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10 Mai 2010
RFO? c'est pas d'l'info.
( André Derviche, un ami et collaborateur martiniquais nous envoie ce papier sur les "fantaisies" de RFO-Martinique.
Il a raison, mais j'ai le regret de lui dire qu'en Guadeloupe, c'est pas mal non plus. Et même souvent mieux (ou pire). Nou pli fo!. Le Scrutateur).
L'information locale est-elle de l'information correcte, ou corrigée ?
La semaine dernière, à la Martinique, une campagne d'affichage assurait la promotion d'un artiste du nom d'Admiral T en y associant celui de l'opérateur téléphonique Only, sponsor de cet artiste.
Que dit, dans l'un de ses clips, l'artiste en question ? Il dit ceci : « Puisque l’histoire est écrite par les békés, j’ai raturé le cahier pour y marquer LKP ». Sur ce point-là, au moins, ce fameux Admiral T. ne raconte pas d’histoire.
Ah ! les artistes ! Quel crédit ne donnent-ils pas à tel ou tel ? Et c'est la source de tous les malentendus. Car l'histoire, aux Antilles, est de plus en plus écrite par RFO, qui, avec la rigueur dont elle fait depuis longtemps la démonstration, témoigne tous les jours d'une capacité d'invention et de révision des faits qui lui donne, en matière de désinformation, une certaine excellence. Est-ce de la désinformation à la Monsieur Jourdain, ou y a-t-il une volonté délibérée d'ensevelir nos îles sous des avalanches d'ignorance ? Que celui qui connaît la réponse la dise haut et fort. Le résultat, quelle que soit l'hypothèse est, de toutes les façons, assez voisin. Mais, n'est-ce pas ce qu'on appelle "s'approprier - ou se réapproprier - l'histoire de son pays" ?
Le 8 mai, le JT du soir de RFO a atteint des sommets, attendrissants, toutefois, et toute la honte doit en retomber sur ceux qui - en lieu et place de l'information - laissent se propager des récits complètement faux. Ce n’est pas les narrateurs qu’il faut incriminer : la plupart du temps, ils croient à leurs propres affabulations, et on peut les en excuser. En revanche, il appartient à ceux dont le rôle est d'informer de ne pas imposer comme vérités n’importe quelles sornettes aussi aimables fussent-elles.
C'est ainsi que l'on put voir un ancien, un grand combattant (comme on dit ici ou le mot “grand” marque la déférence envers l'âge, comme dans grand-père ou grand-mère) faire une triste sortie de route. Celui-ci, plus près des quatre-vingt dix ans que de son quatre-vingtième anniversaire, apparaît vêtu de son plus beau costume, digne, souriant et touchant. Fier de s'être battu pour son pays, fier des médailles qu'il arbore, et fier de l'occasion qu'il a de témoigner, il se laisse emporter par son verbe à quelques encablures de la réalité. Ainsi, il a pris part aux combats qui ont délivré la France, mais son action héroïque ne s'est pas arrêtée là : en 1945, il s'est fait un point d'honneur de libérer la Martinique de l'amiral Robert, qu'il a contribué à déposer. D'ailleurs, il a personnellement assuré la garde de l'amiral, une fois captif, dans un trou à Balata. Dans la chaleur communicative des souvenirs qui s'égarent, voici que notre héros entame l'ascension du mont Baratin, le pauvre, et RFO laisse au montage ce qui, malgré tout l'attendrissement suscité, n'est que... divagation. Et voilà ! Par la faute de RFO, des quantités d'écoliers qui ne savent pas contrediront peut-être des gens qui savent. Cela, parce que ceux qui sont censés leur apprendre quelque chose dans le cadre du service public (et qui sont grassement payés malgré leur incompétence) ont mal fait leur travail, ou, pire, ils ont sciemment introduit un virus dans la connaissance historique de ces enfants pour qui “vu ou entendu à la télé” est synonyme de vrai.
Précisions quand même, au moins à l'attention des "journalistes" de RFO Martinique s’il est possible de les informer au passage, que l'amiral Robert a quitté la Martinique en... 1943, avec tous les honneurs dus à son rang et après avoir remis le haut commandement de la colonie (car la Martinique était encore une colonie) au représentant de la France libre, M. Hoppenot. Sa détention, dans un trou à Balata, gardé par notre combattant (admirable, par ailleurs) étant une information pour le moins sujette à caution devient par la canal de RFO télé une mauvaise blague faite aux téléspectateurs, martiniquais ou autres.
Alors, JT, DT (divertissement télévisé) ou FP (Falsification Programmée) ?
C'est probablement l'ignorance et la vanité (la certitude de tout savoir quand on sait bien peu de chose), qui, quand elles tiennent lieu de qualification professionnelle, sont la cause de toutes les entorses au bien-faire.
MAIS
Volontairement ou involontairement, nous sommes au point de jonction d'une drôle de conception de la vérité historique à laquelle on assiste de plus en plus souvent dans la périphérie de "l'information" aux Antilles, où RFO et les zintélektyels (mais ils ne sont pas les seuls), observent scrupuleusement une consigne de réécriture de l'histoire qui commence à porter ses fruits : les tenants du ta-nou disent n'importe quoi, et, à force, ils finiront par réécrire l'histoire comme ils l'entendent.
Qu'ils maîtrisent l'avenir, rien n'est moins sûr. En revanche, pour ce qui est du passé, ils s'en chargent. Et c'est ce que font de nombreux artistes (de variétés ou de monotonie), imitant en cela nos zintélektyels et une médiasphère locale engagée. Cette dernière occupe toute la place en matière d’information, et ne cesse de dénoncer à pleins poumons des monopoles qui n’existent, pour la plupart, que dans l’information distillée par les… consorts.
C'est bien cela, s'approprier l'histoire : inventer des histoires pour remplacer l'histoire.
André Derviche.