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13 Août 2012
Les classes politiques actuellement au pouvoir en Europe, et aux USA, ( à gauche, mais aussi « à droite » ) ne bercent-elles pas nos opinions publiques d'illusions lyriques? D'autant plus dangereuses qu'elles sont lyriques, et flattent pour les pervertir les générosités qui subsistent encore, surtout chez les plus jeunes, nos âmes de « chrétiens », qui, molles et velléitaires, se satisfont, trop souvent, de slogans faciles comme la « défense des droits de l'homme » qu'il est dérisoirement facile de soutenir d'un clic sur internet, sans autres réflexions ni efforts.
Par exemple qu'est-ce que ces « droits de l'homme » pour lesquels on nous mobilise si facilement contre Ben Ali, contre Khadafi, contre Moubarak, et aujourd'hui contre Achar el-Assad en Syrie?
En écrivant ces lignes, je ne montre, a priori, comme a posteriori, aucune sympathie pour ces messieurs que je viens d'évoquer.
La famille Ben Ali était une famille de parvenus, de ploucs ( c'était particulièrement sensible chez l'épouse ). Khadafi était un affreux bonhomme, un dictateur redoutable. La « dynastie » des Assad n'est pas une association de bienfaiteurs du peuple.
Mais quand on porte un jugement d'ordre moral sur l'action politique il importe de ne pas oublier que la "morale politique" ne doit pas être appréciée par rapport aux mêmes normes que la morale individuelle.
Le plus doux et le plus honnête des hommes n'est pas nécessairement le plus apte à la conduite des peuples. « Je crains un homme bon, au pouvoir » disait Charles Péguy.
Les présidents américains Wilson en 1918 ( au traité de Versailles ), et Franklin Roosevelt en 1945, ( à Yalta ) lors des négociations sur l'avenir du monde après chacune des deux guerres mondiales du XX ème siècle, étaient animés de préoccupations fort « nobles » et juridiques, très « droits de l'hommistes. Ils créèrent en fait les conditions de l'arrivée au pouvoir d'Hitler en Allemagne, de Staline en Russie.
Roosevelt à Yalta croyait dans les paroles de ce grand« démocrate » de Staline. Au grand désespoir de Churchill, qui voyait bien plus clair, en sa qualité de véritable homme d'Etat, lucide et clairvoyant, un rien cynique. Le résultat fut la chute brutale, sur toute l'Europe centrale, et une partie notable du monde, du fameux « rideau de fer » ( expression créée par Winston Churchill ) sous la « protection » duquel la dictature sanguinaire du communisme perpétra ses crimes ( des dizaines de millions de morts ) au moins équivalents à ceux du nazisme, durant 46 ans.
Combattre, même militairement l'URSS, dès 1945, comme l'aurait voulu Churchill, ou bien prendre prétexte de l'agression communiste en Corée, ( 1949-1953 ) pour liquider le régime communiste qui sous les ordres de Mao Tsé Toung s'était impliqué dans un conflit voulu par Staline ( c'était la politique préconisée par le général Mac Arthur ) eut changé la face du monde, en mieux ( ou en « moins pire »! ).
C'est ce qu'on appelle la « realpolitik ». Une politique, qui sous l'angle de la sensibilité individuelle chez des peuples marqués par le christianisme, peut paraître cynique et immorale, mais qui, concrètement, au vu des résultats est souvent préférable.
Du point de vue de cette realpolitik il peut arriver que l'on reçoive en grande pompe des gens que l'on méprise sur le plan de la morale individuelle, mais dont on estime, que dans la conjoncture présente ( et en politique il arrive que le présent dure longtemps; le temps de la politique, n'est pas le temps de l'individu ), ils représentent un moindre mal.
On l'a vu avec Sadam Hussein, dont l'exécution libéra les forces, les énergies opposées, ethniques, religieuses, politiques que sa dictature contenait, en Irak, ( autre civilisation, autre paysage mental que le nôtre ) dans un équilibre, certes peu satisfaisant pour un éditorialiste parisien ou new-yorkais, mais nettement plus gratifiant pour les Irakiens, et diverses minorités de ce pays, dont la minorité chrétienne qui est l'une de celles qui a eu le plus à pâtir de l'action des « croisés », comme disent les subversifs, lesquels bénéficient aujourd'hui le plus de l' « irénisme » de Georges Bush père et de ses alliés de l'époque, dont l' Arabie saoudiste ( un pays de « croisés ???!!!" ).
Je m'excuse pour ces développements un peu longs, que je soumets à la critique, mais que je crois utiles pour s'élever, un peu, au-dessus de la version officielle, partielle, partiale, et, je crois, mensongères des faits ( ou plus précisément de ceux qu'on nous présente ).
La Tunisie du temps de ben Ali n'était pas parfaite? Certes! Du moins par rapport à la France, et à nos valeurs présentes.
Chaque jour, il y a un an et demi, au début de l'an 2011, les TV nous montraient ces " jeunes indignés " tunisiens dont on nous disait qu'ils étaient la génération internet, gagnés au droits de l'homme ( rions trois fois! Les présentateurs, et le cher Bernard-Henri Lévy ne riaient pas. ). « Dégage! » disaient-ils à Ben Ali, « dégage! » .
Un ministre des affaires étrangères français ( M-A-M ! ) en perdit son porte-feuille ( ministériel ). Ben Ali "dégagea".
La suprême « élégance juvénile » de l'expression excite toujours tellement le PAF qu'on nous passe toujours en boucles, tous les soirs, au génériques des informations de France-Région III, le troupeau des jeunes « révolutionnaires » tunisiens en pleine éructation ( démocratique ).
C'était le temps du « printemps arabe ».
Il semble qu'aujourd'hui s'installe un hiver qui pourrait durer plus longtemps que ne le souhaitent les Tunisiens ordinaires.
Ceux qui le peuvent commencent à réfléchir sur « les droits de l'homme ».
Ils savent déjà, et mieux que le « philosophe » BHL, que la notion de l'homme n'a pas nécessairement la même signification en aire chrétienne ( Ou anciennement chrétienne. Il y a tellement de pourfendeurs parisiens du christianisme, qui ne connaissent pas leur dette à l'égard de cette « affreuse » religion ) et en aire musulmane.
Par exemple, chez les « frères musulmans » la notion de droit n'a pas nécessairement la même signification pour un male et pour une … femme . ( Héritier de la vieille civilisation européenne, je dois à l'Eglise catholique de n'avoir pas utilisé, à l'instant l'antonyme de " male" qui est "femelle". C'est l'Eglise, en effet, qui s'opposa au machisme général, consécutif à l'effondrement de l'empire romain sous les coups des immigrés barbares, et substitua l'amour courtois et l'esprit chevalereque à la brtalité masculine. On se référera, si l'on a le désir d'approfondir, au magnique ouvrage de Denis de Rougemont : " L'amour et l'occident ).
Le lien que je vous propose ci-dessous, lecteur, n'oublie pas de le visioner et de l'écouter.
Je ne sais combien de Tunisiens de la dernière génération ont lu la comtesse de Ségur.
Pour moi, au moment de titrer ce petit article, il me vient une réminiscence ségurienne.
Ce sera après une simple inversion des termes : « Tunisie :après le printemps, l'hiver ».
E.Boulogne.
http://www.youtube.com/watch?v=2wO9AKJwmRg&feature=youtube_gdata_player
( Pour ceux qui ont conservé "l'esprit d'enfance" ).