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12 Décembre 2010
Pourquoi tant de violence en Guadeloupe
?
STOP à la violence en Guadeloupe !
La Guadeloupe est le département le plus criminogène de l’Outre-mer et sur le plan national. Premier rang pour les homicides, tentatives d’homicides, braquages et
même… violences sur enfants etc…..Il y a des premières places dont on se passerait volontiers. Parmi ces podiums indésirables, celui de la criminalité et, plus singulièrement, de la violence. Les
chiffres 2009, récemment révélés par le Conseil de sécurité et de prévention de la délinquance, sont tristement révélateurs. Non seulement, la Guadeloupe est la championne de la violence en
Outre-mer, mais encore, c’est le premier département français pour les violences physiques non crapuleuses, c’est-à-dire celles qui sont commises hors d’un contexte de vol. « Les violences
physiques constituent l’une des problématiques majeures de la sociologie criminelle locale » , précise le Conseil de sécurité.
Meurtres entre jeunes, viols, agressions, trafics , violences routières… une litanie qui tend à s’accélérer et à se banaliser – ce qui ne veut pas dire qu’elle soit
considérée distraitement par « l’opinion ». Il n’y a qu’à voir , ces derniers jours , combien les articles notamment dans FRANCE ANTILLES relatant des épisodes de ce type figurent en bonne place
dans les classements des billets les plus lus et les plus commentés, dans la presse . Chaque fait-divers contribue à accroître le sentiment d’un monde menaçant, avec comme épicentre de la
violence les quartiers de la périphérie ABYMES / POINTE A PITRE surtout . La thématique n’est pas neuve. Mais elle prend désormais un tour nouveau dont est très emblématique le fait que la
Guadeloupe soit classée comme département le plus violent de FRANCE : alors que la violence avait longtemps été contenue dans les périphéries urbaines, elle « descend » désormais dans la ville
voire même gangréne les campagnes , comme récemment à Capesterre Belle-Eau ou encore à Vieux-habitants.
Des jeunes en crise d’identité ? De nos jours, l’entrée du jeune dans notre société d’adultes en tant que citoyen actif à part entière se fait plus tardivement
qu’autrefois. Actuellement, la situation économique induit souvent un état intermédiaire d’inactivité, source de mal-être et donc de déviance. L’adolescence est une phase de transition
importante. Le jeune est en pleine recherche d’identification avec assimilation et mimétisme d’un héros, le plus souvent pris parmi des « stars » du rap ,héros violents au cinéma » et qui
deviennent ses références. Dans certains cas, il y a un mimétisme du « grand frère » : pour certains des plus jeunes, les héros sont les caïds des quartiers de LACROIX et autres. Les
personnalités publiques peuvent avoir un rôle important dans le transfert de certaines valeurs humaines et de citoyenneté. Néanmoins, le prestige social est aujourd’hui davantage lié à l’argent
et aux valeurs matérielles qu'au rôle que l’on joue au sein de la collectivité. La construction de l’individu ne s’effectue plus par rapport au groupe et donc au rôle qu’il devra y tenir, mais
par rapport à la satisfaction de désirs immédiats, que certains sont prêts à assouvir par la violence. La construction du citoyen guadeloupéen est par conséquent mécaniquement en
crise.
QUELLES SONT LES CAUSES DE CETTE VIOLENCE :
1) La mutation de la société guadeloupéenne.
La cellule familiale, premier cercle de construction de l’individu ,même si elle ne peut seule être tenue pour responsable, une carence familiale sous-tend
fréquemment des problèmes de violences. La famille est le premier lieu d’éducation et de socialisation de l’enfant. Ce devrait être le premier cercle de structuration .Mais, de nos jours surtout
en Guadeloupe, la cellule familiale est souvent déstabilisée :diminution du temps consacré aux enfants, absence des grands-parents, disparition de l’autorité paternelle du fait de la
multiplication des familles mono parentales, divorces, voire parents contre-modèles….L’apprentissage de la violence peut aussi se faire à travers les violences intra-familiales ( 1ére source de
violence en Guadeloupe ).
On peut également citer comme vecteur de la violence , l’effondrement des valeurs et repères anciennement véhiculées par l’éducation nationale , le service
militaire, et l’Eglise qui ont perdu ce rôle du fait de la mutation de la société et de l’affaiblissement voire la disparition de ces institutions qui n’ont plus le pouvoir de régulation du
système social.
L’éducation : pierre angulaire de l’harmonie sociale :30 % des élèves qui entrent en sixième dans l’académie de la Guadeloupe ne savent pas utiliser correctement la
langue française : 20% d’entre eux sont en détresse profonde de lecture et 40% de médiocres lecteurs. Ainsi, ces élèves se retrouvent plus facilement en situation d’échec scolaire, situation qui
fait le lit de la délinquance. De plus, dans certains établissements, il se crée un climat de dénigrement de la réussite et de l’effort : pour ne pas être marginalisé, certains élèves créent une
nouvelle norme en adoptant un comportement négatif. L’échec scolaire est en corrélation directe avec la déscolarisation des mineurs. L’inadaptation scolaire habitue à vivre en marge des règles
sociales, l’apprentissage se fait alors dans la rue, parfois au contact de plus grands ayant eux-mêmes connu l’échec scolaire. Pourtant l’école est un lieu d’instruction et de socialisation ;
c’est l’antichambre de la société adulte. Par ailleurs, tout comme l’autorité du père, le respect du professeur a été aboli. Et pour un jeune en voie de marginalisation, l’enseignant n’est qu’un
représentant d’une institution qu’il rejette. Enfin, parallèlement au déclin des valeurs religieuses, la désuétude de l’éducation civique à l’école est un fait aggravant.
Le manque de pratique religieuse chrétienne :Les valeurs autrefois portées par l’Église en Guadeloupe et fortement ancrées dans l’inconscient collectif ont été très
altérées. Le principal problème est que les forces qui ont porté des coups aux valeurs judéo-chrétiennes n’ont pas éprouvé le besoin de les compenser par d’autres systèmes de valeurs tout autant
susceptibles d’endiguer les dérives.
2 ) Les facteurs organisationnels et environnementaux .
Cause et parfois conséquence de la délinquance : le problème de la toxicomanie d’apparition récente en Guadeloupe :L’usage de la drogue chez un mineur est un facteur
d’inadaptation parmi d’autres. À la fois cause et conséquence du mal-être des jeunes, les consommations régulières de tabac et d’alcool sont des facteurs de risques de toxicomanie par recherche
de sensations toujours plus vives. Le besoin d’argent pour acheter la drogue pousse aux vols avec ou sans violence et de plus, l’emprise de la drogue entraîne une altération profonde de la
personnalité qui pousse à la récidive. Ce problème de toxicomanie soutient également l’activité de certaines bandes qui vivent de ce trafic et entretiennent ainsi une véritable économie parallèle
comme dans beaucoup de quartiers de la périphérie pointoise.
Un autre facteur aggravant : l’urbanisation :L’architecture et l’insalubrité de certains quartiers de PAP ou des ABYMES ne sont certes pas seuls responsables des
actes de violence. Il y a dans les cités une forte concentration de jeunes et d’adultes qui ne travaillent pas et restent dans le même endroit; il y a là un climat de forte tension. Dans les
grands ensembles , la densité de population et la proportion importante de la classe d’âge 12-25 ans au chmage et en pertes de repéres, font que l’agressivité est omniprésente.Toutefois, les
conditions socio-économiques ne sont qu’une composante parmi d’autres facteurs de délinquance.
Le chômage, un facteur déterminant : On constate une forte augmentation de la violence urbaine dans les quartiers où le taux de chômage est important, où il y a une
forte immigration, où les familles sont souvent nombreuses, où la population des moins de 20 ans est presque majoritaire. Cependant, dans les années 60 en Guadeloupe le chômage était massif, la
misère beaucoup plus grande qu’aujourd’hui et pourtant les jeunes chômeurs ne tombaient pas si facilement dans la délinquance dans la mesure où il existait à cette époque des soupapes tels le
BUMIDOM et le service militaire qui permettaient de trouver une formation ou un emploi en métropole assez facilement et souvent dans l’administration ou encore secteur protégé ( PTT , HOPITAUX ,
RATP , SNCF , MAIRIE DE PARIS , ADMINISTRATION CENTRALE ,ARMEE ) dans la FRANCE de pleine croissance des années 1960 à 1975.Du fait de cette situation d’émigration privilégiée , on a connu à la
fois un faible chômage des jeunes et une faible augmentation de la criminalité qui s’est déplacée de Guadeloupe vers la métropole .Si le chômage joue indéniablement un rôle, il y a surtout une
perte des repères : le bon exemple n’est pas donné par la société des adultes. Ainsi, est-il devenu presque normal de faire aboutir des revendications socioprofessionnelles en détruisant
impunément des lieux publics et des entreprises comme on l’a vu pendant la crise LKP. Le mauvais exemple peut également être donné par la politique et l’anarcho-syndicalisme. Et l’économie
souterraine très présente en Guadeloupe de concert avec les aides sociales , achève de décrédibiliser le travail.
Alors comment s’en sortir dans un contexte qui a profondément changé depuis les années 60/70 ? Il reste la répression doublée d’une rééducation pour les plus jeunes,
ceux que l’on peut encore espérer sauver. La plupart des jeunes en difficultés le sont depuis le collège. Ils sortent donc de l’école sans savoir compter et écrire deux mots sans fautes.( 60 000
illettrés en Guadeloupe ). Par ailleurs, formation ne veut pas dire emploi automatique par la suite. Des formations de bas niveau donne autant de chômeur que pas de formation du tout. Or, tout le
monde n’est pas capable d’avoir une formation BAC+2 ou BAC+5. Ce n’est donc pas un problème de formation, mais d’échec scolaire. Et le système éducatif y est pour quelque chose. .Il faut être
réaliste. Un autre constat : La plupart des délinquants sont issus de famille mono-parentales, et de familles socialement défavorisés qui vivent dans des HLM de la périphérie des villes. Des
parents et grands parents absents et impuissants avec de surcroit un mauvais environnement éducatif et social , et la plupart de ces jeunes sombrent dans la délinquance et la drogue et de plus en
plus dans la criminalité . Voilà le fond du problème.
DOLTO