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Le Scrutateur.

Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.

Pourquoi ils s'acharnent sur Luc Ferry, par Edouard Boulogne.

 

jack-et-frederic.jpeg  ( Les icones de mai 68 sont un peu flapies aujourd'hui. Mais elles occupent encore des postes de commandes et d'influences? Luc Ferry en sait quelque chose ).

 

 


 

On sait que Luc Ferry est l'objet, ces jours-ci de violentes attaques, d'un acharnement médiatique, à dire vrai bien plus constant et mesquin que l'accueil par les mêmes médias et le même marigot politique des frasques de M. DSK. S'agissant de celui-ci, à gauche et... à droite on répète à l'envi la rengaine sur la « présomption d'innocence » dont il doit bénéficier, et on est davantage consterné par les conséquences politique pour l'avenir de la gauche que par le fond du problème.

L'on alluma d'abord un contre-feu à partir d'une obscure affaire de massage de pieds par un sous-ministre M. Tron, puis l'on se jeta sur une providentielle déclaration du philosophe Luc Ferry invoquant les mœurs débridés d'une partie de la classe politique, et la participation à une partouze marocaine où aurait été impliqués des petits garçons et ...un ancien ministre, que Luc Ferry ne nomma pas mais qui se sentit visé puisqu'il menaça des foudres de la justice toute atteinte à son « honneur ».

Aussitôt on cria «haro ! » sur...Luc Ferry.

Il y a des jours que cela dure, et chaque matin voit surgir de nouvelles insultes sur notre philosophe, des insinuations sur sa valeur intellectuelle, son goût supposé des mondanités, le manque de sérieux avec lequel il effectuerait son travail d'enseignant, etc, etc, etc !

Je défends Luc Ferry.

Je ne suis pourtant pas un inconditionnel de cet homme. J'ai le souvenir d'un lynchage médiatique, en 1976, quand mon maître et ami Pierre Boutang, l'un des plus grands philosophes de la deuxième moitié du XX ème siècle (au dire de gens compétents comme Ferdinand Alquié, Gabriel Marcel, Raymond Polin, Jean Brun, Georges Steiner, Emmanuel Lévinas, etc ) fut élu par ses pairs à la chaire de métaphysique de la Sorbonne.

Boutang était un homme de droite et un catholique. Aussitôt, une pétition signée d'une centaine d'intellectuels fut lancée pour que l'on revienne sur cette décision, et l'enseignement interdit à Boutang à la Sorbonne. Parmi les signataires.... Luc Ferry.

Je lui en ai voulu longtemps. Je vais encore rappeler le mot de Voltaire : «  Je ne suis pas d'accord avec vos idées, mais je me battrai pour que vous puissiez les exprimer ».

Mais Ferry était jeune, il y a 35 ans!et il avait......une carrière à faire, et le climat mental, dans le prolongement de la « pensée 68 était contraignant, même pour un anticonformiste...à naître.

J'ai fini par lui pardonner cette « petite » lâcheté que la jeunesse n'excuse pas (au contraire ).Mais qu'il me permette de lui rappeler que nombre de ceux qui le harcèlent aujourd'hui étaient ses « amis » d'alors!

J'ai donc pardonné à Ferry, parce qu'il s'est repris, et qu'il a écrit d'excellents livres, « La pensée 68 » d'abord, où avec talent il prenait congé de cette « pensée » mortifère, Le Nouvel ordre écologique ensuite, auquel j'ai consacré une étude approfondie dans le Scrutateur, et plusieurs autres, de qualité. Le dernier en date est cette autobiographie intellectuelle L'anticonformiste, où l'on trouve des choses vraiment excellentes, même si, comme c'est mon cas on ne trouve pas bien satisfaisant le fondement philosophique de la « spiritualité laïque » qu'il voudrait proposer à notre monde en deshérence.

C'est un extrait de ce dernier livre que je propose à l'attention des lecteurs du Scrutateur. Il concerne... le harcellement médiatique qu'il subit quand il fut ministre de l'éducation sous Jacques Chirac.

Luc Ferry, grâce à son intelligence, et à la maturation due à l'âge a évolué à droite.

Ce n'est pas facile dans le PAF français.

S'il y a quelqu'un qui au Paradis, ou au moins au Purgatoire doit sourire ( avec indulgence) c'est Pierre Boutang.

 

Edouard Boulogne.

 

Luc-Ferry-.jpg

 

 

Extrait de L'anticonformiste ( Editions Denoël )

 

« (…..) C'est ainsi, et nul n'y échappe. Il faut seulement apprendre à l'accepter et à vivre avec, à comprendre qu'on est aussi là pour cela, que le peuple adore voir souffrir ses représentants. Cela fait partie du jeu. Mais croyez-moi, ce genre d'épreuve suppose autrement plus de courage et de nerfs que de signer une pétition en faveur des droits de l'homme depuis le sixième arrondissement de Paris..

 

Vous-même et votre famille n'avez pas été épargnés par les journa­listes, c'est même le moins qu'on puisse dire. Sans se blinder, on finit tout de même par s'habituer?

 

Il est vrai que j'ai été pris dans des turbulences médiatiques à répétition, au point de faire la une de la presse à de multiples reprises. Si on est narcissique, il vaut mieux faire un autre métier. Je me souviens de mon conseiller pour la presse, Yves Angella, qui entrait chaque matin un peu embarrassé dans mon bureau pour me dire à peu près ceci : « Monsieur le ministre, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Je commence par la bonne : vous faites encore la manchette du Monde, de Libération ou du Figaro ; la mauvaise, c'est que cette une dit, en résumé, que vous êtes un "gros con" ! » C'était à peu près comme cela tous les jours ! Cela m'évoque la fameuse histoire d'Edgar Faure, auquel un conseiller suggérait de répondre à un article ignoble. «Vous avez raison, c'est vrai, cet article m'a beaucoup blessé, mais, vous savez, je suis probablement le seul dans ce cas ! » lui répondit Edgar Faure. Il faut savoir qu'en réalité tout le monde s'en moque, si bien que quinze jours plus tard, pour ne pas dire dès le lendemain, le tourbillon se déplace comme un essaim d'abeilles et va frapper un autre pèlerin. Nous en riions, avant le Conseil des ministres, avec mon ami Jean-Jacques Aillagon. Quand les fameux « inter­mittents du spectacle» se déplaçaient chez lui et, du coup, me lâchaient un peu les mollets, je lui disais combien j'étais ravi de lui refiler le mistigri! Nous blaguions, évidemment, mais d'autres ministres, en revanche, avaient du mal à cacher leur bonheur de nous voir l'un et l'autre dans les ennuis.

Cela fait aussi partie du jeu, tout comme le fait de se décou­vrir une pléiade d'amis dont vous ne soupçonniez pas qu'ils vous aimaient tant... et que vous ne revoyez plus pendant des mois dès que vous quittez votre poste. L'essentiel est de rester « zen », ne pas en faire un plat et je suis à mille lieues de me plaindre. Il faut prendre les choses avec un peu de distance et même d'humour, si possible. C'est ce que j'ai réussi à faire avec le temps — et il faut dire que j'ai été largement aidé par les déboires de mes successeurs comme de mes prédécesseurs: chacun a pu s'apercevoir de visu que le métier n'était facile pour personne. Il n'en reste pas moins que l'on supporte forcément mal, sur le moment, les ragots et les médisances sans aucun lien, même embryonnaire, avec une réalité autre que fantasmatique. Et en la matière, j'ai été servi:.. En ce qui me concerne, cette inquisition a commencé quel­ques semaines à peine après mon arrivée au gouvernement. Dans un fax surréaliste arrivé vers midi, Le Canard enchaîné me som­mait de rendre des comptes sur une prétendue «literie de satin» qui aurait été achetée par le ministère, avec obligation de leur répondre «avant 19 heures»... Les draps en question n'étaient pas en satin, mais en «satinette», ils valaient trois francs six sous et il s'agissait d'un cadeau de mariage, mais auraient-ils été en vison d'Amérique que c'eût été pareil — c'est vous dire jusqu'où allait l'inquisition! J'ai eu droit aussi à quantité de brèves dans le \ Canard, du genre «les Ferry roulent en Rolls». Confusion totale, là encore: il s'agissait de la voiture d'un professeur de médecine venu recevoir sa Légion d'honneur au ministère... Et ainsi de suite, tous les jours de la semaine. A se demander comment des journalistes peuvent en venir à soutenir des âneries d'une telle envergure et des contre-vérités dont l'inanité est aussi aisément vérifiable. C'est parfois inquiétant ». ( Luc Ferry).

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O
<br /> <br /> http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/06/15/trois-deputes-ump-demandent-la-demission-de-roselyne-bachelot_1536685_823448.html#xtor=RSS-3208<br /> <br /> <br /> Dehors !<br /> <br /> <br /> <br />
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