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5 Décembre 2010
7 défis majeurs à relever pour la Guadeloupe à l’horizon 2020
.
Le défi du développement endogène et durable :
Le bilan de 50 ans de politique agricole en Guadeloupe est négatif puisque, comme mentionné plus bas , plus de la moitié des calories consommées dans l’île proviennent des produits importés. On
est donc loin de la souveraineté alimentaire.
L’agriculture en Guadeloupe est marquée par sa spécialisation et sa dépendance extérieure. Ces traits sont quasi permanents, quelle que soit la période historique, et nous en distinguerons
quatre. Le principe de l’exclusif détermine l’activité économique. Toutes les ressources du territoire sont orientées pour réaliser une production tropicale à exporter vers la Métropole qui en
assure la transformation ou la commercialisation. Du fait de la spécialisation, les échanges internes à l’économie du territoire sont très réduits. Les biens d’équipement et de consommation sont
importés de la métropole, d’où une extrême dépendance.
La décennie actuelle, nouveau tournant, marque le début de l’actuelle période de régression de l’agriculture en Guadeloupe.
Les productions agricoles de la Métropole deviennent progressivement excédentaires. Les moyens de transport transatlantique se modernisent. Les revenus de transfert se développent, ce qui accroît
la demande. Les importations de produits agricoles et de produits agro-alimentaires, en provenance de la Métropole se développent d’autant plus vite que la production locale ne peut faire face à
cette concurrence.
Pour l’essentiel, les handicaps sont de trois ordres.
• La mauvaise maîtrise du foncier et l’insuffisance des infrastructures : dans les modes de faire-valoir,
les archaïsmes persistent, tels l’indivision et le colonage. La réforme foncière traîne un solde de 30 %
qui paraît incompréhensible . La SAU (Surface agricole utilisée) régresse de 1 000 ha par an.
L’hydraulique agricole est loin d’être suffisante aussi bien en termes de réseau que de quantités.
• Le niveau élevé des coûts de production : plusieurs raisons expliquent le niveau élevé des coûts de toutes nos productions agricoles :
– le prix élevé des facteurs de production (main-d’oeuvre, consommations intermédiaires, capital) ;
– la faible productivité du travail du à la main d’oeuvre pour l’essentiel haïtienne non qualifiée;
– la faible productivité des rendements liée aux méthodes utilisées et au vieillissement des exploitants, à l’insuffisance des moyens pour faire les traitements en temps utile, à l’insuffisance
de l’hydraulique agricole, et aux aléas climatiques.
• Les difficultés de commercialiser à un prix rémunérateur : l’écoulement de la production est loin d’être garanti aussi bien, sur le marché local que sur le marché européen. Les prix de vente
pratiqués ne permettent la remontée que d’une partie infime de la valeur ajoutée.
Le défi économique et social :
L’économie guadeloupéenne malade de ses conflits
sociaux…
Après la grève générale de 2009
, le sentiment de gâchis a repris le dessus dans l’archipel. Pourtant, le climat est plus orageux qu’il n’y paraît et, sur le terrain, certains ne croient plus désormais aux chances du dialogue
.
Fini le vieux mythe d’une région agricole à la croissance rythmée essentiellement par les campagnes sucrières et bananières! En 2010, l’archipel, à l’instar de nombre de régions métropolitaines,
disposait d’un secteur tertiaire prédominant, avec de multiples services aux entreprises et aux particuliers. Une croissance en baisse (-5,3% de 2008 à 2010), des gains de productivité en recul
(-12% sur la période), un taux de créations d’entreprises en recul (-11,6% en 2010), une évolution rapide des salaires (+6,1%), une inflation en hausse (+2,7% par an) … malgré un PIB par tête
encore très inférieur à la moyenne nationale -soit 55,9% en 2010- un taux de chômage toujours alarmant (environ 26% en 2010) et un taux de couverture extérieure faible (de l’ordre de
20%). Mais, globalement, les clignotants étaient au vert avant la crise de 2009, attestant, au
dire des observateurs, la modernisation de l’économie guadeloupéenne.Tandis que les secteurs traditionnels du commerce, de l’automobile, du BTP, du transport et de l’agriculture s’affaiblissent, apparaît en effet une “nouvelle économie”,
fondée sur la sécurité, l’entretien, l’informatique ou encore le conseil.
De quoi susciter, si ce n’est l’euphorie, du moins un certain optimisme. Las! En ce mois de février 2009, l’heure est plutôt à la sinistrose. Le conflit des 44 jours a bouleversé le fragile
équilibre de la croissance !. Une conjoncture guère amène pour nos économistes de l’Iedom! Du coup, les patrons râlent et la population soupire, comme l’indique le chiffre du PIB en fort
recul.
Les Guadeloupéens sont inquiets. C’est tout du moins ce qui ressort d’un sondage effectué par l’institut QualiStat*. Ils sont 78% -soit 8% de plus que lors du précédent sondage - à s’inquiéter
pour l’avenir du département et 53% -en augmentation de 8% également- à être soucieux pour leur propre devenir. Le climat dans les entreprises, la situation économique, le nombre de conflits
sociaux… tout, à leurs yeux, s’est dégradé en deux ans. Quant aux préoccupations majeures de la Guadeloupe, elles se déclinent comme suit, selon les sondés: le chômage (64%), l’immigration (56%),
l’insécurité (49%), les tensions sociales (49%), la situation économique (46%), l’évolution statutaire (7%), la question identitaire (4%).
La Guadeloupe serait-elle revenue à ses vieux démons des années 1990? Est-elle de nouveau au bord de la crise de nerfs?
La pacification sociale n’a jamais vraiment eu lieu. Il y a eu des répits entre 1997 et 2008, mais, quand vous avez une grève de 44 jours en 2009 qui paralyse toute l’activité , c’est le
développement de la Guadeloupe qui en prend un coup.
Reste qu’il manque encore ici une culture du dialogue; le vieux prisme du XIXe siècle -opposition frontale du capital et du travail - demeure en 2010.
Le moteur de notre PIB est la seule consommation, fruit, notamment, des transferts sociaux considérables, de la sur-rémunération des fonctionnaires, de la défiscalisation… Notre bien-être
apparent est fragile. Les structures fondamentales de l’économie, elles, n’ont pas changé. Nos productions locales ne sont guère attractives.
Le défi du chômage notamment des jeunes:
Ce chômage étant massif et de longue durée, ses effets sont délétères sur la société locale.
Alors qu’en France métropolitaine environ 40 % des demandeurs d’emploi sont au chômage depuis plus d’un an, ils sont 80 % en Guadeloupe, 81 % en Guyane et 77 % en Martinique. Le chômage de très
longue durée (plus de 2 ans) est également trois fois plus répandu dans les départements français d’Amérique. Les jeunes sont ipso facto massivement frappés par ce chômage de longue durée qui met
ainsi à l’écart, et pour longtemps, du secteur économique des générations d’hommes et de femmes dont le travail aurait dû contribuer à son développement.
L’inscription durable de ce chômage dans le paysage économique est une donnée ancrée dans le quotidien des populations des DOM.
Elle a créé des sociétés fortement scindées, divisions encore renforcées par l’hypertrophie du secteur public (plus du tiers des emplois salariés sont dans la sphère publique). Aux Antilles et en
Guyane, l’ensemble des trois fonctions publiques continue à employer 36 % des salariés (contre 23 % en France métropolitaine). La sphère publique y représente 45 % de la masse salariale (contre
21 % en France métropolitaine).
Ce clivage est propice aux discours critiquant le trop grand nombre de postes, souvent parmi les plus valorisants, occupés par des métropolitains.
Surtout, le chômage massif et de longue durée plonge des familles entières dans des difficultés pécuniaires récurrentes et dans la dépendance vis-à-vis des prestations sociales, repoussant
toujours plus loin la perspective d’un accès à l’autonomie pour les plus jeunes, avec son cortège de marginalisation et de pauvreté, d’accroissement de la délinquance… Selon l’INSEE, si le niveau
de vie des DOM reste plus élevé que celui des pays voisins, il existe un écart élevé dans le pourcentage de « bas revenus » par rapport à l’hexagone. Ce pourcentage tend à s’accroître en Guyane
(avec un taux de pauvreté de 14, 6 % à La Réunion, 16,4 % en Martinique, 18,6 % en Guadeloupe et 26,9 % en Guyane, en 2006, contre 11, 7 % dans l’hexagone).
Outre cette « société à plusieurs vitesses », le chômage diffuse aussi insidieusement auprès des plus jeunes « une culture du non-travail ». Comme le notent certains observateurs, il s’agit,
auprès de ces derniers, d’une sorte de « dévalorisation du travail, qui est considéré à certains égards comme un peu ridicule. » La valeur travail a fait place à l’art de la débrouillardise
(celle du « débouya pa péché », le domaine du plus malin). Car, parallèlement, la demande de consommation des jeunes n’a jamais été aussi forte, de sorte que le travail est bien souvent devenu
secondaire par rapport au fait de gagner de l’argent , d’où le fort développement de la délinquance. Les notions d’effort, de dignité, de progrès associés au travail sont durement concurrencées
par l’image des réussites matérielles faciles.
Cette situation entretient un sentiment de « no future », voire de désespoir chez certains jeunes, convaincus qu’ils n’ont aucun avenir professionnel. À POINTE A PITRE / ABYMES , par exemple, où,
selon les Mairies, près de 60 % des jeunes sont sans emploi, plusieurs de leurs représentants ont fait part de leur découragement de devoir passer de « petits boulots » en promesses de « contrats
», sans perspective d’embauche, y compris d’ailleurs pour ceux qui ont commencé ou repris leur formation.
Il est clair que l’on a dans ce seul fait tous les ingrédients d’une « bombe à retardement » sociale pour les DOM.
Le défi sociétal du vivre ensemble et la migration :
Nous avons des départements d’Outre-Mer (DOM) l’image de sociétés jeunes à la démographie galopante. Or, mise à part la Guyane, la réalité est à l’opposé : la Martinique, la Guadeloupe et La
Réunion font partie des départements français les plus concernés par le vieillissement démographique. Il y sera très rapide, un défi à relever avec celui des migrations.
La situation varie sensiblement d’un DOM à l’autre. Les Martiniquais et les Guadeloupéens ont été les premiers et les plus nombreux dans les années 1960 et 1970 à quitter leur département pour
s’installer durablement en métropole, ils sont aussi les premiers à revenir dans leur île natale pour la retraite , cela étant on constate aujourd’hui un essoufflement de cette tendance depuis 10
ans.
Ce dernier constat tranche avec un phénomène inverse qui est celui de l’exode massif de jeunes qualifiés et diplômés qui s’expatrient en masse en France ou à l’étranger , faute de trouver du
travail dans l’île .
- Nos coûts salariaux sont ceux des pays développés et la productivité du
travail est parfois très en retrait.
- Une partie de la population n’a pas pu prendre le virage de la modernité,
en ce qui concerne sa formation notamment, et son adaptation au contexte
de la mondialisation est plus qu’aléatoire.
- Nos marchés, bien qu’évolutifs, restent minuscules et ne permettent pas
l’émergence de productions significatives assises sur une consommation
intérieure ,qui pourrait devenir créatrice d’emploi .
les départements d’outre-mer comme la Guadeloupe sont aujourd’hui confrontés à plusieurs interrogations. En premier lieu, les transferts financiers nationaux et européens importants qui ont
soutenu la dynamique de croissance pourraient voir leur évolution être ralentie. En deuxième lieu, la stratégie d’import-substitution qui a soutenu une grande part du développement industriel et
commercial durant les vingt dernières années a aujourd’hui atteint ses limites : le marché intérieur sera très vite saturé. En dernier lieu, la modification de nombreux accords préférentiels et
la nécessité accrue de faire face à la mondialisation imposent à cette région ultra-périphérique une gestion plus réfléchie et efficace de sa stratégie d’ouverture sur les différentes zones
économiques régionales, européenne et mondiale. Une question apparaît alors : les transferts qui ont assuré la première partie du développement de l’économie de la Guadeloupe constituent-ils
toujours l’arme absolue de la croissance durable . La situation actuelle basée sur une attente croissante de transferts est-elle soutenable dans un contexte de réductions budgétaire sous fond de
crise de l’état providence ?
Le rôle clé des migrations
D’ici 2030, la part des personnes âgées de soixante ans et plus devrait doubler, passant de 11 % à 24 % en Guadeloupe, elle deviendrait même plus élevée qu’en métropole (29%), plaçant notre
région dans le peloton de tête des régions françaises les plus âgées.
Le « taux de dépendance vieillesse », qui est le rapport entre le nombre des personnes âgées de plus de soixante ans et celui des individus d’âge actif (20/59 ans), pourrait, lui, tripler.
Les démographes de l’Ined soulignent le rôle clé des migrations dans le vieillissement des populations domiennes. Sensiblement équilibrées entre les entrées et les sorties, elles n’ont
apparemment pas modifié le taux de croissance de la population.
« Pourtant, le départ des jeunes adultes, principalement des natifs, a entraîné un solde migratoire négatif entre 20 et 30 ans, pendant que l’arrivée de nouveaux immigrants et le retour de natifs
d’âge mûr ou retraités concouraient à un solde positif aux âges supérieurs.
« Les migrations ont donc exercé une influence sur la structure de la population en faisant progresser la part des non-natifs (métropolitains et étrangers) et en accélérant le vieillissement
démographique, elles ont donc par ce biais pesé indirectement aussi sur la croissance naturelle. »
Les politiques s’inquiètent sur les menaces que fait peser cette évolution sur les solidarités familiales. Aujourd’hui, en Guadeloupe, très peu de personnes âgées vivent en institution ;
l’immense majorité vivent à domicile, entourées de leurs enfants.
Mais « cette situation pourra-t-elle durer compte tenu du vieillissement croissant, de l’individualisation rapide des modes de vie, du recul des cohabitations familiales intergénérationnelles, et
du risque de maintien de la précarité sociale ? », s’interrogent-ils.
Et de rappeler la part importante des bénéficiaires du minimum vieillesse, le chômage endémique et la précarité d’emploi d’une grande part des actifs, le nombre élevé d’allocataires de minima
sociaux, le retrait anticipé du marché du travail de nombreux adultes, lesquels risquent donc d’atteindre l’âge de la retraite en ayant insuffisamment cotisé à l’assurance vieillesse.
« On peut craindre que s’y ajoutent les effets de la précarité qui, en touchant leurs enfants ou aidants potentiels, réduisent leur capacité à maintenir la tradition de solidarité entre
générations », commentent les spécialistes de l’Ined en pointant le « réel défi » politique et social que représente le problème.
« Les enjeux paraissent d’autant plus cruciaux que, pour l’essentiel, ces réalités demeurent mal connues », concluent-ils.
Le défi de l’occidentalisation
L’alimentation de la Guadeloupe n’ est plus majoritairement traditionnelle .
S’agissant du niveau d’activité physique, une étude note qu’il est «peu élevé » chez les hommes mais « particulièrement bas » chez les femmes. Chez ces dernières, la fréquence de l’obésité
atteint « un niveau préoccupant », deux fois plus élevé qu’en métropole. Un quart de la population de 15 ans et plus présente une hypertension artérielle et une forte prévalence au diabète , des
chiffres jugés « particulièrement alarmants.
« La poursuite de l’occidentalisation des modes de vie (disponibilité et accessibilité croissantes d’aliments gras et sucrés, augmentation de la sédentarité) conjuguée à l’augmentation de
l’espérance de vie, risque de conduire à une augmentation importante du surpoids et de l’obésité et des maladies chroniques qui leur sont associées », avertissent les auteurs de
l’étude.
Le défi de l’ouverture sur l’extérieur
:
À l’instar des autres départements français d’outre-mer, la Guadeloupe se caractérise par la faiblesse de ses échanges extérieurs. Ainsi, son taux d’ouverture ou ratio d’intensité du commerce
extérieur, rapport entre la somme des importations et des exportations sur le PIB, ressort à moins de 40 % quand il atteint en moyenne le double dans les petits états insulaires. Les États et
territoires de l’espace Caraïbe présentaient un degré d’ouverture sur l’extérieur de la zone de 77 % en 2010 : quatorze pays ont un degré proche ou supérieur à 100 % de leur PIB, le Surinam étant
en tête avec 217 %.
Cette situation résulte essentiellement de la faiblesse des exportations du département, liée aux contraintes structurelles qui pèsent sur la compétitivité des produits (faible valeur ajoutée des
productions exportées, éloignement géographique des marchés export, coûts élevés des facteurs de production). Elle tient également à l’orientation du système productif vers la satisfaction du
marché intérieur et à la polarisation de ses relations commerciales avec la métropole.
En matière d’importations, l’hexagone demeure le principal fournisseur du département (55 % contre 76 % une décennie auparavant). Cette évolution a bénéficié aux pays de l’Union européenne,
second fournisseur de la Guadeloupe (14,4 % du total des importations en valeur) et, dans une moindre mesure, à l’Asie (6,2 % des importations). Les deux tiers sont réalisés par la Chine et le
Japon : ils concernent des biens de consommation et des biens d’équipement. Les importations guadeloupéennes en provenance des îles voisines demeurent en revanche marginales. L’ouverture des
échanges économiques sur la caraibe relèverait aujourd’hui beaucoup plus du mythe .
Le défi de la raréfaction des ressources financières:
La Guadeloupe est confrontée en cette année 2010 à une profonde crise économique, accentuée par la longue crise sociale LKP du début de l’année 2009 , et qui continue de trouver un prolongement
en cette fin 2010. De nombreux secteurs d’activités sont durement affectés par cette crise. C’est le cas par exemple de l’industrie touristique, du bâtiment et des travaux publics, du secteur
agricole…
Pour passer ce cap extrêmement préoccupant, il est nécessaire d’adapter les politiques régionales, nationales et communautaires. Dans des régions éloignées du continent européen comme les nôtres,
les impacts de la crise sont accentués par l’isolement territorial. D’ores et déjà, nous enregistrons un ralentissement très sensible dans la consommation des fonds européens. Cela résulte de la
difficulté tant pour les opérateurs privés que publics de mobiliser leur contrepartie financière ,faute de marge de manoeuvre budgétaire du fait de la politique de rigueur du gouvernement.
la “profonde récession” de l’économie en guadeloupe en 2010 montre que la GUADELOUPE n’est pas “sortie de la crise”, qu’elle “n’en prend pas le chemin” et qu’”une autre politique économique
s’impose”.
Elle confirme malheureusement toutes nos analyses précédentes : au-delà de la crise financière et de la crise sociale LKP, la politique économique du gouvernement est non seulement injuste mais
aussi néfaste sur le plan de l’endettement ; quand a celle de la région, elle est inefficace, du fait de l’absence de relance faute de moyens financiers suffisants (se reporter aux interventions
des acteurs économiques ) .
Selon moi , l’annonce du coup de rabot sur la défiscalisation et de la baisse aveugle des dépenses sociales ne fera qu’aggraver cette situation en ponctionnant du pouvoir d’achat au détriment de
la consommation” qui “montre des signes de grande faiblesse”.
Face à cette réalité, nous demandons une politique d’assainissement juste et efficace des comptes publics et la mise à plat de la politique budgétaire des collectivités locales , dont le gel des
dotations par l’Etat est particuliérement intolérable.
Les Régions seront les collectivités les plus touchées par ce gel car elles deviennent les plus dépendantes des dotations de l’Etat alors même que ce sont elles qui portent les compétences
d’avenir, les politiques d’innovation, qu’elles ont déjà sollicitées depuis plusieurs années par l’Etat sur ses grands projets et qu’elles le seront encore demain sur le grand emprunt.
Comment dès lors pourront-elles continuer à apporter leur concours aux financements des infrastructures ferroviaires, à investir autant dans les lycées et dans la formation professionnelle, à
accompagner les entreprises, les laboratoires de recherche, les investissements verts, les communes et les départements pour les maisons de santé, leurs projets de haut débit, les équipements
culturels et sportifs…. C’est un coup d’arrêt à l’aménagement du territoire et aux services publics de proximité.
Concrètement, les Régions devront revoir à la baisse leurs investissements.
Ce gel inacceptable fait suite à la réforme de la fiscalité locale qui a privé les collectivités, en général, et les Régions en particulier, de toute marge de manœuvre fiscale. Le gel : c’est le
dernier coup de poignard dans le dos porté aux Régions qui ne sera pas sans conséquences économiques et sociales puisque les collectivités, et notamment les Régions, assurent, rappelons le, 74%
des investissements publics, équivalent par an à plus d’un million d’emplois.
C’est l’effet domino. Le gouvernement a annoncé la baisse du budget de l'outre-mer et le gel des dotations qu’il verse aux collectivités. Hier, Jacques Gillot a indiqué que « sur les chantiers
nouveaux, le Conseil général gèle tout » lui aussi. Il ne participera plus au financement d’actions qui ne sont pas de sa compétence et qui n’ont pas encore fait l’objet d’une délibération.
Inutile pour les communes, par exemple, de lui présenter de nouveaux chantiers. En 2009, les dotations versées par l’État au Département s’élevaient à 420 euros par habitant en Guadeloupe, 480 en
Martinique et 550 à La Réunion, c’est-à-dire le double. Dans l’Hexagone, c’est 253 euros en moyenne, mais elles permettent de financer la moitié du budget de certains départements, contre un
quart de celui de la Guadeloupe.
La situation financière est tendue. Les autres marges de manoeuvre sont faibles. Les taxes sont au maximum légal. La chasse aux mauvais payeurs ne bouleversera pas les finances. Réduire les
effectifs est impossible, selon Jacques Gillot : « Nous avons eu l’obligation de doter les collèges en personnel Tos. » Une des rares pistes envisagées sera de remplacer les subventions aux
associations par la mise à disposition des équipements et du personnel du Département. Pour le reste, « nous ferons avec nos moyens. Bien ou mal. Si tel est le cas, il sera de ma responsabilité
de dire pourquoi nous faisons mal en appliquant une politique de rigueur. »
POUR VICTORIN LUREL ,C’est une mauvaise nouvelle de plus dans la mesure où nous étions déjà passablement étranglés. En trois ans, nous allons être achevés. L’Etat nous devra fin 2010 environ 5,5
milliards d’euros. Quand vous savez que le budget total des régions c’est 67 milliards d’euros, l’Etat nous doit en fait 1/10e de cette somme. En décidant ce gel des dotations pour trois ans, le
gouvernement a fait aussi un coup politique et une annonce. L’Etat nous dit en quelque sorte que nous avons un gel total pour la fin de notre mandat.
L’Etat a décidé de mettre un coup d’accélérateur. Il est totalement endetté et il regarde vers qui faire des économies. Les dotations pour les collectivités locales représentant la deuxième
dépense de l’Etat après celui de la défense nationale, il y a donc du grain à moudre.
Nous n’avons pas droit au déficit public. Les seules solutions qui restent sont de fragiliser le service public et de diminuer drastiquement l’investissement.
Outre les collectivités, qui sera le plus touché au quotidien par cette diminution des moyens ?
Il y a un risque sur tout le milieu associatif. Le sport et la culture sont financés à 80% par les collectivités territoriales. On sera obligé de restreindre nos engagements financiers. Le
gouvernement sait que les collectivités sont à majorité à gauche. Il nous met donc en difficulté sur des choix difficiles pour nous à assumer. Et les citoyens ne sauront pas forcément faire la
différence parce qu’ils ne sont pas forcément avertis. On aura des attaques tout azimut sur la qualité des services publics et du vivre ensemble.
DOLTO