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16 Février 2011
Plaidoyer pour un service militaire d'insertion en Guadeloupe
( Jeunes militaires guadeloupéens, au service, en Haïti ).
( Notre collaborateur DOLTO poursuit sa série de très remarquables articles sur la crise sociétale actuelle de la Guadeloupe. Je suggère à tous nos lecteurs – près de 500 par jour depuis le début de février - de communiquer ces textes à tous leurs amis. Ce que dit Dolto, in fine, sur le rôle capital d'institutions, hélas! aujourd'hui disparues comme l'école de St-Jean Bosco, ou le Service militaire obligatoire est tragiquement vrai. Je met actuellement au point un long et beau témoignage d'un Guadeloupéen de 45 ans qui est passé par le drame d'une jeunesse très difficile, c'est le moins que l'on puisse en dire, et qui s'en est sorti, va tout à fait dans le sens de ce que dit notre ami. Ce témoignage paraîtra dans les quinze jours. E.Boulogne).
( Jeunes du RSMA, en
Guadeloupe ).
Dans les sociétés violentes comme la Guadeloupe , la surdité aux problèmes sociaux des générations à venir peut devenir un vrai souci.
Mais c'est là un symptôme plus que la cause profonde du mal, qui n'a rien de nouveau. Ce qui est inédit, en revanche, relève de la profondeur du déni d'un phénomène de violence des jeunes qui
s'amplifie. L' expérience de la violence scolaire et l'échec des politiques d'insertion ,( 20 ans après la première édition de la mission locale pour les jeunes et 5 ans après l'émergence de
l'école de la 2 ème chance), me permet d'en établir le constat : depuis 1990, nous n'avons rien fait de tangible , alors que nous savions. Chaque fois, les périodes de rémission ont donné
l'illusion du rétablissement, mais, en réalité, la situation s'est dégradée.
Quels sont les symptômes de ce mal-être collectif face à la violence et au chômage des jeunes ? Les plus visibles relèvent des difficultés accrues de la jeunesse. Nous le savons, trente-cinq ans
après l'extension du chômage de masse, la jeunesse a servi de variable d'ajustement. Chômage record, violence scolaire , précarisation, développement de poches de travail quasi gratuit (stages,
piges, free-lance, exonération de charges, etc.), nouvelle pauvreté de la jeunesse, état de santé problématique ( DROGUE ), absence d'horizon lisible du fait de la prégnance de l'illettrisme chez
les jeunes de Guadeloupe.
En trois décennies, nous n'avons pas progressé - c'est une litote.
Alors que faire ? Pour partie, le traitement est bien connu. La formation est un enjeu vital et la rééducation des jeunes en difficultés un facteur primordial de cohésion sociale.
Quand est‐ce que nos dirigeants accepteront d’atterrir et de prendre une fois pour toute la mesure des transformations qu’il faut mener à très grande vitesse pour assurer la survivance du pays
Guadeloupe ? Chaque heure, chaque jour, chaque semaine perdus en discussions stériles SUR LE STATUT nous conduisent un peu plus vite vers un drame collectif. Pourtant, il y a suffisamment de
signaux faibles pour sonner l’alerte et mobiliser toutes les énergies et talents de notre ile pour éradiquer le chômage et la violence des jeunes . Pourquoi attendre au mieux 44 jours comme en
Guadeloupe en 2009 pour stopper le bazar actuel ? Les experts en insurrection auraient tort de se priver : nous leur offrons un terrain de jeu privilégié et une caisse de résonance
exceptionnelle, le tout au cœur de la révolte médiatisée de certains pays arabes.
Il faut immédiatement arrêter les dérives violentes en cours en Guadeloupe. Il ne faut pas laisser s’installer le non-droit et l’atteinte aux libertés fondamentales ?.Ne peut-on ainsi envisager la création d'un service d'éducation familiale a l'image du planning familialdont l'objet
serait de soutenir les familles en mal d'autorité éducative et financé pour partie par les allocations familiales suspendues aux parents défaillants ?
Ne nous trompons pas une fois de plus dans l’évaluation des situations !
Il est plus qu’urgent d’arrêter la récréation statutaire qui est en cours et de remettre le pays en ordre de marche. Au‐delà des contingences économiques, c’est un enjeu majeur pour nos enfants.
Ces derniers n’ont rien à faire dans les rues, leurs vrais chalenges pour demain ce sont les moyens mis à leur disposition pour passer d’une société infantile à une société responsable. Le
collapsus actuel peut‐il nous y aider ?
Tout ceci pose la question du rétablissement de l’autorité à tous les niveaux et de la mise en oeuvre sans tarder d'un service militaire d'insertiondont l'objet serait la réinsertion des jeunes sans plus aucun repères , délinquants ou
non en difficultés sociales voire éducatives et surtout en échec scolaire ( le SMI : première étape vers une transition naturelle en direction du RSMA ) . N’oublions pas comme l’écrivait
Saint-John-Perse que “La démocratie, plus qu’aucun régime, exige l’exercice de l’autorité”. Telle est la singularité de la crise que nous traversons, nous Guadeloupéens. Bien au‐delà la crise de
modèle à assumer, les évènements récurrents de la violence des jeunes , nous interpellent sur cette question à la fois politique et sociétale du rétablissement de l’autorité à tous les niveaux et
ce jusqu’au niveau parental...et bien évidemment de l'éducation nationale . La chienlit actuelle ne peut qu’être la résultante de ces trente années de dilution des responsabilités ( fermeture de
Saint Jean BOSCO , suppression du service militaire obligatoire ), de glissement liberticide dans tous les domaines et de banalisation de la prise de décision des acteurs locaux . Pour autant
faut‐il se contenter de supporter les événements en faisant une fois de plus le dos rond et en attendant des jours meilleurs ou ne serait‐il pas temps de réagir une bonne fois pour toute ?
Subir la violence des jeunes ou se relever pour la combattre : le choix est finalement simple !
DOLTO