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24 Avril 2012
( Tout en noir Mgr Pierre Genoud aux côtés d'un gouverneur qui ne me semble pas être M. Constant Sorin
).
Mgr Pierre Genoud fut évêque de la Guadeloupe de 1912 à 1945, date de sa mort. J'en ai beaucoup entendu parler, notamment de son ardeur apostolique, de sa charité, de sa fidélité à l'Eglise, de son amour des Guadeloupéens.
Je sais aussi que la fin de son épiscopat fut difficile. Il n'y avait pas de limite d'âge à l'époque pour les évêques ( aujourd'hui 75 ans ) et la vieillesse est un naufrage, disait de Gaulle, qui avait la hantise de se pétrifier, comme son vieux chef le Maréchal Pétain à partir de 1930.
Un maréchal Pétain, pour lequel Mgr Genoud, qui en était presque contemporain, avait une très grande ( trop? ) admiration.
Ce qui le conduisit à prendre en ces années tragiques de la seconde guerre mondiale des mesures contestables, et à formuler, à l'égard de Pétain des louanges excessives, et à l'égard de de Gaulle des propos inconsidérés.
Si j'en parle c'est que je viens de prendre connaissance du dernier numéro du journal l'Express où un dossier est consacré au « Vrai pouvoir des cathos » en Guadeloupe, sous la direction de notre éminent confrère André-Jean Vidal ( pour moi un ami de 40 ans ).
Je ne voudrais pas dans cet article porter une appréciation sur l'ensemble de ce dossier, rédigé par une personnalité compétente, connue pour sa profonde spiritualité laïque.
Non! Ce qui retient ce soir mon attention, c'est, oserai-je employer l'expression : un point de détail.
Plus exactement ce petit entrefilet du bas de la page 8 du dossier où il est dit que les catholiques guadeloupéens ont toujours eu des liens étroits avec les Francs-maçons : « Les catholiques ne sont pas intolérants, et surtout pas à l'égard des loges. Leurs liens avec la maçonnerie sont historiques, et nombre d'entre eux appartiennent à différentes obédiences des Frères de la lumière. Me Félix Rodes, avocat illustre, témoigne : « Mon père, dans les premières années du XX ème siècle, était franc-maçon. Parmi ses frères se trouvait Mgr Genoud, évêque de la Guadeloupe. Chez nous, les catholiques ont toujours fréquenté les loges, et cela ne les a jamais empêchés de communier à l'église ». »
Ce passage contient plusieurs affirmations, qu'il importe de juger comme il convient.
Il y a eu, et il y a toujours des catholiques, ( et souvent des blancs créoles dont j'ai les noms sur le bout de la langue ) qui ont fréquenté des loges et même y ont exercé des fonctions importantes, et une influence certaine. Le sachant ou pas, ils étaient excommuniés conformément au droit canon de l'Eglise. Je me souviens des propos d'un de mes oncles, du côté paternel, intime ami d'un blanc-créole qui possédait un petit îlot dans la rade de Pointe-à-Pitre. Franc-Maçon, ce dernier avait soigneusement caché chez lui, enfoui sous le sol et sous une chape de ciment, une partie des archives de la FM guadeloupéenne.
Donc DES catholiques ont été FM. Mais LES catholiques? Voici qui n'est pas exact. Petite erreur, qui n'est pas pour autant un mensonge.
Mais André-Jean cite un propos de maître Félix Rodes, et entre guillemets. Propos selon lequel l'évêque de la Guadeloupe Mgr Genoud, était Franc-Maçon, et rencontrait son père dans la même loge du chef lieu de la Guadeloupe.
( Me Félix Rodes. " Plus cabotin que lui, tu meurs" ).
Voici qui n'est pas simplement anecdotique.
Deux questions alors se posent.
Ou bien Félix Rodes a raison, et l'évêque de la Guadeloupe était un adepte du double jeu, et se trouvait, ipso facto, excommunié par son Eglise, selon le droit canon.
Ou bien maître Rodes est un fieffé menteur.
Ou bien encore, il est atteint par ce mal qu'évoquait Jean Racine : « du temps, l'irrémédiable outrage ». Je préfère cette périphrase au mot plus cinglant qui conviendrait, et que j'épargne à l'ancien bâtonnier, par l'admiration que j'éprouve toujours pour les comédiens, et Félix est, on le sait, un fieffé comédien.
Mais les Guadeloupéens, et les catholiques en particulier, aimeraient bien savoir si leur ancien évêque était un un as de la duplicité, ou s'il est aujourd'hui victime de la malveillance de gens dont maître Rodes n'est peut-être, dans les affres du grand âge, qu'un instrument plus ou moins conscient, manipulé par d'ignobles tartuffes..
Personnellement, bien que, pour ce que j'en sais, je ne sois pas un admirateur compulsif des méthodes de gouvernement, et de la personnalité de Pierre Genoud, j'émets plus que des doutes sur les coups bas qui lui sont portés aujourd'hui, 67 ans après son décès.
Et ceci pour plusieurs RAISONS.
Défense de la mémoire de Mgr Pierre Genoud.
En 1940, la France est vaincue, et occupée par l'Allemagne nazie, qui n'était pas un occupant ordinaire, ni particulièrement tendre.
Le maréchal Pétain avait choisi la politique que l'on sait, qui est aujourd'hui unanimement condamnée, mais qui, alors, n'était pas nécessairement une attitude de trahison.
Son « gouvernement » prit des mesures contre les juifs, contre les Francs maçons pour des raisons d'ordre idéologiques ( et bien qu'il y ait eu des Francs maçons ouvertement collaborateurs. Outre les livres d'histoire comme l'Histoire de la résistance de François-Georges Dreyfus, aux éditions de Fallois, voir le roman de l'écrivain Christian Jack Le moine et le vénérable, aux éditions Pocket ).
Aux Antilles ses directives furent suivies, pas nécessairement avec enthousiasme, par les fonctionnaires, et donc les gouverneurs.
L'Eglise et la maçonnerie sont en conflit depuis des générations. L'Eglise catholique est bien vue des autorités de Vichy en ce début de la guerre. Certains évêques, parmi lesquels Mgr Genoud, dont je désapprouve le comportement, bien que je ne sois pas FM, ont tendance à profiter de ces « avantages » assez peu nobles.
Dans le tome III de son Histoire de la Guadeloupe ( à lire avec des pincettes cependant à cause des postulats idéologiques consternants qui la dirigent. Elle fut rédigée il y a 42 ans ) le docteur Henri Bangou cite un texte de Pierre Genoud où celui-ci évoquant l'oeuvre du maréchal où ce dernier, je cite se préparait à extirper des fondations de la nation française « tous les matériaux qui minaient cet édifice... D'où provenaient ces matériaux? Des hauts fourneaux des sociétés secrètes parvenues à s'emparer du pouvoir suprême dans le gouvernement français. Elles en profitèrent pour faire des lois aussi néfastes à la nation qu'à la religion ».
C'est ainsi que les Francs-Maçons de la loge « les élus d'occident », à Basse Terre se virent expulsés de leur propriété du chef-lieu, où se dressait le Temple de la Loge, et celle-ci, détruite. L'association diocésaine fit l'acquisition au gouvernement, à des conditions intéressantes,du terrain et des droits y afférent.
Sur cette affaire, dans une note de son livre « Essai sur l'origine et l'histoire de la Franc-Maçonnerie en Guadeloupe », le docteur Guy Monduc (FM lui-même ), note consacrée à la Loge des « élus d'occident » écrit : « Au retour de la légalité républicaine, abrogeant l'ordonnance du 13 août 1940, il ( M. Léon Matis ) soutint durant quatorze années différents procès qui devaient aboutir à la condamnation de l'association diocésaine et l'ex colonie de la Guadeloupe à la restitution de la Loge « les Elus d'occident ».
Honnêtement, mais avec une certaine indulgence pour son confrère en sacerdoce, « devenu un vieillard » disait-il avec un sens de la litote qui doit beaucoup à la charité, le père Camille Fabre, prêtre spiritain, et historien talentueux, écrit dans cette histoire de l'Eglise en Guadeloupe qu'est « Dans le sillage des caravelles, », à la page 306, ce qui est une confirmation des dires de Guy Monduc : « Les frères 3 points de la loge des Elus d'occident qu'on a dépossédés de leur local pour l'attribuer à l'Association diocésaine préparent leur riposte » qui aboutira , comme je viens de le dire.
On le voit, si Mgr Genoud, dans l'extrême hiver de son âge, a mené une politique discutable, notamment à l'égard des FM, c'est qu'il n'en faisait pas partie.
Maître Rodes, emportée par sa fougue, et son amour romantique des envolées lyriques, ne se rend même pas compte qu'il disqualifie son propre père qui ami d'un prélat si pétainiste, se rangeait ainsi parmi les amis du maréchal ( horresco referens).
http://www.youtube.com/watch?v=va3J6sW_FSs
Il faut donc récuser ces billevesées de vieil avocat, toujours désireux de faire parler de lui, et rendre justice à l'ancien évêque, quelles que soient les réserves que l'on peut faire à l'égard de certains de ces actes.
Mais les archives des loges subsistent, et celle de l'évêché aussi. Ne pourrait-on les consulter pour en savoir plus?
André-Jean avec tout son entregent, et ses relations trans-spirituelles pourraient approfondir la chose.
Et si Mgr Genoud était vraiment coupable, l'on pourrait imaginer une grand messe solennelle dite pour son salut, et présidée par l'administrateur diocésain.
Elle serait radiodiffusée. L'administrateur serait heureux. Et la vraie vérité établie.
Nous attendons tous.
Avec ferveur.
Edouard Boulogne.
Lien : Qu'est-ce que la Franc-maçonnerie? http://www.lescrutateur.com/pages/la-pensee-du-jour-26-11-2010-franc-ma-onnerie-4142711.html