Course vers l'Elysée : premiers grippages dans la machine DSK
Patron du FMI confronté à la crise grecque, socialiste favori des sondages attaqué sur son train de vie: Dominique Strauss-Kahn voit les premiers
ennuis gripper la machine bien huilée de sa probable candidature à la présidentielle.
A un mois et demi du début officiel des candidatures à la primaire socialiste, le directeur général du FMI doit affronter l'aggravation de la crise
grecque, où son institution et lui-même jouent une bonne partie de leur crédibilité.
Plusieurs rencontres entre les représentants des bailleurs de fonds du pays (zone euro et FMI) sont prévues prochainement et pourraient déboucher,
mi-juin sur de nouvelles mesures d'austérité.
Au risque de ternir encore l'image du directeur général du FMI, déjà éreinté lors de l'imposition en 2010 d'un premier plan de sauvetage drastique à
la Grèce.
Il semble aussi délicat dans ces conditions pour DSK de quitter prématurément le FMI pour être candidat à la primaire socialiste.
"Avec la crise grecque, il lui sera très difficile de donner le sentiment de déserter. S'il rajoute le soupçon de désertion au reproche en
éloignement, ça fait beaucoup", estime un responsable socialiste.
La droite ne se privera pas d'exploiter tout départ du patron du FMI en pleine crise, reconnaissent des sources de la majorité de droite, pour qui
DSK, favori des sondages, est "l'homme à abattre".
D'autant que M. Strauss-Kahn fait aussi face en France à une salve de critiques et d'articles sur son train de vie, déclenchés après une photo où il
monte dans une Porsche lors de son dernier passage à Paris.
De ses costumes "à 35.000 dollars" aux oeuvres d'art de son épouse Anne Sinclair, en passant par le ryad à Marrakech ou son appartement place des
Vosges , tout est passé au crible.
Plusieurs responsables socialistes défendent le directeur général du FMI et accusent la droite d'exploiter le filon.
"Ce pouvoir, ses relais et ses clientèles vont tout mettre en oeuvre pour empêcher le changement. Il faut le savoir", affirme à l'AFP le fabiusien
Guillaume Bachelay, pour qui "rien n'arrive jamais sans raison", faisant valoir les difficultés actuelles d'un "gouvernement à bout de souffle".
"Un homme politique se définit par ce qu'il fait, par ses convictions, ses réalisations. Un homme politique, c'est une action, une trajectoire, pas
des caractérisations personnelles et matérielles", estime pour sa part le strauss-kahnien Pierre Moscovici.
"On cherche à atteindre les socialistes, et pas un socialiste", juge le député Bruno Le Roux, pr oche de François Hollande, candidat déclaré aux
primaires.
Mais d'autres, sous couvert de l'anonymat, se montrent moins tendres.
"Comme nous l'avons vu en 2007, une candidature construite médiatiquement peut être démolie médiatiquement", assène un membre de l'aile gauche du
parti.
L'épisode de la Porsche "devient un sacré machin qui met dès maintenant le PS en difficulté, car on va se prendre ça pendant un an", s'énerve un
dirigeant socialiste.
"On ne va pas épiloguer sur cette histoire à l'infini", s'agace la députée strauss-kahnienne Marisol Touraine.
Reste le faux pas en matière de communication, souligné non sans perfidie par le publicitaire Jacques Séguéla, co-fondateur d'Euro RSCG, d'où sont
issus les communicants de DSK.
"Un jour, j'ai proposé à François Mitterrand, en 80, de le ramener chez Lipp (un restaurant parisien, ndlr). Et j'avais une Rolls. Quand il a vu la
Rolls, il m'a dit : +Mais Séguéla, je vais vous virer! Comment vous osez que je puisse arriver chez Lipp, le temple du journalisme, dans cet objet capitaliste?+", a-t-il raconté sur
BFM-TV.
Par Christine POUGET et Cécile FEUILLATRE
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