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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Ah! Ces békés (II).par Jean Lafosse-Marin.

Ah! Ces békés. (II).

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( Suite et fin)..........;établissements scolaires, avec toutes les activités annexes. Les religieuses ont aussi été très engagées dans les services des paroisses et dans l’éducation. Aujourd’hui le clergé, de toute couleur de peau, est

essentiellement séculier. Leur dévouement, immense, n’a pas failli. Jamais à ma connaissance, ils n’ont

traité un seul « béké » de

 

« descendant des esclavagistes » ; certes, ils connaissent l’histoire et,

d’expérience, la réalité, puisqu’ils la vivent ; ils n’ont aussi, à n’en pas douter, jamais perdu le sens de la

mesure, de la dignité et du respect des personnes. Leurs paroissiens, quels qu’ils soient, ont eu les mêmes

prêches. Comme mes parents, mes frères, mes cousins et autres « békés », j’ai personnellement fait toutes

mes études secondaires, avec mes camarades, noirs et métis (les plus nombreux) ou blancs, ou chinois, ou

indiens, ou d’origine libanaise, syrienne, … dans un établissement tenu par les pères spiritains à Fort-de-

France

 

22. Mes soeurs étaient chez les religieuses, avec des camarades de toutes origines.

Ces religieux et religieuses ont formé, accompagné, éduqué des milliers d’enfants, d’adolescents,

d’adultes, célibataires ou mariés, à tous les stades de leur vie et dans des mouvements chrétiens aussi

nombreux et variés que ceux de métropole, sans distinction et en toute mixité ethnique. Ainsi je crains

qu’en laissant comprendre, par ce mot d’

 

« esclavagiste », que les « békés » en général ne gardent de leur

passé que des relents de supériorité, de racisme…

 

23, on en vienne à faire porter une part de la

responsabilité à ces religieux et religieuses et donc à l’Eglise. Ce qui reviendrait à la suspecter, ou bien de

n’avoir pas su appeler à son service des hommes et des femmes capables de porter ses valeurs, ou bien de

leur avoir demandé de transmettre de façon discriminante les valeurs chrétiennes aux uns et des valeurs

négatives aux « békés ». Ceci est illogique et inconvenant. Je suis infiniment reconnaissant à ces hommes

et à ces femmes, mes éducateurs, et à mes parents pour ce qu’ils m’ont transmis et de m’avoir ouvert à

l’Evangile, à l’amour de Dieu et à son projet pour l’homme, et de m’avoir fait comprendre que l’amour

du prochain est le point de passage obligé vers le Dieu de Jésus-Christ.

On constate que depuis l’abolition de l’esclavage, nombre d’hommes et de femmes « békés » ont

consacré leur vie au service de l’Eglise, comme religieux ou religieuses, dans les îles ou en mission en

Afrique ou sur d’autres continents. On dénombre plusieurs Spiritains. Citons les fondatrices « békées »,

Laure Sabès et sa soeur, de la congrégation des « Dominicaines de la Délivrande » en 1868, congrégation

aujourd’hui présente dans plusieurs pays pauvres du monde

 

24 ; une soeur de ma mère, « békée » comme

elle, en a été supérieure en plusieurs endroits du monde, dont en Algérie. Il y a la fondation du Foyer de

Charité de la Martinique

 

25, par le frère « béké » de ma mère, dans la propriété de ses parents, lesquels ne

se sont certainement pas enrichis par cette transaction. Il y a le foyer de Charité du Cap des Biches au

Sénégal qu’une autre soeur de ma mère a contribué à fonder dans les années 60, elle y a passé 35 ans. Une

3

 

ème soeur de ma mère, elle aussi religieuse, a été éducatrice d’enfants handicapés mentaux. Reconnaissons

que sur leurs neuf enfants, mes grands parents ont fait fort. Ce ne sont pas des cas particuliers. On peut

citer le précédent Prieur de Solesmes, encore un « béké ». On pourrait nommer beaucoup d’autres prêtres

« békés » : le Père Gallet, missionnaire pendant 40 ans au Sénégal, les Pères de Reynal, de Lavigne,

Despointes, de Jaham, de Laguarigue, … Il y a bien sûr des religieuses « békées » : de Gentile, Gallet, de

Reynal, Langellier (25 ans récemment en Algérie)… Ainsi, de nombreuses familles « békées » ont donné

un ou plusieurs de leurs enfants, garçon ou fille, à l’Eglise. Ces dernières années, le Vatican lui-même a

employé un « béké ». J’allais oublier de vous inviter à lire et à promouvoir le livre ayant pour titre

 

« Je

briserai vos chaines »

26,

 

26, écrit par un autre prêtre « béké », sur le fondateur, Jean de Matha, des Trinitaires,

ordre auquel il appartient lui-même.

26,

22

 

Mes premiers camarades et mes amis les plus chers, ceux avec lesquels j’ai le plus d’expériences d’enfance, d’adolescence, de

mouvements de jeunes (scoutisme…), d’étudiant, les âges où nous nous constituons humainement, ne sont pas seulement blancs. Il est

évident que nous, « békés », n’avons pas reniés nos amis d’enfance. Que savent des relations et du dialogue interracial ceux qui n’ont

jamais vécu dans un tel contexte et qui donnent des leçons théoriques extraites de livres ?

23

 

Je ne prétends absolument pas que ces départements soient exempts de cas de racisme ou d’autres comportements condamnables.

Mais où est la société idéale ? Je constate cependant que les organismes qui luttent contre de telles attitudes : SOS racisme, la LICRA, la

Ligue des Droit de l’Homme, La HALDE… et les tribunaux sont submergés de cas régulièrement relevés dans l’hexagone métropolitain,

contre les immigrés, les étrangers, les noirs, les arabes, les juifs, les musulmans, les Roms, les tziganes, les femmes, les homosexuels, …

relativement aux coutumes, à l’emploi, aux logements, à l’Education, aux services publics … , dans les transports, dans les magasins … Votre

note, s’en prenant aux « békés », ne pourrait

 

elle pas être considérée comme un de ces cas par ces organismes ?

Selon les échos, les français « de souche » ne sont pas les champions du monde dans l’acceptation de la différence, mais ils le sont

certainement dans l’art de prodiguer des enseignements sur les manières de bien se comporter.

24

 

http://www.nddelivrande.com/histoire.html et le livre : fr. J.D. LEVESQUE « Mère Marie de la Providence, fondatrice des religieuses

missionnaires dominicaines de Notre

 

25

 

http://trinite.foyer.fr

26

 

Loïc HUYGHUESDESPOINTES : « Je briserai vos chaines », Ed. Nouvelle Cité, 1995, 260 pages.

6

Il serait fastidieux de relever tous les « békés », hommes et femmes non religieux, engagés de par le

monde dans des structures de l’Eglise, qu’elles soient caritatives, éducatives ou autres

 

27. Ainsi l’Eglise est

parsemée de « békés » qui ne semblent pas, aux yeux de ses autorités, avoir démérité.

On doit alors s’interroger sur les valeurs que véhiculent les familles de ces hommes et de ces femmes

qui ont consacré leur vie à l’annonce du message d’amour de l’Evangile et au service des autres, le plus

souvent au service des plus pauvres. Ne doit-on pas reconnaître, si on croit en elle, que l’Eglise, par

l’intermédiaire des évêques, des supérieurs des communautés ou des directeurs de ses institutions, a

reconnu en ces hommes et en ces femmes les vraies valeurs évangéliques qu’elle prône, valeurs qui sont

nées et qui ont grandi dans des creusets porteurs, fondamentalement chrétiens, ceux de leurs familles

« békées » ?

Les « békés » n’ont pas non plus été à la traine en matière d’engagements dans la société et pour le

pays. Il serait trop long de les énumérer.

Avec leurs frères des colonies de par le monde, quelle que soit la couleur de leur peau, car les balles ne

font pas la distinction, on ne saurait compter le nombre de « békés » qui ont donné leur vie

 

28 aux cours

des guerres coloniales, européennes et mondiales crées par les nations européennes, qui plus est

chrétiennes, ravageuses, insatiables en expansion, en pouvoir et en puissance, et en même temps …

donneuses de leçons

 

29.

Actuellement, les métiers et les engagements sociaux des « békés » recouvrent pratiquement toute la

palette française : la santé, l’éducation, l’agriculture, le commerce, la justice, l’armée, la religion, …

Leurs niveaux de revenu sont très variés ; on trouve aussi parmi eux des Smicards et des Rmistes.

􀂾

 

Venons-en à la place économique qu’occupent les « békés » actuellement en Martinique. D’où

tenez-vous qu’ils

 

« détiennent la plupart des richesses de l’île » ? Quelles sont vos sources ? Avez-vous

vérifié leur véracité ? Elles ne sont manifestement pas fiables si on se réfère aux documents

 

30 de l’INSEE,

27

 

Par exemple, moimême. Mon ancêtre paternel à immigré à la Martinique au milieu du 19ème siècle, à la suite de son service militaire qui

durait six années ; il venait de l’Orne, près de Sées.

Je suis arrivé en Métropole au milieu des années 1960. Après dix années d’études supérieures en Mathématiques et en Economie à Paris,

études totalement payées par des bourses ou des prêts d’Etat et des petits boulots de vacances, j’ai consacré au moins quatorze années

de ma vie professionnelle dans des structures éducatives catholiques, refusant des postes beaucoup plus rémunérateurs. Ainsi, au regard

de la définition que vous donnez du

 

« béké … descendants des esclavagistes », je réalise aujourd’hui combien les Jésuites ont pris des

risques en m’engageant pendant dix années (1988

 

1998) comme Directeur des Etudes au Lycée SainteGeneviève de Versailles (Ginette). Il

en a été de même de la tutelle catholique de la FESIC, en me recrutant et en me maintenant (1998

 

2002) comme Délégué Général de cette

Fédération des 25 Ecoles d’Ingénieurs et de Cadres de l’enseignement catholique (

 

http://www.fesic.org ) et simultanément comme

Directeur des deux concours qui conduisent aux écoles : la Sélection FESIC et le concours ECRIN. A ces derniers postes, pendant quatre ans,

j’ai eu à défendre de nombreux intérêts des Ecoles, mais aussi des cinq Cathos, en collaboration avec mon homologue de l’UDESCA. J’avais

certes dit à mes employeurs et collaborateurs, que je venais de la Martinique, mais ne connaissant pas encore votre définition

«

 

descendant des esclavagistes », je ne pouvais ni le leur dire ni les mettre en garde.

Je m’aperçois aussi aujourd’hui que je n’ai pas totalement dévoilé mon identité à mes examinateurs pendant mes études de théologie à

la Catho de Paris, à mon directeur de mémoire de Licence, théologien assomptionniste, longtemps Directeur de l’ISTR et auteur de

nombreux ouvrages, un des derniers étant « Les traces de Dieu », ou encore à cet autre éminent théologien, mon tuteur pendant une

année en séminaire de Maitrise, devenu archevêque de Strasbourg, directeur de nombreuses collections. Je suis vraiment navré de ne leur

avoir pas dit de qui je descendais. Je me hâterai bien sûr d’en informer Mgr Gérard Daucourt, Evêque de Nanterre, en lui transmettant une

copie de cette lettre, puisque je suis engagé dans le groupe diocésain des relations avec l’Islam, il pourra décider de ma collaboration en

toute connaissance de cause.

Je l’ai aussi caché au cardinal DUVAL, ayant été pendant quatre années à son Conseil pastoral en Algérie, à Pierre Claverie et aux moines

de Tibhirine, dont le frère Christian, avec lesquels j’ai beaucoup partagé. Je ne dois pas oublier Mgr Lustiger, mon aumônier d’étudiant et

mon Curé pendant des années.

Obtiendrai

 

je le pardon des hommes pour cette omission ? Personnellement, j’ai confiance dans celui de Dieu, je suis certain qu’il ne me

fera pas porter l’éventuelle faute ou responsabilité de mes ancêtres.

Si vous souhaitiez en savoir plus, je pourrais vous faire parvenir le témoignage de mon itinéraire spirituel fait au GAIC (Groupe d’Amitié

Islamo

 

Chrétienne) le 19 janvier 2009, bien avant les conflits antillais, à la demande de ses responsables. Soyez rassurés, ils sont informés,

depuis que j’ai lu la note de la DC de mars, qu’ils ont dans l’Atelier un «

 

descendants des esclavagistes ». Je préfère ne pas vous dire ce

qu’ils ont pensé des termes de la note.

28

 

Voir le documentaire « Parcours de Dissidents » d'Euzhan Palcy qui montre ce que les antillais, sans distinction de couleur, ont été capables

de faire ensemble pour rejoindre la résistance et la France libre pendant la seconde guerre mondiale et combattre pour la liberté aux côtés

du général de Gaulle» :

 

http://www.africamaat.com:80/EUZHANPALCYParcoursde

29

 

Quel bouc émissaire sera désigné pour porter la responsabilité de tous ces massacres, comme aujourd’hui les « békés » sont désignés pour

porter le colonialisme et l’esclavagisme ?

30

 

www.insee.fr/martinique et www.insee.fr/guadeloupe

Liste des pièces jointes qui vous seront adressées par mail :

 

1_Martinique_Fév 2009_Un conflit destructeur

 

2_INSEE_Les salaires dans les régions_2006

 

2_AE68_art01_Plus du tiers des emplois salariés dans la sphère publique aux Antilles

 

3_INSEE_Logement dans les DOM_MartiniqueGuadeloupeGuyane

 

3_INSEE_Guadeloupe_Logements

 

3_INSEE_Martinique_Logements

 

4_INSEE_Martinique_Etablissements et entreprises

 

4_INSEE_Guadeloupe_Etablissements et Entreprises

7

de la CCI, du CES... On constate d’abord que le poids des entreprises de « békés » dans l’économie

martiniquaise est très minoritaire (8 % de l’emploi, 14 % de l’économie marchande (PIB))

 

31. En

Guadeloupe, il est encore plus faible puisque les « békés », descendants des premiers colons, ont en

majorité disparu.

Vous trouverez toujours selon ces organismes, des éléments sur le développement des îles. Ainsi, le

rapport joint

 

32 de la CCI établi en 2004 rend compte de « 50 ans de développement économique et social

en Martinique ». Il expose que le niveau de vie a été multiplié par huit pendant cette période et, en 2000,

l'indicateur de développement humain place la Martinique en 15e position mondiale, c'est-à-dire au

niveau de développement humain du Danemark ou encore de l'Autriche (La Côte d'Ivoire étant à la 156e

place). Les îles voisines indépendantes, Ste Lucie et La Dominique, anciennes colonies anglaises, ont un

niveau de vie 4 à 5 fois inférieur. L’INSEE révèle la création, au 1

 

er janvier 2006, de quelque 30.000

entreprises à la Martinique et 40.000 en Guadeloupe. Toujours d’après l’INSEE,

 

« Les trois quarts des

logements sont des maisons individuelles »

 

et « la moitié des ménages sont propriétaires ».

Si, comme vous le dites,

 

 

« les békés représentent à peine 2 % de la population et détiennent la plupart

des richesses de l’île »,

 

comment auraient-ils pu créer et être propriétaires de toutes ces entreprises et de

tant de maisons ? Cela montre que votre affirmation est fausse. On ne peut pas dire qu’ils possèdent la

plupart des richesses puisque les chiffres montrent qu’elles sont largement partagées. La réalité

concernant les « békés » est que, malgré leur petit nombre, ils ont contribué de façon significative à la

dynamique de développement de l’île.

Toujours selon L’INSEE, on constate que les salaires du privé sont comparables sinon supérieurs aux

salaires métropolitains. J’ai déjà indiqué que les conventions collectives sont strictement celles de la

Métropole. J’attire votre attention sur le fait que, encore selon cet Institut,

 

 

« plus du tiers des salariés

actifs sont dans la sphère publique »

33

 

33 ; n’oublions pas qu’ils bénéficient tous de 40 % supplémentaire de

rémunération par rapport à leurs homologues métropolitains. Des fonctionnaires métropolitains se font

muter aux Antilles pour profiter de ce bonus non négligeable. Cela crée bien sûr un déséquilibre

préjudiciable entre le public et le privé. On n’omet pas, en plus, de noter que le montant des impôts est

diminué de 30 % aux Antilles du fait de la vie chère.

Je ne conteste pas que des produits de consommation courante soient plus chers dans ces départements

qu’en Métropole et que ce soit un réel problème pour les bas salaires. Un document joint

 

33

34 explique les

raisons et les mécanismes du surcoût des produits importés par la grande distribution. Mais, semble-t-il, la

vraie cause n’est pas là si l’on examine les points du catalogue des revendications contre

 

« la vie chère »

des Collectifs de la Guadeloupe ou de la Martinique. On s’aperçoit que, dans celui de la Guadeloupe, les

services publics sont les premiers concernés, presque exclusivement : plus de 100 fois pour l’Etat et ses

administrations et près de 80 fois pour les collectivités locales ou autres organismes locaux

 

35. On est alors

mieux informé pour situer les monopoles et reconnaître qu’ils ne sont pas tenus par les « békés » ni par

les entreprises privées.

On constate en effet que le chômage est important, plus qu’en métropole, mais pourquoi en rendre les

« békés » responsables, d’autant que plusieurs d’entre eux sont dans cette situation ? Où sont alors ceux

qui font de la « pwofitasyon» ? Pourquoi en accuser exclusivement les « békés » ? Au regard des relevés

et des analyses de l’INSEE, des administrations, du CES, de la CCI, … il importe d’être très prudent dans

la réponse si l’on ne veut pas s’éloigner de la réalité, être le vecteur de n’importe quelle grossière erreur,

stigmatiser un groupe et le blesser profondément, enfin perdre toute crédibilité

 

36.

􀂾

 

Concernant les propos d’Alain Huyghues-Despointes, rapportés par le reportage de Canal +, il est

certain que je les réprouve très fermement, je les condamne avec vigueur. Je n’y reconnais ni ma position

ni celle des « békés ». Mais, permettez que j’attende les décisions de la justice avant de condamner

l’homme. Pour l’instant une enquête est ouverte. J’attends de connaître exactement ce qu’il a dit et dans

quelles conditions. Il est possible qu’il soit coupable d’avoir dit ces paroles, la probabilité est peut-être

forte, je n’en disconviens pas, mais je n’en sais rien. Je ne présume pas a priori de sa culpabilité et je me

tais. Etait-il nécessaire, dans une note si courte, de faire état de cette accusation et de préciser les termes

radicaux de «

 

l’objet de l’information judiciaire », dont on ne sait ce qu’elle adviendra et qui pourrait

31

 

Document joint : Martinique_Fév 2009_Un conflit destructeur, page 14

32

 

Documents joints : 50 ans de progrès économique et social en Martinique _ Rapport de synthèse

 

50 ans de progrès économique et social en Martinique_Résumé

33

 

Le Secrétaire d’Etat à l’Outremer dit 40 %

34

 

 

35

 

Document joint « KKP : Plateforme de revendications …KA NOU VLE » (Ce que nous voulons)

36

 

Voir aussi l’exposé du 16 avril 2009 de Roger de JAHAM, « béké », Président de « Tous créole », à la grande loge maçonnique au temple de

Tartenson à la Martinique.

8

laisser penser, après que vous ayez parlé de «

 

descendants des esclavagistes », que ces termes

s’appliquent à tous ceux qui sont nommés en premier dans la note

 

37 ?

Par formation et par expérience, je ne me fie pas a priori aux médias, je les confronte entre eux. On a

déjà dénoncé plusieurs mensonges flagrants de ce reportage diffusé par Canal +, manifestement construit

pour appuyer une thèse préétablie et non pour informer

 

38. C’est malheureusement trop souvent le cas dans

les médias (cf. les commentaires des propos du Pape dans l’avion qui l’amenait au Cameroun

 

39), vous

comprendrez alors ma prudence.

Dans sa lettre pastorale, Mgr Méranville ne fait pas, me semble-t-il, seulement allusion aux propos

rapportés de Alain H.D, mais aussi très probablement aux autres propos racistes et anti « békés », créoles

ou métropolitains, colportés abondamment par les médias et par les rumeurs et mouvements populaires,

dont ceux qui vous ont influencé. Pensez-vous vraiment qu’il puisse adhérer à ce que vous avez écrit ?

Soyons vigilant pour ne pas affaiblir ni dénaturer son message. Homme remarquable, attentif à l’autre,

d’une spiritualité communicative, pertinent dans l’analyse, il s’adresse à l’ensemble de ses communautés,

composées de toutes les catégories de personnes ; il est pasteur de tous, qu’elle que soit la couleur de leur

peau, leur niveau social, leur histoire et les souffrances qui en résultent.

􀂾

 

Voici quelques réflexions que me suggère votre note. Elle me donne l’impression, n’ayant pas eu de

réponse à ma question sur vos sources, d’être basée sur le reportage contesté et malhonnête de Canal+,

construit sur un stéréotype primaire, ou de quelques médias et rumeurs du même niveau ou encore de

propos de pseudo-intellectuels en mal d’identité ou en recherche d’audimat.

Encore une fois, je regrette que sa formulation abrupte et sans nuance, ainsi que ses affirmations

contestables, paraisse dans la Documentation Catholique. Car votre note contribue à stigmatiser cette

petite communauté

 

40 « békée », au fer rouge de la diffamation, par l’expression «descendants

des esclavagistes »,

 

et de la désinformation en déclarant qu’ils « détiennent la plupart des richesses de

l’île

 

» ; à cause de cela, ces hommes, ces femmes et leurs enfants, oui même les enfants qui ne savent pas

encore ce que ce mot en « iste » signifie, se voient aujourd’hui montrés du doigt

 

 

 

41. Si cette communauté

peu nombreuse a tendance à un certain repli sur elle-même, comme la plupart des minorités dans un

ensemble plus vaste, elle a conscience de la souffrance ressentie encore aujourd’hui par les habitants de

ces îles qui sont descendants d’esclaves et dont elle partage la vie au quotidien au point de parler le même

créole et d’aimer les mêmes musiques.

Vous vous honoreriez un publiant un correctif, j’ose espérer que vous le ferez.

Pardon si j’ai pu vous offenser en quelque manière. Telle n’était pas mon intention, elle était

seulement de vous éclairer sur plusieurs points importants, faisant ressortir l’énormité des termes de votre

note, et de vous faire ressentir l’étendue de la blessure de certains de vos lecteurs, en particulier « békés ».

Je suis abonné depuis plusieurs années à la Documentation Catholique car je pense y trouver les textes

exacts de l’Eglise, sans qu’ils soient tronqués. C’est ce qui m’importe. Merci de nous les rapporter. Je suis

à votre disposition pour toute précision ou complément d’information. J’adresse bien sûr une copie de ma

lettre à Mgr Méranville.

Veuillez croire, Monsieur l’Abbé et toute l’équipe de rédaction en mes sentiments fraternels.

Jean LAFOSSE-MARIN

37

 

On n’a pas le droit de faire porter par un groupe la faute d’un seul ou de quelques isolés. Nos amis musulmans souffrent beaucoup

d’entendre généraliser à un milliard et demi de croyants le comportement de quelques « islamistes ». J’aime alors les entendre proclamer

en s’inclinant profondément, les mains ouvertes :

 

« Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux … Ne voistu pas que Dieu est au courant

de tout ce qui se passe dans les Cieux et sur la Terre »

 

(Coran 58/1,7).

 

38

 

A la suite de cette émission, il y eut un ouragan médiatique de désinformation, un lynchage de dénigrement et de calomnies sur les

« békés », qui n’est malheureusement pas terminé et dont les auteurs ne pourront qu’avoir honte. Votre note, courte mais cinglante, fait

malheureusement parti de ce triste mouvement. On sait aujourd’hui que SOS racisme s’est porté partie civile dans la procédure ouverte

contre Alain HD pour mettre en avant la responsabilité de Canal Plus dans le développement du racisme anti

 

béké qui a suivi son émission.

39

 

J’ai personnellement écrit au journal « Le Point » pour m’en offusquer. Je peux vous transmettre ma note.

40

 

il n’est pas nécessaire de remonter très loin dans l’histoire pour trouver des petites communautés qui se sont vues prises à partie et

agressées injustement. On sait combien les conséquences ont été tragiques. Certains docteurs et prêcheurs de morales n’ont pas eu à se

glorifier de leurs positions. On peut se demander, toujours au regard de faits historiques, si la création dans le site facebook de

l’association « AKIB » (Association koké ich béké = baiser /violer les enfants des békés) n’en est pas un signe précurseur. Une plainte a été

déposée ; SOS racisme s’est porté partie civile.

41

 

Ce doigt accusateur, justicier, qui exprime la plus vieille et plus profonde maladie de l’humanité, la racine de son péché, celle relevée dès

les premiers versets de la Bible, celle qui consiste à se défausser sur l’autre : ce n’est pas moi,

 

« …c’est la femme … c’est le serpent » ; ce

doigt qui continue d’être pointé sur l’autre, bien que Jésus l’ai retourné contre lui

 

même pour nous faire comprendre que l’on ne peut pas

dire aimer Dieu, son Père, notre Père, sans aimer son prochain, son frère, notre frère ; qu’accuser un homme injustement, c’est accuser

Dieu lui

 

même ; que ne pas se sentir « gardien de son frère » (Gn 4/9), c’est ne pas aimer Dieu


Martinique_Fév 2009_Un conflit destructeur, page 13

Dame de la Délivrande », Ed. Privat, Toulouse, 1968

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H
<br /> Se défausser sur l'autre de ses propres manquements; attitude vieille comme le monde , qui obtient toujours la même victoire mais en apparence seulement car elle soulève d'autres questions sur ceux<br /> qui s'en servent ! Les "békés" responsables de tous les maux présents et passés l'Eglise complice ; ces thèmes largement diffusés auront eu leurs effets ; ils ont rassemblé des personnes autour de<br /> la haine toujours porteuse et du refus de la civilisation dans le sens du respect de tous ,de l'ordre, de la paix , des règles de bonne société entre gens qui se connaissent encore finalement ,<br /> quel était le but de ces déstabilisateurs ? le but réel pas celui évoqué de conflit social auquel peu de gens croient ? Une tactique de prise de pouvoir qui a fait ses preuves ? (c'est le même<br /> procédé qui a commencé le conflit du Rwanda ou une communauté se déclarait esclave de l'autre qui avait "toutes les places" on connait la suite) Le mouvement a échoué ; nos compatriotes ont gardé<br /> leur calme , mais notre petite société n'est elle pas ébranlée tout de même? avons nous le même regard sur notre prochain ? selon les tempérament les uns disent on se sent plus proches les liens<br /> sont plus simples plus conviviaux , les autres pensent que quelque chose est mort que la méfiance est installée et que les gens s'éloignent se ferment , blessés des deux cotés. quoiqu'il arrive<br /> 2009 aura marqué tout le monde c'est la victoire de ceux qui cherchaient à déstabiliser une petite société relativement épargnée par les grands tourments du monde et qui y sont parvenus<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Je me retrouve beaucoup dans ce texte.<br /> Je suis né et ai toujours vécu en Métropole, mais une partie de mes ancêtres est venue en Martinique suite à la Révolution et mon Père était né à Fort de France.<br /> <br /> Comme l'auteur du texte, j'ai été blessé par ce qui a été affirmé haut et fort par les medias et pour un peu, j'aurais fini sous cette pression par renier des ancêtres plus<br /> qu'honorables et généreux.<br /> <br /> C'est donc avec un soulagement certain que je vois quelques personnes courageuses essayer de rétablir un équilibre entre une accusation omnipotente et une défense disqualifiée par avance par les<br /> medias et nombre d'intellectuels.<br /> <br /> En ce qui concerne l'esclavage, je peux confirmer qu'il est arrivé plusieurs fois à certains de mes ancêtres qui faisaient commerce de tissus en Méditerranée d'être faits prisonniers par les<br /> pirates du nord de l'Afrique et de devoir être rachetés par leur famille. Ce phénomène avait pris une telle ampleur qu'un des membres de la famille avait décidé de consacrer sa vie et sa<br /> fortune au service de l'Ordre de la Merci dont l'activité principale était d'aller racheter des européens sur les marchés aux esclaves du nord de l'Afrique pour les libérer. Autres temps, autres<br /> moeurs.<br /> <br /> J'ai appris avec étonnement que Canal+ était inculpé d'incitation à la haine raciale. Je crains qu'un procés ne nous apprenne pas grand-chose sur un monde journalistique qui cherche d'abord<br /> le lectorat ou l'audience en annonçant des choses extravagantes et qui se retranche derrière des concepts flous pour se disculper du mal fait.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre