2 Octobre 2020
Je n'ai pas entendu le discours de M. Macron sur une question capitale pour l'avenir de la France. Je livre donc le résumé qu'en donne le journal Le Parisien.
D'après ce qui y est dit il semble que les réserves formulées sur la philosophie du président sont dans l'ensemble à prendre en considération. (LS).
Ce discours était attendu depuis longtemps. À 10h55, le président Emmanuel Macron a pris place derrière un pupitre annonçant « La République en actes » pour parler de séparatisme religieux aux Mureaux (Yvelines). De séparatisme islamiste, plus exactement, le président ne citant aucune autre religion dans son préambule. Parce que le séparatisme islamiste a mis en place « une organisation méthodique pour créer un ordre parallèle » à celui de la République.
« Nous ne sommes pas une société d'individus, nous sommes une Nation de citoyens. Notre plus beau trésor, c'est ce bloc que nous formons, il est un et pluriel », a fait valoir le président après une heure et quart de discours, avant de répondre aux questions des journalistes.
Le président de la République a fait plusieurs annonces, inscrites dans une loi contre le séparatisme dont le projet de texte sera présenté le 9 décembre en conseil des ministres par Gérald Darmanin et Marlène Schiappa.
L'instruction obligatoire dès 3 ans se fera à l'école. L'école à distance sera réservée aux enfants ayant des impératifs de santé. « Plus de 50 000 enfants suivent l'instruction à domicile, un chiffre qui augmente chaque année », a constaté Emmanuel Macron, déplorant que beaucoup de ces enfants aillent en fait « dans des structures, des murs, pas de fenêtres, accueillis à 8 heures et jusqu'à 15 heures par des femmes en niqab, où, quand on les interroge, ils disent n'apprendre que des prières ».
VIDÉO. «Séparatisme islamiste» : l'instruction scolaire à domicile sera «strictement limitée », annonce Macron
Les maires plus contrôlés par les préfets. « Les élus, parfois sous pression de groupes ou de communautés, instaurent des menus confessionnels dans les cantines, on l'a vu en Seine-Saint-Denis ou en Normandie, ou des créneaux d'accès aux piscines » selon qu'on est un homme ou une femme, a commencé le président. Une fois la loi votée, le préfet pourra « suspendre les actes municipaux correspondant à cette décision ».
Un plus grand pouvoir de dissolution des associations. Jusque-là, les motifs de dissolution des associations étaient « très limités », a relevé le chef de l'Etat ; ils seront étendus à « l'atteinte à la dignité de la personne » ou les « pressions psychologiques ou physiques ». Toute association sollicitant une subvention devra signer une « charte de la laïcité » et, en cas d'irrespect, elle devra rembourser les sommes touchées.
La fin de l'ELCO. L'Enseignement Langue et Culture d'origine (ELCO), conçu dans les années 1970, permet aux enfants de parents immigrés, pour garder un lien avec leurs racines, d'apprendre la langue d'origine de leurs parents. Les cours, dispensés à l'école, sont assurés par des enseignants recrutés, payés et encadrés par les pays d'origine. Sont concernés l'arabe, le portugais, le turc, l'italien, l'espagnol, le croate. Un autre dispositif sera mis en place, a assuré le président, permettant à la France d'en avoir le contrôle. Il faut, a-t-il estimé, « enseigner davantage la langue arabe à l'école » ou « dans un périscolaire que nous maîtrisons » car « notre jeunesse est aussi riche de cette culture plurielle ».
Obligation de neutralité religieuse des salariés des entreprises délégataires d'un service public. L'objectif est d'éviter les « dérives » constatées « lorsque le service public est concédé ».
Tour de vis sur le financement des mosquées. Pour renforcer le contrôle des financements des lieux de culte, il a affirmé qu'il entendait « inciter » les associations cultuelles musulmanes, qui sont majoritairement constituées sous le régime de l'association loi 1901 « à basculer » dans le régime de la loi de 1905, moins souple sur le plan des obligations comptables. En outre, pour les mosquées qui souhaitent rester sous le régime de 1901, « nous allons répliquer […] les contraintes qui existent dans le cadre la loi de 1905 », a-t-il ajouté. Le chef de l'Etat a aussi annoncé sa volonté « d'empêcher les putschs » par des « extrémistes » dans une mosquée. Un « dispositif anti-putsch très robuste » figurera dans le futur projet de loi contre les séparatismes. Il « permettra d'éviter que ces protagonistes […] n'utilisent les faiblesses de nos propres règles pour venir prendre le contrôle des associations cultuelles […] pour aller prédiquer le pire ».
Aider le CFCM à structurer l'islam de France, et à en être responsable. L'Etat étant laïque par nature, il va continuer à soutenir le Conseil français du culte musulman, qui doit dans les six mois « au plus tard », « finaliser le travail consistant à labelliser des formations d'imams dans notre pays », avoir une « responsabilité cultuelle » sur la « certification des imams », et s'engager à leur faire respecter une charte de valeurs. « Interdire l'islam est une stupidité. C'est le plus grand cadeau qu'on pourrait faire à ceux qui veulent faire basculer la République », a fait valoir le président. Mais il faut « détacher de l'islam consulaire », c'est-à-dire étranger, les « imams et psalmodieurs ». Macron a à ce titre rappelé une annonce faite en février : mettre fin d'ici à quatre ans au système d'imams détachés, ces quelque 300 imams envoyés par la Turquie, le Maroc et l'Algérie dans les mosquées françaises.
10 M€ pour la Fondation de l'islam de France. Le président souhaite un vrai travail d'histoire et de connaissance de la culture musulmane, au travers, notamment, d'un « Institut scientifique d'islamologie ».
CHRONIQUE - Le nouveau conservatisme national oblige à donner un contenu au renouveau des nations et des peuples. C’est cette direction que tente de suivre le président «réinventé».
Par Ivan Rioufol