Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
13 Septembre 2011
Economie de la Guadeloupe : le danger viendra des banques !
En métropole , " la bourse et les marchés financiers anticipent des scénarios très noirs et ne veulent retenir que les hypothèses les plus sombres pour l'avenir des
banques" . L'obsession des investisseurs reste toujours la Grèce. Ils craignent que le pays ne soit pas en mesure de respecter ses engagements budgétaires, ce qui entraînerait sa faillite et
aggraverait la crise en zone euro.
Plus globalement, le spectre de la récession continue de hanter les marchés.
En privé, certains banquiers ne s'en cachent pas, la cote d'alerte est atteinte pour quelques établissements européens, tout proches de leurs plus bas historiques. Et l'on n'est sans doute plus
très loin du moment où la question du renflouement voire la nationalisation des plus affaiblis se posera.
Dès lors, la tentation est grande de faire le parallèle avec la crise financière de l'automne 2008 : une nouvelle fois, les difficultés des banques viennent plomber les grands indices et
contaminer l'économie réelle. Ce ne sont pas les turpitudes des banquiers qui expliquent leurs difficultés actuelles -même si les reliquats de la facture des « subprimes » pénalisent certaines
d'entre elles -, mais bien les craintes de récession et l'impact qu'un tel scénario aurait sur la solvabilité des Etats les plus endettés, notamment ceux d'Europe du Sud. Un cocktail aux effets
redoutables pour les bilans bancaires, en particulier. Les coffres de nombreuses banques européennes recèlent en effet d'importants stocks de dettes souveraines -le plus souvent pour des raisons
prudentielles.
Une telle situation conduit à mettre en cause les « stress tests » et la fragilité des banques et leurs capacités à financer l'économie .
A l’envi et pour justifier de leur bonne volonté, les établissements bancaires martèlent leur message qui frise l’intox ou la désinformation car la réalité est bien différente : en 2011, les
prêts aux entreprises sont encore à -20 % de ce qu’ils étaient en 2008 !
Et la Banque de France le confirme :
les crédits nouveaux cumulés sur 12 mois et exprimés en milliards d’euros s’élevaient en 2008 à 301 milliards (février), régressaient en 2009 à 286 milliards (janvier) pour tomber en 2010 à 228
milliards (janvier). En janvier 2011, on comptait seulement 238 milliards d’euros :
Bien loin de reconstituer les financements bancaires indispensables aux entreprises !
C’est dire que le soutien aux entreprises dont se targuent les banques parait à tout le moins bien plus modeste voire insuffisant au regard des besoins de l'activité des TPE, PME et PMI…
-20 % sur 3 ans !
De quoi plomber toute reprise économique réelle.
Quelle est l'impact de la crise financière et bancaire sur l’économie locale en Guadeloupe ?
Nous avons déjà évoqué dans un précédent article le caractère protégé ( une économie sous serre ) de l'économie de la Guadeloupe qui est pour l'essentiel irriguée par les transferts publics et
les prestations sociales .
Les banques locales, qui sont elles aussi des entreprises qui vivent indirectement de la manne des transferts publics, deviennent encore plus frileuses en période de crise , surtout quand elles
reçoivent directement leurs instructions des sièges parisiens pour ce qui concerne l'octroi de crédit aux particuliers et entreprises . Il faut souligner que ces directives en matière de
distribution du crédit sont fortement conditionné par le contexte national . Et même quand elles essaient de jouer le jeu sur le plan local , c’est de façon insuffisante par rapport aux besoins
réels des entreprises. La crise sociale en 2009 a révélé une carence profonde, connue de tous, à savoir le besoin important des entreprises, en matière de trésorerie. La frilosité des banques est
une vérité pour les particuliers et pour les entreprises commerciales et industrielles qui manquent cruellement de fonds propres .Le crédit risque de manquer et de devenir plus cher avec cette
situation de crise sur le plan national et cela ne se ressent pas encore clairement dans les enquêtes d'opinion mesurant le moral des chefs d'entreprise ou des ménages en Guadeloupe .Le danger
est pourtant bien réel ! L'assèchement des marchés du crédit bancaire n'est jamais sans conséquences pour les acteurs économiques .L'exemple de l'immobilier est patent car l'activité du BTP est
aussi en panne et perd de sa superbe jour après jour .
Frilosité que les banquiers présents en Guadeloupe vont, évidemment, contester. « Le taux de crédits impayés est de 15 % en Guadeloupe, soit 3 fois plus que la moyenne nationale. C'est bien la
preuve que les banques guadeloupéennes prennent 3 fois plus de risques. (…) Par ailleurs, le banquier n'est pas un actionnaire de l'entreprise : c'est un partenaire parmi d'autres. Son concours
n'est pas une subvention. »
Dans sa lettre de septembre 2011 , L'IEDOM confirme la fragilité de l'économie de la Guadeloupe , qui en dépit de quelques bons indicateurs , demeure très vulnérable .
Si la situation des ménages semble s'améliorer avec le frémissement de la consommation , il y a lieu de s'inquiéter pour celle des entreprises : d'aôut 2010 à aôut 2011 , le nombre des incidents
de paiements a augmenté de 26,4% en nombre et de 82,6% en valeur ; en cumul des 8 premiers mois , on constate une augmentation des incidents de paiement de 1,9% en nombre , mais de 8,2% en valeur
.
-les ventes de ciment sont en recul de 3,7% en glissement annuel (juillet) et de 4,3% en cumul annuel (7 mois).
-Les exportations sont en net recul (-54,1%en 6/2011 sur 6/2010) .
-La consommation d'électricité MT , reflet de l'activité économique , a chuté de 4,4% (5 mois 2011 sur 5 mois 2010).
L'IEDOM a fait une enquête sur la trésorerie des entreprises auprès des divers secteurs d’activités de l’île .
Ce sondage révèle que les sociétés rencontrent de réelles difficultés financières et que les banques sont plus frileuses à accorder des crédits. Cela se traduit notamment par des délais
d’acceptation rallongés et un durcissement des relations.
Les établissements bancaires remettent souvent en cause les facilités déjà accordées. Ils augmentent par ailleurs leurs coûts et les taux de crédits sont également à la hausse .
En Guadeloupe, la croissance ralentit aussi et la méfiance recommence à l’emporter sur la confiance.
La Guadeloupe, pour être une île, n’est pas pour autant isolée de ce monde qui vacille. C’est, d’ailleurs, par les conséquences inévitables de cette crise de la dette sur notre économie, que nous
pourrons mesurer combien nous nous inscrivons dans la mondialisation.
Dès lors, les citoyens de la Guadeloupe sont inquiets des évolutions de la situation financière de la France Métropolitaine . Faut-il retirer son argent de la banque ? Y aura-t-il des
conséquences sur l’activité des entreprises ? Les finances des collectivités locales seront-elles impactées ?
La semaine dernière , un quotidien de Métropole titrait : Les banques lâchent les patrons !
" Les entreprises se heurtent à des refus de crédit après la panique boursière de l’été.
La panique s’empare peu à peu des patrons français. Depuis début août, date à laquelle les marchés financiers ont plongé dans le rouge après la dégradation de la note de la dette américaine,
l
De nombreux chefs d’entreprises déplorent avoir beaucoup de difficultés à trouver des financements, alors qu’ils en ont besoin en cette rentrée. Cette semaine, la cellule de l'appui aux
entreprises de la CCI des îles de Guadeloupe a reçu cinq fois plus d'appels de patrons remontés contre leurs banquiers, qu'en temps normal .
"On ressent cette crispation, cette méfiance" affirme un responsable de Guadeloupe Expansion .
Les dirigeants se heurtent à des refus de crédit , à des problèmes de découverts ou encore à des annulations sans justification de ligne de crédit. La recrudescence de cas inquiète d’autant plus
le président de la CGPME qui parle d’"un phénomène nouveau : il y a des entreprises pour lesquelles les banques ferment les robinets alors qu’elles ont une situation très saine".
La maîtrise des dépenses publiques, prônée par le gouvernement concerne également les collectivités d’Outre-mer.
L’heure est au serrage de ceinture. Le train de vie des régions doit être revu à la baisse. C’en est donc fini, parait-il des différents "abus" du train de vie des collectivités locales .
Depuis la réforme fiscale, relève l'agence de notation FITCH, "les régions ne conservent qu'un pouvoir [fiscal] symbolique et dépendent fortement des subventions et dotations de l'Etat". Or, ces
dernières ont été gelées pour la période 2011-2013. Pour Fitch, cette forte diminution de la flexibilité et du dynamisme des recettes des régions "devrait les inciter à rationaliser leurs
dépenses et à en limiter la croissance".
Avec la réforme fiscale, écrit l'agence, "environ 30 % des ressources seront figées, 15 % stables ou en baisse, et 55 % correspondront à des ressources peu dynamiques".
Le ministre du budget François Baroin en a appelé à la responsabilité de chacun dans l’hémicycle lors du vote des mesures du plan FILLON . « Il nous faut un vrai changement de mentalité et
d’habitudes vis-à-vis de la dépense publique. La sphère publique (…) n’est pas une ressource inépuisable. C’est de notre responsabilité que d’inverser la tendance », a-t-il souligné.
De quoi inquiéter région , département et communes !
« Pour nos collectivités, ce sont des dotations qui diminuent, à déclaré un responsable politique de la Guadeloupe au micro de RFO Paris. On n’ose pas le dire mais ce sont les impôts qui vont
augmenter ».
Nous vivons la pire récession depuis l'après-guerre. Et nous faisons semblant de croire qu'en 2011/12 , la croissance reviendra comme par enchantement après avoir mis à mal le pays en 2009 avec
la crise LKP . Nous feignons de penser que, sitôt atteint le fond de la piscine, l'économie de la Guadeloupe jaillira d'un bond avec de nouvelles mesures de relance . Nous psalmodions les mêmes
refrains macro-économiques, comme pour nous convaincre qu'une fois le bilan apuré de la crise de 2009 , les affaires vont reprendre comme avant.
Et pourtant, c'est le même scénario noir de 2009 , le pire donc, qui chaque jour se vérifie et les chiffres deviennent effrayants: le taux de chômage en Guadeloupe est déjà supérieur à 28%, et
avoisinera 30% l'année prochaine, les déficits publics dérivent à un rythme jamais connu , les entreprises affrontent un risque majeur d'insolvabilité vu l'état du système financier et n'aspirent
plus qu'à la protection et à l'intervention de l'Etat pour échapper à la faillite.
L'investissement est en berne et l'évolution du PIB est contrasté .
Et, pendant ce temps, les entreprises cherchent vainement du crédit, les ménages des signes de confiance et les collectivités locales de l'argent pour financer des plans qui n'ont de relance que
le nom, faute d'être suffisamment concertés et consistants ! Ainsi, les dettes publiques s'ajoutent aux dettes privées. Et de se demander qui finira par payer ?
Jean Peyrelevade, ancien conseiller du gouvernement de Pierre Mauroy et ancien président du Crédit Lyonnais, livre un constat sans appel: «Nous sommes en train de consommer les derniers restes
d'une prospérité passée.» Une vérité qui s'applique à plus d'un titre à l'Outre - Mer .
Pour ce qui nous concerne , la Guadeloupe se berce d'illusions ... car son repli économique et social depuis 2009 et la rigueur à venir n'est malheureusement pas une vue de l'esprit. C'est la
réalité brute, dure, incontestable, des faits et des chiffres ...
L'inquiétant dans le discours d'une frange de la population est de voir combien les idées toutes faites sur l'économie vont à contresens de ce qu'il
faudrait. Les entreprises gagneraient trop d'argent? C'est le contraire qui est vrai. Le capital capte trop de valeur ajoutée aux dépens du travail , c'est la critique stérile et fausse de la
défiscalisation par les syndicats ?
On regrettera en particulier que les syndicats et les politiques , ne disent mot de la radicale remise en cause de l'Etat providence qui se met
en place. Il faut réduire les dépenses tous azimuts , mais cela ne suffira pas : il faut également réinventer la protection sociale ( La Cour des
comptes tire la sonnette d'alarme. Jeudi dernier , elle a pointé le trou historique de la Sécu en 2010 - près de 30 milliards d'euros - et s'est inquiétée de l'ampleur de la dette sociale. )
Les difficultés économiques de la Guadeloupe et la violence sociale qui en résulte , suscitent le mutisme des élites (économistes de L'UAG de
Fouillole surtout , mais aussi sociologues )
Les intellectuels n'ont jamais été aussi mutiques et les politiques restent dans leur bulle.
Mais les Guadeloupéens , eux, que disent-ils ? À peine tentent-ils de répondre qu'ils ne sont pas contents de la baisse du pouvoir d'achat et de la cherté de la vie , sans avoir conscience que
nous vivons la fin d'une époque faste de progrès économique et social de l'Etat providence .
A preuve un sondage paru ce jour 13 septembre 2011 et mis en ligne par AFP :
Trois Français sur quatre pensent vivre moins bien qu’avant, un jugement qui n’avait jamais atteint un tel niveau depuis vingt ans, selon une enquête réalisée par la TNS Sofres pour l’Association
des maires des grandes villes de France. A la question "avez-vous l’impression que depuis quelques années les gens comme vous vivent mieux ou moins bien qu’avant", 75% des personnes interrogées
ont répondu "moins bien".
Ce sentiment constitue un "record historique dans l’évolution de la situation personnelle des Français" dans les enquêtes de la TNS Sofres, réalisées depuis 1981, souligne l’institut. Il se
manifeste en particulier chez les 25-49 ans (81%) et parmi les employés (87%) et les ouvriers (82%). Seulement 14% des sondés estiment de leur côté "vivre mieux", tandis que 10% ne voient pas de
changement (1% sans opinion). La crainte de se retrouver sans emploi grandit également dans l’opinion, selon cette enquête.
Deux Français sur trois (66%) redoutent des "risques de chômage", pour eux-mêmes ou une personne de leur foyer. Un résultat en augmentation de 4 points par rapport à l’an dernier et de 16 points
depuis 1988, précise la Sofres. La menace du chômage est notamment perçue chez les 18-24 ans (71%) et les 35-49 ans (73%). Sondage réalisé par téléphone les 6 et 7 septembre auprès d’un
échantillon de 980 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas).
DOLTO