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11 Février 2011
Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République
Monsieur le Président de la République
Palais de l'Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Monsieur le Président,
Les Guadeloupéens ont été sensibles au fait que vous ayez choisi leur île pour adresser vos voeux à l’ensemble de l’Outre-mer.
Plusieurs éléments de votre discours, qui correspondaient à une attente profonde de sa part, ont trouvé une résonance particulière dans notre
population :
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La juste analyse du ressenti des Guadeloupéens durant la crise de 2009, « meurtris » qu’ils étaient « par une situation de blocage qui paralysait
leur territoire » et inquiets « de voir leur destin basculer dans une direction qu’ils ne souhaitaient pas ». des conséquences désastreuses qui s’en sont suivis sur la vie économique et sociale
de notre département, en particulier sur le plan du chômage.
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L’affirmation du fait guadeloupéen ; à savoir que c’est « un territoire où l’écrasante majorité de ceux qui y vivent est profondément respectueuse
des institutions, attachée à son lien fort avec la République et désireuse de vivre en paix, comme partout ailleurs en France ».
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La reconnaissance de la nécessité de la restauration de l’autorité de l’Etat et de la stabilité comme condition première de la Paix sociale et du
développement économique,
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La promesse que « l’Etat mettra la même force à trouver le chemin de la confiance, du progrès et de la réconciliation qu’il met à lutter contre ceux
qui souhaitent déstabiliser ce territoire, contester la légitimité des institutions démocratiques, et forcer le peuple à choisir un destin qu’il ne veut pas ». Enfin qu’il « n’acceptera pas
qu’une minorité veuille forcer le peuple à choisir un destin qu'il ne veut pas ».
Rien que pour cela, Monsieur le Président de la République, la Guadeloupe et les Guadeloupéens vous sont reconnaissant de l’avoir compris et exprimé
avec une telle force.
Pourtant, Monsieur le Président, votre discours n’a pas complètement enlevé les inquiétudes de notre population sur son avenir institutionnel en
raison d’une absence d’assurances réelles et pérennes quant à la stabilité institutionnelle.
La question que se posent les Guadeloupéens aujourd’hui est la suivante : qui les sortira définitivement de l’instabilité chronique qu’a créée la
réforme de la Constitution de 2003 en les plaçant, sans leur consentement, dans l’article 73 modifié de la Constitution, avec ses interprétations à géométrie variable?
En effet, la possibilité de demande de modification de nos institutions par les élus départementaux et régionaux réunis en Congrès (dispositif crée
la encore sans que les électeurs aient été préalablement consultés) entraine de façon rémanente, en fonction de majorités conjoncturelles, un désir de changements sans réels fondements juridiques
et encore moins de justifications économiques et sociales.
CSLR : 161 immeuble Gontran Sablier 97110 Pointe‐à‐Pitre Email : amedeeadelaide@cslr.fr Site : http://www.cslr.fr
La conséquence est évidemment une démotivation et une absence de traitement des vrais problèmes du moment, en même temps qu’une fuite des
investissements vers un ailleurs plus stable.
Vous nous dites que L’unité de la République ne signifie pas l’uniformité. Devons nous entendre par là qu’il y a une obligation à être différent
?
Depuis 2003, en moins de dix ans, les Guadeloupéens n’ont cessés de manifester leur attachement profond au droit commun institutionnel. A chaque
consultation (comme celle de 2003), ou élection régionale (comme en2004 puis en 2010) ils ont soit dit « non » aux propositions d’une évolution institutionnelle spécifique qui leur étaient
faites, soit votés pour des candidats qui, sur le moment, se rapprochaient le plus de la solution qui a leur faveur.
Les consultations à répétition, chacun le sait, ont pour conséquence de créer une instabilité politique qui elle-même engendre une perte de
confiance et par conséquence un arrêt des investissements tant internes qu’externes. Le résultat en est un ralentissement du développement économique et par voie de conséquence une régression
sociale, source de crises.
Il y a donc bien urgence à un retour à la stabilité institutionnelle.
Dans le contexte actuel, de paix sociale retrouvée, nous ne serions pas opposés à une nouvelle et ultime consultation référendaire, à condition que
celle-ci aie pour objectif de nous sortir et pour longtemps de cette récurrente situation d’instabilité.
Cela sera possible dès lors que le choix serait donné aux électeurs Guadeloupéens :
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Soit de suivre la voie préconisée par le Congrès des élus d’une modification du droit commun institutionnel et ceci pour une période incompressible
de vingt ans,
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Soit de sortir la Guadeloupe des dispositions de l’article 73 permettant des évolutions statutaires hors du droit commun, (comme c’est le cas
aujourd’hui pour la Réunion), en étendant le dispositif de l’alinéa 7 de l’article 73 au département et à la région de la Guadeloupe. L’alinéa 7 de l’article 73 s’écrirait alors ainsi
:
« La disposition prévues aux deux précédents alinéas n’est pas applicable aux départements et aux régions de la Guadeloupe et de la Réunion. » (cf
article 73 de la Constitution)
Vous l’avez dit, Monsieur le Président ; « la société guadeloupéenne cherche à reconstruire ses repères, à retrouver le chemin de la confiance, du
progrès, de la réconciliation. Les Guadeloupéens veulent se retrouver et veulent par-dessus tout restaurer l’image de la Guadeloupe qu’une petite minorité a malheureusement abîmée ». Elle ne peut
le faire que dans des conditions où elle retrouverait pour longtemps le chemin de la stabilité institutionnelle et avec lui, le retour des investisseurs. Vous seul pouvez le lui offrir
aujourd’hui. La Guadeloupe compte sur vous.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de mes très respectueuses salutations.
Pointe-à-Pitre, le 07 février 2011
Amédée ADELAIDE Président de CSLR