10 Août 2010
La violence des jeunes en Guadeloupe.
Depuis quelques mois, un bruit se développe insidieusement dans les médias, et en particulier dans les médias participatifs, moins sujets aux filtres rédactionnels
et politiques des grands journaux. C’est celui de la sécurité et de la violence, couple infernal qui pourrit la vie des guadeloupéens . Meurtre entre jeunes, viol, agression, trafics… une litanie
qui tend à s’accélérer et à se banaliser – ce qui ne veut pas dire qu’elle soit considérée distraitement par « l’opinion ». Il n’y a qu’à voir combien les articles notamment dans FRANCE ANTILLES
relatant des épisodes de ce type figurent en bonne place dans les classements des billets les plus lus et les plus commentés, dans la presse en ligne. Chaque fait-divers contribue à accroître le
sentiment d’un monde menaçant, avec comme épicentre de la violence les quartiers de la périphérie ABYMES / POINTE A PITRE surtout . La thématique n’est pas neuve. Mais elle prend désormais un
tour nouveau dont est très emblématique le fait que la Guadeloupe soit classée comme département le plus violent de FRANCE : alors que la violence avait longtemps été contenue dans les
périphéries urbaines, elle « descend » désormais dans la ville voire même gangréne les campagnes. Ce qui change radicalement l’équilibre tacitement approuvé jusque là par la société, avec d’un
côté des centres-villes et des campagnes propres et calmes, et de l’autre des quartiers-ghettos agissant comme des poches de concentration de la misère et de ses conséquences ( le chomage et
l'insécurité )
.
Las, le précédent du “péché de naïveté” revient à Lionel Jospin lui-même, qui avait donné le bâton en 2002. Coincé sur l’insécurité, il avait alors reconnu
:
“Sur la question de l’insécurité, j’ai pêché par naïveté. Je me disais pendant un certain temps que si on fait reculer le chômage, on fera reculer
l'insécurité."
Propos en forme d'autocritique de la part d'un ancien dirigeant socialiste.
M JALTON qui a récemment dans une tribune dénoncé le chomage massif des jeunes comme cause de la violence , ne connaît malheureusement pas la réalité de la
délinquance en Guadeloupe et dans certains cas, de plus en plus nombreux, de sa radicalisation, qu'une police de proximité ne résoudra certainement pas.
Les vieux démons et l'angélisme socialisme dont l'inefficacité est avérée doivent être oubliés.
L'autorité ferme de l'Etat doit être de toute urgence réaffirmée et plutôt que de critiquer les responsables politiques, faire payer aux jeunes et à leurs parents
déficients la note pour rembourser leurs délits ou dégradations.
Le discours gentillet des pseudos élites gauchistes sur la jeunesse favorise l'émergence de jeunes délinquants persuadés de leur toute puissance. Conjuguée avec la
précarité accélérée par la crise et l'effondrement de la cellule familiale ce phénomène joue un rôle dans la montée des actes de barbarie et d'ultra-violence que l'on constate dans le département
le plus violent de FRANCE. La stupeur de certains commentateurs m’étonne. Depuis des années, une partie de nos élites s’est enfermée dans une « bulle » qui se rêve pacifiée et hygiéniste, un
mixte d’angélisme et de cécité niant ces phénomènes avec un discours lénifiant sur le chomage de la jeunesse, nourri par l’idée que tout est affaire de conditions économiques et sociales… Il faut
rompre avec cette illusion d’une extériorité du mal à la personne humaine, comme si toute pulsion d’agressivité n’était qu’un pur produit des conditions sociales et d’institutions défectueuses et
qu’il suffirait donc de les changer pour que s’institue le « meilleur des mondes ». Un gauchisme post-soixante-huitard et « nationaliste » a triomphé par étapes dans la gauche
guadeloupéenne, conduisant une bonne partie de celle-ci à rompre avec l’anthropologie républicaine traditionnelle marquée par une vision beaucoup plus réaliste et responsable de
l’homme.
Des jeunes en crise
d’identité
De nos jours, l’entrée du jeune dans notre société d’adultes en tant que citoyen actif à part entière se fait plus tardivement qu’autrefois. Actuellement, la situation économique induit souvent
un état intermédiaire d’inactivité, source de mal-être et donc de déviance.
L’adolescence est une phase de transition importante. Le jeune est en pleine recherche d’identification avec assimilation et mimétisme d’un héros, le plus souvent pris parmi des « stars du rap »
et qui deviennent ses références. Dans certains cas, il y a un mimétisme du « grand frère » : pour certains des plus jeunes, les héros sont les caïds des quartiers de LACROIX et autres.
Les personnalités publiques peuvent avoir un rôle important dans le transfert de certaines valeurs humaines et de citoyenneté. Néanmoins, le prestige social est aujourd’hui davantage lié à
l’argent et aux valeurs matérielles qu’au rôle que l’on joue au sein de la collectivité. La construction de l’individu ne s’effectue plus par rapport au groupe et donc au rôle qu’il devra y
tenir, mais par rapport à la satisfaction de désirs immédiats, que certains sont prêts à assouvir par la violence. La construction du citoyen guadeloupéen est par conséquent mécaniquement en
crise.
L’adolescence est une période de dépréciation de soi. Cela peut amener le jeune à prouver qu’il existe par la violence.
L’adolescence est aussi et surtout la période du déni, du refus du cadre et des règles de la société avec un besoin de transgresser. Une grande importance est en revanche accordée à l’avis et au
comportement des pairs et des modèles.
Les facteurs individuels :
La cellule familiale, premier cercle de construction de l’individu
Même si elle ne peut seule être tenue pour responsable, une carence familiale sous-tend fréquemment des problèmes de violences. La famille est le premier lieu d’éducation et de socialisation de
l’enfant. Ce devrait être le premier cercle de structuration .
Mais, de nos jours surtout en Guadeloupe, la cellule familiale est souvent déstabilisée : diminution du temps consacré aux enfants, absence des grands-parents, disparition de l’autorité
paternelle du fait de la multiplication des familles mono parentales, divorces, voire parents contre-modèles….L’apprentissage de la violence peut aussi se faire à travers les violences
intra-familiales ( 1ére source de violence en Guadeloupe ).
Un facteur plus endogène : la personnalité du délinquant :
il existe des facteurs de risque de délinquance chez le jeune. Le jeune déstructuré peut fuir vers la mort physique en passant à l’acte par des méthodes de suicide “traditionnelles” ou bien, il
peut plonger dans une mort sociale en exprimant sa violence par des actes antisociaux, lesquels sont en réalité la traduction d’un mal-être profond et d’un besoin de
communication.
Cause et parfois conséquence de la délinquance : le problème de la
toxicomanie :
L’usage de la drogue chez un mineur est un facteur d’inadaptation parmi d’autres. À la fois cause et conséquence du mal-être des jeunes, les consommations régulières de tabac et d’alcool sont des
facteurs de risques de toxicomanie par recherche de sensations toujours plus vives. Le besoin d’argent pour acheter la drogue pousse aux vols avec ou sans violence et de plus, l’emprise de la
drogue entraîne une altération profonde de la personnalité qui pousse à la récidive. Ce problème de toxicomanie soutient également l’activité de certaines bandes qui vivent de ce trafic et
entretiennent ainsi une véritable économie parallèle comme dans beaucoup de quartiers de la périphérie pointoise.
Les facteurs organisationnels et environnementaux :
L’éducation est la pierre angulaire de l’harmonie sociale :
30 % des élèves qui entrent en sixième dans l'académie de la Guadeloupe ne savent pas utiliser correctement la langue française : 20% d’entre eux sont en détresse profonde de lecture et 40% de
médiocres lecteurs. Ainsi, ces élèves se retrouvent plus facilement en situation d’échec scolaire, situation qui fait le lit de la délinquance.
De plus, dans certains établissements, il se crée un climat de dénigrement de la réussite et de l’effort : pour ne pas être marginalisé, certains élèves créent une nouvelle norme en adoptant un
comportement négatif.
L’échec scolaire est en corrélation directe avec la déscolarisation des mineurs. L’inadaptation scolaire habitue à vivre en marge des règles sociales, l’apprentissage se fait alors dans la rue,
parfois au contact de plus grands ayant eux-mêmes connu l’échec scolaire. Pourtant l’école est un lieu d’instruction et de socialisation ; c’est l’antichambre de la société adulte. Par ailleurs,
tout comme l’autorité du père, le respect du professeur a été aboli. Et pour un jeune en voie de marginalisation, l’enseignant n’est qu’un représentant d’une institution qu’il rejette.
Enfin, parallèlement au déclin des valeurs religieuses, la désuétude de l’éducation civique à l’école est un fait aggravant.
Un autre facteur aggravant : l’urbanisation :
L’architecture et l’insalubrité de certains quartiers de PAP ou des ABYMES ne sont pas seuls responsables des actes de violence. Il y a dans les cités une forte concentration de jeunes et
d’adultes qui ne travaillent pas et restent dans le même endroit; il y a là un climat de forte tension. Dans les grands ensembles , la densité de population et la proportion importante de la
classe d’âge 12-25 ans au chomage et en pertes de repéres, font que l’agressivité est omniprésente.
Toutefois, les conditions socio-économiques ne sont qu’une composante parmi d’autres facteurs de délinquance.Une socialisation plus délicate : les jeunes issus de l’immigration haitienne ou
dominicaise:
L’image de la grande majorité des immigrés est pénalisée par l’impunité et la violence d’une minorité. On constate cependant certains éléments importants à prendre en compte :
— La carte des quartiers, des villes à forte concentration de population immigrée recoupe la carte des violences urbaines et celle des violences scolaires ;
— Les troubles en matiére de délinquance viennent le plus souvent des immigrés de deuxième génération qui sont nés sur le sol de la Guadeloupe, et la criminalité provient d'étrangers en situation
irréguliére en Guadeloupe.
— La différence SOCIALE et culturelle joue un rôle important, en premier lieu pour l’immigration originaire de la DOMINIQUE ET D'HAITI.
Par ailleurs, l’intégration sociale des enfants d’émigrés se fait de moins en moins par l’école. Notre système scolaire est à la base de l’intégration, mais il a cessé de diffuser les valeurs
collectives d’identification. Comme pour les autres jeunes Guadeloupéens , une action doit être menée afin que ces jeunes ne plongent pas dans un système qui les mèneraient vers l’isolement
communautaire et le rejet de la culture FRANCAISE.
Le chômage :
On constate une forte augmentation de la violence urbaine dans les quartiers où le taux de chômage est important, où il y a une forte immigration, où les familles sont souvent nombreuses, où la
population des moins de 20 ans est presque majoritaire. Cependant, dans les années 60 en Guadeloupe le chômage était massif, la misère beaucoup plus grande qu’aujourd’hui et pourtant les jeunes
chômeurs ne tombaient pas si facilement dans la délinquance. Au contraire, par exemple dans la FRANCE de pleine croissance des années 1960 à 1975, on a connu à la fois un faible chômage et une
forte augmentation de la criminalité.
Si le chômage joue indéniablement un rôle, il y a surtout une perte des repères : le bon exemple n’est pas donné par la société des adultes. Ainsi, est-il devenu presque normal de faire aboutir
des revendications socioprofessionnelles en détruisant impunément des lieux publics et des entreprises comme on l'a vu pendant la crise LKP. Le mauvais exemple peut également être donné par la
politique et l'anarcho - syndicalisme. Et l’économie souterraine très présente en Guadeloupe, achève de décrédibiliser le travail.
Les médias : reflet d’une perte de repères structurants :
Si l’on admet que les médias peuvent influencer les gens par des messages politiques, culturels et de consommation, on ne peut pas nier l’influence de certaines images de violence et d’actes de
délinquance. Le principe de précaution si souvent invoqué dans d’autres dossiers doit nous pousser à promouvoir une politique volontariste de maîtrise de la diffusion de thèmes violents, en
particulier à la télévision.
La perte d’un diffuseur de valeurs : la pratique religieuse
chrétienne :
Les valeurs autrefois portées par l’Église en Guadeloupe et fortement ancrées dans l’inconscient collectif ont été très altérées. Le principal problème est que les forces qui ont porté des coups
aux valeurs judéo-chrétiennes n’ont pas éprouvé le besoin de les compenser par d’autres systèmes de valeurs tout autant susceptibles d’endiguer les dérives.
Alors comment s'en sortir ? Il reste la répression doublée d'une rééducation pour les plus jeunes, ceux que l'on peut encore espérer sauver. Au lieu de mettre certains jeunes en prison, je serai
d'avis de leur imposer un service militaire type RSMA d'une durée déterminée par un tribunal, avec éloignement (envoyé dans une autre région). Un an, deux ans, trois ans à ce régime là, en leur
apprenant parallèlement un métier, et je suis persuadé que ça les remettra plus facilement sur les rails.
Je suis obligé de constater que nos parlementaires manquent de courage. Jalton le premier doit savoir qu'une dent trop abimée ne se soigne pas mais s'arrache pour éradiquer le mal. Le temps de
soigner est passé. Pour faire passer ce mal de la violence en Guadeloupe, il faut désormais employer les grands moyens qui ont fait la preuve de leur efficacité dans le passé comme notamment le
bagne et le banissement AVEC UNE CONCEPTION PLUS MODERNE.
La plupart des jeunes en difficultés le sont depuis le collège. Ils sortent donc de l'école sans savoir écrire deux mots sans fautes. Par ailleurs, formation ne veut pas dire emploi automatique
par la suite. Des formations de bas niveau donne autant de chômeur que pas de formation du tout. Or, tout le monde n'est pas capable d'avoir une formation BAC+2 ou BAC+5. Ce n'est donc pas un
problème de formation, mais d'échec scolaire. Et le système éducatif n'y est pas pour grand chose. La Guadeloupe n'est pas différente de la France, et les Guadeloupéens pas plus bêtes que
d'autres. Je ne vois donc pas pourquoi il faudrait leur imposer un système éducatif différent comme l'exigent les nationalistes.
Il faut être réaliste. La plupart des délinquants sont issus de famille mono-parentales, et de familles socialement défavorisés que l'on parque dans des HLM. Des parents et grands parents absents
et impuissants avec de surcroit un mauvais environnement éducatif et social , et la plupart de ces jeunes sombrent dans la délinquance et la drogue . Voilà le fond du problème.
DOLTO