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12 Mars 2011
Pourquoi Marine Le Pen ne sera pas élue présidente de la République.
Des sondages d'opinion, réitérés, placent Marine Le Pen en tête du premier tour de l'élection présidentielle ( dont quatorze mois pourtant nous séparent; ce qui relativise évidemment beaucoup. ).Elle serait créditée de 21%, 22%, voire 24 % des suffrages.
Mieux, (ou pire, selon certains), dans certains cas, le candidat le mieux placé après elle ne serait pas Nicolas Sarkozy, qui se trouverait éliminé du second tour, et l'on assisterait, à front renversé, à une réédition de l'élection de 2002, qui vit l'élimination de Lionel Jospin dans la compétition finale.
Évidemment, le microcosme politique, et médiatique, qui crée de plus en plus, ( et en vit ) de faux semblants, s'agite et bruit.
L'on en est point encore à agiter le spectre du « nazisme français »mais on n'en est pas loin, et la rumeur, insidieuse, ne tardera pas à naître et gonfler.
Ce spectre n'est-il pas celui qu'agitent depuis bientôt 30 ans les partis dits « de gouvernement », droite et gauche ( républicaines !?) beaucoup moins opposés dans la réalité des faits qu'ils veulent le faire croire, afin de garder le pouvoir, moins, pensent de plus en plus de Français, pour l'exercer à gouverner que pour continuer à bénéficier de ses ors, de ses prébendes, et autres avantages.
Beaucoup de Français, aujourd'hui, de tous bords politiques, éprouvent ce sentiment ( justifié ou non). Et c'est la raison selon moi, de la poussée politique de madame Le Pen qui apparaît comme la candidate hors système.
Peu d'électeurs en 2007, de Nicolas Sarkozy, dissimulent, aujourd'hui, leur déception par rapport à leurs espérances d'hier.
Certes, gouverner est difficile, la France n'est pas un pays facile, et la fameuse crise financière mondiale, qui dure depuis 2008 n'a pas facilité la tâche du pensionnaire de l'Elysée.
La plupart des électeurs seraient, je crois, enclins à le reconnaître et à faire la part des choses.
Mais le style du président, ses foucades, certaines inconséquences, les résultats mitigés de son action dans des domaines tels que celui de la sécurité, et du frein à une immigration excessive, troublent beaucoup de monde qui louche désormais du côté du Front National jugé plus crédible
Le spectacle d'une gauche dépourvue de tout programme économique et social cohérent, attachée, qu'elle est, à de vieilles lunes comme les nationalisations à tout crin dans le domaine économique, ou encore, sur le plan des problèmes suscités par l'immigration et l'insécurité, préférant l'incantation et la candeur « humanistes » au réalisme, par ailleurs offrant le spectacle de ses divisions, et des ambitions personnelles de ses chefs, ce spectacle n'est pas plus réconfortant.
Telles sont les raisons, selon moi, du succès actuel de la nouvelle présidente du Front National.
A ces motifs, s'ajoute le charisme personnel de Marine Le Pen. Car si elle tient de son père d'évidentes qualités politiciennes, un réel talent oratoire, une réelle séduction médiatique, elle s'en différencie par d'autres traits.
D'abord elle appartient à une autre génération, dégagée des souvenirs et ressentiments d'une autre époque, ces souvenirs douloureux et obsessionnels des anciens vichyssois, et des aigris des guerres coloniales ( d'Indochine, d'Algérie ) lesquels coloraient le discours et la pratique du FN d'hier d'un parfum de ressentiment, qui, compréhensible certes, n'en constituait pas moins un obstacle sur le chemin de prise du pouvoir dans la France d'aujourd'hui. Car on ne gouverne pas efficacement, ni harmonieusement avec des ressentiments.
Or Marine Le Pen semble vouloir se dégager, prudemment, mais certainement, de ces idées d'hier.
Dans son discours récent d'investiture devant son parti, elle a parlé des « résistants de 1940 ». Nous sommes loin du « détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale », dont avait parlé dans une irresponsable , et inutile provocation, son père Jean-Marie, pour qualifier le génocide des juifs par les hitlériens.
Dans une autre déclaration, faite au journal Le Point, madame le Pen a précisément qualifié les camps de la mort de « la plus extrême barbarie ».
Il y a donc quelque chose de nouveau dans le paysage politique français, quelque chose qui donne à un nombre important de nos compatriotes, l'espoir ( ou l'illusion! ) d'une alternative au choix, si décevant depuis 25 ans, entre « une gauche » et « une droite » rassis, et interchangeables.
Pourtant, chez une majorité de citoyens, nourris aux discours des médias du politiquement correct, d'un corps enseignant, souvent gagné, parfois même à son insu, par le discours dominant « anti faciste, et surtout anti raciste », (tendant à faire croire, contre toute évidence que le fonds de la mentalité française est un racisme ouvert, ou rampant ) une inquiétude se fait jour.
Si la candidate du Front National était élue, la France deviendrait-elle une dictature, et qui plus est une dictature raciste?
Cette inquiétude trouve un terreau plus particulier chez nous antillais français, de l'outre mer, ou vivant dans l'hexagone. Une inquiétude que l'on peut comprendre, et qu'à mon avis, il faut exorciser.
S'il y a en France, des racistes, comme dans tous les pays du monde, et dans toutes les régions de France ( par exemple chez nous en Guadeloupe ou en Martinique ) le pays, en lui-même n'est pas raciste ( pas plus que la Guadeloupe ou la Martinique).
Ce qu'il y a aujourd'hui en France, et ailleurs aussi en Europe, c'est un problème complexe d'immigration, importante, souvent clandestine. Que cette immigration n'est pas celle de d'arabes ou d'antillais de culture française et chrétienne. Elle est celle de noirs de l'Afrique sub-saharienne, souvent musulmans, et de toutes sortes de nationaux étrangers, aux moeurs et aux croyances religieuses très différentes de celles qui constituent la personnalité de base de la nation française. Ces immigrés sont si nombreux que leur intégration à la nation est rendue très difficile, quand même ils la souhaitent, ce qui n'est pas toujours bien évident.
D'où le réflexe d'auto défense de beaucoup de Français « de souche » dans les zones où les immigrés sont aussi nombreux qu'eux, voire davantage. D'où la susceptibilité croissante des nationaux français qui ont le sentiment de n'être plus maîtres chez eux, et d'être blâmés par les donneurs de leçons, et lobbies immigrationistes à prétentions humanistes ( MRAP, SOS racisme, etc ).
C'est sur ce sentiment que surfe Marine Le Pen, et qu'elle obtiendra un succès grandissant tant que les autres prétendants au pouvoir continueront à culpabiliser nos concitoyens, en traitant leurs inquiétudes et leur malaise, comme des manifestations de racisme et de xénophobie qu'ils ne sont pas dans la majorité des cas.
Cela dit, Je crois qu'à l'égard du Front National, comme à l'égard de toutes les formations politiques, quelles qu'elles soient, nous devons manifester notre vigilance de citoyens.
Tous les partis en effet, gouvernent par la propagande, avec une forte dose de démagogie.
Le FN n'échappe pas à la règle.
Il est sur l'échiquier. A nous de faire avec. A nous, de la société civile, ou de ce qui en reste, de distribuer nos suffrages, en fonction de nos intérêts, et de ce que nous croyons être l'intérêt national.
En ce qui me concerne, et sans être partisan de Marine Le Pen, je considère que son discours, discutable, est aussi légitime.
Au nom de quel principe pourrait-on mettre hors la loi, 20 à 24 % de Français.
Ce fut la logique des communistes, trotskystes et autres militants d'extrême gauche pendant des décennies, quand l'URSS vivait sous le régime du parti unique, et dans la dictature la plus sanglante. « Pas de liberté, disaient-ils pour les adversaires du communisme ». Curieuse conception, vraiment, de la démocratie.
Et ces gens ont leurs partis en France, leurs candidats aux présidentielles : les Mélanchon, les Besancenot, certains écologistes, verts à l'extérieur, rouges à l'intérieur.
Au nom de quels principes leur interdirait-on le droit d'être candidats, et de prêcher pour leurs « paroisses ».
A nous de jouer pour empêcher les extrêmes d'accéder à des responsabilités où ils risqueraient de nuire. A nous de nous emparer de ce que leurs discours, à l'extrême droite, comme à l'extrême gauche, peuvent contenir de positif et d'utile, pour le faire servir au bien commun.
Mais ce qui manque actuellement, à 14 mois de l'élection présidentielle, c'est, à droite comme à gauche, le parti suffisamment fort, assez courageux pour affronter les lobbies pseudo humanistes, et le plus souvent mondialistes, qui sont à la base de la crise de la société et de la crise des valeurs qui affectent actuellement notre pays.
D'où nos errances, nos dégoûts, nos découragements, nos peurs, qu'il faut absolument combattre, bien plus me semble-t-il qu'une Marine Le Pen, que je vois pas du tout comme la grave menace que voudraient faire croire ceux qui y ont intérêt pour de petites raisons de boutiques politiciennes.
En imaginant même que, par extraordinaire, la candidate du Front National soit élue, je suis certain que dans les jours qui suivraient, les syndicats déclareraient la grève générale ( car on est démocrate, ou...on ne l'est pas!) , que les étudiants et lycéens, encadrés par leurs profs ( sincères en majorité) défileraient dans les rues, la commission de Bruxelles communiquerait sur le danger d'implosion d'une Europe seule planche de salut pour ses peuples à l'orée du XXI ème siècle.
Et que pourrait faire la présidente? Faire appel à l'armée? Ce n'est pas sérieux, la France n'est pas l'Argentine,où la Bolivie des années 1950 et 60.
L'armée y est « la grande muette ».
Et sur quelles équipes de techniciens, d'administrateurs, s'appuierait, pour gouverner, le FN ? Ces milieux de la haute administration sont, quelque soit leur degré de compétence ( ou d'incompétence ), acquis à des idées qui sont celles de la classe politique traditionnelle.
C'est pourquoi je ne crois pas un seul instant à un danger Marine Le Pen, à une « dictature de droite ».
Je crois même que madame Le Pen et la génération qu'elle incarne va entraîner de plus en plus le FN vers un discours et un projet réaliste de cette vraie droite, ( non extrême) qui s'est effacée progressivement en France, et malheureusement pour notre pays, depuis la mort de Georges Pompidou. Cela nous le vérifierons, j'en suis certain, dans une dizaine d'années.
Dès lors, quand Marine Le Pen parle, je fais jouer mon esprit critique, je rejette, ou je retiens, mais j'écoute.
Après tout j'écoute même ...la chère Ségolène. La richesse d'un pays « démocratique » c'est la diversité, et madame Le Pen fait partie de notre diversité.
Edouard Boulogne.