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7 Août 2010
Des vérités qui doivent être dites.
( Sur le site Politiques publiques, notre ami Yves-Léopold Monthieux, est toujours présent, et... d'attaque. tout en douceur, et en finesse. LS).
(Georges Gratiant).
C’est Michel Branchi, économiste du Parti communiste martiniquais et rédacteur en chef du Journal Justice, qui parle : « Il est paradoxal que ce soit un homme de droite comme Yves-Léopold Monthieux qui rappelle dans « Politiques publiques » le 29/07/2010 le PPM et Serge Letchimy à une certaine décence s’agissant du rôle de Georges Gratiant et cela en rappelant simplement les faits ».
Certes, Michel Branchi a trouvé ce qui lui convient dans mon article pour l’aider à faire la leçon au PPM et à Serge Letchimy. Mon objectif était simplement de mettre le doigt sur une évidence que je peux résumer en un mot : Césaire a beaucoup servi et a été beaucoup servi.
Je n’ai pas eu à changer mon style ni faire preuve de plus d’honnêteté ou de sérieux que d’habitude. J’ai pensé que cette vérité qui lui fait plaisir aujourd’hui se devait d’être dite, comme celles qui ont pu ou pourront éventuellement lui déplaire, par exemple que le parti communiste martiniquais a été, avec l’aide de la CGT, la cheville ouvrière de la mise en œuvre de l’assimilation martiniquaise.
Le chassé-croisé de nos grands hommes
On comprend combien la difficulté a pu être grande, en 1956, pour le Parti communiste, lors de son divorce avec Césaire. A son incontestable leader, Georges Gratiant, le Parti voyait succéder comme 1er Adjoint au maire de Fort-de-France, le frère non communiste de son héros historique, André Aliker, ce commerçant communiste, premier et sans doute dernier journaliste d’investigation de la Martinique, tué en 1936. Ce conflit cornélien rappelle celui qui, à un moindre niveau avait failli opposer les Césaire et les Fanon au plus fort de la controverse sur le nom de l’aéroport du Lamentin. Rappelons que cet ouvrage avait été construit aux normes modernes par la Chambre de commerce vers 1960 et les deux principales municipalités de l’île avaient refusé les aides sollicitées alors par le président Yvon Saint-Yves. « Comment pourrais-je expliquer à mes électeurs que leur argent a servi à construire un aéroport ? », avait déclaré le maire de l’une de ces villes. Bref, on ne touche ni à Fanon ni à Césaire ni à André Aliker. Or toucher à Pierre Aliker, c’est toucher à Césaire pour le PPM, et à son frère André pour le PCM. C’est dire l’embarras du PCM, (que dis-je ?) des intellectuels, en général, d’où cet autre clin d’œil de l’histoire.
Le frère d’André Aliker infirme les accusations de tortures de Chalvet.
En effet, trois jours après la mort d’Ilmany, le 14 février 1974, le corps sans vie du jeune Marie-Louise était retrouvé sur les galets d’une plage située non loin du quartier Chalvet. Le rapport entre ce mort et les événements des jours précédents fut aussitôt proclamé, de sorte que la décision du médecin-légiste était à la fois crainte et attendue. Le procureur de la République Jacquemin eut l’idée de désigner auprès du spécialiste deux autres praticiens. C’est ainsi que le frère du journaliste assassiné en 1936 crût devoir, plus de 40 ans après, infirmer les accusations de torture et d’assassinat faites au pouvoir colonial par des révolutionnaires aux 40%. Le résultat de l’autopsie avait été jugé inacceptable par ces derniers, mais ils n’eurent pas d’autre ressource que de l’ignorer, de l’« oublier », donc de refuser de l’enseigner aux jeunes Martiniquais, d’oblitérer l’Histoire. Car on ne touche pas au frère d’André Aliker ni à l’ami de Césaire ni à l’icône que Pierre Aliker est lui-même devenu. Parions cependant que cet homme d’honneur réitérerait sans hésitation la vérité, si celle-ci lui était demandée. Mais jusqu’à sa mort, probablement, il ne se trouvera pas un seul journaliste martiniquais de cette Martinique réputée responsable pour l’interroger sur ce point d’histoire.
Les facéties de l’histoire et la juste défense de la fiscalité coloniale
Il est une autre curiosité qui n’a pas retenu l’attention sélective des initiés. André Aliker n’est pas mort au cours d’une action ordinaire ou banale de défense de la classe ouvrière. Il s’était finalement agi de faire tomber un fraudeur présumé du fisc. Sans doute, la qualité de l’auteur visé avait pu donner au justicier du cœur à l’ouvrage, mais il s’agissait de mettre fin à une présomption de détournement par un patron des ressources de la puissance coloniale. Cette action renseigne sur le civisme des communistes de l’époque. L’attachement aux valeurs de la République fut inscrit dans toutes les lignes de la Défense et illustration de l’assimilation prononcée par Césaire, au nom du parti communiste, en 1946, à l’assemblée nationale. Cependant il n’avait pas semblé retenir l’argument de la participation martiniquaise à l’impôt de la République. Mais le souci d’intégration était présent en tout et a pu atteindre la dimension que lui a bien involontairement donnée Aliker. Le très français journaliste du très français journal « Justice » était animé du souci de la juste défense de la fiscalité coloniale. Autre facétie de l’histoire : André Aliker, patron des journalistes martiniquais, a peut-être été, à double titre, le modèle du futur cadre communiste, homme de justice de profession, aujourd’hui à la retraite. Il avait, à son tour, pour mission, cette fois officielle, de traquer la fraude fiscale. Passons sur les résultats... Cet homme est devenu, lui aussi, rédacteur en chef de Justice. Ainsi, à un volontariat audacieux qui s’est tragiquement terminé a pu succéder un professionnalisme plutôt confortable.
A-t-on le droit de s’approprier les progrès de la départementalisation ?
Mais, revenons-y, le débat opposant les seconds de Césaire fut tranché par Césaire lui-même. A entendre les uns et les autres, tout se passe comme si, en l’absence de Georges Gratiant et de Pierre Aliker, il n’y aurait eu à Fort-de-France ni crèches ni hôpitaux ni routes ni ponts ni chemins ruraux ni assainissement ni bons d’AMG. Que sais-je encore ? Sans eux, on continuerait peut-être de mourir encore de la typhoïde. Il est dérisoire de tenter de s’approprier ces progrès accomplis dans les premières années de Césaire. On fait mine d’oublier que ce furent également les premières années de la départementalisation. Près de 20 ans après celle-ci, Césaire disait en effet à de Gaulle : « la France a fait dans ce pays une œuvre admirable à laquelle nous tous, nous rendons hommage : la France a percé la route, la France a bâti l’hôpital, la France a bâti l’école, je dirai plus, la France a forgé l’homme ». La France a fait tout cela à St Denis de la Réunion, à Pointe-à-Pitre, mais aussi à Fort-de-France. Et le tout dernier mot revient encore au « Nègre fondamental », s’adressant à François Fillon, un an avant sa mort : « c’est grâce à vous que nous survivons ».
Yves-Léopold Monthieux, le 4 août 2010
Pour être complets, ci-après la réaction de Michel Branchi (dans nos commentaires) au 1er texte publié par Yves-Léopold Monthieux (http://www.politiques-publiques.com...)
par Michel Branchi, rédacteur en chef de Justice, Economiste
"Georges Gratiant, 1er adjoint de Fort-de-France pendant plus de dix ans avant Pierre Aliker.
Il est paradoxal que ce soit un homme de droite comme Yves-Léopold Monthieux qui rappelle dans « Politiques publiques » le 29/07/2010 le PPM et Serge Letchimy à une certaine décence s’agissant du rôle de Georges Gratiant et cela en rappelant simplement les faits :
1) Gratiant s’est retiré pour laisser la place à Aimé Césaire comme tête de liste du Parti Communiste en 1945, estimant que ce dernier était mieux placé ;
2) Jusqu’en 1956, date de la démission de Césaire du PC, il fut le maire de fait de FDF, vu les absences fréquentes de Césaire, député et poursuivant une carrière d’écrivain en France.
3) La fidélité de Georges Gratiant à son Parti, à son idéal de communiste, et non à un homme, fût-il le prestigieux Aimé Césaire ;
4) Par contre, l’article ne reconnaît pas clairement que les grandes réalisations de cette époque portent la marque de Gratiant et du PC : cantines, crêches, écoles, assainissement, logement, etc. Yves-Léoplold Monthieux écrit en effet : ". J’ignore avec quelle compétence et quelle autorité celui-ci (ndlr : Georges Gratiant) avait pu jouer son rôle auprès de Césaire". Il suffit pour s’en faire une idée précise de lire le petit livre de Georges Mauvois : "Georges Gratiant. Un avocat dans le siècle" (K éditions 20 €) à la Librairie Alexandre. Plus précisément les pages 74 à 86.
Il faut, pour finir, faire une petite clarification sur la phrase attribuée à Jenny Gratiant, veuve de Georges Gratiant, rapportée par Antilla (n° 1413 du 22 au 29 juillet 2010) et que cite Yves-Léopold Monthieux : elle aurait « raconté comment son mari Georges, pourtant tête de la liste victorieuse aux élections foyalaises de 1945, a cédé sa place à Aimé Césaire ».
Yves-Léoplod Monthieux relève avec justesse que ce propos rapporté par un « article paru dans la presse locale » (Antilla en l’occurrence) est trop gros pour être une « falsification », mais qu’il doit s’agir d’ « une grossière erreur de transcription ». Il assure qu’ « on n’a pas pu laisser dire cela à Mme Gratiant ».
En réalité, Antilla reprend dans sa présentation-un peu rapide, il est vrai- un article de Georges Erichot paru dans Justice n° 28 du 15/07/2010 relatant la soirée d’hommage à Georges Gratiant le vendredi 9 juillet à la médiathèque du Lamentin. Et Georges Erichot, cité avec honnêteté par Antilla, a écrit exactement : « (…) Au lendemain de la guerre, le voilà engagé avec ses camarades communistes dans une lutte victorieuse pour la conquête de la ville de Fort-de-France dont il devrait être logiquement le maire, puis le député. Et c’est son épouse qui nous raconte comment il a préféré se désister au profit d’Aimé Césaire, alors plutôt hésitant. (…) ». Donc Mme Gratiant n’a pas dit que son époux était tête de la liste victorieuse aux élections foyalaises de 1945.
Conclusion : lisez Antilla et… Justice.
Et tant mieux si une partie de la vérité est enfin rétablie aux yeux de nos compatriotes. "
Cordialement, Michel Branchi.