Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
1 Janvier 2011
Pour entrer en l'An Nouveau.
( Photographie ( en noir et blanc, malheureusement ) d'une scrutation ancienne, à la Pointe de la grande vigie, commune d'Anse Bertrand, en
Guadeloupe.1968).
Je fais appel à trois poètes pour entrer en l'an neuf : Saint-John Perse, le Guadeloupéen, Charles Maurras, et Victor Hugo. Bien différents les uns des autres, ils eurent en commun d'être de grands scrutateurs, des visionnaires, et des voyants. Entre les lignes de leurs poèmes se lisent des philosophies, parfois pessimistes, dérangeantes, et pourtant, -qui nous intéresse ici,- jamais découragées.
Bonne lecture, chers amis, et BONNE ANNEE!
Le Scrutateur).
(I) Saint-John Perse.
Saint-John Perse ( Amers.In Pléïade, p. 356).
Avec ses Princes, ses Régents, ses Messagers vêtus d'emphase et de métal, ses grands Acteurs aux yeux crevés et ses Prophètes à la chaîne, ses Magiciennes trépignant sur leurs socques de bois, la bouche pleine de caillots noirs, et ses tributs de Vierges cheminant dans les labours de l'hymne,
Avec ses Pâtres, ses Pirates et ses Nourrices d'enfants-rois, ses vieux Nomades en exil et ses Princesses d'élégie, ses grandes Veuves silencieuses sous des cendres illustres, ses grands Usurpateurs de trônes et Fondateurs de colonies lointaines, ses Prébendiers et ses Marchands, ses grands Concessionnaires des provinces d'étain, et ses grands Sages voyageurs à dos de buffles de rizières,
Avec tout son cheptel de monstres et d'humains, ah! tout son croît de fables immortelles, nouant à ses ruées d'esclaves et d'ilotes ses grands Bâtards divins et ses grandes filles d'Étalons — une foule en hâte se levant aux travées de l'Histoire et se portant en masse vers l'arène, dans le premier frisson du soir au parfum de fucus,
Récitation en marche vers l'Auteur et vers la bouche peinte de son masque ».
Saint-John Perse ( Amers, Pléïade, p:265 ).
« Amie, notre race est forte. Et la mer entre nous ne trace pas frontière...Nous irons sur la mer aux très fortes senteurs, l'obole de cuivre entre les dents. L'amour est sur la mer, où sont les vignes les plus vertes; et les dieux courent au raisin vert, les taureaux aux yeux verts chargés des plus belles filles de la terre ».
Saint-John Perse ( Amers. In Pléïade, P. 355 ).
( II) Charles Maurras.
Le mystère d'Ulysse.
(...) Tu veux te reposer, ô mon Ulysse ? Attends !
Quand, lavé, parfumé dans tes belles piscines
Tu t'es purifié de la houle marine,
Ithaque saluant aux degrés de l'autel
Tes yeux, ta chevelure et ton pas d'Immortel,
La volonté de Ceux qui font que tu revoies,
Brillante, et ses yeux doux pleins de larmes de joie,
L'intacte Pénélope, et ton père et ton fils,
Juge que tes travaux n'ont pas encor suffi
A les dédommager du coût de ta victoire :
Les morts que tu gorgeas du sang des brebis noires
N'ont-ils pas annoncé qu'il faudrait repartir ?
Pars donc, acquitte-toi ! Tâche de découvrir
Au delà du couchant, sous le tombeau des flammes,
Les peuples ignorant l'usage de la rame
Qui, la voûte des deux sur leur front s'abaissant,
Se traînent ou, ployés, rampent en gémissant.
Par ces confins perdus, si les astres le veulent,
Retrouve le chemin du toit de tes aïeules
Et doute qu'aujourd'hui plus qu'hier ou demain
Le Pire ou le Meilleur appartienne aux humains :
Pour s'être mesurée aux plus hautes Puissances
Ta fortune est le prix de ton obéissance,
Mais tu ne serais pas leur docile vainqueur
Si tu n'entretenais au secret de ton cœur
Assez de vénéneux regrets et d'amertume
Pour estimer la vie au poids de son écume
Et vouloir en tout temps lui porter coup pour coup,
Sûr de n'y rien laisser si ton cœur ose tout !
Que te font les combats, l'Océan, l'incendie
Et le plus ou le moins d'humaine perfidie ?
La parfaite beauté qui s'est montrée à toi
N'aura fleuri qu'un jour ni chanté qu'une fois,
Mais ton esprit lui doit toute sa nourriture
Et c'est elle qui tient dans ta main froide et sûre
La pique du guerrier, la barre du marin
Et le bâton noueux du pauvre pèlerin. (...).
Charles Maurras. ( extrait du poème Le mystère d'Ulysse ).
( La musique intérieure. In Oeuvres capitales, tome IV, pp:346-347 )
(III) Victor Hugo.
(Peinture de Victor Hugo ).
La mer et la mort. ( Victor Hugo ).
« Ô mort, sauvage oiseau, qui sait ton envergure?
Tes ailes couvriraient l'horizon de lamer ».
Victor Hugo.
( Cité par Pierre
Boutang, dans La source sacrée, éditions du rocher, page 226 ).