Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
5 Février 2009
Deux réactions...
( Je publie les deux premières réactions à l'émission "Les maîtres de la Martinique".
La première émane d'un "béké" du Cap Est.
La seconde nous vient d'un jeune professeur antlillais guadeloupéen. EB.).
(I) :
Vous avez diffusé la sténo d'une émission qui fait grand bruit - au moins sur le net.
J'ai vu l'émission en question : les estomacs des bouffeurs de békés en gargouillent de joie, et il y a de quoi. Quel matériau de choix !
Passons sur les interviews de békés : si certains se sont ridiculisés par la légèreté ou la sottise de leurs propos, après tout, cela leur apprendra à faire les malins devant une caméra. Un passage devant un miroir, afin de s'y regarder sans complaisance si possible, aurait été un exercice salutaire avant de se frotter à un professionnel de l'image disposé à leur nuire. Car, à la fourberie du réalisateur de ce reportage déformant, s'il faut ajouter la maîtrise de l'image, du montage et du commentaire, il ne faut pas oublier la maladresse (et une certaine forme de transparence de ces messieurs morts ou vivants), laquelle apporte un concours dont le diable lui-même n'aurait pas rêvé dans une entreprise de cette nature, c'est-à-dire mal intentionnée. Il y a le ton, les accents, les regards, tout cela, la sténo de l'émission, telle que vous la publiez, ne peut pas en rendre compte. Ce sont des détails qui ont leur importance, côté "ambiance".
Dénoncer un groupe d'un côté comme un agrégat de "profiteurs attitrés", et les montrer de l'autre comme membres de droit d'un syndicat de nigauds est un exercice déloyal et d'autant plus facile que l'exécuteur disposait, dans la maîtrise de l'image et du commentaire, de toutes les armes de la désinformation. En outre, il a bénéficié du concours actif et parfois clownesque de sa cible. La partie était alors d'autant plus aisée que les békés (appartenant à une société soi-disant très fermée) ouvrent tout ce qu'il a de plus facilement leurs portes (hospitalité créole oblige). Les békés en question sont loin de se méfier de journalistes qui viennent à leur rencontre, tout miel, soi-disant pour s'informer et pour informer. Au moins le commentaire a-t-il le mérite d'être d'une parfaite clarté, si l'on prophétise à rebours. L'hostilité y est permanente (quoique doucereuse), le choix des sujets l'est encore plus, et les petits trucages qui ponctuent l'émission faussent à dessein les perceptions du public. Dès lors que le mensonge est considéré comme une arme ordinaire, dans ce qui ressemble à une projection de vindicte raciale, pourquoi s'en priver ? Au moins l'artisan de ce reportage a-t-il pu se défouler et mesurer sa capacité de nuisance. Car ce "reportage" comporte un certain nombre de falsifications dont l'auteur de cette charge télévisée ne pourra pas dire qu'elles proviennent de la simple erreur.
Cher Scrutateur, ce n'est pas au vieux singe que vous êtes que je vais apprendre à monter aux arbres... En matière de désinformation, de distillation de haine et de canalisation (de canalisation +, oserais-je même dire) de la haine, M. Bolzinger a atteint un niveau d'outrance qui démasque un parti pris qu'il pourrait difficilement nier. Encore que, plus c'est gros, plus ça passe.
Pour ceux qui ne l'auront pas compris, il ne s'agit pas vraiment d'un reportage, mais d'une charge. Remplacez le mot béké par celui de n'importe quel autre groupe social ou humain, et vous verrez fondre sur vous la Halde, SOS Politiquement correct et toutes les autres officines de bons sentiments qui distillent de la vertu jusqu'à ce qu'un règlement de compte entre elles ne révèle que toute cette vertu n'est que... dans l'image, image que le tissu médiatico-politique couvre de sa complaisance et de la puissance de ses réseaux.
Très superficiellement, parmi les artifices malhonnêtes utilisés dans le présent reportage, citons les plans de coupe ou apparaît, à plusieurs reprises, un entrepreneur phare de la Martinique, sans que l'on comprenne très bien pourquoi (autrement que pour créer une confusion dans le propos, à partir d'une association d'idée malveillante). Très habile également, le recours aux "experts". Experts, le cas échéant, en... accusation qui, dans des conditions rêvées, peuvent régler des comptes personnels, assouvir de petites vengeances ou conforter leur position à partir d'allégations qu'ils profèrent, sans que soit évoquée leur propre réputation ou les casseroles qui accompagnent leur cuisine.
Le cahier des charges de l'émission était, à n'en pas douter : tirez sur les békés.
Passons sur les interviews de grévistes, autrement que pour signaler une anecdote risible : une gréviste dit à un policier d'aller se faire coquer, ce qui en créole, comme en vieux français veut dire d'aller "se faire mettre". Et il faut croire que cette précision est utile, car, rédigé sous l'autorité d'un "traducteur" qui se prend sans doute pour un fin connaisseur des subtilités du créole (comme toujours en pareil cas), le sous-titre dit : /"allez-vous faire cocu" /! On est là, si je puis dire, loin des bases. Et, surtout, de l'élémentaire... Mais nous en avons l'habitude, comme de tous les raccourcis que prennent les "spécialistes" de la Martinique.
/"Allez vous faire cocu"/, c'est visible. Et complètement anodin. Ce qui l'est moins, c'est l'instillation du mensonge, tant dans l'image que dans le commentaire. Le procédé est d'autant plus vicieux que le propre de l'image est de conforter des apparences, et, au besoin, de les créer.
Ainsi, quand le commentaire dit : /"De l'autre côté de l'île, les Caraïbes comme on l'imagine : de l’eau bleu turquoise à 30 degrés, des paysages de rêves et de grandes villas, les pieds dans l'eau. C'est le bastion de la communauté békée, un monde à part où les blancs vivent entre eux. Nous sommes au Cap Est, le havre de paix des blancs créoles"/.
La maison qui fait alors l'objet d'un plan fixe est celle de M. Robert Parfait (une maison de vacances et non une résidence principale), au moment précis où le commentaire dit "les pieds dans l'eau". Ce même M. Robert Parfait, interviewé plus tard dans le reportage et dont il sera dit qu'il n'est pas un béké (le commentaire dit précisément : /Robert Parfait résiste aux blancs créoles dans la grande distribution. Et même si sa peau est blanche, ce n'est pas un béké : c'est un métisse car du sang noir coule dans ses veines. Il dénonce un abus de position./ [dans la grande distribution]) La parfaite "bonne foi" ambiante, a-t-elle besoin d'être démontrée ? Et notamment quant on se réfère à cette interview ? M. Robert Parfait, porte-parole d'un des groupes les plus puissants de la Martinique - 2 grands centres commerciaux et exploitation directe, dans chacun, d'un Hyper-U, plusieurs concessions automobiles (3184 véhicules vendus en 2008 sur un marché local de 15869 unités), etc., etc., y joue au pauvre Martiniquais traqué, laborieux et méritant, coupé de toute influence sur l'administration, démuni de tout réseau, gardien de la morale et sans doute filleul de l'abbé Pierre alors qu'il est tout simplement en embuscade dans la guerre sans merci qui se livre entre le groupe qu'il dirige d'une main de fer et un autre, directement et à plusieurs reprises visé dans l'émission. Pour les connaisseurs, le côté comique de l'apparition de sa maison du Cap-Est ne parvient pas à effacer l'idée que quelque chose n'est pas très franc, dans ce "reportage".
En effet, lorsque le sujet est venu sur le Cap-Est, il s'agissait pour les maîtres de la manipulation de verrouiller l'idée que ce quartier est un ghetto de milliardaires békés (ce qu'accrédite Alain Huyghues Despointes, lorsqu'il dit assez sottement, "on appelle ça Békéland", croyant en raconter une bien bonne à Romain Bolzinger qu'il prend pour un ami). Le Cap-Est, c'est la tarte à la crème, chaque fois qu'il est question des békés. Mais, comme il n'y a pas vraiment matière à prouver quoi que ce soit, pourquoi ne pas en rajouter ? C'est ce que fait M. Bolzinger.
Car la volonté de désinformer est évidente, quand après un plan assez large sur les maisons de la Pointe Jacob, la caméra s'attarde plus longuement sur une maison de maître : l'habitation Beauséjour, qui se trouve "pour de vrai" à 60 kilomètres de là, à Grand-Rivière, face à l'île de la Dominique. Le devoir d'informer, sans doute ! À ce moment précis, le commentaire dit : /"C'est le bastion de la communauté békée"... /On appréciera la rigueur journalistique !
Autre exemple de franchise chez ce Romain Bolzinger, toujours dans le commentaire et dans les images...
Le commentaire dit : /"Derrière les clôtures, de grandes villas avec piscine et terrain de tennis. Impossible d'apercevoir ce luxe de l'extérieur." /
Les images, elles, montrent un superbe court de tennis : celui de l'hôtel CAP EST LAGOON.
La falsification est d'autant plus grossière qu'IL N'Y A AUCUN TENNIS PRIVÉ AU CAP EST, ce que chacun peut vérifier en consultant /Géoportail/ ou /Google Earth/ sur Internet.
Pour être sûr d'enfoncer le clou, le commentaire n'hésite pas à affirmer : //"Au Cap Est, il n'y a que des grandes propriétés à l'abri des regards" /. Or c'est un mensonge. La vérité aurait été de dire : au Cap-Est, il y a quelques grandes propriétés à l'abri des regards... quelques-unes seulement, sur un quartier qui compte environ 300 foyers. La consultation de /Géoportail/ ou /Google Earth/ sur Internet, une fois encore permettra de savoir ce que M. Bolzinger appelle "grande propriété", et de se faire une idée de sa bonne foi./
Ce ne sont que de petites fuites dans l'étanchéité de la machination, à savoir de petits détails qui montrent que l'information ne contrôle pas vraiment ses freins lorsqu'elle cherche à tout prix à en arriver à l'affirmation suivante : /"la Martinique est coupée en deux depuis des siècles. D'un côté, des familles békées fortunées, de l'autre, une population dont 15 pour 100 vit sous le seuil de pauvreté", /affirmation que l'on voudrait faire passer pour une démonstration quitte à fabriquer des apparences, et à se conformer à un schéma benêt et classique (y compris chez la gauche caviar) afin d'entretenir la haine sans laquelle aucun mouvement à caractère révolutionnaire ne peut aboutir.
De ce reportage, on retiendra donc que la vie est infernale à la Martinique à cause des békés qui sont les organisateurs de tous les maux.
J'ai voulu réagir vite, et, si vous m'en donnez la permission, cher Scrutateur, je poursuivrai volontiers, une autre fois, ma misérable analyse du caractère malhonnête de ce "reportage" ; que la malhonnêteté de ses auteurs soit involontaire (en principe, on n'est jamais malhonnête volontairement) ou volontaire (à titre militant, éventuellement, ou dans le cadre d'une commande).
J'ai voulu, en premier, mettre l'accent sur quelques points, de manière à rendre vos lecteurs attentifs lors de la diffusion de ce reportage, le 6 février à 21 h 30 sur Canal +.
J'insiste pour que vos lecteurs restent à l'écoute jusqu'à la fin de cette émission , y compris le déroulement du générique. Ils apprendront peut-être, ou du moins croiront comprendre que Hissène Habré est certainement un béké, et Al Capone, très probablement aussi. Ce n'est pas vraiment ce qui est dit, mais on a l'impression que c'est un petit peu, à travers une affinité de calendrier, ce que M. Bolzinger voudrait faire croire, non sans une certaine gourmandise.
Cher Scrutateur, je fais mon outing : oui, je suis certainement un béké. Peut-être même un béké qui s'ignore.
J'ai pu visionner sur internet ce documentaire qui va passer vendredi soir sur canal+ . Je suis un peu
surpris ( et parfois déçu ) des détours pris par le journaliste pour expliquer certains problèmes inhérents à la Martinique. Les premières images montrent un conflit social faisant intervenir une poignée ( au nombre de 15 exactement ) de syndicalistes de la CGTM ( qu'on l'on pourrait comparé à la CTU ou l'UGTG local) qui bloque " l'unique " voie d'accès au port autonome de la Martinique empêchant les transporteurs de livrer leurs marchandises qui étaient constituées principalement de bananes. Et sur ces quelques secondes d'images le journaliste essaye de conclure et de généraliser (maladroitement je trouve) sur le fait que cette situation de blocage "ponctuel" d'un groupuscule reflète un climat social tendu entre les békés et les martiniquais. Il est vrai que les ancêtres des blancs créoles ont fait des erreurs par le passé,il est que les blancs créoles détiennent une grande part du foncier agricole, il est vrai que les entreprises des blancs créoles sont en situation de monopoles ou oligopoles mais il faut savoir relativiser "certains faits" et les remettre dans le contexte socio-économique de l'époque. Je partage totalement l'idée de Michel FFRENCH que je me permets de reprendre " la Guadeloupe ( et la Martinique) a été crée par les blancs créoles , aidés par les esclaves et nous l’avons créée ensemble avec toutes nos entrailles. Alors ensemble et dans la sérénité et sans haine, allons vers le futur." Vus les conflits sociaux en cours ( en Guadeloupe) et à venir ( en Martinique ) je crains que des amalgames soient faits par ceux qui regarderont ce documentaire sans un certain recul et avec un œil averti. J'attends de voir ce qu'il en sera dit par l'œil expert du " Scrutateur" Voici le lien où j'ai pu trouver la vidéo du documentaire : http://9giga.sfr.fr/n/50-17/share/LNK615949847a4acfac6/ |