Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
12 Mai 2011
Le Scrutateur est sévère avec ses lecteurs, ( qui sont plusieurs centaines chaque jour, à « subir » amicalement ce traitement) en leur infligeant des lectures parfois difficiles et qui demandent pour être assimilés, du temps, de la peine, et de la bonne volonté.
Je les en remercie vivement.
Nous sommes au temps du zapping, c'est-à-dire de la rapidité, de la facilité. Le clignotement des emails, et des images nous rend superficiels, et nous soumet à notre insu à toutes les « esclavagisations » du Big Brother qui contrôle tout, pourrit tout.
Je pense avec Nietzsche ( qui avait le sens de l'humour, et le goût des paradoxes), que ce dont l'homme moderne a le plus besoin est de s'approprier cette vertu des vaches, celle de ruminer.
Prenons donc notre temps pour lire vraiment, attentivement, « vachement » bien.
Voici trois articles qui méritent le détour.
EB.
Quand Usbek à propos de la mémoire de l'esclavage interpelle Françoise Vergès d'une manière un peu ….dérangeante.
Le Scrutateur dit souvent que les actes de mémoire et de repentance ne sont pas toujours aussi désinteressés qu'ils prétendent l'être. Usbek le démontre dans son blog Nouvelles persaneries. ( voir le lien ci-dessous).
http://www.lescrutateur.com/ext/http://nouvelles-persaneries.blogspot.com/
Le 10 mai 2008, j’écoutais l’éternel Yvan Levaï vaticiner sur l’abolition de l’esclavage et citer tous ceux qui, en ce jour de commémoration,
devaient prendre la parole dans cette célébration, du (désormais feu) Edouard Glissant à Françoise Vergés.
Sur France-Inter, cette intervention faisait suite à celle de la Gouverneure Générale du Canada, de passage en France pour les célébrations du 8
mai, mais qui profitait de la circonstance pour intervenir, en tant que « descendante d’esclave », puisqu’elle est noire et issue d’une famille haïtienne installée au Canada. La journaliste,
dans son émotion et pour en rajouter un peu, de son cru, la présenta en affirmant que son grand-père était esclave, ce qui, dans le cas d’Haïti où l’esclavage a cessé dès 1804, me paraît
chronologiquement très hardi pour ne pas dire hasardeux !
J’ai été plus amusé encore de l’intervention de Françoise Vergès et j’ai continué à l’être par sa conférence de presse du 3 mai 2011. Elle se
présente souvent en tant que spécialiste de l’histoire de l’esclavage . Cette spécialisation est récente et ne date guère que de l’intérêt médiatique pour ces questions ; elle comporte quelques
errances initiales, en particulier dans l’affaire Pétré-Grenouilleau, qui, lui, est un authentique historien de l’esclavage.
Dans les titres multiples dont fait état Françoise Vergès pour justifier ses interventions figure celui de « Présidente du Comité pour la Mémoire
de l’Esclavage ».
Elle a en outre pour parler de l’esclavage un titre, dont par modestie sans doute, elle ne fait état nulle part. Loin d’être une descendante,
fût-ce lointaine, d’esclaves réunionnais, ce que peut donner à penser sa physionomie quelque peu orientale, la seule véritable ascendance réunionnaise, dont elle puisse se flatter, n’est
nullement du côté des esclaves, mais, bien au contraire, des profiteurs métropolitains ou, bien pire encore, des esclavagistes de la Réunion.
En effet, si sa grand-mère était indochinoise (son père est né au Siam en 1925 du fait des hasards des nominations dans la carrière de
fonctionnaire colonial de son grand-père, Raymond Vergés), sa mère est une bonne métropolitaine de même que déjà son arrière grand-père, un modeste commis de marine métropolitain, Adolphe
Vergès, venu à la Réunion et étant lui-même fils d’un militaire qui avait été en poste à Madagascar. Le grand-père de Françoise Vergès, Raymond Vergès, né à Saint Denis de la Réunion en 1882 et
fondateur de la dynastie politique réunionnaise, avait été élevé surtout par sa grand-mère Marie Hermelinde Million des Marquets qu’avait épousé, en 1855, Adolphe Vergès.
Ces Million des Marquets possédaient une plantation d’une vingtaine d’hectares, à la Ravine Saint-Jean, à Saint-André, « quartier » où ils
résidaient par ailleurs. Cette famille de planteurs était dans l’île depuis 1767 et elle se situait donc plutôt, on le devine déjà, du côté des esclavagistes que des esclaves.
Nous sommes naturellement parfaitement renseignés sur tout cela, en particulier, par les actes établis lors de l’abolition de l’esclavage en 1848
; s’il avait été moins ignorant, le Parti Communiste Réunionnais de Paul Vergès (père de Françoise) aurait tout à fait pu, sans grand mal, faire disparaître ces papiers fâcheux des archives
locales.
Le trisaïeul de Madame la Présidente du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage, déjà « experte tranversale » lors des Etats Généraux des DOM, était
un propriétaire d’esclaves ; elle se trouve donc être une descendante directe de « békés » réunionnais (même si ce terme est spécifiquement antillais) et même de colons esclavagistes. Elle n’y
est naturellement pour rien, mais, dans sa position et vu ses propos, c’est un peu déconcertant voire comique !
Ses ancêtres Million des Marquets, pour en finir avec eux, possédaient donc, selon l’acte établi à Saint-André, en février 1848, « 121 esclaves
dont 66 créoles, 12 malgaches, 39 mozambiques et 4 indiens ou malais ».
Voilà donc une femme que tout désigne pour parler, en conférence de presse parisienne, avec émotion et compétence, des horreurs et des séquelles
de l’esclavage et de la colonisation
On pourrait dire aussi : « De l’avantage pour qui se dit historienne, d’ignorer sa propre histoire ! ».
Publié par usbek à l'adresse 12:45
Libellés : abolition, DOM, esclavage, haiti, réunion, ultramarin, verges
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(II) Dans valeurs Actuelles, François d'Orcival revient sur l'affaire des quotas, et montre qu'il s'agit d'un signe important de dévaluation de notre civilisation.
François d'Orcival le jeudi, 12/05/2011
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Derrière l’affaire du football, il y a des écoutes clandestines. Le scandale a éclaté sur le contenu des propos enregistrés et curieusement
pas sur le fait même de l’enregistrement. C’est pourtant bien cette violation d’échanges privés, dans un cadre de travail, qui est scandaleuse. Les échanges en question avaient-ils donné lieu à
une décision, à une annonce publiques méritant d’être condamnées ?
Nullement, à aucun moment. En revanche, la publication des enregistrements a permis d’installer le soupçon et la méfiance à la tête d’une organisation – en l’occurrence celle du football français.
Il en a été de même dans l’affaire Bettencourt : des enregistrements clandestins, une publication, quatre mois de scandale jusqu’au sommet même de l’État, et puis un discret accord entre avocats. Dans les deux cas, celui qui enregistre (ici un entraîneur, là un maître d’hôtel) le fait toujours au nom d’un “intérêt moral” (ici la lutte contre le racisme dans le sport, ailleurs la défense d’une vieille dame contre des requins), et le journal en ligne qui publie ces écoutes agit de son côté au nom de l’“intérêt général”. La réalité est hélas beaucoup plus sordide. Ce ne sont que règlements de comptes, surenchères, vengeances et négociations d’indemnités, associés à des leçons de vertu. Le règlement de comptes se conclut toujours par le règlement d’un chèque.
Mais dans cette société de la délation, plus rien ni personne n’est à l’abri. C’était réservé aux temps de guerre et aux régimes policiers : “Taisez-vous ! Méfiez-vous ! Les oreilles ennemies vous écoutent” (1915) ; “Silence. L’ennemi guette vos confidences” (1939) ; “Les murs ont des oreilles” (1940). Désormais, plus besoin d’agents rétribués, de milices de quartier, de comités d’immeuble ni de micros dissimulés sous les planches, tout est étalé. Chacun écoute l’autre en toute impunité ; chacun dénonce l’autre dans l’immense “réseau social” de la communication instantanée. La lettre anonyme, honte des années noires, encombre la Toile dès l’âge où l’on est capable de taper sur un clavier. La vie privée, la vie intime et la pudeur disparaissent.
L’extraordinaire outil Internet, inépuisable malle aux trésors, est aussi une gigantesque poubelle. Big Brother veille, la police de la pensée vous surveille. Vous savez que vous risquez la dénonciation devant les tribunaux, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et la mise au pilori médiatique.
La délation généralisée est destructrice de la société, de ses solidarités, de ses hiérarchies, du respect indispensable au “vivre ensemble”. On ne construit rien sur la méfiance de l’autre. Toute construction repose sur la confiance. Benjamin Constant le libéral le disait déjà, à l’issue de la pire période de l’expérience révolutionnaire, en 1797 : « Nul homme n’a droit à la vérité qui nuit aux autres. » Procéder autrement, ajoutait-il, ce serait rendre toute vie en société impossible. L’enfant même a besoin de secret, protection de l’innocence. Le psychiatre Serge Tisseron, grand spécialiste de l’image et de l’enfance, l’a écrit (Secrets de famille mode d'emploi) : « Le droit au secret de chacun, adulte ou enfant, est essentiel. Il permet de protéger son identité profonde des intrusions de l’environnement. Il est la première condition à la possibilité de penser soi-même et pour soi-même. » En un mot : la première condition de la liberté.
Avec son expérience de cinquante ans de journalisme, Jean Lacouture, le biographe du général de Gaulle et de Mendès France, a lumineusement résumé cela dans un petit essai paru en 2005 (Éloge du secret, Éditions Labor) : « Imaginez un groupe frappé d’absolue transparence ; les vices de l’un, les erreurs de l’autre, les maladies de tel ou tel, le “tout savoir” de l’un sur l’autre, dans la famille, le cercle de travail, la société… La transparence, ce mot magnifique, aboutit à une absurdité totale, à la perversité, à l’effroi général. » Au contraire, écrit-il, « la dialectique du jour et de la nuit est fondamentale, elle est essentielle à notre équilibre. L’ombre est une loi de la nature, liée à l’arbre, à la maison, à la civilisation, en un mot – qui a besoin d’ombre, de murs, de silence aussi ». La société est un « jeu d’ombre et de lumière ».
Sous l’œil universel et implacable de Big Brother et dans la crainte de la condamnation, les gens baissent la tête et ne disent rien en attendant que passe l’orage. Mais on n’a pas pu les priver de leur liberté de pensée. Alors, ils se saisissent de l’arme qui reste à leur disposition, qui est à la fois secrète, couverte par l’opacité d’une enveloppe, encouragée et protégée par la loi, au nom du devoir de la démocratie : le bulletin de vote, qu’ils glissent dans l’urne et qui peut être le bulletin de la nausée. François d'Orcival, de l'Institut
À lire également sur valeursactuelles.com :
Questions à M.
Guéant, par Paul-Marie Coûteaux
Polices des mœurs, par
Denis Tillinac
Football, un procès très politique, par Fabrice Madouas
(III) A lire absolument cet entretien accordé par Denis Tillinac au journal de l'UNI ( Union Nationale Interuniversitaire ).
http://www.uni.asso.fr/spip.php?article10129
Suite à la sortie de son dictionnaire amoureux du Catholicisme.
Au Puy-en-Velay, le Président de la République a évoqué les racines chrétiennes de la France. Selon vous, que doit-elle au catholicisme ?
Entre le baptême de Clovis et le Grand Siècle, pratiquement tout ! L’architecture de notre spiritualité, de notre métaphysique, de notre esthétique, notre rapport à la féminité, à l’enfance, à la démocratie… tout a été complètement structuré par le catholicisme romain. C’est un fait historique. Pourquoi devrait-on le nier ?
Cela n’a pas toujours été aussi évident !
Il est vrai qu’il existe en France une espèce de gène qui vient de la hantise d’une religion qui chapeauterait l’ensemble du corps social. Pourtant, personne ne souhaite une théocratie en France. La distinction du temporel et du spirituel est acquise depuis longtemps et l’Eglise n’exerce plus aucune influence politique précise ; son clergé ne le souhaite surtout pas. La laïcité telle qu’on a fini par l’intégrer ne pose donc pas de problème, cependant « laïcité » cela ne veut pas dire mépris ou indifférence du fait religieux mais distinction entre le temporel et le spirituel. Comme on a l’impression que ce n’est pas aussi clair dans la religion musulmane et, que sous prétexte de ne pas « stigmatiser » nos compatriotes qui sont musulmans, on a englobé tous les problèmes sous le générique laïcité. On finit ainsi par renier, par commodité ou par lâcheté, des évidences, comme l’ont fait les dirigeants des pays européens en niant les racines chrétiennes de l’Europe. Pour clarifier ces questions, il suffirait de dire quelque chose qui me paraît évident : toutes les confessions sont égales devant la loi, elles ne le sont pas devant la mémoire.
Qu’est-ce que le catholicisme vous a apporté et continue de vous apporter ?
Il a ordonné et fait converger vers le haut un mélange d’anarchisme, de boulimie, de pulsions, de désir, de sentiments, d’appréhensions, d’aspirations qui sans l’éducation et la culture catholique aurait donné lieu à un patchwork à peu près invivable. Au mieux, j’aurai bâti une espèce de panthéisme de bric et de broc, au pire, je serai devenu cynique ou fou ou les deux. Je suis peut-être fou mais je ne suis pas cynique !
Pour moi, l’Eglise catholique, c’est trois choses : la foi chrétienne qu’on partage avec les protestants et les orthodoxes, la religiosité, l’ensemble des rituels, des offices qui déterminent une relation sensible, charnelle avec le sacré et puis, la civilisation occidentale qui a fait de moi un écrivain. Entre l’édit Constantin et le XVIIIème siècle, tout l’art occidental est un art catholique : le Paléochrétien, le Roman, le Cistercien, le Gothique, le Renaissant, le Maniérisme et le Baroque, dernier grand art catholique directement inspiré par le concile de Trente. Je dirai même que le Romantisme plus indirectement lui est redevable, c’est-à-dire à peu près tout ce que je suis et que j’essaie de condenser dans un art d’écrire un peu cistercien.
Dans votre livre, vous évoquez des personnages qui incarnent le catholicisme à leur manière : Don Camillo, Tintin ... On est loin du cathéchisme officiel. Quel est votre héros personnel ?
Don Quichotte car c’est le grand chantre de la mélancolie. La piété à la fois populaire et littéraire au cours des âges a fait de Don Quichotte un des plus grands saints espagnols. Pour moi, il y a aussi Teilhard de Chardin qui à l’époque de l’adolescence m’a aidé, non pas à garder la foi parce que je ne l’avais pas perdue (j’étais anticlérical comme tout le monde à l’adolescence), mais m’a aidé à garder la foi sans que ma raison longe les murs. A l’UNI, nous sommes nombreux à nous sentir proche de l’esprit de la droite mousquetaire, dont vous parlez dans votre livre Le retour de d’Artagnan. Pourquoi ce livre ?
A l’époque, ce livre a été chroniqué plutôt par la presse de gauche. On sentait un malaise de la presse de droite, car on sortait d’une période où la droite s’identifiait à Reagan ou à Thatcher, occultant complètement toute une dimension qui, pour moi, est importante : le culte de la mémoire.
Etre de sensibilité de droite, c’est avoir le sens du regret, le sens du ludisme, le sens de la gratuité, le sens de l’humour, le sens de l’héritage, le sens de l’honneur…
Les héros de droite ne sont jamais les hommes politiques, ce n’est pas Jaurès, ce n’est pas Clémenceau, ce n’est pas Danton ou Robespierre, c’est Mermoz, Saint Exupéry, Tintin, Barbey d’Aurevilly, c’est d’Artagnan, ce sont les tirades du Cyrano de Rostand, « A la fin de l’envoi, je touche », « c’est intérieurement que j’ai mes élégances ». C’est ça, la droite française, un mélange de défis un peu héroïques et absurdes. Je crois que l’on sent cela confusément, on ne sait pas toujours l’exprimer et c’est très difficile de le traduire en acte politique.
Il faut en tous cas respecter la mémoire longue de la France, ce vieux pays de quinze siècles. La France n’a pas commencé en 1789 ni fini d’ailleurs ! Moi, j’englobe Jeanne d’Arc, Saint Louis, les croisades mais aussi les soldats de l’an II, la geste Napoléonienne, la geste Gaullienne.
Mon amie Marie-France Garaud dit toujours que la France quand elle est gouvernée médiocrement au jour le jour, est faite pour des bourgeois, et de temps en temps, elle est grande parce qu’elle est gouvernée par des aventuriers. Bonaparte était un aventurier, Richelieu était une sorte d’aventurier à sa façon, le Général de Gaulle était un aventurier et ce sens de l’aventure, il est évident qu’il n’est pas facile à faire surgir dans un univers d’énarques ou de diplômés des écoles de commerce, ce qui revient au même. Ce sont les deux versants de la même médaille et il faudrait peut-être changer de médaille ! On a bien changé de monnaie !
Comment un peuple peut-il retrouver ce goût de l’aventure ?
Il est bien évident que dans un univers normalisé, mondialisé où l’évolution des sciences appliquées fabrique une humanité de plus en plus homogène, on vit une mutation aussi importante que celle de la fin de la préhistoire, quand on a fait les premiers alphabets, les premières cités, les premières façons de prier, les premières langues de Babel… et qu’on est passé de la cueillette à l’agriculture… eh bien là, c’est pareil. C’est pour ça, qu’il ne faut pas trop en vouloir ni aux politiques, ni aux intellectuels de ne rien proposer. On vit une mutation telle, que l’on n’a pas le recul qui permettrait d’avoir un Chateaubriand, un Tocqueville, ou même un Marx... Maintenant, on cumule toutes les fins, c’est la fin de l’histoire, des histoires. Il va falloir rebondir et pour bien rebondir, il est nécessaire d’être très ancré dans sa mémoire. C’est pour ça que je suis assez réticent sur l’œcuménisme. Chaque peuple doit se recentrer sur ses fondamentaux. C’est la meilleure façon d’être fraternel et universel. Je souhaite plutôt qu’un œcuménisme au ras des pâquerettes, que les juifs, les musulmans, les catholiques, les protestants, les orthodoxes cultivent, prient, rêvent, créent avec leur propre source créatrice, intellectuelle, spirituelle. Après, une fois que l’on est bien dans sa peau, on est plus accueillant avec autrui.
Aujourd’hui, la jeunesse est un peu perdue sur ces questions, avez-vous un conseil à lui donner ?
Réussir sa vie, ce n’est pas forcément gagner de l’argent ou être célèbre par un passage à la télévision. Il faut mettre la barre un peu plus haut. Il faut qu’elle apprenne à être inactuelle. On est tellement surinformé que tout se chevauche. Je crois que c’est le moment du repli, ce n’est pas le moment d’aller patauger dans un univers que le système médiatique rend à la fois excitant, obsédant et glauque, dans un mélange de fatalisme et de surexcitation. Je crois qu’il faut savoir être un peu inactuel, prendre du recul. Qu’est ce qui va se passer dans dix ans, dans cinquante ans, dans un siècle ? Qu’est ce que tout ça peut donner ? S’il y a quelque chose de pourri, eh bien ! On le balance. Il faut en finir une fois pour toutes avec les antivaleurs soixante-huitardes, un mélange d’égocentrisme qui pour mieux s’enfermer dans sa coquille, s’enrobe de bonne conscience avec un droit de l’hommisme qui n’a pas de portée, qui n’a pas de sens, qui est une dérision de la fraternité catholique, chrétienne.
Retrouver un peu de verdeur, retrouver le sens du ludisme, de la rigolade, de la gratuité, du regret, de la nostalgie, de l’honneur, de la féminité, que les femmes soient catcheuses ou Président de la République, cela ne me dérange pas du tout, mais ce qui est dramatique, c’est de vouloir en faire des hommes au féminin.
Par rapport au mémoriel, il faut que les jeunes disent clairement : “ ras-le-bol de nous demander de nous excuser d’avoir été esclavagistes au 18ème siècle, colonialistes au 19ème siècle, collabo pendant l’occupation et tortionnaires en Algérie”. Il faut envoyez paître tout ça. Il y a eu du vrai mais pas que du vrai et de toute façon, on n’a pas à faire patauger un peuple dans la culpabilité et la repentance sinon il devient méchant.
Il faut que les jeunes réaffirment qu’ils sont fiers de notre pays, fiers de notre culture, fiers de notre civilisation occidentale et qu’ils en sont les héritiers, même s’ils ne savent pas trop comment exprimer cela dans le monde nouveau. Il ne faut en aucun cas y renoncer, il faut repartir de nos fondamentaux.
Entretien paru dans l’Action Universitaire de mai 2011