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1 Juin 2021
Le mot « responsabilité » est actuellement à la mode en Guadeloupe avec les prochaines élections régionales . L'élection n'est-t-elle pas placée sous le signe du « gouverner autrement »? Le mot renvoie au sentiment que chacun éprouve plus ou moins clairement qu’il faut repenser, dans le fond et non seulement dans la forme, nos valeurs et nos modes de vie, si on ne veut pas aller, comme on dit, dans le mur. Depuis le début de la crise sanitaire liée au COVID-19, jamais un changement aussi profond ne s’était opéré sur nos modes de vie avec une mutation du travail qui intervient en accéléré sous pression de la crise sanitaire. Le télétravail ou plutôt le travail à distance est devenu la norme pour un grand nombre d’entre-nous sans que nous y soyons réellement préparés. En effet, l'on assiste en Guadeloupe à une accélération de la transformation numérique de la société et des entreprises, et ce avec la concomitance d'une revendication mémorielle exacerbée . Avec à la clé, un prochain retour de bâton identitaire et un bouleversement des modes de consommation, de production, d’approvisionnement, d’interaction ou encore de travail. Un nouveau mode de pensée et de vie va-t-il s’installer durablement en Guadeloupe ?
Vu la raréfaction attendue des ressources financières, le changement des institutions prôné par certains élus restera-t-il toujours d'actualité ?
Mais dans ce contexte de mutation de la société guadeloupéenne reste à savoir ce que ce slogan de la responsabilité recouvre quand on sait maintenant que le déficit budgétaire de la France devrait atteindre environ 220 milliards d’euros ( 9,2% du PIB) cette année, soit près de 47 milliards de plus que ce qui avait été budgété en loi de finances initiale.. Ainsi au total le gouvernement aura budgété environ 43 milliards d’euros pour ces principaux dispositifs d’urgence pour 2021.
Et c’est sans parler du front strictement sanitaire. La persistance de l’épidémie et la campagne de vaccination devraient aussi finalement engendrer « entre 9 et 10 milliards d’euros » de dépenses de santé, contre 4,3 milliards inscrits dans le budget de la Sécurité sociale.
Et pour la seule année 2020, c'est environ plus d'un milliard d'euros que l'Etat français a dépensé pour soutenir les ménages et entreprises de la Guadeloupe .
L’insécurité financière de la France avec la crise du coronavirus vient paradoxalement, de ce que les progrès de tous ordres, tout en nous apportant du mieux-être, nous font craindre — et vivre —demain le pire…
Évolutions concurrentielles, sociétales, économiques, technologiques, environnementales… la Guadeloupe va devoir s’adapter en permanence pour assurer sa pérennité dans un panorama de crise sans cesse changeant.
L’histoire est cyclique en ce sens qu’elle alterne des phases de croissance politique et économique, convergeant vers plus de liberté et de démocratie, avec des phases chaotiques de doute et de remise en cause de son fonctionnement général. Pendant ces périodes troublées, le modèle sociétal est questionné avec un désir de plus d'autorité , et avec lui le modèle économique et social qui le supporte.
Le cap est franchi. Longtemps réticent aux ventes en ligne, le secteur économique a dû revoir sa position sous l'effet de la crise sanitaire et des confinements concomitants, qui ont jeté sa clientèle dans les bras du digital.
C'est dans ces conditions que le coronavirus pourrait enraciner en Guadeloupe le recours à la visioconférence ou au télétravail dans les usages en plus de la croissance exponentielle de l'e commerce. Tout cela aura forcément des conséquences à moyen terme pour l'emploi des guadeloupéens .
La récession que va causer la pandémie de Coronavirus n’est pas encore quantifiée pour l'année 2021 que déjà la question est sur toutes les lèvres : dans quelle mesure cette crise va t-elle transformer l’économie ?
Et d'ailleurs plus prêt de notre environnement géographique, comment la Martinique se sortira du piège identitaire tendu par une poignée d'activistes RVN ?
La Guadeloupe est confrontée en cette année 2021 à une crise inédite de la mémoire historique conjuguée à un déclin économique larvée et nul ne sait ce qui en ressortira . De nombreux secteurs d’activités sont durement affectés par cette atonie de l’activité . Si un grand nombre d’entreprises va accuser un manque à gagner ponctuel, ce ne sera pas le cas pour les industries du tourisme , de l'événementiel , des croisières, du voyage, de la pêche, de l'agriculture et de la restauration qui ne pourront pas rattraper les dépenses perdues.
A l’inverse, télémédecine, télétravail, école à distance, plateforme de streaming, e-commerce et drive sortiront grands gagnants de la crise du coronavirus.
Pour passer ce cap extrêmement préoccupant, il sera nécessaire d’adapter les politiques régionales, nationales et communautaires.
La “ récession” de l’économie attendu dès le deuxième semestre 2021 montre que la Guadeloupe n’est pas encore entrée de plein pied dans la crise , et qu’un autre modèle économique s’impose dès maintenant .
Elle confirme malheureusement toutes nos analyses précédentes : au-delà de la crise financière des finances publiques , la politique économique du gouvernement est aussi néfaste en Guadeloupe sur le plan de l’endettement des entreprises ;
Face à cette réalité des entreprises "zombies" , il devient urgent d'envisager une politique d’assainissement juste et efficace des comptes et la mise à plat de la politique budgétaire des collectivités locales , dont le gel des dotations par l’état sera particuliérement intolérable.
La région sera la collectivité la plus touchée par cette crise de la dette et des déficits budgétaires de l'Etat .
Comment dès lors pourrait -elle continuer à apporter son concours aux financements des infrastructures , à investir autant dans les lycées et dans la formation professionnelle, à accompagner les entreprises, le comité du tourisme, les laboratoires de recherche de l'université des Antilles , les investissements verts, les communes pour les ccas, les projets de haut débit, les équipements culturels et sportifs…. C’est un coup d’arrêt à l’aménagement du territoire et aux services publics de proximité, car la région , assure, rappelons le, 74% des investissements publics. L’Etat a décidé de mettre un coup d'accélérateur pour soutenir l'économie avec la politique du quoiqu'il en coûte. Il est totalement endetté et il regardera bientôt vers qui faire des économies.
Outre les collectivités, qui sera le plus touché au quotidien par cette diminution des moyens ?
S’interroger sur le sens de l’action politique en Guadeloupe est devenu une nécessité. Face aux dérives et aux ambiguïtés des hommes politiques, ne faut-il pas redécouvrir le sens éthique de l’analyse critique ? Schématiquement, on pourrait dire que, si dans les années 60-70, s’imposait le paradigme du « tout politique », aujourd’hui nous vivons sous la domination du paradigme du « tout économique ». La crise de la covid 19 va engendrer un basculement de l’économie dans un nouveau régime de croissance et du rôle de l’Etat dans un nouveau mode d’intervention sociale. Observer, analyser, restituer ,telle doit être notre conduite dans le contexte actuel ! Retrouvons le sens de l’analyse critique et faisons vivre le débat de façon prospective lors de cette élection régionale . Les systèmes économiques résultent à la fois de grandes tendances socio-économiques (démographie, facteur technique, stock de richesses valorisables) et de l’agrégation de comportements individuels. Ce phénomène cyclique est lourd de menaces pour l'avenir de la Guadeloupe , et c'est pourquoi il va falloir repenser nos méthodes de réflexions du monde à venir et sortir de la gangue du court-termisme qui nous caractérise , nous qui serons très vite confronté à une nouvelle réalité implacable dans les mois qui viennent à savoir la disparition programmée par la crise financière et celle de la dette, de l’Etat providence. Cette nouvelle donne nécessite plus de mobilisation de tous les intellectuels et surtout plus de responsabilité collective et individuelle des citoyens et plus encore une vision forte des élus sur les mutations en cours au sein de la société .
Jean marie Nol économiste |