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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

La chrestomathie du Scrutateur (D) par E.Boulogne.

La chrestomathie du Scrutateur.


chouette.jpg (La chouette, oiseau de Minerve, symbole de la sagesse).











La Chrestomatie évolue de jour en jour. N'hésitez pas à la consulter régulièrement.



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Délicatesse.

( 1964 ) : Délicatesse : 

« Je dirais que la délicatesse est un genre de la finesse. C'est la finesse portée dans le domaine du sentiment, ou mieux dans l'art de deviner les sentiments d'autrui. Un délicat évite de choquer son semblable dans les moindres choses; il lui faut des antennes pour appréhender le bien et le mal que peuvent faire un geste, une parole, une intonation...Sans la délicatesse, je pense qu'il n'y a pas d'entretiens possibles ».

 

Jean Guitton.





(1994) : Démocratie : "La démocratie est l'art d'agiter le peuple avant de s'en servir".
Talleyrand.

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  (2007)  : DEMOCRATIE


        *Le mot « démocratie » peut s’entendre au moins en deux sens : le système démocratique, qui est au fond l’auto gouvernement du peuple, me paraît peut-être possible dans la mesure où le peuple est capable de s’autogouverner. Est-ce qu’on peut valablement appliquer le mot pris dans un sens positif et éventuellement défendable à autre chose qu’à des groupes humains, des collectivités, des communautés qui sont capables dans une certaine mesure, de raison, de réflexions, de responsabilités ? On ne peut pas désavouer complètement le régime démocratique parce que dans les assemblées conventuelles, les monastères sont régis d’une manière en partie démocratique. Cela dit, il me paraît clair que nous n’avons absolument pas affaire dans le monde moderne avec ce type de démocratie. La démocratie, c’est le pseudo auto gouvernement des masses, mais des masses qui sont caractérisées de manière évidente par une absence totale de qualification au gouvernement, de capacités, de responsabilité, de réflexion.
    La démocratie moderne n’est jamais qu’un gouvernement hypocritement exercé par certains, gouvernement du grand nombre par un petit nombre, dans des conditions telles que précisément il semble que le pouvoir du petit nombre repose quand même sur l’adhésion, l’assentiment du grand nombre. Ce qui fausse complètement les choses parce que, comme le grand nombre est d’une certaine manière incapable de gouvernement, c’est alors que s’instaurent des procédures de manipulation. Dans le monde moderne, vous avez affaire à de véritables machines à gouverner. La classe politique défend ses intérêts, c’est vrai, il n’y a qu’à regarder les partis politiques. Dans le même temps, on ne peut pas dire que le pouvoir de ces classes n’obéit pas quand même au souci de garder constamment l’adhésion des masses. On ne peut pas dire qu’il s’agisse à proprement parler d’un gouvernement dans le sens plein du terme. On en revient à cette idée que, d’une certaine manière, les gouvernants gouvernent, mais sont aussi gouvernés par les gouvernés. Ce qui engendre, à mon avis, le caractère totalitaire des pays modernes. Vous me demandez s’il y a un rapport entre démocratie et totalitarisme. Je vous dirai : dans l’absolu et dans l’essence, on peut très bien concevoir une démocratie qui ne soit pas totalitaire et même d’une certaine manière qui soit contraire au totalitarisme, mais la forme prise par la démocratie dans le monde moderne est telle que j’ai de plus en plus de mal à distinguer la démocratie et le totalitarisme.

                            Claude POLIN.
                    (In Catholica : n° 65 automne99 P. 89).

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( 2010) : Démocratie : 

Le terme de démocratie est tellement difficile qu'il vaudrait presque mieux renoncer à son emploi. Pris dans son sens étymologique, il ne recouvre aucune réalité : le peuple, opposé aux institutions sociales et politiques qui lui donnent une structure et la possibilité de réfléchir et d'agir, n'existe pas en tant qu'unité et, à plus forte raison, ne décide de rien . Les décisions, la réflexion, l'action sont l'affaire des institutions – et c'est à ces institutions que le terme de démocratie , dans l'acception indiquée, et qui, n'est pas celle des seuls philologues, oppose le peuple. C'est le gouvernement qui réfléchit et agit, et il peut le faire avec l'aide et le concours d'une représentation du peuple, non du peuple ( même dans une démocratie directe, c'est une partie qui représente le peuple ). Si, en revanche, on nomme démocratique tout gouvernement qui jouit de l'adhésion des citoyens, les différences de forme n'entrent plus en ligne de compte, et le gouvernement le plus autocratique peut-être plus démocratique que tel régime constitutionnel ».

 

Eric Weil.




(1994) : Désespoir : "Il n'y a pas de désespoir tant que subsiste la conscience d'accomplir une tâche".
Julien Freünd.

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(1994) : Discussion : "Qui ne sait pas mettre ses idées à la glace ne doit pas s'engager dans la chaleur de la discussion".
Nietzsche.

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(1960) : Divertissement : "Divertissement : Quand je m’y suis mis quelquefois, à considérer les diverses les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc, j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre.
Un homme qui a assez de biens pour vivre, s’il savait demeurer chez soi avec plaisir, n’en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d’une place. On n’achètera une charge à l’armée si cher, que parce qu’on trouverait insupportable de ne bouger de la ville ; et on ne recherche les conversations et les divertissements des jeux que parce qu’on ne peut demeurer chez soi avec plaisir. Mais quand j’ai pensé de plus près, et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près.
Quelque condition(1) qu’on se figure, si l’on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus beau poste du monde, et cependant qu’on s’en imagine,(2) accompagné de toutes les satisfactions qui peuvent le toucher. S’il est sans divertissement, et qu’on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu’il est, cette félicité languissante ne le soutiendra point, il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent, des révoltes qui peuvent arriver, et enfin de la mort et des maladies qui sont inévitables ; de sorte que, s’il est sans ce qu’on appelle divertissement, le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets, qui joue et se divertit".

Blaise PASCAL.

(1) Condition : position dans la société.
(2) S’en imagine : imagine le roi.

Eléments pour un commentaire proposés aux élèves d'une classe terminale en 2001. :

     
                Qu’est-ce qui fait vivre les hommes ?Pour les uns c’est l’argent, pour d’autres la gloire, la puissance, la considération sociale, les honneurs, etc.
    Se posant la question Blaise PASCAL va plus loin ; il propose une analyse plus profonde.
Au faîte du pouvoir ou de la fortune, l’homme est encore angoissé, malheureux. L’auteur des Pensées y voit un caractère propre à l’essence même de l’homme. Il y aurait en nous un creux, un puits sans fond, une soif inextinguible.
    Et tout le spectacle de l’histoire humaine ne serait que fuite en avant, spectacle dérisoire donné aux autres et à soi-même, divertissement pathétique.

(I)

  Pascal commence par « considérer » le spectacle quotidien de la vie sociale et politique. Il le fait dans un langage où se mêlent de la hauteur et de la pitié. Les hommes « s’agitent » dit-il. Ils s’exposent à des « périls » des « peines », comme des bourreaux d’eux-mêmes. N’est-ce pas étonnant ? Sur quels théâtres ? Notons l’ironie : la « cour » mise sur le même pied qu’un champ de bataille (« la guerre »)..
Ils se précipitent donc volontairement au devant de « querelles », de passions souvent mauvaises.
Fin du 1er pf : 1 ère conclusion : les hommes sont incapables de rester face à eux mêmes dans une chambre. Mais c’est surtout un constat plus qu’une explication. Pascal va poursuivre son investigation.
    *Dans le 2ème pf il évoque l’exemple, non de pauvres, mais d’hommes qui ont du bien, comme on dit, de nantis. Ils pourraient se contenter de vivre. Pas de fortune à faire, ou même aucune préoccupation de survie matérielle.
Or, ils ont le tracassin. En ces temps où le service militaire n’est pas obligatoire, ils achètent des charges à l’armée. Tout serait préférable donc, et les plus grands dangers, à la solitude. Le divertissement est roi.
    *Le 3ème  pf va encore plus loin. Pascal jusqu’à présent n’a distingué que la cause de nos malheurs. Il s’interroge maintenant sur la raison de tout cela. Elle est consubstantielle à la condition humaine. On sait que Pascal est chrétien, et même de tendance janséniste. Peut-être l’influence chrétienne est-elle sensible ici, la croyance en les conséquences fâcheuses pour l’homme du péché originel. Quoiqu’il en soit, il voit la source du malheur dans la condition humaine « faible, mortelle, misérable ».
Faible (commenter, ex)
Mortelle(commenter, ex).
Misérable. L’homme le plus puissant du monde, n’est pas certain d’être aimé, le bonheur n’est pas dans l’avoir. La beauté est fugitive (« Thaïs tu vieilliras ! »). Malraux, l’agnostique a rejoint ici le chrétien Pascal « il n’y a pas de grandes personnes ». (confidence de l’aumônier des Glières).
*Le dernier pf ne fait que compléter  ce qui précède. La personne royale elle-même est prise comme paradigme. Le roi le plus puissant est comme n’importe lequel de ses sujets. Sans divertissement, s’il réfléchit il sombre dans la mélancolie. D’où, selon Pascal l’effarante agitation de la politique et des affaires. (exemples, y compris contemporains sans attaques contre les personnes). Tout plutôt que la contemplation du néant.

(II).

    Ce diagnostique n’est-il pas trop sombre ? Une activité quelconque échappe t-elle à l’investigation pascalienne ?
L’action, même contre la misère et la pauvreté, ne serait-elle pas « divertissement » ?Tous, St-Vincent de Paul, mère Thérésa, Raoul Follereau, ne seraient-ils que des fuyards terrorisés ?
Il y a en Pascal l’âme d’un grand mystique. Les hommes les plus vrais ne seraient-ils pas ceux, les grands mystiques, capables de méditer dans le dénuement solitaire d’une simple cellule, face à un crane ?
Mais, si Dieu n’existait pas ? !La philosophie elle-même ne serait-elle pas « divertissement » ?

(III) :

    Mais peut-être peut-on, ici, diverger quelque peu de Pascal. Si Dieu existe, et la raison n’est pas sans arguments pour inciter, avec Pascal lui-même, au pari sur son existence, ce Dieu est amour. Si l’Evangile est une longue exhortation, avec toute la Bible, à dépasser et mépriser les « vanités » de ce monde, il nous incite à l’engagement. Pas de salut sans les œuvres. Pas de salut, sans lutte contre la misère physique et morale.
Et l’amour chrétien n’est pas fuite mais lucidité et vérité. L’amour de Dieu, de soi et du prochain est la condition du salut. Le modèle en est donné par le Christ, qu’il faut imiter. Alors seulement, toutes larmes seront taries !

Edouard Boulogne.


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Dieu : (2007) : "l'idée de Dieu "nous est inaccessible en soi, dans la perfection infinie et absolue de son être. Toutes les cultures humaines et pratiquement tous les philosophes ont cru à l'existence de Dieu, ou ont démontré la nécessité d'admettre l'existence de l'Etre suprême. Ce que nous connaissons de sa nature est surtout négatif : nous savons qu'il n'est ni imprfait, ni en devenir, ni composé, ni temporel, etc; nous posons certains attributs (perfection, éternité, infinité, toute-puissance, etc) et nous établissons qu'il est le créateur de tout l'univers (création ex nihilo). Toutefois, ceux qui s'approchent le moins mal de cette réalité divine sont ceux qui reçoivent ses grâces d'illumination, dans la prière".
Louis Millet et Isabelle Mourral.
(In "Petite encyclopédie philosophique", Editions Universitaires).


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Dieu (2006) :

« Que sais-je de Dieu et du sens de la vie ?
Je sais que le monde existe (….)
Que la vie est le monde.
Que ma volonté pénètre le monde.
Que ma volonté est bonne ou mauvaise.
Que donc le bien et le mal sont d’une certaine manière en interdépendance avec le sens du monde.
Le sens de la vie, c’est-à-dire le sens du monde, nous pouvons lui donner le nom de Dieu.
Et lui associer la métaphore1 d’un Dieu père.
La prière est la pensée du sens de la vie.

Croire en Dieu signifie que les faits du monde ne résolvent pas tout.
Croire en Dieu signifie que la vie a un sens.
Le monde m’est donné, c’est-à-dire que mon vouloir pénètre du dehors
dans le monde, comme quelque chose de déjà prêt. (….).
C’est pourquoi nous avons le sentiment de dépendre d’une  volonté étrangère.
De quoi que nous dépendions, nous sommes en tout cas, en un certain sens , dépendants, et ce dont nous dépendons nous pouvons l’appeler Dieu (…).
Pour vivre heureux, il faut que je sois en accord avec le monde (…).
Je suis alors, pour ainsi dire, en accord avec cette volonté étrangère dont je parais dépendre. C’est-à-dire que « j’accomplis la volonté de Dieu ». ».

                    Ludwig Wittgenstein.

1 Métaphore : figure de rhétorique. Comparaison, image. Ex : Un monument de bêtise ; une source de chagrin.


( Le commentaire qui suit a été proposé à des élèves de classe terminale en 2006.  Conformément aux usages scolaire, ce « corrigé » n’a pas pris en considération la pensée du grand philosophe britannique d’origine autrichienne dans son ensemble, se bornant à réfléchir sur le texte, tel quel, tel qu’un non spécialiste ignorant l’auteur, pouvait le recevoir, dans sa recherche, libre mais rationnelle de la vérité et de la sagesse).

Introduction.

« Savoir si la vie vaut ou non la peine d’être vécue, telle est la question essentielle de la philosophie » écrit Albert Camus au tout début de son livre : « Le mythe de Sisyphe ». A cette essentielle question du « sens » bien des hommes croient trouver réponse dans le message des religions. Mais la philosophie, même si elle fait souvent bon ménage avec la religion s’efforce, dans sa spécificité, autant qu’il est possible, de répondre par les seules ressources de la raison, ce « propre de l’homme » selon Aristote.
Telle est, dans ce texte la démarche de Ludwig Wittgenstein, (désormais désigné par la lettre majuscule W) philosophe contemporain, Anglais, d’origine autrichienne.

 W. y adopte le ton de la méditation, il pense à voix haute.
Il commence par nous dire l’objet de sa recherche : « Que sais-je de Dieu et du sens de la vie » ?
Mais pour répondre il ne se réfère pas à la Bible ou à un quelconque texte sacré. Il réfléchit, il raisonne.
Il part d’abord de « certitudes » (ou qui lui paraissent telles), qui seraient également celles de tout « je » (c’est-à-dire de ce qui en chaque individu relève non de son corps et de son expérience individuelle sur les plans psychologique ou sociologique : le « moi empirique », mais de son « moi pensant, de son « cogito »), de tout être qui pense avec sa raison ce « bon sens » qui serait « la chose du monde la mieux partagée » selon Descartes.
Ces certitudes s’enchaînent logiquement à partir de la première d’entre elles : « Je sais que le monde existe ». N’entrons pas ici dans la querelle des philosophes (une telle démarche nous entraînerait trop loin du texte lui-même) concernant la première certitude (le « cogito » selon Descartes, dont découlerait la certitude du monde physique, ou « l’être » physique « premier donné » selon Aristote et St-Thomas d’Aquin).
W. s’exprime ici dans la problématique Aristotélicienne : « l’être est le premier donné ». Dans cette perspective, en effet, je nais sans le savoir et sans l’avoir voulu, comme un « être », jeté dans un Etre qui l’englobe : « le monde » selon le langage courant.
W. poursuit : « que la vie est le monde ». Cette phrase, à s’en tenir au texte lui seul est ambiguë. W. ne prend certainement pas le mot « vie » , ici, au sens des biologistes. Il ne voit sûrement pas la matière inerte comme équivalent aux cellules qui constituent la matière organisée. Notre philosophe vit au 20è siècle, et est en effet pourvu d’une solide culture scientifique. Il n’est pas animiste. Donc prenons son affirmation comme signifiant que le monde est le spectacle de la vie, ou le lieu où elle se déroule.
Il poursuit par un fait d’observation peu discutable : « ma volonté pénètre le monde ». Et certes, depuis l’apparition de l’homme, celui-ci agit, transforme (« pénètre ») le monde, et de plus en plus avec le développement de la technique.
Et, cette « volonté est bonne ou mauvaise », comme le révèle l’expérience courante, soit sur le plan physique (de nos jours on évoquerait les « effets de serre » qui perturbent la vie et menacent l’existence de la planète), soit sur le plan moral ( actions injustes, etc).
La dernière proposition de son énumération anaphorique prend la forme d’une conclusion (« donc ») : « que donc le bien et le mal sont d’une certaine manière en interdépendance avec le sens du monde »(qui rappelons-le est confondu par lui avec la « vie ». Si l’on comprend exactement, le « bien » indiquerait une action en accord avec le sens, et le mal, a contrario, révélerait une inadéquation.
Ce sens de la vie (ou du monde) W. convient de l’appeler Dieu. Ce « Dieu » n’est pas donc celui de la Bible (révélé par les prophètes), mais un postulat de la raison si l’on peut dire.
Dans le même style l’auteur convient de le considérer comme un « père », c’est-à-dire celui qui engendre, crée, protège, au double sens matériel et spirituel.
La dernière proposition de cette première partie du texte énonce que « la prière est la pensée du sens de la vie ». La prière n’est plus ici considérée comme une imploration, une supplication adressée à la divinité mais comme une « pensée » une réflexion, le fruit d’une contemplation active. On pourrait lui associer cette remarque du philosophe chrétien Malebranche écrivant, (au 17è siècle) que « l’attention est une prière naturelle de l’esprit »).

Supposant admis ce qu’il vient d’énoncer, W. poursuit et développe sa méditation ?
« Croire en Dieu » dit-il signifie « que les faits ne résolvent pas tout », que « la vie a un sens », que « le monde m’est donné » et que « ma volonté qui le pénètre » le fait comme de « quelque chose de déjà prêt ».
Il y a trois informations d’importance ici.
 « Les faits ne résolvent pas tout », donc la science ne résout pas tout, elle n’est pas l’activité intellectuelle la plus noble, ni la plus importante. La science, en effet, cherche à déterminer les lois du réel (les « faits ») pour agir sur lui. Elle est la science du « comment », pas du « pourquoi ». Elle procède par hypothèses, vérifications ou infirmations des hypothèses, pour savoir comment les choses se passent et permettre d’intervenir dans le déroulement des phénomènes. Le savant atomiste permet de dégager de l’énergie à partir de l’atome, mais « en tant que savant », il n’a pas à juger du bien ou du mal fondé, du point de vue moral , de l’usage de la bombe thermonucléaire, par exemple. Ou bien, sur le même plan, les techniques de pèche sont de plus en plus efficaces, mais leur usage inconsidéré ne va-t-il pas engendrer, par rupture d’un ordre plus fondamental (d’ordre moral ou même transcendant ) un désordre mortel ?

* Pourquoi ? Parce que, par delà les « faits » (les hommes, souvent, qui ne voient qu’eux ne voient pas plus loin que le bout de leurs nez) les jugements ne prennent de « sens » que par rapport à une « transcendance ». Ce mot n’est pas dans le texte, mais il en résulte. Car « le monde m’est donné ». Ce n’est pas moi qui l’engendre, car j’en fais partie, je ne me suis pas créé moi-même ; et « mon vouloir (le) pénètre du dehors… comme quelque chose de déjà prêt ». Il y a du sens, j’ai à le découvrir, et c’est ce constat de quelque chose de transcendant qui me dépasse et qui m’englobe, qui « me donne le sentiment d’une volonté étrangère », c’est-à-dire Dieu manifestement, dans la pensée de W.

* Enfin W. aborde la question du bonheur, fin ultime de l’homme en sa vie terrestre comme l’ont souligné, avec l’observation commune, Aristote, Spinoza, et tous les grands penseurs.
Et ce bonheur dépend de notre aptitude à découvrir l’ordre et le sens du monde (c-à-d Dieu) : « Pour vivre heureux, il faut que je sois en accord avec le monde ». W. redécouvre par le seul raisonnement l’acquis de toute la philosophie stoïcienne, (entre autres), pour qui la contemplation (active) est la condition du bonheur qui est acceptation de l’ordre du monde (« Il y a ce qui dépend de nous, et ce qui n’en dépend pas …. » etc, disait Epictète).
Comme « l’ordre du monde » est Dieu, le bonheur est impossible sans recherche de cet ordre et accomplissement de la nature, « de la volonté de Dieu ». Ceux qui connaissent la pensée d’Aristote retrouvent ici la substance d’un passage célèbre de son Ethique à Nicomaque (livre X).

Conclusion :

Blaise Pascal, peut-être, pourrait-il opposer à W. sa célèbre objection aux théodicées purement philosophiques : « Dieu, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, non le Dieu des philosophes et des savants ».
Si nous faisions une critique du texte selon le point de vue chrétien ou juif, ou musulman, nous pourrions en effet dire une certaine insatisfaction face à la pensée de l’auteur telle qu’elle s’est exprimée ici. .
Peut-être d’ailleurs W. en tomberait-il d’accord ? Mais l’intérêt du texte est, par la seule voie du raisonnement, en partant de l’observation phénoménologique, de montrer que l’homme ne se suffit pas à lui-même, qu’il y a une transcendance, un ordre « métaphysique », dont la transgression ne peut qu’être nuisible, voire fatale à l’humanité.
Rappeler cela à un monde moderne épris le plus souvent d’une frénésie d’efficacité immédiate, sans prendre le temps de réfléchir aux finalités essentielles de l’homme, est plus qu’utile, nécessaire.
Rappeler l’urgence d’une restauration de la pensée méditante, sur la pensée calculante et fabricatrice est une nécessité. W. retrouve la pensée célèbre d’un grand écrivain humaniste, Rabelais, qui dans son livre Gargantua avait déjà montré que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».


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(1966) : Discipline : "La discipline est la règle de toutes les choses supérieures. Mais il faut être supérieur soi-même pour la posséder. Ce n'est pas en édictant des lois qu'on peut donner la vue aux aveugles. L'ordre et la religion ne s'enseignent pas par les armes. On ne peut pas préparer un peuple à l'ordre en obligeant les petits enfants à obéir aveuglément, mais en leur enseigant à s'élever au-dessus d'eux-mêmes".
Maria Montessori.


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(1966) : Discipline : "La discipline extérieure ne peut être efficace qu'après la naissance de la discipline intérieure. Comment faire obéir un enfant s'il ne sait pas ce que c'est que d'obéir? Pour être discipliné l'homme doit y être amené. La discipline par commandement engendre la résistance et prépare la réaction, immédiate ou lointaine. La vraie discipline ne se trouve que chez les êtres supérieurs; les êtres inférieurs, il faut les éduquer, mais par la répression. La discipline étant le signe extérieur de fonctions parfaites, la liberté consiste en la possibilité d'exercer parfaitement ces fonctions. Il en est de l'homme comme de toutes les choses créées : les étoiles sont libres d'évoluer dans le ciel, parce qu'elles restent disciplinées en leur trajectoire. Les poissons semblent libres de glisser dans l'eau, mais il ne faut pas qu'ils sortent de leur élément; il n'y a pas de forme de liberté qui ne soit déterminée par une loi. L'enfant ordonné est automatiquement discipliné".
Maria Montessori.


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Douleur.

Douleur  (1973) : "En voulant chanter la douleur je ne trouvais que l'amour, et si je voulais chanter l'amour, la douleur toujours revenait".

Franz Schubert.
(En composant la symphonie n°8 en si mineur, dite Inachevée).
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