Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
4 Février 2010
( Suite et fin)..........;établissements scolaires, avec toutes les activités annexes. Les religieuses ont aussi été très engagées dans les services des paroisses et dans l’éducation. Aujourd’hui le clergé, de toute couleur de peau, est
essentiellement séculier. Leur dévouement, immense, n’a pas failli. Jamais à ma connaissance, ils n’ont
traité un seul « béké » de
« descendant des esclavagistes » ; certes, ils connaissent l’histoire et,
d’expérience, la réalité, puisqu’ils la vivent ; ils n’ont aussi, à n’en pas douter, jamais perdu le sens de la
mesure, de la dignité et du respect des personnes. Leurs paroissiens, quels qu’ils soient, ont eu les mêmes
prêches. Comme mes parents, mes frères, mes cousins et autres « békés », j’ai personnellement fait toutes
mes études secondaires, avec mes camarades, noirs et métis (les plus nombreux) ou blancs, ou chinois, ou
indiens, ou d’origine libanaise, syrienne, … dans un établissement tenu par les pères spiritains à Fort-de-
France
22. Mes soeurs étaient chez les religieuses, avec des camarades de toutes origines.
Ces religieux et religieuses ont formé, accompagné, éduqué des milliers d’enfants, d’adolescents,
d’adultes, célibataires ou mariés, à tous les stades de leur vie et dans des mouvements chrétiens aussi
nombreux et variés que ceux de métropole, sans distinction et en toute mixité ethnique. Ainsi je crains
qu’en laissant comprendre, par ce mot d’
« esclavagiste », que les « békés » en général ne gardent de leur
passé que des relents de supériorité, de racisme…
23, on en vienne à faire porter une part de la
responsabilité à ces religieux et religieuses et donc à l’Eglise. Ce qui reviendrait à la suspecter, ou bien de
n’avoir pas su appeler à son service des hommes et des femmes capables de porter ses valeurs, ou bien de
leur avoir demandé de transmettre de façon discriminante les valeurs chrétiennes aux uns et des valeurs
négatives aux « békés ». Ceci est illogique et inconvenant. Je suis infiniment reconnaissant à ces hommes
et à ces femmes, mes éducateurs, et à mes parents pour ce qu’ils m’ont transmis et de m’avoir ouvert à
l’Evangile, à l’amour de Dieu et à son projet pour l’homme, et de m’avoir fait comprendre que l’amour
du prochain est le point de passage obligé vers le Dieu de Jésus-Christ.
On constate que depuis l’abolition de l’esclavage, nombre d’hommes et de femmes « békés » ont
consacré leur vie au service de l’Eglise, comme religieux ou religieuses, dans les îles ou en mission en
Afrique ou sur d’autres continents. On dénombre plusieurs Spiritains. Citons les fondatrices « békées »,
Laure Sabès et sa soeur, de la congrégation des « Dominicaines de la Délivrande » en 1868, congrégation
aujourd’hui présente dans plusieurs pays pauvres du monde
24 ; une soeur de ma mère, « békée » comme
elle, en a été supérieure en plusieurs endroits du monde, dont en Algérie. Il y a la fondation du Foyer de
Charité de la Martinique
25, par le frère « béké » de ma mère, dans la propriété de ses parents, lesquels ne
se sont certainement pas enrichis par cette transaction. Il y a le foyer de Charité du Cap des Biches au
Sénégal qu’une autre soeur de ma mère a contribué à fonder dans les années 60, elle y a passé 35 ans. Une
3
ème soeur de ma mère, elle aussi religieuse, a été éducatrice d’enfants handicapés mentaux. Reconnaissons
que sur leurs neuf enfants, mes grands parents ont fait fort. Ce ne sont pas des cas particuliers. On peut
citer le précédent Prieur de Solesmes, encore un « béké ». On pourrait nommer beaucoup d’autres prêtres
« békés » : le Père Gallet, missionnaire pendant 40 ans au Sénégal, les Pères de Reynal, de Lavigne,
Despointes, de Jaham, de Laguarigue, … Il y a bien sûr des religieuses « békées » : de Gentile, Gallet, de
Reynal, Langellier (25 ans récemment en Algérie)… Ainsi, de nombreuses familles « békées » ont donné
un ou plusieurs de leurs enfants, garçon ou fille, à l’Eglise. Ces dernières années, le Vatican lui-même a
employé un « béké ». J’allais oublier de vous inviter à lire et à promouvoir le livre ayant pour titre
« Je
briserai vos chaines »
26,26, écrit par un autre prêtre « béké », sur le fondateur, Jean de Matha, des Trinitaires,
ordre auquel il appartient lui-même.
26,
22
Mes premiers camarades et mes amis les plus chers, ceux avec lesquels j’ai le plus d’expériences d’enfance, d’adolescence, de
mouvements de jeunes (scoutisme…), d’étudiant, les âges où nous nous constituons humainement, ne sont pas seulement blancs. Il est
évident que nous, « békés », n’avons pas reniés nos amis d’enfance. Que savent des relations et du dialogue interracial ceux qui n’ont
jamais vécu dans un tel contexte et qui donnent des leçons théoriques extraites de livres ?
23
Je ne prétends absolument pas que ces départements soient exempts de cas de racisme ou d’autres comportements condamnables.
Mais où est la société idéale ? Je constate cependant que les organismes qui luttent contre de telles attitudes : SOS racisme, la LICRA, la
Ligue des Droit de l’Homme, La HALDE… et les tribunaux sont submergés de cas régulièrement relevés dans l’hexagone métropolitain,
contre les immigrés, les étrangers, les noirs, les arabes, les juifs, les musulmans, les Roms, les tziganes, les femmes, les homosexuels, …
relativement aux coutumes, à l’emploi, aux logements, à l’Education, aux services publics … , dans les transports, dans les magasins … Votre
note, s’en prenant aux « békés », ne pourrait
‐elle pas être considérée comme un de ces cas par ces organismes ?
Selon les échos, les français « de souche » ne sont pas les champions du monde dans l’acceptation de la différence, mais ils le sont
certainement dans l’art de prodiguer des enseignements sur les manières de bien se comporter.
24
http://www.nddelivrande.com/histoire.html et le livre : fr. J.D. LEVESQUE « Mère Marie de la Providence, fondatrice des religieuses
missionnaires dominicaines de Notre
25
http://trinite.foyer.fr
26
Loïc HUYGHUES‐DESPOINTES : « Je briserai vos chaines », Ed. Nouvelle Cité, 1995, 260 pages.
6
Il serait fastidieux de relever tous les « békés », hommes et femmes non religieux, engagés de par le
monde dans des structures de l’Eglise, qu’elles soient caritatives, éducatives ou autres
27. Ainsi l’Eglise est
parsemée de « békés » qui ne semblent pas, aux yeux de ses autorités, avoir démérité.
On doit alors s’interroger sur les valeurs que véhiculent les familles de ces hommes et de ces femmes
qui ont consacré leur vie à l’annonce du message d’amour de l’Evangile et au service des autres, le plus
souvent au service des plus pauvres. Ne doit-on pas reconnaître, si on croit en elle, que l’Eglise, par
l’intermédiaire des évêques, des supérieurs des communautés ou des directeurs de ses institutions, a
reconnu en ces hommes et en ces femmes les vraies valeurs évangéliques qu’elle prône, valeurs qui sont
nées et qui ont grandi dans des creusets porteurs, fondamentalement chrétiens, ceux de leurs familles
« békées » ?
Les « békés » n’ont pas non plus été à la traine en matière d’engagements dans la société et pour le
pays. Il serait trop long de les énumérer.
Avec leurs frères des colonies de par le monde, quelle que soit la couleur de leur peau, car les balles ne
font pas la distinction, on ne saurait compter le nombre de « békés » qui ont donné leur vie
28 aux cours
des guerres coloniales, européennes et mondiales crées par les nations européennes, qui plus est
chrétiennes, ravageuses, insatiables en expansion, en pouvoir et en puissance, et en même temps …
donneuses de leçons
29.
Actuellement, les métiers et les engagements sociaux des « békés » recouvrent pratiquement toute la
palette française : la santé, l’éducation, l’agriculture, le commerce, la justice, l’armée, la religion, …
Leurs niveaux de revenu sont très variés ; on trouve aussi parmi eux des Smicards et des Rmistes.
Venons-en à la place économique qu’occupent les « békés » actuellement en Martinique. D’où
tenez-vous qu’ils
« détiennent la plupart des richesses de l’île » ? Quelles sont vos sources ? Avez-vous
vérifié leur véracité ? Elles ne sont manifestement pas fiables si on se réfère aux documents
30 de l’INSEE,
27
Par exemple, moi‐même. Mon ancêtre paternel à immigré à la Martinique au milieu du 19ème siècle, à la suite de son service militaire qui
durait six années ; il venait de l’Orne, près de Sées.
Je suis arrivé en Métropole au milieu des années 1960. Après dix années d’études supérieures en Mathématiques et en Economie à Paris,
études totalement payées par des bourses ou des prêts d’Etat et des petits boulots de vacances, j’ai consacré au moins quatorze années
de ma vie professionnelle dans des structures éducatives catholiques, refusant des postes beaucoup plus rémunérateurs. Ainsi, au regard
de la définition que vous donnez du
« béké … descendants des esclavagistes », je réalise aujourd’hui combien les Jésuites ont pris des
risques en m’engageant pendant dix années (1988
‐1998) comme Directeur des Etudes au Lycée Sainte‐Geneviève de Versailles (Ginette). Il
en a été de même de la tutelle catholique de la FESIC, en me recrutant et en me maintenant (1998
‐2002) comme Délégué Général de cette
Fédération des 25 Ecoles d’Ingénieurs et de Cadres de l’enseignement catholique (
http://www.fesic.org ) et simultanément comme
Directeur des deux concours qui conduisent aux écoles : la Sélection FESIC et le concours ECRIN. A ces derniers postes, pendant quatre ans,
j’ai eu à défendre de nombreux intérêts des Ecoles, mais aussi des cinq Cathos, en collaboration avec mon homologue de l’UDESCA. J’avais
certes dit à mes employeurs et collaborateurs, que je venais de la Martinique, mais ne connaissant pas encore votre définition
«
descendant des esclavagistes », je ne pouvais ni le leur dire ni les mettre en garde.
Je m’aperçois aussi aujourd’hui que je n’ai pas totalement dévoilé mon identité à mes examinateurs pendant mes études de théologie à
la Catho de Paris, à mon directeur de mémoire de Licence, théologien assomptionniste, longtemps Directeur de l’ISTR et auteur de
nombreux ouvrages, un des derniers étant « Les traces de Dieu », ou encore à cet autre éminent théologien, mon tuteur pendant une
année en séminaire de Maitrise, devenu archevêque de Strasbourg, directeur de nombreuses collections. Je suis vraiment navré de ne leur
avoir pas dit de qui je descendais. Je me hâterai bien sûr d’en informer Mgr Gérard Daucourt, Evêque de Nanterre, en lui transmettant une
copie de cette lettre, puisque je suis engagé dans le groupe diocésain des relations avec l’Islam, il pourra décider de ma collaboration en
toute connaissance de cause.
Je l’ai aussi caché au cardinal DUVAL, ayant été pendant quatre années à son Conseil pastoral en Algérie, à Pierre Claverie et aux moines
de Tibhirine, dont le frère Christian, avec lesquels j’ai beaucoup partagé. Je ne dois pas oublier Mgr Lustiger, mon aumônier d’étudiant et
mon Curé pendant des années.
Obtiendrai
‐je le pardon des hommes pour cette omission ? Personnellement, j’ai confiance dans celui de Dieu, je suis certain qu’il ne me
fera pas porter l’éventuelle faute ou responsabilité de mes ancêtres.
Si vous souhaitiez en savoir plus, je pourrais vous faire parvenir le témoignage de mon itinéraire spirituel fait au GAIC (Groupe d’Amitié
Islamo
‐Chrétienne) le 19 janvier 2009, bien avant les conflits antillais, à la demande de ses responsables. Soyez rassurés, ils sont informés,
depuis que j’ai lu la note de la DC de mars, qu’ils ont dans l’Atelier un «
descendants des esclavagistes ». Je préfère ne pas vous dire ce
qu’ils ont pensé des termes de la note.
28
Voir le documentaire « Parcours de Dissidents » d'Euzhan Palcy qui montre ce que les antillais, sans distinction de couleur, ont été capables
de faire ensemble pour rejoindre la résistance et la France libre pendant la seconde guerre mondiale et combattre pour la liberté aux côtés
du général de Gaulle» :
http://www.africamaat.com:80/EUZHAN‐PALCY‐Parcours‐de
29
Quel bouc émissaire sera désigné pour porter la responsabilité de tous ces massacres, comme aujourd’hui les « békés » sont désignés pour
porter le colonialisme et l’esclavagisme ?
30
www.insee.fr/martinique et www.insee.fr/guadeloupe
Liste des pièces jointes qui vous seront adressées par mail :
‐
1_Martinique_Fév 2009_Un conflit destructeur
‐
2_INSEE_Les salaires dans les régions_2006
‐
2_AE68_art01_Plus du tiers des emplois salariés dans la sphère publique aux Antilles
‐
3_INSEE_Logement dans les DOM_Martinique‐Guadeloupe‐Guyane
‐
3_INSEE_Guadeloupe_Logements
‐
3_INSEE_Martinique_Logements
‐
4_INSEE_Martinique_Etablissements et entreprises
‐
4_INSEE_Guadeloupe_Etablissements et Entreprises
7
de la CCI, du CES... On constate d’abord que le poids des entreprises de « békés » dans l’économie
martiniquaise est très minoritaire (8 % de l’emploi, 14 % de l’économie marchande (PIB))
31. En
Guadeloupe, il est encore plus faible puisque les « békés », descendants des premiers colons, ont en
majorité disparu.
Vous trouverez toujours selon ces organismes, des éléments sur le développement des îles. Ainsi, le
rapport joint
32 de la CCI établi en 2004 rend compte de « 50 ans de développement économique et social
en Martinique ». Il expose que le niveau de vie a été multiplié par huit pendant cette période et, en 2000,
l'indicateur de développement humain place la Martinique en 15e position mondiale, c'est-à-dire au
niveau de développement humain du Danemark ou encore de l'Autriche (La Côte d'Ivoire étant à la 156e
place). Les îles voisines indépendantes, Ste Lucie et La Dominique, anciennes colonies anglaises, ont un
niveau de vie 4 à 5 fois inférieur. L’INSEE révèle la création, au 1
er janvier 2006, de quelque 30.000
entreprises à la Martinique et 40.000 en Guadeloupe. Toujours d’après l’INSEE,
« Les trois quarts des
logements sont des maisons individuelles »
et « la moitié des ménages sont propriétaires ».
Si, comme vous le dites,
« les békés représentent à peine 2 % de la population et détiennent la plupart
des richesses de l’île »,
comment auraient-ils pu créer et être propriétaires de toutes ces entreprises et de
tant de maisons ? Cela montre que votre affirmation est fausse. On ne peut pas dire qu’ils possèdent la
plupart des richesses puisque les chiffres montrent qu’elles sont largement partagées. La réalité
concernant les « békés » est que, malgré leur petit nombre, ils ont contribué de façon significative à la
dynamique de développement de l’île.
Toujours selon L’INSEE, on constate que les salaires du privé sont comparables sinon supérieurs aux
salaires métropolitains. J’ai déjà indiqué que les conventions collectives sont strictement celles de la
Métropole. J’attire votre attention sur le fait que, encore selon cet Institut,
« plus du tiers des salariés
actifs sont dans la sphère publique »
3333 ; n’oublions pas qu’ils bénéficient tous de 40 % supplémentaire de
rémunération par rapport à leurs homologues métropolitains. Des fonctionnaires métropolitains se font
muter aux Antilles pour profiter de ce bonus non négligeable. Cela crée bien sûr un déséquilibre
préjudiciable entre le public et le privé. On n’omet pas, en plus, de noter que le montant des impôts est
diminué de 30 % aux Antilles du fait de la vie chère.
Je ne conteste pas que des produits de consommation courante soient plus chers dans ces départements
qu’en Métropole et que ce soit un réel problème pour les bas salaires. Un document joint
33
34 explique les
raisons et les mécanismes du surcoût des produits importés par la grande distribution. Mais, semble-t-il, la
vraie cause n’est pas là si l’on examine les points du catalogue des revendications contre
« la vie chère »
des Collectifs de la Guadeloupe ou de la Martinique. On s’aperçoit que, dans celui de la Guadeloupe, les
services publics sont les premiers concernés, presque exclusivement : plus de 100 fois pour l’Etat et ses
administrations et près de 80 fois pour les collectivités locales ou autres organismes locaux
35. On est alors
mieux informé pour situer les monopoles et reconnaître qu’ils ne sont pas tenus par les « békés » ni par
les entreprises privées.
On constate en effet que le chômage est important, plus qu’en métropole, mais pourquoi en rendre les
« békés » responsables, d’autant que plusieurs d’entre eux sont dans cette situation ? Où sont alors ceux
qui font de la « pwofitasyon» ? Pourquoi en accuser exclusivement les « békés » ? Au regard des relevés
et des analyses de l’INSEE, des administrations, du CES, de la CCI, … il importe d’être très prudent dans
la réponse si l’on ne veut pas s’éloigner de la réalité, être le vecteur de n’importe quelle grossière erreur,
stigmatiser un groupe et le blesser profondément, enfin perdre toute crédibilité
36.
Concernant les propos d’Alain Huyghues-Despointes, rapportés par le reportage de Canal +, il est
certain que je les réprouve très fermement, je les condamne avec vigueur. Je n’y reconnais ni ma position
ni celle des « békés ». Mais, permettez que j’attende les décisions de la justice avant de condamner
l’homme. Pour l’instant une enquête est ouverte. J’attends de connaître exactement ce qu’il a dit et dans
quelles conditions. Il est possible qu’il soit coupable d’avoir dit ces paroles, la probabilité est peut-être
forte, je n’en disconviens pas, mais je n’en sais rien. Je ne présume pas a priori de sa culpabilité et je me
tais. Etait-il nécessaire, dans une note si courte, de faire état de cette accusation et de préciser les termes
radicaux de «
l’objet de l’information judiciaire », dont on ne sait ce qu’elle adviendra et qui pourrait
31
Document joint : Martinique_Fév 2009_Un conflit destructeur, page 14
32
Documents joints : ‐ 50 ans de progrès économique et social en Martinique _ Rapport de synthèse
‐
50 ans de progrès économique et social en Martinique_Résumé
33
Le Secrétaire d’Etat à l’Outre‐mer dit 40 %
34
35
Document joint « KKP : Plateforme de revendications …KA NOU VLE » (Ce que nous voulons)
36
Voir aussi l’exposé du 16 avril 2009 de Roger de JAHAM, « béké », Président de « Tous créole », à la grande loge maçonnique au temple de
Tartenson à la Martinique.
8
laisser penser, après que vous ayez parlé de «
descendants des esclavagistes », que ces termes
s’appliquent à tous ceux qui sont nommés en premier dans la note
37 ?
Par formation et par expérience, je ne me fie pas a priori aux médias, je les confronte entre eux. On a
déjà dénoncé plusieurs mensonges flagrants de ce reportage diffusé par Canal +, manifestement construit
pour appuyer une thèse préétablie et non pour informer
38. C’est malheureusement trop souvent le cas dans
les médias (cf. les commentaires des propos du Pape dans l’avion qui l’amenait au Cameroun
39), vous
comprendrez alors ma prudence.
Dans sa lettre pastorale, Mgr Méranville ne fait pas, me semble-t-il, seulement allusion aux propos
rapportés de Alain H.D, mais aussi très probablement aux autres propos racistes et anti « békés », créoles
ou métropolitains, colportés abondamment par les médias et par les rumeurs et mouvements populaires,
dont ceux qui vous ont influencé. Pensez-vous vraiment qu’il puisse adhérer à ce que vous avez écrit ?
Soyons vigilant pour ne pas affaiblir ni dénaturer son message. Homme remarquable, attentif à l’autre,
d’une spiritualité communicative, pertinent dans l’analyse, il s’adresse à l’ensemble de ses communautés,
composées de toutes les catégories de personnes ; il est pasteur de tous, qu’elle que soit la couleur de leur
peau, leur niveau social, leur histoire et les souffrances qui en résultent.
Voici quelques réflexions que me suggère votre note. Elle me donne l’impression, n’ayant pas eu de
réponse à ma question sur vos sources, d’être basée sur le reportage contesté et malhonnête de Canal+,
construit sur un stéréotype primaire, ou de quelques médias et rumeurs du même niveau ou encore de
propos de pseudo-intellectuels en mal d’identité ou en recherche d’audimat.
Encore une fois, je regrette que sa formulation abrupte et sans nuance, ainsi que ses affirmations
contestables, paraisse dans la Documentation Catholique. Car votre note contribue à stigmatiser cette
petite communauté
40 « békée », au fer rouge de la diffamation, par l’expression «descendants
des esclavagistes »,
et de la désinformation en déclarant qu’ils « détiennent la plupart des richesses de
l’île
» ; à cause de cela, ces hommes, ces femmes et leurs enfants, oui même les enfants qui ne savent pas
encore ce que ce mot en « iste » signifie, se voient aujourd’hui montrés du doigt
41. Si cette communauté
peu nombreuse a tendance à un certain repli sur elle-même, comme la plupart des minorités dans un
ensemble plus vaste, elle a conscience de la souffrance ressentie encore aujourd’hui par les habitants de
ces îles qui sont descendants d’esclaves et dont elle partage la vie au quotidien au point de parler le même
créole et d’aimer les mêmes musiques.
Vous vous honoreriez un publiant un correctif, j’ose espérer que vous le ferez.
Pardon si j’ai pu vous offenser en quelque manière. Telle n’était pas mon intention, elle était
seulement de vous éclairer sur plusieurs points importants, faisant ressortir l’énormité des termes de votre
note, et de vous faire ressentir l’étendue de la blessure de certains de vos lecteurs, en particulier « békés ».
Je suis abonné depuis plusieurs années à la Documentation Catholique car je pense y trouver les textes
exacts de l’Eglise, sans qu’ils soient tronqués. C’est ce qui m’importe. Merci de nous les rapporter. Je suis
à votre disposition pour toute précision ou complément d’information. J’adresse bien sûr une copie de ma
lettre à Mgr Méranville.
Veuillez croire, Monsieur l’Abbé et toute l’équipe de rédaction en mes sentiments fraternels.
Jean LAFOSSE-MARIN
37
On n’a pas le droit de faire porter par un groupe la faute d’un seul ou de quelques isolés. Nos amis musulmans souffrent beaucoup
d’entendre généraliser à un milliard et demi de croyants le comportement de quelques « islamistes ». J’aime alors les entendre proclamer
en s’inclinant profondément, les mains ouvertes :
« Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux … Ne vois‐tu pas que Dieu est au courant
de tout ce qui se passe dans les Cieux et sur la Terre »
(Coran 58/1,7).
38
A la suite de cette émission, il y eut un ouragan médiatique de désinformation, un lynchage de dénigrement et de calomnies sur les
« békés », qui n’est malheureusement pas terminé et dont les auteurs ne pourront qu’avoir honte. Votre note, courte mais cinglante, fait
malheureusement parti de ce triste mouvement. On sait aujourd’hui que SOS racisme s’est porté partie civile dans la procédure ouverte
contre Alain HD pour mettre en avant la responsabilité de Canal Plus dans le développement du racisme anti
‐béké qui a suivi son émission.
39
J’ai personnellement écrit au journal « Le Point » pour m’en offusquer. Je peux vous transmettre ma note.
40
il n’est pas nécessaire de remonter très loin dans l’histoire pour trouver des petites communautés qui se sont vues prises à partie et
agressées injustement. On sait combien les conséquences ont été tragiques. Certains docteurs et prêcheurs de morales n’ont pas eu à se
glorifier de leurs positions. On peut se demander, toujours au regard de faits historiques, si la création dans le site facebook de
l’association « AKIB » (Association koké ich béké = baiser /violer les enfants des békés) n’en est pas un signe précurseur. Une plainte a été
déposée ; SOS racisme s’est porté partie civile.
41
Ce doigt accusateur, justicier, qui exprime la plus vieille et plus profonde maladie de l’humanité, la racine de son péché, celle relevée dès
les premiers versets de la Bible, celle qui consiste à se défausser sur l’autre : ce n’est pas moi,
« …c’est la femme … c’est le serpent » ; ce
doigt qui continue d’être pointé sur l’autre, bien que Jésus l’ai retourné contre lui
‐même pour nous faire comprendre que l’on ne peut pas
dire aimer Dieu, son Père, notre Père, sans aimer son prochain, son frère, notre frère ; qu’accuser un homme injustement, c’est accuser
Dieu lui
‐même ; que ne pas se sentir « gardien de son frère » (Gn 4/9), c’est ne pas aimer Dieu
‐Dame de la Délivrande », Ed. Privat, Toulouse, 1968