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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Le pape François et les immigrés méditerranéens : Le monde chrétien, partagé, a-t-il raison de s'inquiéter ?

Le pape François et les immigrés méditerranéens : Le monde chrétien, partagé, a-t-il raison de s'inquiéter ?

Il y a un phénomène de l'immigration actuellement en Europe qui inquiète, et divise, profondément, et même une famille spirituelle aussi structurée, et traditionnellement par la nature même du message de son fondateur aussi ouverte que le catholicisme.

Je n'entrerai pas dans le détail du phénomène migratoire actuel en Europe et autour de la méditerranée. Il en est question quotidiennement dans la presse, et sur les réseaux sociaux.

 

( A ) Depuis la seconde guerre mondiale, l'Europe, durement affectée par les ravages qu'elle avait subi, a fait appel pour contribuer à son relèvement à des gens venus d'Afrique, principalement. Une autre raison de cet appel a été engendrée par le manque de dynamisme de ses populations indigènes à se renouveler, dû à la nouvelle mentalité hédoniste qui ne poussait pas au « sacrifice » en tout cas à l'investissement long, matériel et moral qu'implique l'ancien idéal des familles nombreuses.

Dans certains milieux socio-économiques, l'idée, réaliste ou non, que les immigrés non européens seraient d'un maniement plus facile au travail ( certains disent à l'exploitation ) a certainement joué un rôle dans l'appel d'air ouvert à l'intention des immigrés du tiers et du quart monde.

 

( B ) Depuis une quinzaine d'années l'immigration a pris un autre visage. Ce visage est celui façonné par les politiques pratiquées par les Etats musulmans du moyen orient ( principalement ), par la reviviscence d'un islamisme ultra religieux, idéologique et conquérant, utilisant le désarroi européen pour placer ses pions, et par l'inconscience occidentale, aussi, face à la mentalité musulmane,  de plus en plus ignorante d'ailleurs de la nature du phénomène religieux en général dans son espace en proie à une déchristianisation certaine, en cours, quoique non irréversible. Tout ceci vient compliquer les problèmes posés en suscitant une angoisse générale dont beaucoup ne comprennent pas encore la véritable origine.

 

Car si tout afflux massif d'une population étrangère ne s'effectue jamais sans heurts et frictions, ( même quand il s'agit, en France par exemple, dans les années 1920 et 30, de l'arrivée d'Italiens, et de Polonais, pourtant de religion catholique, qui suscita des bouffées de xénophobie ), le problème se complique quand les immigrés diffèrent par trop des indigènes du pays « d'accueil » par leurs apparences physiques, et surtout leurs croyances religieuses, et coutumes différentes et même s'opposant aux croyances indigènes.

Ajoutons que l'immigration actuelle en provenance d'Afrique subsaharienne, et surtout du moyen orient pose des problèmes très graves, par sa variété ( chrétiens arabes persécutés du moyen orient, arabes musulmans fuyant les guerres et les rivalités ethniques, et/ou religieuses : sunnites contre chiites, etc ), et le soupçon justifié ou non d'utilisation du phénomène migratoire à des fins terroristes et de conquêtes à moyen ou long terme, par les islamistes.

Tout ceci explique la méfiance, souvent justifiée des populations indigènes de l'Europe et de certains de leurs gouvernement à l'égard des nouveaux arrivants.

La question fait problème pour l'opinion publique.

Faut-il ou non accepter la nouvelle et massive immigration, et si oui par quels moyens?

 

La question est redoutable car elle se pose dans une Europe, qui, si elle est en voie de déchristianisation ( et la nature a horreur du vide ) n'en est pas moins, très largement imprégnée, même chez des athées et des agnostiques, de sensibilité morale chrétienne. L'aide au pauvre, l'ouverture à tous les hommes, et même l'amour des ennemis font partie essentielle du message christique, et de l'action historique de l'Eglise.

S'ouvre donc, cahin-caha, un débat sur l'attitude efficace face à l'immigration de masse.

 

Deux grandes tendances s'opposent : l'ouverture aux immigrés, ou leur rejet sans faiblesse.

Je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut prendre conscience des réels dangers de l'immigration sauvage en cours, danger pour l'existence même de l'Europe.

Je crois que les dirigeants européens devraient rompre, dans l'intérêt même de nos peuples, avec leur politique actuelle de cécité à l'égard des causes du phénomène.

Les migrants fuient la guerre, nous dit-on. Mais qui veut cette guerre? Qui en bénéficie? En Syrie, dirigée par Assad et la mouvance chiite, interviennent à la fois chiites et sunnite ( Arabie saoudite pour simplifier ). De même en Irak, où il faut bien admettre que les Américains et leurs alliés ont contribué à déstabiliser ce pays lors d'une guerre à prétention « démocratique », et en Lybie où les mêmes causes ont engendré les mêmes effets.

 

Les immigrés qui fuient ces régions en guerre, sont les victimes de leurs propres dirigeants, et de certains des nôtres qui ont agi pour des motifs économiques peu louables.

Leur débarquement en Europe par centaines de mille n'en est pas moins redoutable, et à terme, mortel pour nous.

Si dans l'immédiat une politique d'aide à l'accueil est souhaitable ( mais le souhaitable n'est pas toujours possible ), il faut plutôt s'appliquer à la suppression des causes de ce phénomène, là où elles agissent.

 

L'attitude du pape François.

 

Le pape qui, probablement est bien au courant de tout ce que je viens de rappeler sommairement, a dans sa visite toute récente ( voir plus bas l'article du Figaro ) choisi de mettre l'accent sur la charité et l'accueil. Il est rentré à Rome avec un petit contingent symbolique de migrants, tous musulmans, une douzaine, qui trouveront un abri grâce à la protection du Vatican.

Le pape a agi en tant que responsable religieux, en tant que chef d'une Eglise dont la mission est de tenter d'incarner l'idéal christique de fraternité. En ce sens je lui donne raison.

Mais en attendant que tous les peuples soient devenus chrétiens par la seule action de l'Esprit ( relayés par les disciples ) le pape Bergoglio qui n'est pas un imbécile ne peut pas ne pas savoir l'écart qui existe entre l'éthique de conviction et l'éthique de responsabilité.

Comme tout le monde il a lu son Max Weber qui dans son livre Le savant et le politique a parfaitement posé ce redoutable problème :  « il y a une opposition abyssale entre l’attitude de celui qui agit selon les maximes de l’éthique de conviction - dans un langage religieux nous dirions : « Le chrétien fait son devoir et en ce qui concerne le résultat de l’action il s’en remet à Dieu » -, et l’attitude de celui qui agit selon l’éthique de responsabilité qui dit : « Nous devons répondre des conséquences prévisibles de nos actes. »

Pour parler simplement, et même vulgairement, en tant que chrétien je n'ai pas le droit de tuer un homme, quel qu'il soit. Mais si cet homme veut violer ma soeur, ou la tuer, ( et même me réserver ce sort...! je ne crois pas pouvoir rester passif. ), je crois que je l'en empêcherais, par tous les moyens.

Un chrétien n'est pas un hippie.

Il faut pouvoir regarder l'étranger d'un oeil amical, mais lucide aussi. Tout étranger n'est pas un ange, et quelquefois il en est beaucoup qui considèrent leur hôte comme une vache à lait, ou comme une proie. La charité n'exclut pas la lucidité froide. On ne peut pas inviter n'importe qui chez soi, ni laisser sa fille sortir avec n'importe qui, à Cologne...ou ailleurs.

Je n'interprète donc pas l'initiative de François Bergoglio en un sens laxiste. « N'oublions pas pas le message de notre maître nous dit-il, ne laissons pas l'indifférence ou la haine s'installer dans nos coeurs ». Et il a raison.

Mais son attitude risque d'être mal interprétée comme une incitation à l'ouverture irréfléchie des frontières, au développement d'un multiculturalisme conflictuel à terme, bref opposé à la paix sociale et politique.

Je rappellerais volontiers au Pape, en admettant qu'il en ait besoin bien entendu, ce passage d'un roman de Michel de Saint-Pierre, écrit à une époque où le symbole de la misère était représenté par la Chine. Un personnage donc de ce roman exprime bien ce que je tente de dire aujourd'hui, autrement : « Je sais que dix millions d'Hindous, et près de quinze millions de Chinois meurent de faim chaque année sur les routes d'Asie. Cependant j'ai la cruauté de vouloir nourrir et loger mes enfants. De vouloir les nourrir et les loger très bien, parce que je suis responsable de mes enfants ».

Il ne faudrait pas oublier qu'il y a des priorités parmi les devoirs; il y a les devoirs à l'égard des proches, et aussi à l'égard des moins proches. Il ne faut pas oublier les proches qui gênent les généreux en imagination par leur proximité même, au profit des éloignés, qui nous ravissent par leur éloignement même, si peu exigeant. Ah! Le culte de l'AUTRE, cet homme des lointains, si différent du voisin, vieux, malade, privé du nécessaire, et qui nous embête avec ses « jérémiades », ses exigences, ses reproches, les soins qu'il nécessite.

Mais le pape sait tout cela évidemment. J'ai confiance.

Si je perdais celle-ci, je ne manquerais pas d'en faire part.

Le pape est un serviteur, pas une idole. Le culte des idoles n'a jamais été très biblique.

 

Le Scrutateur.

 

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Le Pape est reparti de Lesbos avec trois familles de réfugiés syriens

 

http://premium.lefigaro.fr/actualite-france/2016/04/16/01016-20160416ARTFIG00089-le-pape-est-reparti-de-lesbos-avec-trois-familles-de-refugies-syriens.php

 

VIDÉO - Au cours de sa visite express samedi, le souverain pontife a voulu adresser un signe d'accueil aux réfugiés.

De notre envoyé spécial

Trois familles de réfugiés syriens musulmans sont montées à bord de l'avion du pape François, samedi après-midi, au terme de sa visite sur l'île grecque de Lesbos. «Le pape a souhaité adresser un signe d'accueil aux réfugiés, en revenant à Rome accompagné de trois familles de réfugiés syriens, soit 12 personnes au total, dont dix enfants», a déclaré le Vatican dans un communiqué.

Il s'agit de trois familles, deux originaires de Damas et l'autre de Deir Azzor, dans les territoires occupés par l'organisation Etat islamique (EI), précise le Vatican.

Selon les autorités grecques, ces familles, considérées comme «vulnérables», étaient hébergées au camp ouvert de Kara Tepe. «Il s'agit de personnes qui se trouvaient déjà dans les camps d'accueil de Lesbos avant l'accord entre l'Union européenne et la Turquie», ouvrant la voie au renvoi des arrivants vers Ankara, affirme le Vatican, qui évoque un accord entre le Saint-Siège et les «autorités compétentes grecques et italiennes».

L'accueil des trois familles sera pris en charge par le Vatican, aidé dans un premier temps par la communauté de Sant'Egidio, organisation catholique proche du Vatican. Le tout petit Etat du Vatican, qui compte moins d'un millier d'habitants, héberge déjà deux familles de réfugiés.

Plus tôt, une femme qui s'occupe de réfugiés sur l'île de Lesbos nous avait indiqué: «Je viens d'apprendre avec plaisir qu'une personne qui s'appelle Nour qui est Syrienne, arrivée ici le 10 mars et qui demandait sa relocalisation en France, va partir dans l'avion du pape à Rome. Je suis très contente».

» Crise des migrants: la tristesse du pape à Lesbos

La rumeur courrait en effet alors que le pape arrivait à la dernière étape de son voyage, sur le port de Mytilène pour rendre un hommage, sous la forme d'une prière et d'un bouquet de fleurs lancé dans la mer, aux centaines de morts qui se sont noyés dans ce bras de mer entre la Turquie et la Grèce.

Dans le camp de Moria. - Crédits photo : Andrea Bonetti /AP

«Les migrants, avant d'être des numéros sont des personnes, des visages, des noms, des histoires.»

Le pape François à Lesbos

Là, François a pris une dernière fois la parole pour «renouveler aujourd'hui un appel plein de tristesse à la responsabilité et à la solidarité face à une situation si dramatique. Beaucoup de réfugiés qui se trouvent sur cette île et en divers endroits de la Grèce vivent dans des conditions critiques, dans un climat d'anxiété et de peur, parfois de désespoir». «

Tout en reconnaissant que les «préoccupations» face à cette vague migratoire, sont «compréhensibles et légitimes» le pape a observé: «Il ne faut cependant jamais oublier que les migrants, avant d'être des numéros sont des personnes, des visages, des noms, des histoires.»

D'où cet appel lancé à l'Europe: «L'Europe est la patrie des droits humains, et quiconque pose le pied en terre européenne devrait pouvoir en faire l'expérience ; ainsi il se rendra plus conscient de devoir à son tour les respecter et les défendre.» Car «une humanité qui veut construire des ponts et qui renonce à l'illusion de construire des enclos pour se sentir plus en sécurité. En effet, les barrières créent des divisions, au lieu d'aider le vrai progrès des peuples, et les divisions provoquent tôt ou tard des conflits.»

Il faut également «supprimer les causes» de cette situation par «des politiques de longue haleine, qui ne soient pas unilatérales». Et «construire la paix là où la guerre a apporté destructions et mort, et empêcher que ce cancer se répande ailleurs» en s'opposant «avec fermeté à la prolifération et au trafic des armes, et de leurs réseaux souvent occultes».

Certes, a reconnu le pape «la question des réfugiés» est «complexe» et c'est «ensemble» que l'on doit «chercher des solutions dignes de l'homme». L'enjeu étant de sortir «de soi-même et il prend soin des autres» pour «dépasser la couche épaisse d'indifférence qui obscurcit les esprits et les cœurs».

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L
Comme le disait Paul Claudel : "Pour aime l'humanité, il faut la voir de loin"!
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M
12 migrants musulmans...aucun chrétien ! ça vous fait réfléchir, ça aussi ?
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C
Bonjour Mr Boulogne,<br /> Comment sera perçu le message du Pape en Europe ?<br /> Depuis des décennies, la Chrétienté est pourchassée politiquement en UE par les forces de Gauche et l'individualisme féroce, elle s'est grandement déplacée vers l'Afrique et l'Amérique du Sud, même si ses valeurs demeurent encore actives chez nous !<br /> Il est curieux que personne (l'ONU) ne favorise l'accueil sur les riches terres du Golfe, qui préfèrent cultiver les courants religieux que secourir leurs voisins proches, serait-ce la dégringolade du prix du pétrole qui les en empêche, ou le croissant vert qui ne représente pas grand chose ?<br /> Bonne journée, cordialement Cjj
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