Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
22 Décembre 2011
( M.M Alain Juppé et MM les socialistes ont beau pérorer ensemble, une fois n'est pas coutume, la loi « mémorielles » qui tourne autour du génocide arménien d'il y a un siècle, n'est pas la bienvenue en France, du moins pour ceux qui s'efforcent encore de penser librement, parmi lesquels, sauf illusion toujours possible, le Scrutateur et beaucoup de ses lecteurs.
La question est importante, et l'on y reviendra, ici, très vite, peut-être même dès ce soir.
En attendant voici toujours ce coup de sang scrutatorien à propos des inconséquences de notre classe politique.
Une loi mémorielle pour le moins byzantine.
Délit de défaillance de mémoire relative à un événement survenu à l'étranger il y a près d'un siècle ?
Certes, la France de demain ne se souviendra plus de rien.
Certes les Français de demain ne seront même pas concernés par l'histoire de France, puisque ce ne sera pas la leur.
Mais, en attendant, il y a une certaine provocation à vouloir légiférer - en France - sur le sort réservé aux Arméniens par les Turcs entre 1915 et 1916, et surtout sur l'obligation d'être "en courant" à défaut d'être au courant de la réalité de ce drame.
Le problème, c'est que cette police de la mémoire va trop bien avec la police de la pensée. Elle procède d'un modèle assez voisin de la gestapo et se ressource idéologiquement dans une propagandastafëll destinée à fédérer les coeurs et les esprits dans un cadre autoritaire, ce qui est la base même du principe totalitaire. En gérant les amnésies collectives d'un côté et en assénant la mémoire de l'autre. On a envie d'aller plus loin, et de dire : en assénant "de" la mémoire. Comment ? En envoyant de grandes salves de mémoire. De mémoire des autres, en particulier, ce qui est intrinsèquement grotesque.
Le fait de prétendre légiférer - en France - sur l'interdiction de ne pas se porter partie prenante d'un fait historique certes établi mais assez éloigné de la République française, et dans le temps, et dans l'espace, est déjà assez difficile à justifier en termes organiques. Et si tout ce qui était avéré devait, en plus, faire l'objet d'une litanie, quel sort devrait-on réserver aux fourberies de Tonton, aux frasques de DSK, à la résistance de Maurice Thorez, etc. etc. ? La mémoire deviendrait une véritable déchetterie, embrouillée dans des consignes de tri sélectif vraisemblablement assez contradictoires.
Le peuple Français - entendez par-là "l'usurpation nationale", car nul peuple n'a mandaté le moindre de ses "représentants" pour se livrer à la moindre chasse au passé, à l'opinion ou à la connaissance - a donc décidé de sanctionner très lourdement quiconque mettrait en cause la réalité d'un certain massacre des Arméniens par les Turcs, massacre plus connu sous le nom de génocide arménien.
À l'image de celui des neveux de Donald, il serait peut être bon que le Ministère de la vérité historique éditât une sorte de Manuel des Castors juniors de manière à codifier ce qu'il est permis de dire (voire de penser) de telle sorte que chaque question d'histoire soit obligatoirement traitée de manière "très parfaitement savante" par des générations terriblement exposées au risque de leur propre ignorance. La République guérirait ainsi les plaies - prévention oblige, n'est-ce pas - qu'Elle pourrait causer au casier judiciaire de ses enfants chéris avec des mesures aussi abrasives que les lois mémorielles. Mémorielles et catégorielles, souvent.
Peut-être "nos" parlementaires ont-ils trouvé la recette miracle - à coups de 45.000 euros d'amende, mieux encore qu'Antoine et la pilule en vente dans les Monoprix - pour rendre aux finances publiques cet éclat qu'elles avaient avant que Mitterrand et son Ministre de l'Économie et des Finances, le talentueux Jacques Delors, ne coulassent celles-ci de manière structurelle, dès lors que Jack Lang se chargea de proclamer que c'était comme cela que la Lumière venait aux caisses de l'État. En nos temps de crise, ce serait assez bien visé, évidemment.
Mais pourquoi 45.000 euros et pas 45 millions ?
Nos zélés élus manqueraient-ils d'ambition ?
On attend que les grands moralisateurs du palais Bourbon dont les illustres anciens - ceux de l'Assemblée constituante - avaient codifié l'inviolabilité de la personne du Roi de France, avant de livrer le malheureux Louis XVI à une mort certaine (venu chercher la protection de l'assemblée nationale, puisque l'Assemblée constituante s'était métamorphosée ainsi) en s'en débarrassant auprès de la Commune de Paris - organisatrice des troubles d'août 1792 qui, menaçant l'intégrité" physique de la reine et des enfants royaux aux Tuileries, avaient contraint le Roi à se mettre sous la protection de la "représentation nationale"- avant de s'auto-dissoudre et de projeter la France dans la Terreur et le cortège sanglant de ses délires haineux.
Dans son élan de vérité et de morale, pourquoi l'actuelle Assemblée nationale ne déciderait-elle pas également de pénaliser la négation du génocide - populicide, si l'on préfère - (perpétré par la France) de la population vendéenne dont l'extermination a été ordonnée par la République - c'est-à-dire par la Convention ?
Est-ce parce que l'assiette du voisin est toujours plus garnie ?
Pourtant en France, en termes d'infamie et dans un contexte, qui fut celui du règne de ce qu'un pseudo-historien particulièrement borné et tout aussi exalté a appelé "les hommes de la liberté", le massacre des Lucs-sur-Boulogne (28 février 1794) n'eut rien à envier à celui d'Oradour-sur-Glane, de triste mémoire, sauf que les massacreurs étaient des "bleus" et non pas des Waffen SS. Car comme dit l'oncle Eusèbe, il faut d'abord faire son propre examen de conscience, avant de prétendre faire celui du voisin, quels que soient les péchés de celui-ci. Cette belle conscience de la France, que le monde tout entier nous envie, il faudrait peut-être que les représentants de la France nous en donnassent l'exemple, n'est-ce pas ?
Et la Mémoire ? Y a-t-il quelqu'un d'assez bête pour imaginer une seule seconde que Louis XVIII qui fit de Fouché son Ministre de la police durant les Cent-Jours ignorât que celui-ci avait l'un des assassins de son frère "XVI", et que ne s'arrêtant pas au sang du seul roi, le même Fouché avait mitraillé avec enthousiasme tout ce qui, à Lyon, n'était pas calibré selon son bon vouloir ? Le 2 frimaire de l'an II (22 novembre 1793) ce délicat Fouché avait même écrit à la Convention - avec son complice en fraternité Collot d'Herbois - ces propos sidérants : « On n'ose pas encore vous demander le rapport de votre premier décret sur l'anéantissement de la ville de Lyon, mais on n'a presque rien fait jusqu'ici pour l'exécuter. Les démolitions sont trop lentes, il faut des moyens plus rapides à l'impatience républicaine. L'explosion de la mine et l'activité dévorante de la flamme peuvent seulement exprimer la toute puissance du peuple. Sa volonté ne peut être arrêtée comme celle des tyrans, elle doit avoir les effets du tonnerre. » Ceci (qui n'est pas signé Kim-Jong-Il ou Pol Pot, mais Collot d'Herbois et Fouché - Khmers bleus, en l'espèce) pourrait inspirer nos législateurs en matière mémorielle, vu l'élan justicier - et scientifique - qu'ils entendent imposer à l'histoire, et le pli qu'ils veulent donner à la mémoire en la repassant à l'infini.
Louis XVIII n'ignorait évidemment pas que Fouché et "les hommes de la liberté" fussent des bouchers. Mais nos actuels députés ne le savent peut-être pas. C'est pourquoi il serait peut-être bon de rafraîchir la mémoire et la conscience des Français - peuple et représentation nationale confondus - avec une de ces bonnes vieilles petites lois mémorielles, mais relative à la Terreur, cette fois, et aux crimes... contre l'humanité qui ont été commis d'après les directives des autorités de la République.
Alors, qu'est-ce qu'attendent nos chers Sthakanov et autres Goebbels-Lyssenko de la mémoire ?
Sans compter que, à coups de 45.000 euros sur un problème spécifique et interne à la Patrie des Droits de l'Homme, il y en a beaucoup qui, de bonne foi, tomberaient dans le panneau. Niant - en étant seulement persuadés de les démentir - les crimes de la République qu'ils ignoraient - hé oui !, ce fut un crime institutionnel comme le savent tous les historiens à peine qualifiés, mais qui ont bien voulu se donner la peine de se renseigner -, ils accompliraient ainsi une sorte de devoir de mémoire et de restauration des finances publiques, bien malmenées l'une et l'autre par les petits plaisirs intellectuels, matériels ou sexuels auxquels nos élites se livrent avec une sourde complicité entre elles. Jusqu'à ce qu'un Pied nickelé se fasse pincer lorsque, se prenant pour un demi-dieu, il explose en vol. C'est alors que ses ailes d'ange se détachent et... qu'il s'inscrit dans la mémoire. Tout le temps qu'il fait la une de l'actualité.