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28 Mai 2018
Malgré ses efforts sous le soleil texan, Luky Luke ( que l'on ne présente pas ) n'a jamis réussi à rivaliser avec son ami/frère André Quidal, sur le plan du bronzage.
A ce détail près, qui les distingue, les deux hommes sont des jumeaux. Même choix du Juste, même tirs ( rapides ). Ils ne se disputent que sur le choix de la vie sous l'angle de l'humour. Et là, il n'est pas certain qu'André ne l'emporte pas, souvent, sur Lucky. L'article qui suit en est la preuve. J'y ai noté une petite erreur d'attribution d'une citation du grand Chamfort, à Balzac ( Honoré ). C'est Chamfort en effet dont les Maximes depuis plus de 50 ans sont un de mes livres de chevet qui a écrit cette sombre, mais vraie, et somptueusement exprimé : « devant le cours du monde il faut que le cœur se brise ou se bronze ».
Je jubile en corrigeant. C'est en effet un des petits plaisirs de profs de se corriger modestement. A charge de revanche. ( PSC ).
Le Scrutateur.
27 MAI 1967 (III)
Le 27 mai 2013, j’avais décidé de me rendre sur la place de la Victoire pour assister aux manifestations pour la commémoration de l’abolition de l’esclavage qui se déroulent le jour anniversaire de la mort de Nestor et des évènements de mai 67. Pour assister à une reconstitution historique de débarquement et de vente d’esclaves à la Darse. Je n’avais jamais voulu assister à cette mascarade avant. Les propos d’une auditrice de RCI, une radio locale, m’en dissuadèrent. Dans un lapsus révélateur, elle déclara qu’elle était contente de participer à « la fête de l’esclavage ». Et ce matin quand j’entends les lapsus répétés de d’Olivier Serva et ses approximations historiques sur Colbert, je me félicite de ma sage décision.
A l’époque, 1967, jeune, communiste, autonomiste « étape vers l’indépendance* » comme tous les jeunes de mon âge, je fus meurtri. Nous ne pouvions même pas traduire notre colère dans les urnes : le droit de vote et la majorité était à 21 ans. C’est Valéry Giscard-D ‘Estaing qui en 1974 abaissa le droit de vote à 18 ans. De toute façon les nationalistes recommandaient de ne pas voter et ne présentaient pas de candidats aux élections. Ils avaient adopté le slogan de l’extrême gauche métropolitaine, « élections piège à cons » et plagié sans le savoir un vieux slogan nazi : « un seul peuple, un seul pays, une seule organisation », en créole bien sûr.*
Tout avait commencé à Basse Terre. Un propriétaire de magasin de chaussures au nom imprononçable et d’origine polonaise, je crois, aurait lancé son chien contre un vieil homme qui gagnait sa vie en ferrant les chaussures des clients du magasin. Il voulait la place pour son jeune protégé. (L’historien Bélénus, homme d’une grande honnêteté intellectuelle, conteste cette version des faits). Scandalisée par cette action qui rappelait les Etats-Unis, une foule en colère saccagea le magasin et l’homme au chien n’eut la vie sauve qu’en s’échappant par les airs avec l’hélicoptère de la gendarmerie. Le pauvre animal n’eut pas cette chance. Il fut lapidé. A Pointe à Pitre l’autre magasin de l’homme au chien fut dévalisé et incendié. C’est dans ce climat délétère qu’éclata la grève des ouvriers du bâtiment. C’est dans cette ambiance de folie que Nestor fut tué près de la Darse. Nestor et son ami. Puis 6 autres Guadeloupéens les jours suivants. On compta beaucoup de blessés. C’est dans cette atmosphère trouble que le gouvernement du général de Gaulle profita pour embastiller à la Santé certains membres du GONG, le mouvement indépendantiste de l’époque. Des nationalistes furent jetés en prison. Et on se tut. « Dans les crises disait Balzac, les cœurs se brisent ou se bronzent ». Certains ont été brisés, ont donné des gages et en échange de prébendes sont rentrés dans le rang. Un certain a été brisé et ne s’est pas remis du silence et de l’abandon de ses amis. Le silence des siens ! Le pire des drames pour un combattant. Pire que la trahison, pire que les coups portés par l’adversaire. Il vit solitaire, oublié de tous. Sa nature généreuse l’avait dépouillé de tout. Donner son nom à une résidence à Capesterre B. E. était le moins qu’on puisse faire pour honorer sa mémoire. Ecoutons à ce sujet un autre grand homme, le Pasteur Martin Luther King : « Au bout du compte, nous ne nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais du silence de nos amis. »
Maître Félix Rodes, ex-prisonnier à la prison de la Santé, féru d’histoire et qu’on ne peut suspecter de collusion avec les autorités de l’époque, décédé depuis, retient le chiffre de huit morts. (La liste est sur Internet. Ne comptez pas sur moi pour vous la donner.) Alors que d’autres, historien parfois, parlent de cent, deux cents morts, sans jamais apporter le moindre début de preuve… comme si huit ça ne suffisait pas, comme si huit morts, ce n’était pas huit morts de trop. La Rivière Salée, le bras de mer qui sépare la Grande Terre de la Basse Terre, charriait selon la rumeur des monceaux de cadavres. A ce jour, il n’est venu à personne l’idée de sonder la vase de la mangrove de la Gabarre pour y repêcher quelque preuve. On a retrouvé des ossements de dinosaures presqu’intacts, vieux de soixante-dix-sept millions d’années. On ne saurait trouver des squelettes d’hommes, vieux de 51 ans, coincés dans les racines échasses des palétuviers rouges de la Gabarre? Georges Lemoine, ministre socialiste des départements d’outre-mer avança le chiffre de quatre-vingt-sept morts. Son intention était claire, dénigrer le gouvernement du Général de Gaulle de l’époque (1965-1969). Comment lui faire confiance quand quelques années plus tard, (1981- 1986) il dine avec un homme que toutes les polices de France et de Navarre, donc sa police, recherchait ? A ce jour personne n’est capable de décliner le nom du neuvième mort. On attribue à la peur, que les parents cachent leur mort. C’est il y a 51 ans ! Qui aujourd’hui ne serait pas fier d’avoir un héros dans sa famille dont on honorerait la mémoire chaque 27 mai qui coïncide avec le jour de la commémoration de l’abolition de l’esclavage ? Et cette année avec la Fête des Mères ? N’y voyons aucune allusion douteuse. En fait, ici nous sommes un peu Marseillais : c’est la sardine qui bouchait le port. Et puis on n’enseigne pas l’Histoire, on se raconte des histoires.
Parmi les grands blessés, il y a un homme en colère d’avoir perdu sa jambe. Il a tout fait pour retrouver les parents des morts et des blessés cachés, afin qu’ils perçoivent une juste réparation. Sa quête est à ce jour demeurée vaine. Lui a obtenu réparation, mais sa colère est intacte. C’est une sainte colère. Je la salue. Il n’avait rien à voir dans la colère des ouvriers du bâtiment : c’était un passant, au mauvais endroit au mauvais moment.
« Notre mémoire se construit à partir de l’histoire et non l’inverse » me dédicaçait son livre « Esclavage, Métissage et Liberté », le grand historien Frédéric Régent. Il s’est réfugié à la Sorbonne, car il a eu le tort de découvrir que le Mulâtre Ignace, le héros de la lutte contre le rétablissement de l’esclavage, dont la statue se dresse, altière, à l’entrée du boulevard des héros, avait reçu de sa mère, par acte notarié, 3 esclaves en cadeau de mariage. F. Régent était à contre-courant en prenant ce risque. Sans doute connaissait-il ce mot de Nassim Nicholas Taleb, le grand essayiste probabiliste libano-américain : « Si vous ne prenez aucun risque dans vos opinions, vous n’êtes personne ». Vous êtes simplement un homme sans importance qui se donne de l’importance en psalmodiant des lieux communs.
• Mot d’ordre du Parti communiste Guadeloupéen
• Un seul peuple, un seul parti, un seul chef
André Quidal
Le choix des photos, et et des liens, est du Scrutateur :
Ein volk, Ein Reich, Ein Führer ! http://keepschool.com/fiches-de-cours/college/histoire/allemagne-nazie.html
Leurs Domota et Kemi Seba en 1933 :https://www.youtube.com/watch?v=DAxVEt0VOwY