Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
6 Septembre 2011
Les appréhensions principales des classes moyennes sont les plans de rigueur à venir ( tous les économistes s'accordent à dire que vu l'intensité de
la crise le plan FILLON est largement insuffisant pour contenir le poids de la dette ) , le chômage, l’avenir de leurs enfants, la retraite et le logement. L’angoisse et la déprime sont également
des sentiments partagés dès qu’on évoque le changement statutaire , l’érosion du pouvoir d’achat et la formation de haute qualité qu’elles souhaitent assurer à leur progéniture. La difficulté de
maintenir le standing de vie dans une société en crise et en profonde mutation est aussi souvent évoquée, notamment par les cadres des entreprises et fonctionnaires des administrations qui
entrent, pour une grande part, dans la composition des classes moyennes de la Guadeloupe .
Les classes moyennes connaissent un grand essor dans les Trente Glorieuses (1945-1973). Cet essor s’explique aussi en Guadeloupe par la tertiarisation de la société qui s'est produite avec
l'avènement de la départementalisation en 1946 .
Depuis 1946 le nombre d’employés et de cadres a fortement augmenté. En effet, l’essor des grandes administrations et entreprises a nécessité des cadres et des employés administratifs, industriels
ou commerciaux de plus en plus nombreux.
* Les professions intermédiaires se sont également fortement développées. Cela s’explique par le développement de la place de l’Etat providence en Guadeloupe . L’Etat-providence a augmenté les
effectifs de la fonction publique recrutée sur concours et dopé le niveau de vie avec les 40% de vie chère et les aides sociales . La massification de l’enseignement a exigé la multiplication du
nombre d’enseignants et du personnel éducatif et a permis d'absorber nombre de jeunes diplômés .
Les classes moyennes en Guadeloupe ont alors fructifié sur ce socle de progrès .
Elles sont les enfants chéris de la départementalisation et le ciment de la cohésion sociale en Guadeloupe. Elles ont participé à tous les changements administratifs et politiques du département.
Elles forment l'identité et l'originalité de la Guadeloupe .
Les classes moyennes, composées de fonctionnaires , professions libérales , artisans et chef d'entreprises anonymes, d'hommes et de femmes de bonne
volonté, sont aujourd'hui déçues,désenchantées , démobilisées, plongées dans un désarroi qui pourrait se transformer en débâcle. Depuis 15 ans , l'État , jadis providence , a multiplié contre
elles les blocages, freiné la promotion sociale,rogné les avantages acquis , augmenté les prélèvements obligatoires. La crise les a fragilisées. Les décideurs les ont ignorées. Les politiques ne
les ont pas assez écoutées. La Guadeloupe a changé depuis 20 ans et la cohésion sociale est mise à mal . Les nantis se sont accrochés à leurs privilèges, les exclus se sont enfoncés dans
l'assistance , le dénuement et le populisme avec le LKP .
Comme en métropole, elles incarnaient jadis le progrès social. Comme en métropole, elles redoutent d’être aspirées vers le bas et angoissent pour l’avenir de leurs enfants. Ces derniers condamnés
au chômage ou à l'émigration en France métropolitaine, voire à l'étranger .
A quelles catégories sociales appartiennent-elles ? Quelles sont leurs valeurs ? Combien de foyers représentent-elles ? Dans l’hexagone, le grand mouvement de renversement auxquelles sont
confrontées les classes moyennes depuis quinze ans a incité ces derniers mois sociologues et économistes à se pencher sur cette France protéiforme, inorganisée, silencieuse, et qui par effraction
presque s’est invitée à plusieurs reprises dans le débat politique entre 2002 et 2011 , d'où l'acuité et l'intérêt du débat autour de la présidentielle de 2012 . A la Guadeloupe , aucune étude
scientifique n’a été menée par l’Insee ou un autre observatoire sur ces ménages qui ne se reconnaissent plus dans ce monde bipolaire et mondialisée , avec d’un côté les riches, capables
d’investir 500 000 euros dans un projet immobilier, de l’autre les exclus, contraints de se contenter des minima sociaux et de s’entasser dans des logements collectifs. Au-delà de toute analyse
statistique, Les chiffres en disent long sur le malaise de nos concitoyens : 75% des personnes interrogées ne croient plus en l’avenir de la société, et près des deux tiers des Guadeloupéens ne
font ni confiance à la classe politique, ni aux milieux économiques, pour redresser la situation depuis la funeste crise LKP de 2009 . Ce pessimisme transcende les catégories
socioprofessionnelles et affecte évidemment ceux qui, hier encore, pouvaient se projeter dans le futur et incarnaient l’avant-garde du progrès social.
L'exemple le plus spectaculaire de cette sensation de déclassement social est l'accession à la propriété :
Entre 2001 et 2011, les prix de l’immobilier et du foncier ont augmenté trois à quatre fois plus vite que les revenus. Cette déconnexion entre les marchés et les salaires pèse sur les ménages à
revenus intermédiaires, contraints de s’éloigner des zones urbaines, de différer leurs investissements, ou d’allonger la durée de leurs prêts.
Plus d’un tiers de leur salaire : voilà le budget que les Guadeloupéens propriétaires de leur logement consacrent en moyenne à leur maison. C’était jusqu’ici le prix à payer pour accéder à la
propriété et se constituer un patrimoine. Mais à lui seul cet effort financier ne suffit plus dorénavant. La raison est très simple : au cours de ces dix dernières années, entre 2001 et 2011
précisément, les prix de l’immobilier et du foncier ont respectivement augmenté de 52% et de 71%, alors que sur la même période les revenus des actifs occupés n’ont progressé que de 18% selon une
enquête publiée en Aout par l’Adil, l’observatoire de l’aménagement et de l’habitat. L’accroissement de l’écart entre les ressources mobilisables et les coûts imposés par le marché oblige
désormais les nouveaux accédants à consentir d’énormes sacrifices. A s’éloigner par exemple des centres urbains. L’étude de l’Adil montre qu’un couple disposant de deux salaires moyens ne peut
plus s’offrir terrain et villa dans des grandes villes comme Baie-Mahault et Gosier . Autour de ces principaux pôles, seuls les ménages justifiant de revenus plus importants peuvent prétendre à
ce type d’investissement. A condition, bien sûr, de ne pas vouloir s’installer dans les zones les plus chères , ou certains quartiers résidentiels . La flambée des prix n’impose pas seulement de
nouveaux choix géographiques. Elle oblige aussi les acquéreurs à revoir intégralement leur plan de financement. En 1999, un ménage avec deux enfants percevant 3 800 euros par mois pouvait
investir dans du neuf ou de l’ancien et s’offrir sans difficulté une maison de 100 mètres carrés. Depuis cinq ans, ce foyer ne peut accéder à aucun bien immobilier adapté à ses besoins familiaux
ou acquérir un terrain de taille suffisante sans aide complémentaire. Hors du parcours social, ou sans intervention substantielle du prêt à taux zéro, l’accession est quasi impossible.
LA Peur de tout perdre
La crise financière a ravivé les craintes d'une récession.
Conséquence de la crise de la dette cet été, le moral des cadres touche le fond. Selon un baromètre Viavoice pour Le Figaro/France Inter/HEC* publié lundi 5 septembre 2011, il atteint son plus
bas niveau depuis la création de ce baromètre en 2004. 74% des cadres interrogés anticipent une dégradation du niveau de vie (contre 49% en mai) et 78% prévoient une hausse du chômage (contre 39%
en mai).
Au-delà de la situation économique générale, le sondage met en lumière l’inquiétude des cadres sur leur propre niveau de vie. Ils sont 48% à penser que leur situation financière personnelle va se
dégrader dans les prochains mois. Et 83% estiment que leurs opportunités de progression de carrière seront faibles.
L'indice synthétique du moral des cadres a chuté de 30 points par rapport à mai, la plus forte baisse enregistrée depuis la création de cette enquête trimestrielle, pour tomber à -55, son plus
bas niveau historique.
Son précédent plancher, à -47, remontait à mai 2010, lors du premier épisode de la crise de la dette en zone euro.
Soixante-dix pour cent des cadres interrogés s'attendent à une nouvelle récession en France au cours des mois qui viennent et 74% (contre 49% en mai) disent s'attendre à une dégradation du niveau
de vie à un horizon d'un an.
Ils sont 78%, soit deux fois plus qu'il y a trois mois, à anticiper une montée du chômage.
Ceux-là aujourd’hui doutent, s’interrogent, et ont l’étrange sentiment que le monde dans lequel ils évoluent est plus dur, plus égoïste, plus compétitif. « Les liens sociaux et les solidarités se
distendent, les craintes, les incertitudes face à l’avenir ébranlent de plus en plus la confiance des Guadeloupéens », confirme madame Mérion, directrice de l'institut Qualistat . Pas étonnant,
dans ce contexte, qu’une large frange de la population soit particulièrement attachée à la préservation de ses acquis sociaux et demeurent viscéralement attachée au statut départemental , gage de
sécurité . Cette obsession est particulièrement perceptible chez les personnes âgées et dans les foyers de classe moyenne . Déjà très repliés sur eux-mêmes, réfractaires aux réformes qui les
touchent de plein fouet , ceux-là ont tout simplement peur de tout perdre, d’être aspirés vers le bas. Ils angoissent aussi pour l’avenir de leurs enfants. Ils savent que les diplômes se
dévalorisent, que le baccalauréat, et même l’enseignement supérieur, ne sont plus forcément synonymes de réussite sociale. Quel que soit le groupe dans lequel on les range, les classes moyennes
ont enfin une vision très pessimistes des jeunes. Des jeunes qu’elles assimilent « à de futurs chômeurs, de futurs révoltés et sans repère moral ». Les statistiques officielles renforcent cette
perception diffuse : le nombre de places disponibles dans la fonction publique ( puissant facteur d'ascension sociale en Guadeloupe ) a diminué de moitié depuis 1987, un déficit que le secteur
privé n’est jamais parvenu à absorber au cours de cette période. Dans son best-seller , le sociologue Louis Chauvel n’hésite pas à parler de « déclassement économique, social et culturel »
lorsqu’il évoque l’évolution des classes moyennes depuis près d’un demi-siècle. La Guadeloupe n’échappe plus désormais à cette analyse .
C'est pour cette raison que la classe moyenne en dépit des difficultés et des doutes , devra se montrer extrêmement vigilante et combative sur toute tentative de revenir sur le statut
départemental de notre région, (" car un tiens vaut mieux que deux tu l'auras " ) et qui quoi en dise nous préserve encore du pire de la crise à venir à l'instar de la Grèce .
DOLTO.