas, tout comme les phrases sorties de leur contexte et jetée en pâture... Il m’est arrivé, je le confesse, de ne m’être pas du tout senti concerné par un geste ou une attitude du pape JPII, lui en laissant la seule responsabilité. Avec tout le respect dû au successeur de Pierre, et tant que son infaillibilité n’était pas en cause, rien ne m’obligeait d’adhérer de facto à certaines de ses attitudes.
En demandant d’excuser ces longueurs, et apportant mon appréciation aux deux articles précités.
MERCI.