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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

François Bayrou : un Créon qui ne veut pas oublier Antigone... Par Philippe Bilger. (le pour et le contre)

François Bayrou : un Créon qui ne veut pas oublier Antigone... Par Philippe Bilger. (le pour et le contre)

Les ennuis de santé qui ont été les miens depuis deux ou trois mois ont espacé les publications du scrutateur. Je commence à envisager un retour au rythme plus habituel de nôtre blog.

L'actualité durant cette période a été riche sur le plan international, moins riche en France avec les bafouillements parfois honteux de « nos » dirigeants. Parfois pour ceux qui tentent de s'élever au dessus du marais politicien, on croirait se retrouver avant 1958, à la déplorable 4ème république avant le retour au pouvoir du général de Gaulle.

Il faut réfléchir, peser le pour et le contre.

Pour contribuer à cette réflexion je propos ci-dessous deux articles. Le premier est d'un homme que j'estime et cependant m'irrite souvant par une certaine naiveté, M. Philppe Bilger.

Le deuxième est une réponse à M . Bilger qui émane de Serge Hirel.

Je vous propose, chers lecteurs de les lire et de nous adresser les avis qu'ils suscitent en vous.

L'heure n'est pas pas au scepticisme systématique, tout au contraire.

Plus que jamais il faut penser clair pour marcher droit.


 

Le scrutateur.


 

POUR BAYROU :


 

Avec quelle sadique volupté, dans les partis - notamment ceux du "bloc central" - ou dans certains médias, dénonce-t-on la méthode de notre Premier ministre en la qualifiant notamment de "floue" (Le Monde) !

Ce serait une critique pertinente si elle n'oubliait pas les contraintes politiques et parlementaires que doit affronter François Bayrou (FB) et, en même temps, son souci de vérité et d'apaisement. Dès lors que le Premier ministre ne veut lâcher aucun de ces bouts de la chaîne, je vois mal comment sa démarche, sauf à accepter une absence de plénitude, pourrait apparaître comme rectiligne. Le flou dont on la qualifie n'est que la traduction de la volonté obstinée de FB de rendre gérable un univers dont les composantes défient toute rationalité.

Le Premier ministre est un Créon qui ne veut pas oublier Antigone.

D'abord il convient de le louer pour s'être battu afin d'occuper ce poste prestigieux alors que malgré l'ambition de beaucoup, peu auraient pu en endosser les responsabilités. Cela n'empêche pas la multitude des conseilleurs qui ne sont pas les payeurs de multiplier les injonctions, les avertissements, les "il n'y a qu'à", les "il faut qu'on", toutes ces rodomontades d'autant plus faciles à proférer qu'elles ne risquent à aucun moment de contraindre leurs locuteurs à montrer effectivement ce dont ils sont capables.

Il est également injuste de faire reposer sur le seul FB le poids d'une situation calamiteuse résultant de la dissolution et dont les conséquences peinent à être atténuées. Dans le monde politique, il n'y a qu'Eric Dupond-Moretti pour féliciter le président de l'avoir faite, et encore, au théâtre !

Ensuite, au lieu d'intenter sans cesse de faux procès au Premier ministre, il aurait mieux valu l'écouter avec attention et ne pas dénaturer sa pensée pour la rendre encore plus blâmable aux yeux de ses adversaires. On feint d'oublier qu'il n'a pas parlé de "submersion migratoire" mais de ce "sentiment" qui n'est que trop évident pour cette majorité de Français à laquelle il a fait allusion. Même si son propos, partant de Mayotte et du droit du sol souhaité par certains, a dépassé ce territoire, il reste qu'user de termes qui sont dans la tête de tout le monde, et pas seulement dans celle du Rassemblement national, relève du droit de FB à ne pas faire la fine bouche face à un vocabulaire qui se rapporte à l'immigration et au malaise qu'elle crée sur le plan de l'identité nationale. Acceptable quand elle ne détruit pas l'âme d'un pays, intolérable quand son nombre l'étouffe.

Par ailleurs, quel étrange reproche que d'imputer à FB une absence de caporalisme sur ses ministres comme si ce n'était pas au contraire une force (ma seule réserve porte sur Élisabeth Borne dont à l'évidence la vocation est de mener une lutte contre Gabriel Attal par l'entremise de son ministère) que de laisser se développer la parole et les propositions de ministres qui, sans jamais trahir une solidarité fondamentale, apportent au gouvernement la richesse de personnalités auxquelles on a laissé le droit d'être libres. Qui de bonne foi pourrait soutenir que dans la sphère régalienne l'inventivité d'un Bruno Retailleau, accordée au pragmatisme actif d'un Gérald Darmanin, ne constituent pas une formidable nouveauté dont l'idée revient au Premier ministre ?

François Bayrou a su tactiquement tirer les leçons de l'échec gouvernemental de l'estimable Michel Barnier. Tout en ayant adopté à l'égard du Rassemblement national une attitude de courtoisie républicaine et parfois de courage personnel, FB ne pouvait pas accomplir autre chose qu'un rapprochement avec des socialistes qui n'ont été véritablement, pour leurs adversaires de l'autre camp, des pestiférés qu'à cause de leur soumission trop longue à LFI, à Jean-Luc Mélenchon, à son obsession de tout conflictualiser et de constituer la provocation et l'outrance comme un langage ordinaire.

Ce que FB a mis en oeuvre représentait trop son aspiration à une politique apaisée, de compromis et de conciliation, pour qu'il se privât de l'opportunité de la concrétiser malgré la mauvaise volonté et le caractère de Matamore des négociateurs socialistes (on est obligé de vanter Lionel Jospin et François Hollande !) qui cherchent à faire croire qu'ils ont arraché de haute lutte ce que le bon sens "centriste" leur avait concédé de bonne grâce avec le ministre Bruno Lombard - l'un des leurs sur le plan idéologique d'ailleurs !

Le Premier ministre a annoncé que le 3 février il ferait usage à deux reprises du 49-3 (La Tribune). Le bureau politique du parti socialiste qui heureusement continue dans sa voie autonome a décidé de ne pas voter la motion de censure qui sera déposée par LFI. Il ne sera plus intimidé par l'accusation de Manuel Bompard l'étiquetant, avec cette décision, comme soutien du macronisme !

Cette sagesse politique ne complaira pas à ceux qui songent plus à 2027 qu'au présent de la France. Priorisant l'obligation de responsabilité, elle sera une pierre de plus dans la restauration d'une vie parlementaire, susceptible de redonner un peu confiance à trop de citoyens lassés.

Pour ma part je veux croire que les Français, derrière les sarcasmes superficiels, saluent ce Premier ministre qui à sa manière a mis ses mains dans la glaise sans abandonner ses aspirations de toujours.

Puisque François Bayrou est un Créon qui n'oublie pas Antigone.


 

CONTRE /


 

Est-il permis de présenter une vision tout autre de François Bayrou que celle de notre hôte ?

Le seul courage qu’on doit lui reconnaître est de s’être levé tôt le matin pour aller à l’Élysée forcer le Président à le nommer Premier ministre. Il a même obtenu le privilège rare - accordé pendant quelques mois à Gérard Darmanin - de rester maire de Pau. C’est la première fois, sous la Ve République, qu’un locataire de Matignon s’impose de cette manière.

Ce jour-là, l’objectif de Bayrou était de réaliser le rêve qu’il poursuivait depuis plus de quarante ans, qu’importe si les conditions de son règne ne seraient pas les meilleures pour qu’il dure. Il est dans la place et compte bien s’y accrocher.

Aujourd’hui, un premier obstacle semble franchi. Dans quelques jours, le budget 2025 de l’État sera publié au Journal Officiel... Mais à quel prix !

Le plus grave n’est pas que le Premier ministre se soit couché devant le PS et lui ait accordé tout ce qu’il exigeait, y compris la très controversée AME. Maintenir dans les dépenses de l’État ce milliard d’euros en partie dilapidé, c’est franchir une ligne rouge fixé par le RN. Mais celui-ci, pour l’instant, ne veut pas jeter d’huile sur le feu, craignant d’être stoppé dans son élan vers l’Élysée par le jugement attendu le 31 mars.

Qu’a obtenu le centriste, qui a toujours penché à gauche, en contrepartie de cette reddition ? Rien... sauf, peut-être, quelques jours, quelques semaines de répit... à condition de châtier son langage et de freiner l’ardeur du couple Darmanin-Retailleau en tergiversant sur le contenu du projet de loi que ces deux-là concoctent pour éradiquer l’immigration clandestine. La moindre allusion au rapport évident entre le narcotrafic, l’augmentation de l’insécurité, la croissance de la violence et la population venue d’ailleurs lui serait fatale.

Le plus grave, c’est la désinvolture affichée dans ce budget par le Premier ministre vis-à-vis de l’économie, des entrepreneurs, de ceux qui produisent, qui emploient et qui exportent. La parole de Bernard Arnault est rare. Elle est d’autant plus importante. D’autres grands patrons ont aussi tapé du poing sur la table. Comment pourraient-ils admettre d’être encore plus taxés au moment même où se déclenche une guerre économique qui va entraver leur business ?

La politique agressive des droits de douane de Trump n’est rien d’autre qu’une proposition à peine discrète faite aux groupes européens les plus puissants de produire aux États-Unis et même d’y installer leurs sièges sociaux et d’y transférer leurs activités boursières. Le nouveau président américain ne pouvait pas trouver meilleur agent recruteur que ce Premier ministre français dont la culture économique est d’évidence insuffisante.

La France est percluse de maux. Depuis son arrivée à Matignon, qu’a fait, qu’a annoncé le « docteur » Bayrou ? Des mesures pour augmenter le pouvoir d’achat de la classe moyenne ? Aucune. Des suppressions de postes de fonctionnaires ? Aucune. Leur nombre va même augmenter. Des initiatives pour enrayer la nouvelle croissance du chômage ? Aucune. La construction de nouvelles prisons ? Non. Des renforts de police dans les villes moyennes où la délinquance et les coups de couteau augmentent ? Non. Le retour de l’autorité du maître dans l’Éducation nationale ? Non. Des représailles contre le régime algérien qui détient abusivement un écrivain français ? Non, alors qu’il est censé avoir aussi autorité sur le Quai d’Orsay. Cette liste, malheureusement, est loin d’être exhaustive.

Bayrou est un Premier ministre immobile... et le restera. Bayrou ne fait pas de politique, qui est l’art de gérer la cité, ce qui implique de prendre des risques. Bayrou fait de la « pol-pol », de la politicaillerie, l’art de ne fâcher personne. Il godille, contourne, louvoie, avec un objectif unique : rester Grand Vizir le plus longtemps possible.

Une seule fois, il s’est mouillé... « Sentiment de submersion migratoire ». Il a constaté le « sentiment », mais pas la « submersion », pourtant bien réelle, et pas seulement à Mayotte. Accablé de reproches après ce dérapage d’« extrême droite », il sera désormais encore plus prudent dans son expression.

Bayrou est un Premier ministre centriste de la IVe République, égaré au XXIe siècle... et il fait perdre un temps précieux à la France et aux Français.

Rédigé par : Serge HIREL | 04 février 2025 à 20:13


 


 


 

 


 

 

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L
C'est bien entendu la deuxième conception bayroutinne que je préfère, je pense exactement comme ce Monsieur, il nous fait perdre du temps pour contenter son petit ego !
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