Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
2 Mars 2025
C' ètait en 1982. Avec l'arrivée au pouvoir en France de François Mitterrand la Guadeloupe vivait dans l'inquiétude. Je m'étais rendu à Paris pour prendre contact avec des dirigeants de presse susceptibles de relayer les articles du journal Guadeloupe 2000 que je dirigeais. C'est au Quotidien de Paris que je rencontrai le brillant édidorialiste Dominique Jamet. J'obtins ainsi la parution d'un article sur les problèmes et les inquiétudes des Guadeloupéens en cette période difficile. Gràce à mon interlocuteur j'obtins pour le soir même un entretien sur une radio, dirigée par Bernadette d'Angevlier, qui touchait chaque soir pour Paris et l',Ile de France, pour son journal de 20 heures plus de 800 .000 téléspectateurs ? Je me fis accompagner par quatre étudiants Guadeloupéens. Ce fut un succès. Des auditeurs nous téléphonèrent pour approfondir les problèmes évoquès.
L'émission à peine terminée que le téléphone sonnait. Un auditeur martiniquais souhaitait me rencontrer dès le lendemain pour me montrer ce que lui et ses amis faisaient dans la capitale pour nos déparements d'outre mer.
Plua tard je remerciai Dominque Jamet pour son aide efficace.
Evidemment bien des années se sont déroulés depuis. Mais je constate que M. Jamet garde toute sa perspicacité ? Cette fois sur la politique internationale, et les éructations de M. Trump..
Peut-être partagerez vous mon sentiment en lisant l'article qui suit.
Edouard Boulogne.
Une leçon. De droit ? De morale ? Non. De mathématiques, de physique, d’anglais ? Pas davantage. (Encore que…) Une leçon, pourtant, et quelle leçon ! De réalisme. De cynisme. De politique. Une leçon d’ores et déjà inscrite dans toutes les mémoires, à peine administrée et déjà historique. C’est ce qu’ont infligé l’autre soir, sous l’œil impitoyable des caméras, sous le regard incrédule puis stupéfait du monde entier, dans le cadre d’un show à deux voix, plus magistral qu’exemplaire, le président des États-Unis et son complice du jour, à celui dont ils avaient décidé de faire l’invité et le dindon du plus cynique et du plus réussi des après-dîners de con.
Pendant près d’une heure de vérité, le gros blond avec une cravate rouge et son partenaire barbu ont tourné et retourné sur le gril leur souffre-douleur, venu une fois de plus (une fois de trop) quémander leur soutien, leur argent et leurs armes, comme Donald Trump lui en avait déjà fait la remarque et le reproche, en affectant le ton de la plaisanterie. Après avoir incité, pour la forme, et histoire de rire, Volodymir Zelensky à y aller encore de son numéro préféré, Donald Trump et J.D. Vance se sont relayés pour sermonner, semoncer, contredire, interrompre puis railler et, finalement, injurier leur invité. En vain, réfugié et pelotonné sur le petit coin de canapé, dérisoire champ de bataille où on l’avait cantonné, l’homme au chandail noir que le maître de la Maison-Blanche ne manqua pas de brocarder tenta de tenir tête. Il fut progressivement réduit par ses tourmenteurs au rôle et au statut de petit bonhomme, de petit garçon et, pour finir, traité de petit voyou, de sale gosse mal élevé, proprement sommé de dire merci à la dame, de demander pardon au monsieur, avisé que la porte du salon, celle de l’office et tout simplement celle de la propriété lui seraient fermées tant qu’il ne serait pas venu à résipiscence. Officiellement mis dehors, le malheureux président ukrainien, à qui l’on avait bien pris soin de faire savoir que, s’il avait été reçu, il ne le devait qu’à l’insistance du Président Macron, dut se résoudre, faute d’avoir pu faire valoir un seul de ses arguments, à adresser, suprême humiliation, un message de remerciement à l’Amérique, à son peuple, à son Congrès… et à son président.
Ainsi se terminait, conçue et orchestrée par son promoteur (immobilier), la sinistre soirée au cours de laquelle celui-ci, qui avait quelques raisons personnelles de ressentiment envers son hôte, avait décidé de mettre en scène sous le signe d’une grossièreté et d’une colère surjouées l’événement capital que constituent la cessation de toute assistance politique, militaire et financière des États-Unis à l’Ukraine et la sommation faite à Zelensky ou, le cas échéant, à son successeur d’accepter les conditions du cessez-le-feu puis du traité que leur dicteront, le moment venu, le plus tôt étant le mieux, et d’une seule voix, Washington et Moscou.
Ainsi, sur ce sujet, capital dès à présent et pour notre avenir, le président Trump, à la grande surprise de tous les professionnels de la politique qui ont fait de la politique ce que tout le monde en pense, se met-il en devoir de faire ce que le candidat Trump avait annoncé qu’il ferait. Cela prendra assurément plus de vingt-quatre heures, mais a les plus grandes chances de devenir une réalité et de changer les équilibres du monde en beaucoup moins de trois ans. La communauté internationale vient de célébrer le troisième anniversaire d’une guerre que le président russe s’était imaginé pouvoir déclarer, mener et gagner en huit jours, les différents acteurs de ce qui s’est avéré une horrible et interminable boucherie, un conflit international dont le bilan s’alourdit chaque jour, dont les risques de poursuite, d’élargissement et de débouché sur la Troisième Guerre mondiale ne cessent de s’aggraver, dont toute personne sensée ne peut que souhaiter le règlement et la fin… Le coup de poker, de longue date prévu et annoncé par le prétendument imprévisible Trump, a changé en un soir la donne.
À peine connu cette volte-face totale par rapport aux choix qu’avait progressivement, lentement, à contrecœur, opérés le prédécesseur déjà oublié de Donald Trump (il me semble que son nom commençait par quelque chose comme bide ?), ce grand retournement, les premières réactions, d’étonnement, d’indignation, de condamnation ont commencé. Elles vont se développer, s’étoffer, se nourrir les unes des autres. On évoquera bien sûr, on a déjà évoqué Munich, les accords de Munich, l’esprit munichois. Il est vrai qu’à Munich, le président Beneš et la Tchécoslovaquie furent sacrifiés à l’agressivité de Hitler par le doux Chamberlain et le pacifique taureau du Vaucluse, ovationnés par des foules immenses à leur retour d’Allemagne. En 2025, on ne manquera pas de rappeler la fameuse citation prêtée à Churchill : « Ils ont eu le choix entre le déshonneur et la guerre, ils ont choisi le déshonneur et ils auront la guerre. » Honneur et déshonneur ne figurent pas dans le lexique de Donald Trump. Il constate seulement que la Russie, dans cette affaire, n’a pas tous les torts, que l’Ukraine n’a pas toutes les raisons, que si la première n’a pas réussi à vaincre, la coalition occidentale et l’héroïsme des Ukrainiens ne parviendront pas à la faire perdre, à moins évidemment de prolonger, de nourrir et d’étendre la conflagration jusqu’à des dimensions planétaires. Ceux qui n’excluent pas la grande lutte finale entre l’Occident et la Russie, entre l’Occident et la Chine ou toute autre forme d’Apocalypse, doivent avoir l’honnêteté d’admettre et d’accepter l’idée qu’après la Deuxième Guerre mondiale qui avait multiplié par trois les victimes et les ruines de la Première, la Troisième ne peut qu’être pire que la Seconde.
Est-ce ce qu’on souhaite, est-ce ce qu’on veut, est-ce ce que l’on ne peut ni ne doit éviter ? J’entends déjà ce que vont nous seriner, nous marteler, nous assener, dans les jours qui viennent, rodomonts de tribune, matamores de studio, tranche-montagne de plateau. L’Europe est au pied du mur et certains, dirigeants ou démagogues, préconiseront sans trembler d’aller plus avant sur le sentier de la guerre. En avons-nous les moyens, y avons-nous intérêt, en avons-nous la volonté ? Combien d’Européens, en 2025, sont-ils prêts à mourir pour Kiev ?
Dominique Jamet.