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19 Janvier 2010
Le prix quotidien de la plus belle ânerie des médias français à propos d’Haïti vient d’être décerné, après avoir été successiveùent attribué à Jean-Jacques Bourdin (qui redoutait les atteintes du froid nocturne pour les petits Haîtiens d’un orphelinat endommagé obligés de dormir à la belle étoile), puis à Edwy Plenel (avec son « Haïti pays de volcans »). Ce prix est revenu, sans la moindre contestation, à Claire Chazal qui, au journal télévisé du soir de samedi, nous a décrit « le ballet des hélicoptères au dessus de Pointe-à-Pitre » ! Tout le monde peut se tromper (surtout une blonde ! Aie !Aie ! Pas sur la tête !), mais on peut alors avoir l’élémentaire correction de présenter des excuses et de corriger une telle erreur, car je pense que, même un samedi soit, la présentatrice ne doit pas être seule dans le studio de TF1 et qu’il y avait bien là quelqu’un qui sache que Pointe-à-Pitre est en Guadeloupe et non en Haïti !
Dans l’actualité politico-humanitaire sur le sujet, il faut quand même faire une place à l’octogénaire Wade (ceci n’expliquant en rien cela !) qui, « bon sang mais c’est bien sûr » a soudain trouvé, tout seul, la solution aux malheurs d’Haïti. Il suffit de faire faire aux dix millions d’Haïtiens le voyage de retour vers l’Afrique ! Peut-être pourrait-on même les installer au Sénégal, en leur accordant la nationalité sénégalaise, juste avant les prochaines élections. Infirmier, emmenez-le à la douche !
Jamais deux sans trois. Va-t-on, sous couvert d’action humanitaire vers une troisième intervention américaine en Haïti, après 1915 (celle-ci a duré jusqu’en 1934 !) et 1994 ( 1994-2000 ; il s’agissait alors de ramener au pouvoir le président Aristide par une opération joliment baptisée « Restaurer la démocratie », les Américains réussissant mieux en général dans la dénomination de leurs opérations militaires que dans leur exécution) ?
La première idée de Barack Obama (faire sauter sur Port-au-Prince 3.500 parachutistes américains) n’était certes pas mauvaise sur le plan logistique, vu la difficulté de franchir les 15 kilomètres qui séparent la capitale de l’aéroport), mais elle était un peu contestable au plan psycho-politique vu les précédents que je viens de rappeler.
Qu’il y ait derrière tout cela un désir, du côté américain, de damer un peu le pion à l’influence française (vieille rivalité bien dérisoire du côte français surtout !), la chose est à peu près évidente, mais un enjeu si dérisoire ne peut guère intéresser que des diplomates (français surtout !), car le poids des Etats-Unis est tel que les choses vont de soi (les Américains ont même un instant hissé le "Stars and stripes" sur l'aéroport !). Que l’administration Obama ait voulu aussi, par là et du même coup, faire oublier Katrina et la gestion calamiteuse des suites du désastre de la Nouvelle Orléans, constitue également un aspect du problème, même si l’on doit se souvenir de la toute première déclaration, stupéfiante pour le coup, du président américain parlant d’une aide de 200.000$ pour Haïti. Je sais bien que les USA sont dans la dèche, mais tout de même ! Pas très adroit non plus le fait, plus récent, de jeter, depuis les hélicoptères, des colis de vivres à la foule des affamés, comme on lance des cacahuètes aux singes d’un zoo. Enfin… !
On doit reconnaître que, face à l’immensité de la catastrophe (car on a surtout parlé de Port-au-Prince où ont été détruits la plupart des sièges d’institutions nationales et internationales, mais Léogane - détruite à 90% -et Jacmel, ont été aussi très gravement touchées) et à la faiblesse des moyens de secours envoyés sur place, les équipes d’intervention ne pouvaient assurément pas être partout en même temps. Il est néanmoins un peu choquant que les secours non seulement se soient portés, de façon quasi exclusive, vers les « riches » (Hôtel Montana, siège de la MINUSTAH, etc.) et, pire encore, que les Haïtiens aient été laissés de côté, les équipes de l’ONU traitant le site de l’ONU, les françaises se préoccupant de rechercher d’abord des Français, comme les Canadiens ne s’intéressaient qu’aux seuls sites où pouvaient se trouver des Canadiens, les derniers étant, à cet égard, assez naïfs pour poser bêtement la question d’emblée, avant toute intervention, comme à l’usine textile de Carrefour ! Finalement, on a pu y faire intervenir une équipe guadeloupéenne parce que l’un des cadres haïtiens recherchés avait un passeport français !
Le degré de désarroi des autorités locales est donné par la président Préval lui-même qu'on filmait, errant ici ou là, allant par exemple à l’aéroport pour y solliciter de l’organisation américaine la recherche d’une parente de l’un de ses amis ou se déclarant sans domicile fixe puisque sa résidence comme le palais présidentiel sont détruits. On a vu aussi le Premier ministre dire aux journalistes qu’il en était réduit à dormir désormais dans sa voiture. Réalité ou plan de communication pour calmer les esprits qui s’échauffent de plus en plus ? On ne sait pas laquelle de ces deux hypothèses est la plus inquiétante pour le pays.
Une bonne nouvelle pour finir et qui , en quelque sorte, résume et symbolise le point de vue exprimé ci-dessus. On a fini par retrouver et sauver, vendredi soir, après quatre jours de recherches et d’efforts, dans les ruines de l’hôtel Montana, la propriétaire de cet établissement ! Comme disait le Père Hugo « Cent maravédis valent-ils une piastre ? ».
Dimanche 17 janvier 2009, 16 heures 30 (heure française) : premier mort des émeutes de la faim sur un marché de Port-au-Prince où la police a dû tirer sur la foule.Ce n'est hélas pas le dernier!
22:28 Lien permanent | Commentaires (12) | Trackbacks (0) | Envoyer cette note | Tags : usbek, haiti, politique