Cette nuit, à 1H30 du matin, par un vote à main levée, le gouvernement, l’UMP et le PS ont engagé les Français pour 16,9 milliards
d’euros dans un plan dit de sauvetage de la Grèce. Un plan que j’ai qualifié de « sabordage », tant il est surréaliste, défiant toute rationalité économique et sociale.
Si Jean-Pierre Brard, Charles Amédée de Courson et moi-même n’avions pas été présents dans l’hémicycle, le vote de la loi de finances rectificative, engageant la France et débloquant une
première enveloppe de 3,9 milliards d’euros, aurait été obtenu en moins de deux heures.
Je recommande aux internautes de visionner les images de cette soirée pour comprendre la déchéance de notre démocratie, les ravages du bipartisme, l’inculture économique ou alors le don de
dissimulation du gouvernement comme de l’opposition, et surtout le poids du lobby bancaire !
Car, en effet, comme l’a très justement noté de Courson, le contribuable se substitue une fois de plus aux banques. Les prêts, qui seront en toute hypothèse indéfiniment prolongés pour
prévenir le défaut de paiement, permettront à la Grèce de rembourser les banques imprudemment engagées dans ce pays.
Lorsque la Grèce dans 1, 2, ou 3 ans s’avèrera incapable de rembourser, surtout après la crise d’austérité imposée, ce seront les autres Etats européens qui devront digérer le rééchelonnement
de la dette grecque, ce pour épargner aux banques les conséquences de leur imprévoyance !
Le gouvernement a bien été incapable de répondre à cette interpellation.
De même, Mme Lagarde n’a pas été en mesure de me citer des pays comparables à la Grèce qui pourraient redresser leurs finances sans dévaluer !
Pour toute réponse, elle a mentionné la Suède, le Canada et la Corée, des pays à la structure économique sans rapport avec la Grèce et surtout, pour les deux premiers, qui peuvent jouer de
leur monnaie.
Tout au long de ce débat, je me suis interrogé sur le fait de savoir si le gouvernement était incompétent, dissimulateur ou les deux à la fois. Dans tous les cas, la conséquence est la
même : des souffrances toujours plus grandes imposées aux peuples d’Europe, un retard cumulatif dans la guerre économique mondiale qui nous oppose à la Chine et aux Etats-Unis (qui, eux,
profitent d’une monnaie souple et fiable pour investir), des difficultés sociales croissantes et la résurgence des nationalismes.
La cause est toujours la même : la religion aveugle de l’euro, cette ligne Maginot monétaire à l’abri de laquelle on prétend être protégé de tout, et l’angélisme – ou une coupable
résignation – face à l’attitude de l’Allemagne.
En cette séance nocturne, j’ai pu voir grandeur nature à quel point, une fois de plus dans sa longue histoire, la France n’est plus vraiment gouvernée ! Le gouvernement qui, comme de
juste, a pu compter sur une opposition totalement solidaire de cette politique au fil de l’eau, cette dernière assortissant comme d’habitude son satisfecit de desideratas tous plus hypocrites
les uns que les autres. L’hypocrisie, une spécialité où le PS est passé maître, lui qui avait déjà fait mine en février 2008 de défendre le référendum pour ratifier le traité de Lisbonne tout
en le votant au Congrès « au nom de l’intérêt européen »…
Plus que jamais, j’ai ressenti le devoir qui est le nôtre d’alerter l’opinion et d’offrir une autre voie.