4 Novembre 2020
Je reçois par email ce lien intitulé : « la fabrique du consentement ». Je regarde, j'écoute. Et je note : "très intéressant et excellent pour développer l'esprit critique".
L'auteur prêche pour l'accomplissement de l'individu par l'esprit critique et l'exercice de la pensée. Excellent. D'ailleurs n'ai-je pas choisi d'exercer le métier de professeur de philosophie dont ce sont les finalités. J'ai même choisi, le temps de la retraite venu, de persévérer sur cette voie, en sachant fort bien que le « public » d'un blog n'est pas celui d'une classe de philosophie, et que les voies et moyens du blogueur ne sont pas ceux du professeur dans sa classe où il s'adresse à des adolescents à la pensée encore vierge (lourde responsabilité) dont certains inclinent vers la pensée libre alors que le blog est reçu par des personnes anonymes pas toutes mues par la recherche du bien et du juste, et du « vrai » (quelques centaines de lecteurs par jour pour LS. Parfois beaucoup plus : comme le mois le plus fécond quantitativement, 139.734 en avril 2017, qui fut un mois d'élection en France, et 42256 pour la seule journée du 12 avril).
Et je poursuis, cahin-caha, deçi-delà.
Revenons sur le fameux lien intitulé « la fabrique du consentement ».
C'est du travail bien fait. En lisant on ne peut qu'évoquer le mot de Nicolas Machiavel : « Gouverner, c'est faire croire ». Oh, Machiavel n'était pas « machiavélique ». C'était un analyste qui dans son monde (c'est le monde éternel) cherchait à comprendre par amour de la vérité, accessoirement pour faire comprendre aux responsables ce qui est loin des illusions communes.
L'auteur de la causerie que je vous propose d'écouter semble poursuivre le même idéal. Je dis « semble » !
A de multiples reprises j'ai dodeliné de la tête pour assentir.
Mais je suis aussi un critique, même parfois, souvent, un sceptique, disciple en ceci de Descartes et de la plupart des philosophes dignes de ce titre.
J'écoute l'oratrice puisqu'il s'agit d'une dame, et je sursaute, à maints de ses dires.
Elle déteste, dit-elle les manipulations, politiques ou autres. Parfait ! Elle méprise la léreté humaine qui préfère la soumission des masses, garante de tranquillité. Et puis manipuler c'est « jouer avec », comme un chat avec la souris, scène qu'à l'âge de 4 ans j'ai souvent suivi du regard avec le plus grand intérêt. J'ai changé depuis.
Pas tout le monde, je dirai même très peu de monde.
Et qui nous dit que la dame ne cherche pas à manipuler?
Balzac (Honoré) a écrit toute une saga littéraire sous le titre de « comédie humaine », chef-d'oeuvre, notamment dans sa précision à décrire les turpitudes éternelles de l'espèce humaine.
Il y a en nous tous, les ferments de la férocité ludique.
En vous, en moi, et pourquoi pas en nôtre psychosociologue ?
Presque tout de ce qu'elle dit est intéressant, et peut-être valable.
Mais des questions (mauvaises pensées?) me viennent de mon penchant inguérissable au scepticisme méthodique.
Pour qui travaille t-elle ? Il y a certainement un ou des commanditaires. Certians de ses exemples posent question.
Il est vrai que l'actuelle épidémie de Covid est un événement impressionnant pouvent donner des soupçons d'asservissement, à plus ou loins long terme. Mais Macron, c'est lui qu'elle nomme, est-il aussi pervers que le voudraient les servants d'une certaine propagande. Je n'aime pas la propagande qui toujours s'avance masquée. Et pourtant je ne suis pas macroniste, mais je n'aime pas qu'on joue le libertarisme au moment même où l'on subjugue peut-être inconsciemment.
Et, en évoquant 2002 et la destruction des tours jumelles à New York aurait-elle été programmée par Georges W Buch, comme elle ne le dit pas mais comme elle l'insinue, ce qui est pire.
Il y a d'autres motifs de prudence à juger trop vite dans la bienveillance.
Quoi qu'il en soit je conseille d'écouter cette causerie.
Elle est utile pour qui exerce par un long travail quotidien sa liberté intérieure .
En ce qui me concerne, je partage son pessimisme sur la nature humaine. Je me bats comme je peux, avec mes instruments, pour à défaut d'instaurer la « société parfaite », aider à ce que le pire ne soit jamais la triomphateur absolu de l'histoire humaine.
L'un de mes recours est la méditation sur les Evangiles. Qui d'entre nous, catholiques, ignorent que l'Eglise elle-même a parfois recouru aux moyens et "trucs" ordinaires de la politique suborneuse.
Force est de constater que dans les aléas de l'histoire cette Eglise, par la force des principes qui la fondent, et sans lesquels elle aurait disparu depuis longtemps, n'a jamais manqué de se réformer sur la rude montée, qu'elle n'a jamais cessé d'élever de bons contestataires parmi lesquels il me plait de placer, avec mesure, à sa mesure, notre talentueuse jeune psycho-sociologue.
Le Scrutateur.