Notre cher Gérard La Viny.

Gérard La Viny est mort, vive Gérard la Viny : il a incarné les Antilles dans ce qu'elles avaient de meilleur, quand ce qu'elles
avaient de meilleur étaient ce que l'on voyait en premier. Que ce soit à Paris ou à la Guadeloupe (et aussi à la Martinique, évidemment), Gérard la Viny faisait entrer tout le monde dans la
danse, par la porte de la bonne humeur, du rythme et du rire, et même de la... philosophie. On a écrit ici et là qu'il était l'ambassadeur des Antilles à Paris. Bien plus que cela, il a été
l'ambassadeur de l'intelligence créole, faite d'esprit d'observation, d'affectueuse dérision et d'amour de la vie. Il était l'ambassadeur de cette joie de vivre qu'il avait si communicative. Il
était l'ambassadeur de l'insouciance intelligente, celle qui prend le dessus sur les côtés les moins intéressants de la vie. Bien que la Sécurité sociale n'ait jamais envisagé de rembourser
l'achat de ses disques, Gérard La Viny a fait du bien à des générations : à la Guadeloupe comme à la Martinique, qui n'a pas dansé, et qui n'a pas ri grâce à ses chansons qui assuraient
automatiquement l'ambiance ? Et à Paris ? Quel Antillais (résident ou de passage) n'est pas venu prendre un petit "saucé" à la "Canne-à-sucre", entre Antillais, ou accompagnés de métropolitains
avec lesquels il avait envie de partager un moment-pays ? Gérard La Viny incarnait l'âme antillaise, et chacune de ses chansons était une ode à la gaieté et au savoir-vivre, car celui-ci est
indissociable de la bonne humeur, elle-même indissociable de l'humour. En s'en allant, Gérard La Viny emporte avec lui un peu de nous-mêmes, du moins de cette part de nous-mêmes qui nous réjouit.
Heureusement il reste ses disques, et, pour ceux qui l'ont connu à la "Canne-à-sucre", le souvenir de l'hospitalité et du rayonnement de cette Grande Guadeloupe qu'il incarnait si
parfaitement.
Antoine de Panou